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## La génétique sociale
Il nous plaît de prétendre que l'une des caractéristiques qui nous différencient
fondamentalement de l'Animal est l'étendue de nos interactions sociales, au
point de l'avoir érigée au rang de sciences: les sciences sociales,
essentiellement focalisées sur l'Humain. Si je ne suis pas toujours d'accord
avec leurs conclusions (ni même, parfois, leurs hypothèses), il n'en reste pas
Il nous plaît de prétendre que l'une des caractéristiques qui nous différencient
fondamentalement de l'Animal est l'étendue de nos interactions sociales, au
point de l'avoir érigée au rang de sciences : les sciences sociales,
essentiellement focalisées sur l'Humain. Si je ne suis pas toujours d'accord
avec leurs conclusions (ni même, parfois, leurs hypothèses), il n'en reste pas
moins que les sciences sociales, avec à leur sommet l'éthologie
[@contributeurs_wikipedia_ethologie_2021], sont riches et passionnantes, au
point qu'il me sera difficile d'en produire un résumé sans passer sous silence
certains points qui paraîtront pourtant essentiels aux plus érudits dans les
domaines concernés, d'autant que ce sont des sujets qui passionnent et divisent,
[@contributeurs_wikipedia_ethologie_2021], sont riches et passionnantes, au
point qu'il me sera difficile d'en produire un résumé sans passer sous silence
certains points qui paraîtront pourtant essentiels aux plus érudits dans les
domaines concernés, d'autant que ce sont des sujets qui passionnent et divisent,
parfois abruptement.
L'éthologie, donc, est l'étude des comportements des espèces Animales, y compris
l'Homme. Bien que le terme soit récent (Isidore Geoffroy Saint-Hilaire en
propose la définition en 1854), c'est encore Aristote qui fut probablement l'un
des premiers à mentionner le comportement Animal dans la même série de livres
que dans laquelle il présente sa classification des espèces, ce que fera
également Buffon plus de deux mille ans plus tard dans son _Histoire Naturelle_.
Mais c'est grâce à la théorie darwinienne (de l'évolution) que l'éthologie
L'éthologie, donc, est l'étude des comportements des espèces Animales, y compris
l'Homme. Bien que le terme soit récent (Isidore Geoffroy Saint-Hilaire en
propose la définition en 1854), c'est encore Aristote qui fut probablement l'un
des premiers à mentionner le comportement Animal dans la même série de livres
que dans laquelle il présente sa classification des espèces, ce que fera
également Buffon plus de deux mille ans plus tard dans son _Histoire Naturelle_.
Mais c'est grâce à la théorie darwinienne (de l'évolution) que l'éthologie
connaît son essor.
Bien que ce fut Lamarck qui introduisit la théorie transformiste en 1809, la
théorie de Darwin, évolutionniste, était antitéléologique (sans finalité
Bien que ce fut Lamarck qui introduisit la théorie transformiste en 1809, la
théorie de Darwin, évolutionniste, était antitéléologique (sans finalité
pré-déterminée), fortuitiste (opportuniste ?), et matérialiste
[@contributeurs_wikipedia_transformisme_2021]. Les deux scientifiques théorisent
l'évolution des espèces, mais divergent sur la question de la finalité, qui peut
être résumée à:
[@contributeurs_wikipedia_transformisme_2021]. Les deux scientifiques théorisent
l'évolution des espèces, mais divergent sur la question de la finalité, qui peut
être résumée à :
> Chez Lamarck: la fonction crée l'organe.
> Chez Darwin: l'organe crée la fonction.[@shmikkki_retour_2015]
> Chez Lamarck : la fonction crée l'organe.
> Chez Darwin : l'organe crée la fonction.[@shmikkki_retour_2015]
À l'idée que les caractères acquis sont héréditaires Darwin associe le principe
de sélection naturelle.
À l'idée que les caractères acquis sont héréditaires Darwin associe le principe
de sélection naturelle.
Les travaux sur l'éthologie de Konrad Lorenz, Nikolaas Tinbergen et Karl von
Frisch vont mettre en évidence la coexistence de caractères innés et de
caractères acquis chez les Animaux, et recevront pour cela le Prix Nobel de
physiologie en 1973. Ils concilient l'hérédité de certains comportements sociaux
des Animaux formulée par Lamarck, donc inscrits dans le patrimoine génétique,
avec l'acquisition de nouveaux traits qui sont ensuite "stockés" dans le
patrimoine génétique pour être transmis à la génération suivante, conformément à
Les travaux sur l'éthologie de Konrad Lorenz, Nikolaas Tinbergen et Karl von
Frisch vont mettre en évidence la coexistence de caractères innés et de
caractères acquis chez les Animaux, et recevront pour cela le Prix Nobel de
physiologie en 1973. Ils concilient l'hérédité de certains comportements sociaux
des Animaux formulée par Lamarck, donc inscrits dans le patrimoine génétique,
avec l'acquisition de nouveaux traits qui sont ensuite "stockés" dans le
patrimoine génétique pour être transmis à la génération suivante, conformément à
la théorie de l'évolution de Darwin.
La génétique des comportements sociaux étudie depuis une vingtaine d'années la
corrélation entre l'expression de certains gènes et le comportement de l'Animal
concerné. Ces recherches concernent en particulier l'abeille _Apis mellifera_.
Elles sont menées par le _Honey Bee Genome Sequencing Consortium_ au sein de
l'Université de l'Illinois aux États-Unis depuis 2001, et dirigées par Gene Ezia
Robinson. Son équipe a fini par démontrer comment certains gènes (ou leurs
allèles, leurs variantes) pouvaient influencer le rôle de chaque abeille dans sa
ruche[@ben-shahar_influence_2002]: si un allèle particulier s'exprime, l'abeille
sera plutôt une ouvrière, ou plutôt une butineuse. Autrement dit, et de façon
assez vulgarisatrice, le rang social d'une abeille au sein d'une ruche est
La génétique des comportements sociaux étudie depuis une vingtaine d'années la
corrélation entre l'expression de certains gènes et le comportement de l'Animal
concerné. Ces recherches concernent en particulier l'abeille _Apis mellifera_.
Elles sont menées par le _Honey Bee Genome Sequencing Consortium_ au sein de
l'Université de l'Illinois aux États-Unis depuis 2001, et dirigées par Gene Ezia
Robinson. Son équipe a fini par démontrer comment certains gènes (ou leurs
allèles, leurs variantes) pouvaient influencer le rôle de chaque abeille dans sa
ruche[@ben-shahar_influence_2002]: si un allèle particulier s'exprime, l'abeille
sera plutôt une ouvrière, ou plutôt une butineuse. Autrement dit, et de façon
assez vulgarisatrice, le rang social d'une abeille au sein d'une ruche est
potentiellement déterminé par ses gènes.
On peut donc supposer que nos comportements sociaux modernes résulteraient de
l'addition des comportements hérités de _H. neanderthalensis_ (mais aussi des
autres espèces qui lui étaient contemporaines, et de leurs prédécesseurs) et des
comportements acquis depuis, liés à l'augmentation de notre population, à nos
relations avec les autres espèces du genre _Homo_, à notre sédentarité, à
On peut donc supposer que nos comportements sociaux modernes résulteraient de
l'addition des comportements hérités de _H. neanderthalensis_ (mais aussi des
autres espèces qui lui étaient contemporaines, et de leurs prédécesseurs) et des
comportements acquis depuis, liés à l'augmentation de notre population, à nos
relations avec les autres espèces du genre _Homo_, à notre sédentarité, à
l'opulence que nous avons créé, et encore à bien d'autres choses.
***
Au même titre que la morphologie des individus, la longueur des pattes, la
forme des griffes, la couleur du pelage, le nombre de doigts, etc., les
caractères sociaux (et, par extension, psychologiques en général) seraient donc
stockés dans le génome de l'espèce. C'est l'objet de la psychologie
Au même titre que la morphologie des individus, la longueur des pattes, la
forme des griffes, la couleur du pelage, le nombre de doigts, etc., les
caractères sociaux (et, par extension, psychologiques en général) seraient donc
stockés dans le génome de l'espèce. C'est l'objet de la psychologie
évolutionniste, dont Lorenz, Tinbergen et von Frisch sont les pionniers.
Imaginez un graphique, avec une ligne horizontale (l'abscisse), et une ligne
verticale par caractéristique génétique. Chaque individu serait représenté par
une série de points, un par axe vertical, situés plus ou moins loin de
l'abscisse en fonction de la "valeur" de la caractéristique considérée
(c'est-à-dire, en fonction de l'allèle dominant). Par exemple, un individu ayant
une voix grave verrait son "curseur" correspondant à la tessiture de la voix
plutôt vers le bas du graphique, en dessous de l'axe de l'abscisse. À l'opposé,
si le point était plutôt au-dessus de l'abscisse, on en déduirait que sa voix
est plutôt claire. Et si l'on pouvait le faire pour chaque gène et pour chaque
allèle, y compris ceux déterminant les caractéristiques sociales de chaque
individu, peu importe l'espèce ? À chaque nouvelle génération, on verrait
apparaitre de nouvelles lignes verticales, correspondant aux caractères acquis
par la génération précédente, et intégrée au patrimoine génétique de la
génération suivante. Je trouve que c'est un système élégant pour visualiser le
patrimoine génomique d'un individu, et pourrait peut-être servir à des fins de
comparaison, entre individus, entre sociétés, entre espèces, et nous permettrait
peut-être de mieux comprendre l'évolution des caractères, sociaux ou non, sans
distinctions entre espèces.
Imaginez un graphique, avec une ligne horizontale (l'abscisse), et une ligne
verticale par caractéristique génétique. Chaque individu serait représenté par
une série de points, un par axe vertical, situés plus ou moins loin de
l'abscisse en fonction de la "valeur" de la caractéristique considérée
(c'est-à-dire, en fonction de l'allèle dominant). Par exemple, un individu ayant
une voix grave verrait son "curseur" correspondant à la tessiture de la voix
plutôt vers le bas du graphique, en dessous de l'axe de l'abscisse. À l'opposé,
si le point était plutôt au-dessus de l'abscisse, on en déduirait que sa voix
est plutôt claire. Et si l'on pouvait le faire pour chaque gène et pour chaque
allèle, y compris ceux déterminant les caractéristiques sociales de chaque
individu, peu importe l'espèce ? À chaque nouvelle génération, on verrait
apparaître de nouvelles lignes verticales, correspondant aux caractères acquis
par la génération précédente, et intégrée au patrimoine génétique de la
génération suivante. Je trouve que c'est un système élégant pour visualiser le
patrimoine génomique d'un individu, et pourrait peut-être servir à des fins de
comparaison, entre individus, entre sociétés, entre espèces, et nous permettrait
peut-être de mieux comprendre l'évolution des caractères, sociaux ou non, sans
distinctions entre espèces.

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## La surpopulation
Il est malheureusement impossible de déterminer avec certitude l'étendue des
rapports sociaux que pouvaient entretenir nos ancêtres, quelle que soit leur
espèce et quelles que soient les espèces avec lesquelles ils avaient ces
interactions, tant que nous n'avons pas accès à leur génome, et que nous n'avons
Il est malheureusement impossible de déterminer avec certitude l'étendue des
rapports sociaux que pouvaient entretenir nos ancêtres, quelle que soit leur
espèce et quelles que soient les espèces avec lesquelles ils avaient ces
interactions, tant que nous n'avons pas accès à leur génome, et que nous n'avons
pas identifié avec certitude le lien entre génome et comportements sociaux.
Or, nos comportements sociaux peuvent parfois être dangereux, une expression de
malveillance, de sexisme, de racisme, de ségrégation, d'ostracisme, peu importe
de quoi l'Autre est considéré comme une minorité. Notre conformisme est en
totale opposition avec la diversité de nos cultures, et est, paradoxalement, une
des sources de nos divergences. Nous ne sommes toujours pas parvenus à être
inclusifs, pas à l'échelle de notre espèce, et encore moins à l'échelle des
autres. Pourquoi ? Doit-on supposer que le rejet de l'autre est une
caractéristique innée, donc héritée de _H. neanderthalensis_, _H. denisovensis_,
_H. erectus_ ? Ou est-ce plutôt une caractéristique acquise, peut-être due à
notre surpopulation, et visant à restaurer un équilibre ? À la mutation
inappropriée d'un gène ? Impossible, pour le moment, de répondre avec certitude
à cette question. Mais en fait, peu importe l'origine de notre malveillance:
elle existe, et elle est une preuve de notre primitivisme. Et c'est en soi
également paradoxal: si nous étions primitifs, nous n'accorderions aucun intérêt
aux notions de Bien et de Mal: nous vivrions simplement nos vies, sans
interférer avec les autres dans un autre but que de pérenniser l'espèce, ce dont
Or, nos comportements sociaux peuvent parfois être dangereux, une expression de
malveillance, de sexisme, de racisme, de ségrégation, d'ostracisme, peu importe
de quoi l'Autre est considéré comme une minorité. Notre conformisme est en
totale opposition avec la diversité de nos cultures, et est, paradoxalement, une
des sources de nos divergences. Nous ne sommes toujours pas parvenus à être
inclusifs, pas à l'échelle de notre espèce, et encore moins à l'échelle des
autres. Pourquoi ? Doit-on supposer que le rejet de l'autre est une
caractéristique innée, donc héritée de _H. neanderthalensis_, _H. denisovensis_,
_H. erectus_ ? Ou est-ce plutôt une caractéristique acquise, peut-être due à
notre surpopulation, et visant à restaurer un équilibre ? À la mutation
inappropriée d'un gène ? Impossible, pour le moment, de répondre avec certitude
à cette question. Mais en fait, peu importe l'origine de notre malveillance :
elle existe, et elle est une preuve de notre primitivisme. Et c'est en soi
également paradoxal : si nous étions primitifs, nous n'accorderions aucun intérêt
aux notions de Bien et de Mal: nous vivrions simplement nos vies, sans
interférer avec les autres dans un autre but que de pérenniser l'espèce, ce dont
nous a privé la surpopulation.
Notre population, stable pendant très longtemps, s'est subitement accrue entre
six mille et quatre mille ans avant J.-C., concomitamment à l'apparition de
l'agriculture, puis du commerce, pour continuer de croître de façon
exponentielle depuis. Nous sommes ainsi passés d'une population mondiale estimée
inférieure à dix millions d'individus il y a douze mille ans, vingt millions il
y a cinq mille ans, puis deux cent millions au III^ème^ siècle. Cette croissance
s'est accompagnée de changements profonds dans nos interactions sociales. Ayant
appartenu autrefois à des groupes nomades de taille limitée à une cinquantaine
d'individus, nous nous rassemblions désormais dans des cités peuplées de
dizaines de milliers d'habitants[^population]. Les règles de vie ont changé, et
ce d'autant plus que le commerce a créé ou révélé les inégalités entre les
Hommes, faisant naitre l'esclavage et la notion de "statut social". Car avec
le commerce vint la possibilité de s'enrichir, de posséder plus que les autres,
afin d'avoir un pouvoir sur eux. Cela a probablement exacerbé la jalousie, le
sentiment d'injustice, ou au contraire de puissance, parfois jusqu'à y chercher
une légitimité irrationnelle, et d'autres sentiments qui n'étaient peut-être
jusque là qu'enfouis dans nos pensées.
Notre population, stable pendant très longtemps, s'est subitement accrue entre
six mille et quatre mille ans avant J.-C., concomitamment à l'apparition de
l'agriculture, puis du commerce, pour continuer de croître de façon
exponentielle depuis. Nous sommes ainsi passés d'une population mondiale estimée
inférieure à dix millions d'individus il y a douze mille ans, vingt millions il
y a cinq mille ans, puis deux cent millions au III^ème^ siècle. Cette croissance
s'est accompagnée de changements profonds dans nos interactions sociales. Ayant
appartenu autrefois à des groupes nomades de taille limitée à une cinquantaine
d'individus, nous nous rassemblions désormais dans des cités peuplées de
dizaines de milliers d'habitants[^population]. Les règles de vie ont changé, et
ce d'autant plus que le commerce a créé ou révélé les inégalités entre les
Hommes, faisant naître l'esclavage et la notion de "statut social". Car avec
le commerce vint la possibilité de s'enrichir, de posséder plus que les autres,
afin d'avoir un pouvoir sur eux. Cela a probablement exacerbé la jalousie, le
sentiment d'injustice, ou au contraire de puissance, parfois jusqu'à y chercher
une légitimité irrationnelle, et d'autres sentiments qui n'étaient peut-être
jusque là qu'enfouis dans nos pensées.
[^population]:
On estime que Rome comptait trente mille habitants au VI^ème^ siècle av.
On estime que Rome comptait trente mille habitants au VI^ème^ siècle av.
J.-C., et cent quatre-vingt sept mille trois cents ans plus tard.
Voir @contributeurs_wikipedia_rome_2021
En outre, il faut prendre en compte les capacités intellectuelles requises aux
interactions sociales. Robin Dunbar, anthropologue britannique né en 1947, a
publié en 1992 une étude[@dunbar_coevolution_1993] comparant la taille du
néocortex de différents primates et la compare au nombre d'individus de leurs
groupes respectifs: le nombre de Dunbar[@contributeurs_wikipedia_nombre_2018],
qu'il estime à cent cinquante pour l'humain. C'est le nombre maximal de
relations sociales stables qu'il peut entretenir, une taille bien supérieure à
celle des groupes de chasseurs-cueilleurs, mais largement inférieure à la
population des premières cités antiques. Un nombre corroboré par des études
En outre, il faut prendre en compte les capacités intellectuelles requises aux
interactions sociales. Robin Dunbar, anthropologue britannique né en 1947, a
publié en 1992 une étude[@dunbar_coevolution_1993] comparant la taille du
néocortex de différents primates et la compare au nombre d'individus de leurs
groupes respectifs: le nombre de Dunbar[@contributeurs_wikipedia_nombre_2018],
qu'il estime à cent cinquante pour l'humain. C'est le nombre maximal de
relations sociales stables qu'il peut entretenir, une taille bien supérieure à
celle des groupes de chasseurs-cueilleurs, mais largement inférieure à la
population des premières cités antiques. Un nombre corroboré par des études
ultérieures menées sur Twitter[@goncalves_validation_2011] et Facebook
[@abc_science_150_2016], ce qui tend à prouver que nous ne sommes pas faits (au
sens littéral du terme) pour nous regrouper en sociétés de plusieurs dizaines de
[@abc_science_150_2016], ce qui tend à prouver que nous ne sommes pas faits (au
sens littéral du terme) pour nous regrouper en sociétés de plusieurs dizaines de
millions d'individus...
Parallèlement au commerce, la politique s'est également développée. Outil
destiné à gérer de larges populations d'individus quand les sociétés basées sur
le lignage (l'autorité aux aînés des groupes) n'étaient plus suffisantes, la
politique devait permettre d'assurer la cohésion des premières villes, créant de
facto les premières inégalités sociales. Avec notre développement urbain, nous
avons donné naissance à d'innombrables courants de pensées différents. Les
villes et ce qu'elles offraient comme possibilités de communications (écrites ou
orales) et de transports (terrestres et maritimes) ont permis à ces courants
d'être largement diffusés. Cela permis, certes, l'accroissement global de la
culture et de la connaissance, mais généra également des situations
conflictuelles, menant parfois à la ségrégation. La pléthore d'idées que
l'Humain était capable de générer commençait son travail de division
destructrice. L'imposition du christianisme sous Justinien n'est qu'un exemple
parmi d'autres. Ainsi, au fil du temps, nous avons utilisé différentes idées
pour justifier le conflit: de la discrimination de genre au harcèlement sexuel,
du refus de location immobilière à la ségrégation raciale d'État, allant parfois
Parallèlement au commerce, la politique s'est également développée. Outil
destiné à gérer de larges populations d'individus quand les sociétés basées sur
le lignage (l'autorité aux aînés des groupes) n'étaient plus suffisantes, la
politique devait permettre d'assurer la cohésion des premières villes, créant de
facto les premières inégalités sociales. Avec notre développement urbain, nous
avons donné naissance à d'innombrables courants de pensées différents. Les
villes et ce qu'elles offraient comme possibilités de communications (écrites ou
orales) et de transports (terrestres et maritimes) ont permis à ces courants
d'être largement diffusés. Cela permis, certes, l'accroissement global de la
culture et de la connaissance, mais généra également des situations
conflictuelles, menant parfois à la ségrégation. La pléthore d'idées que
l'Humain était capable de générer commençait son travail de division
destructrice. L'imposition du christianisme sous Justinien n'est qu'un exemple
parmi d'autres. Ainsi, au fil du temps, nous avons utilisé différentes idées
pour justifier le conflit: de la discrimination de genre au harcèlement sexuel,
du refus de location immobilière à la ségrégation raciale d'État, allant parfois
jusqu'au génocide ou à la guerre mondiale.
Nous étions une espèce sociale, jusqu'au jour où nous avons fondé la société
humaine. Au Moyen-Âge, l'altruisme était une qualité distinguant une caste parmi
les autres (les chevaliers), alors qu'elle était appelée, au moins depuis _H.
neanderthalensis_, à devenir la norme. Depuis le développement du christianisme,
les sciences muselées par la religion étaient principalement dirigées vers la
guerre, anti-sociale par essence. La surpopulation, autrefois localisée
et promptement résolue[@contributeurs_wikipedia_surpopulation_2021] (par la
migration ou la famine) est devenue généralisée et durable, et nous a
déshumanisé, en plus de nous mener à des catastrophes malthusiennes[^malthus]
appelées à se répéter de plus en plus fréquemment, et déjà anticipées par...
Aristote dans _La Politique_[@aristote_politique_1824] au IV^ème^ siècle av.
J.-C., et rappelées notamment par le rapport _Meadows_, _Les Limites à la
Nous étions une espèce sociale, jusqu'au jour où nous avons fondé la société
humaine. Au Moyen-Âge, l'altruisme était une qualité distinguant une caste parmi
les autres (les chevaliers), alors qu'elle était appelée, au moins depuis _H.
neanderthalensis_, à devenir la norme. Depuis le développement du christianisme,
les sciences muselées par la religion étaient principalement dirigées vers la
guerre, anti-sociale par essence. La surpopulation, autrefois localisée
et promptement résolue[@contributeurs_wikipedia_surpopulation_2021] (par la
migration ou la famine) est devenue généralisée et durable, et nous a
déshumanisé, en plus de nous mener à des catastrophes malthusiennes[^malthus]
appelées à se répéter de plus en plus fréquemment, et déjà anticipées par...
Aristote dans _La Politique_[@aristote_politique_1824] au IV^ème^ siècle av.
J.-C., et rappelées notamment par le rapport _Meadows_, _Les Limites à la
croissance_[@meadows_limits_nodate], publié en 1972.
[^malthus]:
Une catastrophe malthusienne, de l'économiste Thomas Robert Malthus
(1766 - 1834), évoque l'effondrement systémique d'une société à cause du
déséquilibre entre sa population et ses capacités à la soutenir.
L'effondrement de lÎle de Pâques pourrait être un exemple de catastrophe
Une catastrophe malthusienne, de l'économiste Thomas Robert Malthus
(1766 - 1834), évoque l'effondrement systémique d'une société à cause du
déséquilibre entre sa population et ses capacités à la soutenir.
L'effondrement de lÎle de Pâques pourrait être un exemple de catastrophe
malthusienne survenue chez l'Homme.
Notre expansion sans limites a fini par nous isoler dans nos cultures
respectives: peuplant un monde trop vaste pour maintenir des échanges sociaux,
nous nous sommes contentés d'échanges commerciaux, et ce n'est qu'avec l'aide de
technologies de communications modernes, telles qu'Internet, que nous avons pu
reprendre des interactions sociales complexes. Elles se sont malheureusement
assorties de nos travers les plus sombres, et ont contribué à une propagation
facile, rapide et illimitée de notre haine des autres, prouvant sans effort
notre primitivisme.
Notre expansion sans limites a fini par nous isoler dans nos cultures
respectives: peuplant un monde trop vaste pour maintenir des échanges sociaux,
nous nous sommes contentés d'échanges commerciaux, et ce n'est qu'avec l'aide de
technologies de communications modernes, telles qu'Internet, que nous avons pu
reprendre des interactions sociales complexes. Elles se sont malheureusement
assorties de nos travers les plus sombres, et ont contribué à une propagation
facile, rapide et illimitée de notre haine des autres, prouvant sans effort
notre primitivisme.
Enfin, malgré ces nouvelles technologies, nous n'avons toujours pas de
gouvernement mondial, alors que nous avons colonisé la planète entière, et que
nous commençons notre colonisation de l'espace. Qui pour nous représenter durant
l'hypothétique entretien avec la première civilisation extraterrestre sinon la
première de nos nations qui y parviendra ? Voulons-nous, de but-en-blanc, nous
présenter comme une civilisation divisée, désunie ? Nous serons socialement
primitifs tant que nous n'aurons pas résolu nos problèmes sociaux internes, pour
ensuite créer une entité mondiale capable de nous représenter à l'échelle
planétaire. Et quand nous aurons établi un premier contact, nous devrons faire
de même à l'échelon supérieur: nous devons considérer que nous sommes une
civilisation isolée d'une pluralité d'autres civilisations, et que notre avancée
en tant que telle se situe dans un spectre très large dont nous ne sommes
probablement pas au sommet. Par ailleurs, il n'y a pas que nous, humains, sur
Terre: nous sommes ses invités, comme le sont les Animaux.
Enfin, malgré ces nouvelles technologies, nous n'avons toujours pas de
gouvernement mondial, alors que nous avons colonisé la planète entière, et que
nous commençons notre colonisation de l'espace. Qui pour nous représenter durant
l'hypothétique entretien avec la première civilisation extraterrestre sinon la
première de nos nations qui y parviendra ? Voulons-nous, de but-en-blanc, nous
présenter comme une civilisation divisée, désunie ? Nous serons socialement
primitifs tant que nous n'aurons pas résolu nos problèmes sociaux internes, pour
ensuite créer une entité mondiale capable de nous représenter à l'échelle
planétaire. Et quand nous aurons établi un premier contact, nous devrons faire
de même à l'échelon supérieur: nous devons considérer que nous sommes une
civilisation isolée d'une pluralité d'autres civilisations, et que notre avancée
en tant que telle se situe dans un spectre très large au sein duquel nous ne pouvons prétendre nous différencier. Par ailleurs, il n'y a pas que nous, humains, sur
Terre : nous sommes ses invités, comme le sont les Animaux.
Nous avons encore un long chemin à parcourir pour prétendre être réellement
évolués, à commencer par notre unification qui ne pourra passer que par une
Nous avons encore un long chemin à parcourir pour prétendre être réellement
évolués, à commencer par notre unification qui ne pourra passer que par une
évolution de nos communications et des aspects sociaux qu'elles impliquent.

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## Du mauvais usage de la technologie
Nous avons vu que les technologies de communications, dont Internet forme la
branche la plus récente, a fortement contribué à augmenter nos relations
sociales, mais aussi qu'elles ont révélés nos défaillances dans notre rapport à
l'Autre. C'est un peu plus compliqué en réalité: ces défaillances ont
probablement toujours existé, mais elles ne s'exprimaient pas, ou avec moins de
vigueur et d'envergure parce que cela n'était pas "nécessaire" ni/ou
"techniquement" possible. Quand notre population était limitée, nous n'avions
pas vraiment de raisons de nous attaquer aux autres: les ressources étaient
abondantes, l'espace ne manquait pas, il n'y avait pas de compétition entre
individus ou entre groupes[^warfare]. L'organisation des premiers regroupement
d'humains laisse à penser qu'il n'y avait même pas de compétition hiérarchique:
les "proto-sociétés" étaient lignagères, c'est-à-dire que les aînés disposaient
d'une autorité naturelle. Mais avec l'accroissement de la population, et
l'apparition du commerce, nous avons créé une compétition que nous avons cultivé
au fil des siècles. Les communications modernes ne font donc qu'accorder une
plus grande visibilité à une réalité qui existe depuis longtemps, et permettent
Nous avons vu que les technologies de communications, dont Internet forme la
branche la plus récente, a fortement contribué à augmenter nos relations
sociales, mais aussi qu'elles ont révélés nos défaillances dans notre rapport à
l'Autre. C'est un peu plus compliqué en réalité : ces défaillances ont
probablement toujours existé, mais elles ne s'exprimaient pas, ou avec moins de
vigueur et d'envergure parce que cela n'était pas "nécessaire" ni/ou
"techniquement" possible. Quand notre population était limitée, nous n'avions
pas vraiment de raisons de nous attaquer aux autres : les ressources étaient
abondantes, l'espace ne manquait pas, il n'y avait pas de compétition entre
individus ou entre groupes[^warfare]. L'organisation des premiers regroupement
d'humains laisse à penser qu'il n'y avait même pas de compétition hiérarchique :
les "proto-sociétés" étaient lignagères, c'est-à-dire que les aînés disposaient
d'une autorité naturelle. Mais avec l'accroissement de la population, et
l'apparition du commerce, nous avons créé une compétition que nous avons cultivé
au fil des siècles. Les communications modernes ne font donc qu'accorder une
plus grande visibilité à une réalité qui existe depuis longtemps, et permettent
de se rendre compte de son amplitude.
[^warfare]:
On a prouvé en 2013 que les conflits au sein des peuples "primitifs"
étaient essentiellement causés par la recherche d'un partenaire sexuel - ce
qui est probablement commun à toutes les espèces sexuées - ou par des
On a prouvé en 2013 que les conflits au sein des peuples "primitifs"
étaient essentiellement causés par la recherche d'un partenaire sexuel - ce
qui est probablement commun à toutes les espèces sexuées - ou par des
querelles interpersonnelles.
Voir @sheridan_warfare_2013
J'ai moi-même cru pendant longtemps qu'Internet permettrait un partage libre,
illimité, universel de la culture et de la science, et permettrait d'augmenter
positivement nos relations sociales, qu'on se regrouperait en communautés qui
partagent les mêmes centres d'intérêts, et même, qu'il contribuerait à amener la
paix dans le monde. Malheureusement, dans les faits, j'ai dû réviser mon
enthousiasme: nous avons dû inventer des Licences Libres pour partager la
culture (leur variété-même qui, là encore, justifierait l'écriture d'un livre
entier, montre les désaccords pouvant survenir sur la question de la liberté
d'usage de la culture), la science est soumise au droit d'auteur, et la violence
J'ai moi-même cru pendant longtemps qu'Internet permettrait un partage libre,
illimité, universel de la culture et de la science, et permettrait d'augmenter
positivement nos relations sociales, qu'on se regrouperait en communautés qui
partagent les mêmes centres d'intérêts, et même, qu'il contribuerait à amener la
paix dans le monde. Malheureusement, dans les faits, j'ai dû réviser mon
enthousiasme : nous avons dû inventer des Licences Libres pour partager la
culture (leur variété-même qui, là encore, justifierait l'écriture d'un livre
entier, montre les désaccords pouvant survenir sur la question de la liberté
d'usage de la culture), la science est soumise au droit d'auteur, et la violence
présente sur Internet est inédite en cela qu'elle est visible à tous.
Je pense que pour se prétendre une espèce évoluée, l'Humain doit impérativement
se résoudre à rendre la culture et la science libres, gratuites, accessibles à
tous, sans restrictions d'aucun ordre: ni sociales, ni académiques, ni
ethniques, ni religieuses, ni financières. Les notions d'espionnage industriel,
de brevet, ne devraient pas exister: elles empêchent le progrès. Je crois en la
valeur de la publication qui, seule, doit prouver la paternité d'une œuvre,
culturelle ou scientifique. On soupçonne encore aujourd'hui que ce n'est qu'à
cause d'un brevet déposé, au bon moment de surcroît, que la paternité du
Je pense que pour se prétendre une espèce évoluée, l'Humain doit impérativement
se résoudre à rendre la culture et la science libres, gratuites, accessibles à
tous, sans restrictions d'aucun ordre : ni sociales, ni académiques, ni
ethniques, ni religieuses, ni financières. Les notions d'espionnage industriel,
de brevet, ne devraient pas exister : elles empêchent le progrès. Je crois en la
valeur de la publication qui, seule, doit prouver la paternité d'une œuvre,
culturelle ou scientifique. On soupçonne encore aujourd'hui que ce n'est qu'à
cause d'un brevet déposé, au bon moment de surcroît, que la paternité du
téléphone est attribuée à Alexander Graham Bell
[@contributeurs_wikipedia_controverse_2019]. De plus, c'est l'expiration du
brevet déposé par Bell qui permit l'essor de l'industrie et du commerce du
téléphone acoustique. Je ne perds toutefois pas l'espoir que nous finissions par
nous rendre compte de leur inutilité.
[@contributeurs_wikipedia_controverse_2019]. De plus, c'est l'expiration du
brevet déposé par Bell qui permit l'essor de l'industrie et du commerce du
téléphone acoustique. Je ne perds toutefois pas l'espoir que nous finissions par
nous rendre compte de leur inutilité.
Dans notre société capitaliste, les brevets permettent de gagner de l'argent, et
donc contribuent à un enrichissement égoïste, alors que notre espèce dans son
ensemble devrait bénéficier de toute découverte scientifique ou de toute
création culturelle. La commercialisation de la culture et de la science ne
profite qu'à leurs auteurs, alors que ces disciplines profiteraient à tous. La
civilisation humaine ne peut évoluer qu'à la condition de s'affranchir de ces
viles considérations pécuniaires. Le commerce est né il y a six mille ans au
moins: il est plus que temps de le reléguer à rien de plus qu'un élément -
certes, fondateur - de notre histoire, qui permit l'essor de certaines
civilisations, mais qui fut aussi la source de nos plus grands malheurs, pour
donner naissance à une forme de société évoluée dont la richesse ne se mesure
plus à son économie mais à sa culture et à sa science. Comme la religion en son
temps, le commerce fait aujourd'hui partie des obstacles à l'avancée de notre
espèce, et nous empêche de progresser à un rythme plus soutenu. Bien des
problèmes pourraient déjà avoir été corrigés si nous avions permis à tous de
contribuer, et si leurs contributions avaient été mises à la disposition de
Dans notre société capitaliste, les brevets permettent de gagner de l'argent, et
donc contribuent à un enrichissement égoïste, alors que notre espèce dans son
ensemble devrait bénéficier de toute découverte scientifique ou de toute
création culturelle. La commercialisation de la culture et de la science ne
profite qu'à leurs auteurs, alors que ces disciplines profiteraient à tous. La
civilisation humaine ne peut évoluer qu'à la condition de s'affranchir de ces
viles considérations pécuniaires. Le commerce est né il y a six mille ans au
moins : il est plus que temps de le reléguer à rien de plus qu'un élément -
certes, fondateur - de notre histoire, qui permit l'essor de certaines
civilisations, mais qui fut aussi la source de nos plus grands malheurs, pour
donner naissance à une forme de société évoluée dont la richesse ne se mesure
plus à son économie mais à sa culture et à sa science. Comme la religion en son
temps, le commerce fait aujourd'hui partie des obstacles à l'avancée de notre
espèce, et nous empêche de progresser à un rythme plus soutenu. Bien des
problèmes pourraient déjà avoir été corrigés si nous avions permis à tous de
contribuer, et si leurs contributions avaient été mises à la disposition de
tous.
Car un autre grand malheur de notre temps est de demander aux sciences de
résoudre nos problèmes sociaux. Demander aux hébergeurs de sites Internet de
filtrer la haine, le harcèlement, le racisme dans leurs outils, ou empêcher
pro-activement la diffusion de certains types de contenus, ou leur demander de
mettre hors-ligne des contenus sous protection intellectuelle, c'est demander
une solution technique à des problèmes sociaux. Des problèmes qui gangrènent
notre société depuis bien avant Internet et les réseaux sociaux. Des problèmes
dont on a jamais su se débarrasser, et qu'on cherche simplement à masquer des
moyens de communication modernes. Nous ne résoudrons pas ces problèmes par des
moyens techniques, de même que l'aspirine ne soigne pas du mal de tête: elle ne
fait que masquer un symptôme de quelque chose de potentiellement plus profond.
La technologie ne viendra pas à la rescousse de nos problèmes de discriminations
et de haine de l'Autre. Seule une solution sociale pourra résoudre un problème
Car un autre grand malheur de notre temps est de demander aux sciences de
résoudre nos problèmes sociaux. Demander aux hébergeurs de sites Internet de
filtrer la haine, le harcèlement, le racisme dans leurs outils, ou empêcher
pro-activement la diffusion de certains types de contenus, ou leur demander de
mettre hors-ligne des contenus sous protection intellectuelle, c'est demander
une solution technique à des problèmes sociaux. Des problèmes qui gangrènent
notre société depuis bien avant Internet et les réseaux sociaux. Des problèmes
dont on a jamais su se débarrasser, et qu'on cherche simplement à masquer des
moyens de communication modernes. Nous ne résoudrons pas ces problèmes par des
moyens techniques, de même que l'aspirine ne soigne pas du mal de tête : elle ne
fait que masquer un symptôme de quelque chose de potentiellement plus profond.
La technologie ne viendra pas à la rescousse de nos problèmes de discriminations
et de haine de l'Autre. Seule une solution sociale pourra résoudre un problème
social, et une telle solution sera seule garante de notre évolution.
Nous devrons pour cela nous affranchir de l'argent, de l'économie. Considérant
notre enracinement dans le capitalisme, cela risque de prendre du temps, alors
que c'est une discipline jeune, même si les théories sur son origine divergent:
certains comme l'économiste allemand Werner Sombart (1863 - 1941), pensent que
le capitalisme est né au Moyen-Âge[@contributeurs_wikipedia_werner_2021].
D'autre, dont je fais partie, pensent que ce sont les Compagnies des Indes, à
partir du XVI^ème^ siècle, qui en sont à l'origine. Un dogme aussi puissant n'a
pu, selon moi, être imposé qu'avec la force et la détermination martiale. Car
les Compagnies des Indes étaient des flottes marchandes militarisées, tacitement
autorisées à faire feu sur l'ennemi. Elles permirent un commerce mondial, mais
où chaque pays devait faire preuve d'inflexibilité avec ses concurrents. Le
commerce et la guerre devenaient indissociables, et imposaient des restrictions
arbitraires, forçaient le monde à jouer selon des règles drastiques, absurdes,
artificielles. En cela, j'aime assez la vision romantique du film _Pirates des
Caraïbes_ de Disney: elle tranche avec la vision traditionnelle du pirate
sanguinaire, qui devient victime ostracisée, répudiée, parfois corrompue par les
pouvoirs de l'époque. Ne croyez pas que je prenne ce film comme une preuve de ce
que j'avance: je ne fais que mentionner l'existence d'une vision du sujet
diamétralement opposée à la vision populaire antérieure à lœuvre, où, pour une
fois, on nous montre la société capitaliste comme la source du Mal, et les
"pirates" comme des victimes. Notez d'ailleurs que le film est édité par Disney,
Nous devrons pour cela nous affranchir de l'argent, de l'économie. Considérant
notre enracinement dans le capitalisme, cela risque de prendre du temps, alors
que c'est une discipline jeune, même si les théories sur son origine divergent :
certains comme l'économiste allemand Werner Sombart (1863 - 1941), pensent que
le capitalisme est né au Moyen-Âge[@contributeurs_wikipedia_werner_2021].
D'autre, dont je fais partie, pensent que ce sont les Compagnies des Indes, à
partir du XVI^ème^ siècle, qui en sont à l'origine. Un dogme aussi puissant n'a
pu, selon moi, être imposé qu'avec la force et la détermination martiale. Car
les Compagnies des Indes étaient des flottes marchandes militarisées, tacitement
autorisées à faire feu sur l'ennemi. Elles permirent un commerce mondial, mais
où chaque pays devait faire preuve d'inflexibilité avec ses concurrents. Le
commerce et la guerre devenaient indissociables, et imposaient des restrictions
arbitraires, forçaient le monde à jouer selon des règles drastiques, absurdes,
artificielles. En cela, j'aime assez la vision romantique du film _Pirates des
Caraïbes_ de Disney : elle tranche avec la vision traditionnelle du pirate
sanguinaire, qui devient victime ostracisée, répudiée, parfois corrompue par les
pouvoirs de l'époque. Ne croyez pas que je prenne ce film comme une preuve de ce
que j'avance : je ne fais que mentionner l'existence d'une vision du sujet
diamétralement opposée à la vision populaire antérieure à lœuvre, où, pour une
fois, on nous montre la société capitaliste comme la source du Mal, et les
"pirates" comme des victimes. Notez d'ailleurs que le film est édité par Disney,
qui n'est pas une entreprise de charité.
Les dérives liées au commerce et aux communications sont encore visibles lors de
l'utilisation du télégraphe Chappe: son inventeur, Claude Chappe, se serait jeté
dans un puits de son hôtel en 1805[@contributeurs_wikipedia_claude_2021] parce
que Napoléon Bonaparte voulait réduire les crédits destinés à la construction
des télégraphes et leur mise en service (ce qu'il ne fit pas, finalement ; au
lieu de cela, il étendit le réseau). Puis, au cours de la Révolution de Juillet
en 1830, l'État prit agressivement possession du réseau qui appartenait encore
Les dérives liées au commerce et aux communications sont encore visibles lors de
l'utilisation du télégraphe Chappe: son inventeur, Claude Chappe, se serait jeté
dans un puits de son hôtel en 1805[@contributeurs_wikipedia_claude_2021] parce
que Napoléon Bonaparte voulait réduire les crédits destinés à la construction
des télégraphes et leur mise en service (ce qu'il ne fit pas, finalement ; au
lieu de cela, il étendit le réseau). Puis, au cours de la Révolution de Juillet
en 1830, l'État prit agressivement possession du réseau qui appartenait encore
à la famille Chappe. Enfin, à partir de 1832, les frères Michel
[@contributeurs_wikipedia_michel_2017] et François Blanc, frères financiers et
probablement les premiers pirates de réseaux de communication de l'histoire de
France[@contributeurs_wikipedia_piratage_2021], détournèrent l'usage des
télégraphes pour commettre un délit d'initié: ils obtinrent de cette façon des
informations relatives à la Bourse avant tout le monde. Capitalisme et
[@contributeurs_wikipedia_michel_2017] et François Blanc, frères financiers et
probablement les premiers pirates de réseaux de communication de l'histoire de
France[@contributeurs_wikipedia_piratage_2021], détournèrent l'usage des
télégraphes pour commettre un délit d'initié : ils obtinrent de cette façon des
informations relatives à la Bourse avant tout le monde. Capitalisme et
malveillance vont toujours de pair aujourd'hui encore.
Si l'on supprimait l'argent, le capitalisme, la bourse, l'héritage financier, et
tous ces processus typiquement humains (qu'on ne retrouve nulle part ailleurs
dans le monde), cela nous conduirait forcément à supprimer une grande partie de
nos problèmes sociaux, puisque nous supprimerions de fait nos inégalités
sociales: en l'absence d'argent, nous serions tous égaux, comme le veux le
slogan martelé sans relâche par le Conseil de l'Europe depuis 1995[^coe]. En
l'absence d'inégalités sociales, nous aurions toujours des raisons pour haïr
l'Autre, mais au moins elles ne concerneraient plus le plus puissant des outils
Si l'on supprimait l'argent, le capitalisme, la bourse, l'héritage financier, et
tous ces processus typiquement humains (qu'on ne retrouve nulle part ailleurs
dans le monde), cela nous conduirait forcément à supprimer une grande partie de
nos problèmes sociaux, puisque nous supprimerions de fait nos inégalités
sociales : en l'absence d'argent, nous serions tous égaux, comme le veux le
slogan martelé sans relâche par le Conseil de l'Europe depuis 1995[^coe]. En
l'absence d'inégalités sociales, nous aurions toujours des raisons pour haïr
l'Autre, mais au moins elles ne concerneraient plus le plus puissant des outils
de clivage inventés par l'Homme avec la religion.
[^coe]: <https://www.coe.int/fr/web/compass/45>
La première étape vers un tel changement de paradigme consisterait en
l'établissement d'un revenu universel. Quelques temps après, nous nous
figurerons que l'argent n'est pas - ou plus - la motivation des individus pour
travailler. Il ne fait aucun doute que certains profiterons de ce système pour
"ne rien faire", au moins au début (ils seront probablement rapidement rongés
par la lassitude), mais pour d'autres, cela peut représenter des opportunités
inespérées d'accomplir des choses que la société actuelle leur refuse. Un simple
passionné de sciences pourrait contribuer à son domaine, juste parce qu'il en
est passionné, et affranchi de l'obligation de posséder des diplômes pour ce
faire. Nous pourrions résoudre les crises liées au logement, si chacun était en
mesure de bâtir une maison sans risquer d'y laisser la vie. On pourrait avoir
une existence sociale, non plus caractérisée par notre rang, mais par ce qu'on
apporte à la société. Nous serions tous acteurs de la réussite de l'espèce
humaine, au lieu de n'être que des "employés", voire encore des esclaves, dans
des métiers qui ne nous passionnent pas, à des postes sans rapports avec nos
compétences réelles, et pour des entreprises dans lesquelles nous ne nous
investissons plus. Supprimer la notion de ressources ferait (ré)apparaitre la
notion de valeur personnelle, ce qui permettrait aux individus de sentir plus
heureux, et pourrait contribuer significativement à améliorer leurs relations
avec les autres, voire augmenter le nombre de Dunbar de _Homo sapiens_, et
éventuellement, améliorerait l'espèce culturellement, scientifiquement et
La première étape vers un tel changement de paradigme consisterait en
l'établissement d'un revenu universel. Quelques temps après, nous nous
figurerons que l'argent n'est pas - ou plus - la motivation des individus pour
travailler. Il ne fait aucun doute que certains profiterons de ce système pour
"ne rien faire", au moins au début (ils seront probablement rapidement rongés
par la lassitude), mais pour d'autres, cela peut représenter des opportunités
inespérées d'accomplir des choses que la société actuelle leur refuse. Un simple
passionné de sciences pourrait contribuer à son domaine, juste parce qu'il en
est passionné, et affranchi de l'obligation de posséder des diplômes pour ce
faire. Nous pourrions résoudre les crises liées au logement, si chacun était en
mesure de bâtir une maison sans risquer d'y laisser la vie. On pourrait avoir
une existence sociale, non plus caractérisée par notre rang, mais par ce qu'on
apporte à la société. Nous serions tous acteurs de la réussite de l'espèce
humaine, au lieu de n'être que des "employés", voire encore des esclaves, dans
des métiers qui ne nous passionnent pas, à des postes sans rapports avec nos
compétences réelles, et pour des entreprises dans lesquelles nous ne nous
investissons plus. Supprimer la notion de ressources ferait (ré)apparaître la
notion de valeur personnelle, ce qui permettrait aux individus de sentir plus
heureux, et pourrait contribuer significativement à améliorer leurs relations
avec les autres, voire augmenter le nombre de Dunbar de _Homo sapiens_, et
éventuellement, améliorerait l'espèce culturellement, scientifiquement et
socialement.
On retrouve un problème similaire directement au sein des domaines techniques.
Les dogmes sociaux tels que notre impact sur l'environnement incitent nos
gouvernements, partout sur Terre, à demander une solution technologique à un
problème réellement social. Les sciences nous ont doté d'outils fondamentalement
polluants: les usines, les voitures, les avions, les manufactures. Nous
pourrions avoir un usage raisonné de nos véhicules, nous pourrions disposer de
moyens de locomotion, de production de l'énergie, de manufacture qui n'altèrent
pas la biosphère terrestre. Nous ne les mettons pas en œuvre parce qu'ils
coûtent chers, que la désinformation - par la politique, mais aussi par les
croyances populaires - nous ancre dans des craintes infondées, et parce que nous
sommes fainéants. Des problèmes... économiques et sociaux, pas technologiques.
On retrouve un problème similaire directement au sein des domaines techniques.
Les dogmes sociaux tels que notre impact sur l'environnement incitent nos
gouvernements, partout sur Terre, à demander une solution technologique à un
problème réellement social. Les sciences nous ont doté d'outils fondamentalement
polluants : les usines, les voitures, les avions, les manufactures. Nous
pourrions avoir un usage raisonné de nos véhicules, nous pourrions disposer de
moyens de locomotion, de production de l'énergie, de manufacture qui n'altèrent
pas la biosphère terrestre. Nous ne les mettons pas en œuvre parce qu'ils
coûtent chers, que la désinformation - par la politique, mais aussi par les
croyances populaires - nous ancre dans des craintes infondées, et parce que nous
sommes fainéants. Des problèmes... économiques et sociaux, pas technologiques.
Supprimons l'économie, résolvons nos problèmes sociaux, pour permettre à la
science de continuer ses recherche sur la production d'énergie et la création de
manufactures sans impact environnemental. Et tâchons de retrouver notre bon
sens, celui qui nous permettait de vivre à une vitesse normale, avant
l'avènement des réseaux de communication rapides et longue-distance. Si les gens
avaient un revenu universel, ils travailleraient pour eux, plus pour les autres,
et n'auraient plus besoin de se déplacer autant, et donc verraient leur
empreinte environnementale réduite, voire supprimée. Les entreprises pourraient
compter sur une main dœuvre peuplée d'activistes impliqués et passionnés, plus
sur de simples employés. Littéralement tout le monde aurait à gagner à la
résolution de ces problèmes sociaux, y compris la biosphère, c'est-à-dire
l'ensemble des espèces vivantes avec lesquelles on partage cette planète, mais
cela faciliterait également notre premier contact avec une civilisation
extraterrestre, Saint-Graal de l'astronomie. Une telle découverte nous mettrait,
une fois pour toutes, face à l'évidence de notre primitivisme, et pourrait tout
Supprimons l'économie, résolvons nos problèmes sociaux, pour permettre à la
science de continuer ses recherche sur la production d'énergie et la création de
manufactures sans impact environnemental. Et tâchons de retrouver notre bon
sens, celui qui nous permettait de vivre à une vitesse normale, avant
l'avènement des réseaux de communication rapides et longue-distance. Si les gens
avaient un revenu universel, ils travailleraient pour eux, plus pour les autres,
et n'auraient plus besoin de se déplacer autant, et donc verraient leur
empreinte environnementale réduite, voire supprimée. Les entreprises pourraient
compter sur une main dœuvre peuplée d'activistes impliqués et passionnés, plus
sur de simples employés. Littéralement tout le monde aurait à gagner à la
résolution de ces problèmes sociaux, y compris la biosphère, c'est-à-dire
l'ensemble des espèces vivantes avec lesquelles on partage cette planète, mais
cela faciliterait également notre premier contact avec une civilisation
extraterrestre, Saint-Graal de l'astronomie. Une telle découverte nous mettrait,
une fois pour toutes, face à l'évidence de notre primitivisme, et pourrait tout
à la fois nous en sauver ou au contraire causer notre extinction.

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## Vers une société astronomique
Quand il s'agit d'entrer en communication avec une civilisation extraterrestre,
Quand il s'agit d'entrer en communication avec une civilisation extraterrestre,
je vois trois cas de figure.
Soit c'est nous qui faisons le premier pas: nous nous présentons, de façon
pacifique. C'est la démarche scientifique, inaugurée par les sondes Pioneer.
Nous allons activement à la rencontre d'autres civilisations. C'est un fait
scientifique depuis 1972. La fiction nous propose des histoires alternatives,
où nous jouons un rôle plus actif dans l'exploration de l'univers, et où nous
finissons par devenir les garants de la sécurité globale, y compris dans des
conflits entre civilisations extraterrestres dans lesquels nous n'avions pas à
Soit c'est nous qui faisons le premier pas : nous nous présentons, de façon
pacifique. C'est la démarche scientifique, inaugurée par les sondes Pioneer.
Nous allons activement à la rencontre d'autres civilisations. C'est un fait
scientifique depuis 1972. La fiction nous propose des histoires alternatives,
où nous jouons un rôle plus actif dans l'exploration de l'univers, et où nous
finissons par devenir les garants de la sécurité globale, y compris dans des
conflits entre civilisations extraterrestres dans lesquels nous n'avions pas à
prendre part.
Soit une civilisation extraterrestre entre en contact avec nous. Comme il n'est
pas prouvé que c'est déjà arrivé, nous ne pouvons que spéculer sur notre
comportement face à une telle situation, et comme souvent, la fiction a déjà
exploré ce domaine. D'ailleurs, Andrew Fraknoi de l'Université de San Francisco
nous a proposé en 2019 une liste des histoires de science fiction traitant
correctement de l'astronomie et de la physique[@fraknoi_science_2019]. Et on
s'aperçoit que, statistiquement, les œuvres anticipant des rapports pacifiques
avec une civilisation extraterrestre qui entrerait activement en contact avec
nous sont plutôt rares. On les présente alors souvent comme une espèce qui a
épuisé les ressources de sa planète d'origine, et malheureusement, la planète
suivante dans sa liste est la notre. S'ensuit une lutte pour notre survie. Un
thème qui pouvait sembler terrifiant pendant des dizaines d'années, mais qui
aujourd'hui me semble éculé. Le chef dœuvre du genre reste, selon moi, _La
Guerre des Mondes_[@wells_guerre_1898], publié en 1898 par Herbert George Wells
(1866 - 1946). Son analyse mériterait d'être beaucoup plus exhaustive, mais je
vais me limiter à ce qui nous intéresse ici: nous luttons face à un envahisseur,
comme des fourmis pourraient lutter contre la construction d'une maison humaine
sur leur fourmilière. Et ce n'est que parce que les extraterrestres ne sont pas
immunisés face aux microbes terrestres que nous avons échappé à l'extermination.
Ce roman doit graver dans nos esprits deux choses: nous pourrions être
nous-mêmes ces extraterrestres, nous pourrions nous-mêmes anéantir toute une
civilisation au motif de vouloir, ou devoir, nous installer ailleurs, et ce sans
Soit une civilisation extraterrestre entre en contact avec nous. Comme il n'est
pas prouvé que c'est déjà arrivé, nous ne pouvons que spéculer sur notre
comportement face à une telle situation, et comme souvent, la fiction a déjà
exploré ce domaine. D'ailleurs, Andrew Fraknoi de l'Université de San Francisco
nous a proposé en 2019 une liste des histoires de science fiction traitant
correctement de l'astronomie et de la physique[@fraknoi_science_2019]. Et on
s'aperçoit que, statistiquement, les œuvres anticipant des rapports pacifiques
avec une civilisation extraterrestre qui entrerait activement en contact avec
nous sont plutôt rares. On les présente alors souvent comme une espèce qui a
épuisé les ressources de sa planète d'origine, et malheureusement, la planète
suivante dans sa liste est la notre. S'ensuit une lutte pour notre survie. Un
thème qui pouvait sembler terrifiant pendant des dizaines d'années, mais qui
aujourd'hui me semble éculé. Le chef dœuvre du genre reste, selon moi, _La
Guerre des Mondes_[@wells_guerre_1898], publié en 1898 par Herbert George Wells
(1866 - 1946). Son analyse mériterait d'être beaucoup plus exhaustive, mais je
vais me limiter à ce qui nous intéresse ici : nous luttons face à un envahisseur,
comme des fourmis pourraient lutter contre la construction d'une maison humaine
sur leur fourmilière (c'est d'ailleurs de cette façon que débute *Le Guide du Voyageur Galactique* de Douglas Adams publié en 1979). Et ce n'est que parce que les extraterrestres ne sont pas
immunisés face aux microbes terrestres que nous avons échappé à l'extermination.
Ce roman doit graver dans nos esprits deux choses : nous pourrions être
nous-mêmes ces extraterrestres, nous pourrions nous-mêmes anéantir toute une
civilisation au motif de vouloir, ou devoir, nous installer ailleurs, et ce sans
même le savoir, mais est-ce vraiment ce que nous voulons ? Et d'autre part, nous
devons rester humbles, surtout face à l'inconnu, car nous pourrions ne pas nous
devons rester humbles, surtout face à l'inconnu, car nous pourrions ne pas nous
révéler à la hauteur et risquer l'extinction.
Enfin, il se pourrait qu'une civilisation extraterrestre soit humaine: si nous
envoyons effectivement une colonie permanente sur la lune, voire sur Mars, au
cours des prochaines décennies, et sur d'autres planètes dans les siècles à
venir, nous devons réfléchir à comment éviter un conflit avec ces colonies.
Rappelons que de telles colonies seraient vraisemblablement internationales, et
qu'elles pourraient donc, structurellement, représenter notre espèce auprès
d'autres civilisations non-humaines dans l'espace, alors que dans le même
moment, nous restons nous-mêmes divisés sur Terre. Chaque groupe que nous
envoyons dans l'espace n'est pour le moment qu'une équipe de chercheurs. Quand
nous enverrons des colons sur un objet astronomique, ils seront à l'origine
d'une société, indépendante - de fait - des nôtres, sur laquelle nous n'aurons
pas de contrôle. C'est la raison pour laquelle nous devrions unifier nos
sociétés, les rendre inclusives, pacifiquement, atteindre l'unification des
peuples que j'ai mentionné antérieurement, avant de songer à créer de telles
sociétés. Car, à l'heure actuelle, rien ne me laisse à penser qu'un conflit ne
pourrait pas éclater entre ces colonies et nous. Rien que le terme "colonie"
fait référence à de trop nombreuses tentatives pour un gouvernement central de
fédérer des pays distants, qui, presque tous, ont opté aujourd'hui pour
l'indépendance. Changeons notre vocabulaire, prenons garde de ne pas répéter nos
erreurs historiques, et gardons à l'esprit que ces "avant-postes astronomiques"
Enfin, il se pourrait qu'une civilisation extraterrestre soit humaine : si nous
envoyons effectivement une colonie permanente sur la lune, voire sur Mars, au
cours des prochaines décennies, et sur d'autres planètes dans les siècles à
venir, nous devons réfléchir à comment éviter un conflit avec ces colonies.
Rappelons que de telles colonies seraient vraisemblablement internationales, et
qu'elles pourraient donc, structurellement, représenter notre espèce auprès
d'autres civilisations non-humaines dans l'espace, alors que dans le même
moment, nous restons nous-mêmes divisés sur Terre. Chaque groupe que nous
envoyons dans l'espace n'est pour le moment qu'une équipe de chercheurs. Quand
nous enverrons des colons sur un objet astronomique, ils seront à l'origine
d'une société, indépendante - de fait - des nôtres, sur laquelle nous n'aurons
pas de contrôle. C'est la raison pour laquelle nous devrions unifier nos
sociétés, les rendre inclusives, pacifiquement, atteindre l'unification des
peuples que j'ai mentionné antérieurement, avant de songer à créer de telles
sociétés. Car, à l'heure actuelle, rien ne me laisse à penser qu'un conflit ne
pourrait pas éclater entre ces colonies et nous. Rien que le terme "colonie"
fait référence à de trop nombreuses tentatives pour un gouvernement central de
fédérer des pays distants, qui, presque tous, ont opté aujourd'hui pour
l'indépendance. Changeons notre vocabulaire, prenons garde de ne pas répéter nos
erreurs historiques, et gardons à l'esprit que ces "avant-postes astronomiques"
seront des sociétés humaines, scientifiques de surcroît
Dans tous les cas de figure, il faut dès aujourd'hui anticiper des
communications régulières, à très longue distance et à très haut débit. Il
faudrait que, dès l'établissement du premier avant-poste permanent, nous
disposions avec lui de capacités de communications au moins aussi avancées que
ce dont nous disposons actuellement sur Terre, ce qui, pour l'heure, n'est pas
possible. En l'absence de communications efficaces, nous ne pourrons pas
entretenir de relations efficaces avec cet avant-poste. Sans relations, pas de
structure sociale. Sans structure sociale, pas de civilisation. Nous devons, à
l'heure actuelle, résoudre nos problèmes sociaux pour faire avancer la science,
mais envoyer trop tôt des sociétés s'établir de façon permanente sur d'autres
corps astronomiques nous obligerait à faire avancer notre technologie pour
permettre des relations sociales avec elles. Ce qui nous ferait immanquablement
stagner dans les deux disciplines, alors même que nous serions persuadés d'être
extrêmement avancés de par la présence-même de ces colons où ils se seront
établis. C'est là qu'est tout le danger de croire aveuglément en la capacité de
la science à résoudre tous les problèmes, alors qu'en vérité, elle ne devrait
servir qu'à formuler des théories et les prouver par l'expérience, afin
Dans tous les cas de figure, il faut dès aujourd'hui anticiper des
communications régulières, à très longue distance et à très haut débit. Il
faudrait que, dès l'établissement du premier avant-poste permanent, nous
disposions avec lui de capacités de communications au moins aussi avancées que
ce dont nous disposons actuellement sur Terre, ce qui, pour l'heure, n'est pas
possible. En l'absence de communications efficaces, nous ne pourrons pas
entretenir de relations efficaces avec cet avant-poste. Sans relations, pas de
structure sociale. Sans structure sociale, pas de civilisation. Nous devons, dès aujourd'hui, résoudre nos problèmes sociaux pour faire avancer la science ; envoyer trop tôt des sociétés s'établir de façon permanente sur d'autres
corps astronomiques nous obligerait à faire avancer notre technologie pour
permettre des relations sociales avec elles. Ce qui nous ferait immanquablement
stagner dans les deux disciplines, alors même que nous serions persuadés d'être
extrêmement avancés de par la présence-même de ces colons où ils se seront
établis. C'est là qu'est tout le danger de croire aveuglément en la capacité de
la science à résoudre tous les problèmes, alors qu'en vérité, elle ne devrait
servir qu'à formuler des théories et les prouver par l'expérience, afin
d'améliorer notre compréhension du monde, et pas interférer avec celui-ci.
Dans un univers âgé de plus de treize milliards d'années, _Homo sapiens_ ne vit
que depuis trois cent mille ans. Nous devons admettre que d'autres espèces
existent dans cet univers, et qu'elles ont évolué depuis plus longtemps que
nous. Il est scientifiquement possible d'admettre que certaines espèces ont pu
évolué pendant quelques milliards d'années, et qu'elles disposeraient donc de
capacités, physiques ou techniques, que nous n'avons même encore jamais imaginé.
Si c'est un fait que la science admet généralement bien aujourd'hui, les
populations non-académiques ont encore du mal avec cette idée. Beaucoup
n'admettent même pas l'idée qu'il existe autre chose que nous au-delà de notre
système solaire. Au même titre que nous n'admettions pas qu'il puisse exister
Dans un univers âgé de plus de treize milliards d'années, _Homo sapiens_ ne vit
que depuis trois cent mille ans. Nous devons admettre que d'autres espèces
existent dans cet univers, et qu'elles ont évolué depuis plus longtemps que
nous. Il est scientifiquement possible d'admettre que certaines espèces ont pu
évolué pendant quelques milliards d'années, et qu'elles disposeraient donc de
capacités, physiques ou techniques, que nous n'avons même encore jamais imaginé.
Si c'est un fait que la science admet généralement bien aujourd'hui, les
populations non-académiques ont encore du mal avec cette idée. Beaucoup
n'admettent même pas l'idée qu'il existe autre chose que nous au-delà de notre
système solaire. Au même titre que nous n'admettions pas qu'il puisse exister
autre chose au-delà de la mer dans l'Antiquité.
Une société astronomique pourrait entraîner la résolution du problème de la
Une société astronomique pourrait entraîner la résolution du problème de la
surpopulation. Après tout, la notion de surpopulation est intrinsèquement liée à
la couverture géographique: dans l'espace, il y a suffisamment de place pour
tout le monde, et probablement pour longtemps. Nous ne sommes évidemment pas
prêts pour entreprendre la colonisation de l'espace, face aux difficultés que
cela représente à l'heure actuelle. En allant sur notre lune, nous avons glissé
le bout d'un orteil dans l'eau glacée avant de le retirer aussitôt, et nous n'en
sommes qu'à projeter de poser un pied sur Mars. Il est certain que cela prendra
du temps avant de pouvoir établir des colonies permanentes au-delà de notre
atmosphère, et nous faisons tout pour y parvenir. Mais notre réussite sera
surtout technique, et nous incitera à pousser de plus en plus loin, sans que
jamais ne se pose la question "devrions-nous le faire ?". Je n'ai toujours pas
résolu ce paradoxe malgré mes réflexions sur le sujet: devrions-nous insister
dans notre entêtement à nous installer de plus en plus loin, grâce à un espace
"infini", si possible à un rythme suffisant pour inverser la tendance à la
surpopulation, ce qui résoudrait (ou en tout cas masquerait significativement)
nos problèmes sociaux, ou devrions-nous chercher une solution plus directe à ces
problèmes _en premier lieu_ ?
la couverture géographique : dans l'espace, il y a suffisamment de place pour
tout le monde, et probablement pour longtemps. Nous ne sommes évidemment pas
prêts pour entreprendre la colonisation de l'espace, face aux difficultés que
cela représente à l'heure actuelle. En allant sur notre lune, nous avons glissé
le bout d'un orteil dans l'eau glacée avant de le retirer aussitôt, et nous n'en
sommes qu'à projeter de poser un pied sur Mars. Il est certain que cela prendra
du temps avant de pouvoir établir des colonies permanentes au-delà de notre
atmosphère, et nous faisons tout pour y parvenir. Mais notre réussite sera
surtout technique, et nous incitera à pousser de plus en plus loin, sans que
jamais ne se pose la question "devrions-nous le faire ?". Je n'ai toujours pas
résolu ce paradoxe malgré mes réflexions sur le sujet : devrions-nous insister
dans notre entêtement à nous installer de plus en plus loin, grâce à un espace
"infini", si possible à un rythme suffisant pour inverser la tendance à la
surpopulation, ce qui résoudrait (ou en tout cas masquerait significativement)
nos problèmes sociaux, ou devrions-nous chercher une solution plus directe à ces
problèmes _en premier lieu_ ?