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2021-06-12 00:59:42 +02:00

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Définitions actuelles

Les définitions modernes de lIntelligence suivantes sont proposées par le Wiktionnaire[@contributeurs_wictionnaire_intelligence_2021]. Je vais analyser ici chacune dentre elles, en me reposant sur un concept universel dIntelligence que je détaillerai dans un prochain chapitre. Je ne critique pas la définition en elle-même, mais son incapacité à exprimer ce que je considère comme étant lIntelligence à un niveau plus général.

  • Faculté de comprendre, de ne pas se méprendre sur le sens des mots, la nature des choses et la signification des faits.

Bien quouvrant sur une capacité générale, abordable aux Animaux et aux Plantes (les Animaux peuvent faire preuve dempathie, les Plantes peuvent réagir en cas dagression, ce qui prouve leur capacité de « comprendre la nature des choses et la signification des faits »), cette définition précise que lIntelligence est la capacité de « ne pas se méprendre sur le sens des mots ». Ici, « mots » reste vague: quest-ce quun « mot » ? Est-ce quun gazouillis ou un croassement de fréquence et de rythme spécifiques sont un mot pour un oiseau ou une grenouille ? Est-ce que lémission dune phéromone spécifique est un mot pour une plante ou une fourmi ?

Cette définition me semble trop dépendante de quon conceptualise généralement comme une spécificité de lHomme pour être universelle.

  • Activité volontaire et réfléchie de lhomme sexerçant dune façon normale en vue de la connaissance et sopposant à linstinct.

Cette définition est ouvertement anthropocentrique (« de lhomme »). Elle nous pousse à croire que instinct et connaissance sont opposés, alors que linstinct nait par lacquisition de la connaissance (quelquun qui se brûle ne sexposera plus instinctivement à une source potentiellement ignée), et la connaissance nait de linstinct (linstinct pousse à certaines actions qui mènent à la découverte, et donc, à la connaissance). Elle place donc lhumain sur un piédestal, prétendant que nous sommes la seule espèce agissant « en vue de la connaissance », en opposition avec les autres Animaux qui réagissent « à linstinct », omettant par conséquent tout enseignement des théories darwiniennes sur la psychologie évolutive, et par extension, toute étude portant sur lIntelligence Animale, voire dément lexistence de toute forme dintelligence autre quHumaine.

En outre, lI.A. est dépourvue dinstinct: cest une création mathématique, formelle. Suivant cette définition, lI.A. est Animale, et donc inférieure à lHomme. Mais est-ce vraiment ainsi quon la présente ?

  • Développement des facultés de comprendre et de raisonner au-dessus de la moyenne.

Une « moyenne » est constatée. Dans une population humaine et avec des moyens humains (tels que les tests de quotient intellectuel), il est relativement facile de produire une moyenne, ou en tout cas, de pointer les individus « plus » ou « moins » intelligents. Mais ces tests sont humains, et ne sappliquent pas à dautres formes dintelligence. Doit-on déduire quun gorille particulier est plus intelligent que tous les autres parce quon lui a appris, à lui seul, la langue des signes ? Ou bien doit-on considérer quun gorille « moyen » en aurait été également capable ? Nest-ce pas là un gorille « moyen » à qui on aurait simplement « donné sa chance » ?

Nous ne sommes pas en mesure détablir une moyenne réaliste de lintelligence pour dautres espèces que la nôtre, je considère donc cette définition comme anthropocentrique et inappropriée.

  • Connaissance approfondie, compréhension nette et facile.

Cette définition sous-entend que lintelligence nest pas innée mais acquise: si elle est « approfondie », cest que lon a procédé à un apprentissage pour lobtenir, et que donc on sécarte dune norme pré-définie de ce quest la connaissance « non-approfondie », innée. Or, une définition de lIntelligence devrait bien prendre en compte lIntelligence innée aussi bien que celle acquise.

  • Aptitude, capacité particulière, don pour une activité.

Contrairement aux autres définitions, celle-ci me semble pertinente: elle nest pas anthropocentrique, ni ne suggère une particularité physique ou intellectuelle pré-requise. Les Plantes peuvent se définir de cette façon, de part leur « capacité particulière » à communiquer, aussi bien que les baleines, de part leur « capacité particulière » à se déplacer en fonction du champ magnétique terrestre. LIntelligence Artificielle entre également dans cette définition, quand celle-ci est focalisée à un usage spécifique tel que la reconnaissance dobjets.

Je pense toutefois quelle est très incomplète.

  • Adresse, habileté, et sapplique surtout au choix des moyens employés pour obtenir un résultat.

Ici, lIntelligence est associée à une capacité physique (« adresse » et « habileté »), ce qui exclut de facto toute espèce dépourvue de membres, ou tout du moins, toute espèce dépourvue de corps (telle que lI.A. hors de la robotique). Pourtant, les Plantes chlorophylliennes font preuve dhabileté pour escalader les obstacles à la lumière, y compris dans des environnements non-naturels: pensez au liseron (la famille des Convolvulaceae, du latin convolvere, qui signifie « senrouler ») qui sagrippe à une clôture, ou à la vigne qui épouse les interstices des briques des maisons. Pourtant, elles nont pas encore la structure physique nécessaire pour senrouler autour de lobstacle: elles poussent, croissent, tout en senroulant. Cest parce que leur « corps » croît autour dun objet quelles disposent de cette « habileté ». Toutefois, quels sont les « moyens » dont la Plante dispose pour obtenir ce résultat, si ce nest pousser ? Si on peut considérer une Plante comme habile mais dénuée dintelligence parce quelle na pas le choix des moyens employés, cette définition est trop restrictive.

Bien sûr, on peut aussi parler dhabileté « intellectuelle »: la solution à un problème mathématique sera qualifiée d« habile » si elle est simple, ingénieuse, et entrera dans cette définition grâce « au choix des moyens employés pour obtenir un résultat ». On peut donc considérer que lI.A. est couverte avec précision par cette définition, de même que lhumain et certains Animaux seulement, mais exclut les Plantes.

  • Accord, entente, harmonie, union de sentiments.
  • Correspondance, communication entre des personnes qui sentendent lune avec lautre ; connivence.
  • Ententes, conventions secrètes.

Ces trois dernières définitions peuvent être résumées dans cette phrase simple:

Être en bonne intelligence

On ne parle donc pas de lIntelligence telle que je cherche à la définir globalement, mais dans un contexte social spécifique, et notamment humain (« communication entre des personnes »), ou faisant appel à des notions typiquement humaines (« connivence », « conventions secrètes »).

La première de ces trois définitions me rappelle toutefois ce quon appelle la symbiose, cest-à-dire la capacité pour un organisme dinteragir avec son environnement et réciproquement dans un but mutuellement bénéfique, tels que Indicatoridae, ces oiseaux qui indiquent via un chant spécifique les nids dabeilles aux populations autochtones, principalement des humains mais pas seulement. Ces humains délogent les abeilles de la ruche pour en récolter le miel, pendant que loiseau se repait de la cire et des larves.

La symbiose existe sous de nombreuses formes différentes, et fait lobjet dune science toute dévouée. On rappellera ainsi que :

lintestin humain contient entre 1000 et 1150 espèces de bactéries. Elles ont un rôle favorable dans la digestion, dans la régulation du système immunitaire et empêchent la colonisation par des organismes pathogènes. [@contributeurs_wikipedia_symbiose_2021]

On ne considère pas pour autant ces bactéries comme étant intelligentes.

Je naborderai pas ici la définition de lIntelligence selon la psychologie : en dehors de léthologie, lIntelligence est essentiellement considérée comme une caractéristique typiquement humaine, ou étudiée uniquement chez lhumain.