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Star Trek: The Original Series

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## À retenir ## À retenir
### Repères culturels
- **Ce que jai aimé** : ambiance, écriture, rythme, etc. - **Ce que jai aimé** : ambiance, écriture, rythme, etc.
- **Ce que jai moins aimé** : longueurs, clichés, incohérences - **Ce que jai moins aimé** : longueurs, clichés, incohérences
- **Pour qui cette série pourrait convenir**, selon moi - **Pour qui cette série pourrait convenir**, selon moi

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title: "Star Trek: The Original Series"
date: 2025-05-13
cover: "images/Ei5M7km.jpg"
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## Introduction
J'ai vu les films originaux il y a quelques années, et ils ne m'avaient pas laissé une très bonne impression.
En vérité, ils m'ont totalement détourné de l'envie de regarder les séries.
Je les avais trouvés longs et ennuyeux, l'esthétique n'avait pas trouvé grâce à mes yeux, je n'ai éprouvé aucune empathie pour les personnages.
Mais, quelques années plus tard, j'ai voulu être un peu plus ouvert, et regarder au moins quelques épisodes de la série originale.
Ma curiosité a été piquée lors d'une conversation avec mon ami [Olivier](/interets/liens-interessants/2022/03/09/f71dac00/), et confirmée par une discussion avec ChatGPT.
Je me suis donc jeté à l'eau, et j'ai fini par _binger_ la série entière (trois saisons) en un peu moins de deux semaines...
Cette séance s'est faite sur [Netflix](https://www.netflix.com/title/70136140?locale=fr-FR) en VOSTFR.
## Univers et ambiance
### Cadre narratif
_Star Trek: The Original Series_ (abrégée _TOS_ dans les lignes suivantes) est une série américaine créée entre 1966 et 1969 par Gene Roddenberry.
Elle est donc antérieure de 11 ans à _Star Wars: Episode IV - A New Hope_, sorti en 1977, et marque lun des premiers exemples de science-fiction télévisée à visée humaniste et spéculative.
Lhistoire se déroule au XXIIIe siècle, à bord de lUSS Enterprise (NCC-1701), un vaisseau de la Fédération des planètes unies, dont la mission est dexplorer de nouveaux mondes, de découvrir de nouvelles formes de vie et de nouvelles civilisations, et daller <q>là où aucun homme nest jamais allé</q>.
Cette phrase est tirée du générique original : <q>Space: the final frontier. These are the voyages of the starship Enterprise…</q> — devenue emblématique de toute la franchise.
Lunivers est fictif, mais conçu avec une rigueur suffisante pour établir un cadre cohérent : espèces extraterrestres variées, technologies avancées (téléportation, traducteur universel, ordinateurs parlants…), et une Fédération qui reflète des idéaux politiques dunité, de paix et de coopération interplanétaire.
### Ton et atmosphère
Le ton de _TOS_ est un mélange assumé de science-fiction philosophique, de drame moral, daventure spatiale et parfois de comédie légère.
La série navigue entre des épisodes sérieux aux thématiques profondes (guerre, racisme, intelligence artificielle, éthique de linterventionnisme…) et des épisodes plus légers, voire volontairement absurdes.
Le rythme varie selon les épisodes : certains sont très verbeux et contemplatifs, dautres plus dynamiques, mais la narration reste globalement marquée par les standards télévisuels des années 60 : découpages linéaires, exposition appuyée, et, occasionnellement, des résolutions rapides.
### Réalisation et esthétique
La série a été tournée en pellicule couleur 35 mm, ce qui permet aujourdhui une bonne restauration en HD.
Lesthétique est typique des années 60 : décors en studio, fonds peints, costumes voyants, et usage important des filtres colorés pour les effets dambiance, notamment en lumière rouge, bleue ou verte.
Les effets spéciaux sont rudimentaires selon les standards actuels, mais innovants pour lépoque (modèles réduits, transparences optiques, effets sonores électroniques).
Le design de l_Enterprise_, des uniformes et des accessoires (particulièrement le communicateur et le phaser) a marqué lhistoire de la SF.
La musique est omniprésente, parfois intrusive, avec un thème douverture emblématique.
La bande-son a été composée par Alexander Courage, dans un style orchestral et dramatique, souvent réutilisée et remixée au fil des épisodes.
La version disponible sur Netflix est celle remasterisée dans les années 2000, avec des effets spéciaux retravaillés numériquement (vaisseaux, planètes...), tout en conservant le charme visuel dorigine.
## Personnages et interprétation
### Casting
Le trio principal est composé du capitaine James T. Kirk (interprété par William Shatner), du commandant Spock (Leonard Nimoy) et du docteur Leonard “Bones” McCoy (DeForest Kelley).
Autour deux gravitent plusieurs personnages récurrents : Nyota Uhura (Nichelle Nichols) aux communications, Hikaru Sulu (George Takei) au pilotage, Montgomery “Scotty” Scott (James Doohan) à lingénierie, Pavel Chekov (Walter Koenig) à la navigation, et Janice Rand (Grace Lee Whitney), aide de camp du capitaine lors de la première saison.
Le casting était audacieux pour lépoque, avec une diversité ethnique notable : une femme noire occupant un poste de responsabilité[^nichols], un personnage russe en pleine guerre froide, et un Japonais quelques années après Hiroshima.
[^nichols]: Nichelle Nichols envisageait de quitter la série après la première saison, mais Martin Luther King Jr. lui aurait personnellement demandé de rester, soulignant l'importance de sa présence comme modèle pour les jeunes afro-américains.
### Évolution des personnages
La série suit un format essentiellement **épisodique**, sans véritable fil rouge ou évolution narrative construite sur la durée.
Toutefois, certains traits de personnalité et relations entre personnages sapprofondissent au fil des saisons, spécifiquement la dynamique entre Kirk, Spock et McCoy, devenue emblématique.
## Narration et structure
### Intrigue
Chaque épisode est une histoire autonome, souvent construite autour dun dilemme moral, dun premier contact avec une espèce étrangère, ou dun phénomène scientifique inconnu.
Lapproche est fréquemment allégorique, la SF servant à interroger des questions humaines contemporaines à la diffusion.
La série adopte une structure relativement classique en trois actes, avec une introduction sur la passerelle, une phase dexploration ou de crise, puis une résolution, généralement rapide.
Il y a peu darcs narratifs au long cours, mais plusieurs épisodes sont devenus cultes pour leurs idées novatrices ou provocatrices.
### Structure
_TOS_ comprend **3 saisons de 29, 26 et 24 épisodes**, pour un total de **79 épisodes**.
La qualité est inégale selon les saisons, la troisième étant traditionnellement considérée comme la plus faible à cause dun budget réduit et dune certaine lassitude des équipes de production.
Certains épisodes peuvent être perçus comme des _filler_, mais la majorité propose des thèmes ou des univers singuliers.
### Dialogues et écriture
Les dialogues sont souvent didactiques, mais comportent de nombreuses réflexions philosophiques, scientifiques ou politiques.
Spock incarne la logique froide, McCoy lémotion humaine, et Kirk larbitre entre les deux — ce qui crée des échanges mémorables.
Certaines répliques sont devenues emblématiques, comme <q>Live long and prosper</q> ou <q>Hes dead, Jim</q>.
## Thématiques abordées
_TOS_ aborde une grande variété de sujets : la guerre et la paix, le racisme, le sexisme, lintelligence artificielle, lévolution, la religion, la colonisation, la politique, lidentité, et même la drogue ou la maladie mentale — toujours sous une forme métaphorique ou spéculative.
La série est considérée comme lune des premières œuvres de science-fiction à avoir traité la SF comme un outil dexploration sociale plutôt quun simple prétexte à laction.
Elle a aussi une portée culturelle importante : premier baiser interracial à la télévision américaine[^baiser], représentation positive dun monde multiculturel uni, vision optimiste de lavenir de lhumanité, etc.
[^baiser]: Lors du tournage de _Platos Stepchildren_ (saison 3, épisode 10), la chaîne NBC, craignant les réactions racistes du public du Sud des États-Unis, avait demandé une version de la scène sans contact direct entre les lèvres de Shatner et Nichols. Pour saboter ces prises "politiquement acceptables", Shatner aurait volontairement louché vers la caméra ou exagéré ses expressions, rendant les scènes inutilisables. La production a donc été contrainte dutiliser la prise avec le véritable baiser. Shatner déclara plus tard que ce fut lun de ses actes de sabotage les plus délibérés — et assumés.
## Mon expérience personnelle
### Ce qui ma marqué
En tant qu'homme hétérosexuel, friand de l'esthétique américaine des années 60, il m'était difficile de ne pas remarquer la beauté des personnages féminins de cette série, dignes des pin-ups de Gil Elvgren.
Un certain érotisme, très léger et de bon goût, se dégage de chacune, mis en scène par des costumes et des maquillages parfois très élaborés : visuellement riches et avantageux, ils ne tombent toutefois jamais dans le vulgaire.
La flatterie n'est pas que visuelle : toutes ces femmes occupent une part importante de chaque histoire, tantôt d'un point de vue scientifique, d'autres fois d'un point de vue politique, occasionnellement antagonistes directes.
Bien que certains thèmes finissent par devenir récurrents au fil des épisodes, comme la perte du contrôle du vaisseau, voire des facultés physiques ou mentales des personnages principaux, certaines réflexions philosophiques liés à l'exploration spatiale m'ont semblé d'une grande pertinence.
Je n'en attendais pas tant d'une série TV des années 60, surtout sur des thèmes aussi contemporains que l'informatique décisionnelle, l'Intelligence Artificielle, le rapport à l'inconnu, au non maitrisé, et même au spécisme.
_TOS_ se révèle bien plus intelligente et ancrée dans le réel, même encore selon des critères modernes, que ne l'étaient les films.
Presque sans surprise, Spock est mon personnage préféré d'entre tous.
Son implacable logique couplée à sa part humaine qu'il cherche à masquer, sont des éléments qui me confèrent une grande empathie pour lui.
Curieusement, bien que McCoy soit beaucoup plus expressif, il complète parfaitement le trio avec Kirk.
Ce dernier est d'ailleurs l'archétype du héros, un archétype que j'ai retrouvé pratiquement sans modification majeure dans _Knight Rider_, série parue deux décennies plus tard.
Autoritaire par sa fonction, c'est aussi un bel homme, un charmeur et papillonneur, ce qui ne l'empêche pas d'être juste et loyal (envers son équipe, son vaisseau et la Fédération).
À eux trois, ils nous offrent quelques _punchlines_, des moments complices, parfois drôles, parfois passifs-agressifs, un peu à la manière de Legolas, Gimli et Aragorn dans _Le Seigneur des Anneaux_.
### Comparaisons
À part _Star Wars_, je n'ai pas vraiment de point de comparaison, autres que celles déjà formulées dans cet article, et j'aurais préféré éviter de comparer à _Star Wars_, justement ; j'estime que les deux ne jouent pas dans la même catégorie, et surtout, _Star Wars_ est née plus de dix ans plus tard.
## À retenir
### Repères culturels
**Contexte mondial :**
- 1961 : Youri Gagarine devient le premier homme dans lespace.
- 1966 : Premiers épisodes de _Star Trek: The Original Series_.
- 1969 : Neil Armstrong marche sur la Lune.
**Télévision :**
- _Perdus dans lespace_ (_Lost in Space_, 19651968) : concurrent direct, plus familial et kitsch.
- _Le Prisonnier_ (_The Prisoner_, 19671968) : SF psychologique et paranoïaque, bien plus subversive.
- _Doctor Who_ (1963...) : déjà lancé au Royaume-Uni, mais encore confidentiel hors de ses frontières.
**Cinéma :**
- 1968 : _2001: A Space Odyssey_ de Stanley Kubrick impose un tournant esthétique et métaphysique majeur.
- _La Planète des singes_ sort la même année, avec une approche plus dystopique.
- _Star Wars: A New Hope_ ne sortira que **dix ans plus tard**, en 1977.
**Influence technique :**
- _TOS_ innove avec ses effets spéciaux pour la télévision, ses décors en studio modulables, et ses accessoires futuristes (le communicateur inspirera le téléphone portable).
- La série est également pionnière dans son traitement du multiculturalisme, de la politique, du genre, et de la guerre froide, via des métaphores narratives accessibles.
### Ce que jai aimé
Les questionnements philosophiques sont variés, intelligents et appropriés.
Même si l'équipage s'en sort toujours, il passe souvent par des situations difficiles, impliquant parfois des choix moraux cornéliens.
Je craignais que la série ne montre une humanité garante de la sécurité de la galaxie, comme si nous étions une espèce supérieure, seule capable de répandre la paix et l'harmonie.
Bien que certains épisodes forcent l'_Enterprise_ à jouer ce rôle, le thème principal reste l'exploration et la découverte, sans interférence.
Je l'ai dit, l'esthétique est clairement un atout de la série.
Outre l'extraordinaire créativité des costumes et des maquillages, j'aime l'aspect visuel des éléments techniques, quoique pas toujours très réalistes.
Par exemple, je suis un grand fan des panneaux de contrôle "soviétiques", dont je retrouve l'esprit sur le pont de l'_Enterprise_.
Les épisodes nous donnent à voir quelques uchronies : des planètes de type Grèce Antique, d'autres figées dans les années 30, au _far west_ ou encore dominées par des nazis.
J'ai trouvé ces explorations narratives très intéressantes, apportant une certaine variété dans les réflexions intellectuelles vers lesquelles la série nous entraine.
Cela lui confère un certain équilibre appréciable, entre des projections de notre futur et sur nos erreurs passées.
Enfin, bien que cela soit encore timide, mais déjà très avancé pour l'époque, je salue l'inclusivité de la série qui a osé bien des choses que d'autres productions de l'époque n'ont même pas envisagé ; et que, parfois, même des productions modernes ignorent encore.
### Ce que jai moins aimé
Certaines scènes sont très longues.
Trop.
En particulier, celles faisant intervenir un effet visuel quelconque, souvent psychédélique, avec des flashs lumineux assez désagréables.
Rien de rédhibitoire, mais la narration est régulièrement ralentie, ce qui m'a parfois amené à m'assoupir malgré moi.
J'ai regretté l'absence de vraie romance durable.
Cela fait partie des éléments qui sont importants pour moi : cela m'implique dans la vie des personnages, suscite un attachement plus fort, génère des émotions (à condition que la narration suive).
Dans _TOS_, il n'y a pas encore d'éléments de ce type.
Occasionnellement, l'un ou l'autre des personnages s'éprend d'un personnage extérieur, et cela ne dure que le temps de l'épisode, provoquant une certaine frustration de ma part.
Je ne cherchais pas un _soap_ dans lequel l'essentiel de l'histoire est centrée sur ces relations, mais au moins un équilibre apportant un attachement émotionnel.
Un point sur lequel j'estime que [_LOST_](/critiques/series/lost/) a brillamment réussi.
En outre, au-delà des simples romances, j'aurais apprécié une amitié moins retenue entre Kirk, McCoy et Spock.
On aurait pu apprécier des embrassades viriles, très occasionnelles, par exemple faisant suite à une situation particulièrement dangereuse, montrant l'attachement sincère entre les personnages qui n'est ici que suggéré.
Un câlin impromptu donné à Spock aurait été une excellente occasion de rendre la scène touchante et drôle à la fois, un peu comme les rares câlins octroyés par Sheldon dans [_The Big Bang Theory_](/critiques/series/the-big-bang-theory/).
## Conclusion
J'ai vécu _TOS_ comme un apéritif : j'ai fini par fortement apprécier l'univers proposé par Rodenberry, parfois au point de creuser certaines curiosités post-visionnage.
Elle ne fera pas partie de ces séries que je regarde pratiquement une fois par an.
Mais elle fait définitivement partie de ces séries que je devais regarder au moins une fois dans ma vie.
En vérité, mes discussions avec ChatGPT portent la promesse que ce que j'ai aimé dans la série originale, et ce que j'ai regretté de ne pas y trouver, sera bien présent dans _The Next Generation_.
Donc, si _TOS_ est un apéritif, _TNG_ devrait être le plat de résistance.
C'est ainsi que j'ai conclu mon visionnage : content de l'avoir vue et de m'être imprégné de son univers, afin de sauter à pieds joints dans _TNG_ !