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date: '2021-09-10'
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title: Jurassic Park
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## En bref
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Un film presque parfait, même visionné presque trente ans plus tard !
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## Contexte
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Le film sort en 1993, et se base sur le livre éponyme écrit par Michael Crichton
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trois ans auparavent. La génétique et le clonage étaient alors des domaines
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scientifiques relativement nouveaux, et alimentaient le fantasme de recréer des
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animaux éteints, et en particulier des dinosaures.
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C’est ainsi que John Hammond (incarné par le regretté Richard Attenborough),
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riche à milliards, se lance dans la création d’un parc peuplé de dinosaures
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ramenés à la vie par la science.
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## Les personnages
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La quasi-perfection de _Jurassic Park_ vient en partie de son casting. Aucune
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fausse-note n’est à déplorer : les personnages sont variés et originaux, et
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leurs interprètes sont **tous** absolument stupéfiants.
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Alan Grant, par exemple, interprété par Sam Neill, atteint un équilibre rare
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entre l’enthousiasme et l’inquiétude, et entre l’assurance et la peur. Cette
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remarque est valable tant pour le personnage que pour l’acteur : Sam Neill est
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juste et précis, cerne parfaitement Alan Grant, comme s’il avait été lui-même
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un paléontologue renommé.
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Laura Dern prête ses traits et sa voix à la paléobotaniste Ellie Sattler. Elle
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aussi est juste et précise dans son interprétation : joie, stupeur, peur,
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terreur, sans fausse note.
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Mon acteur préféré du film, et que je retrouve avec plaisir dans _Le Monde
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Perdu_, et dans une moindre mesure, dans la saga
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_Jurassic World_, c’est Jeff Goldblum, qui incarne le
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Professeur Ian Malcom, chaoticien de son temps. Ce qui est surprenant
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d’ailleurs, puisque
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[je suis moi-même détracteur de la théorie du chaos](https://git.dern.ovh/Livres/reflexions/src/branch/main/03%20-%20Hasard%2C%20chaos/01-introduction.md)
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depuis longtemps ! Pourtant, Ian Malcom dégage une assurance charismatique, et
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s’exprime d’une voix telle que seul Jeff Goldblum est capable de produire. Et,
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en plus de son intelligence, il est doté d’un humour varié, allant de la
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moquerie à la dérision, en passant par la vanité et le flegme.
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Richard Attenborough est un choix intéressant pour le personnage de John
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Hammond, à l’origine du parc et de ce qu’il contient, ce pourquoi il a “dépensé
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sans compter”. En effet, Richard est le frère de David, qui est naturaliste.
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S’il avait les traits parfaits pour incarner un riche entrepreneur qui veut
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passer sa retraite à dépenser sa fortune pour réaliser un rêve, son frère fut
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sans doute une importante source d’inspiration pour l’élaboration de son
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personnage.
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Il est grand-père de deux enfants, Tim et Alex, respectivement interprétés par
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Joseph Mazzello et Ariana Richards. Le premier, le plus jeune, est passionné de
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dinosaures, alors que sa soeur est une nerd. Des enfants très intelligents donc,
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et qui se montreront plus ou moins aptes à gérer une situation de crise. Là
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encore, la prestation fournie par leurs acteurs respectifs est excellente.
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On fait également la connaissance du Dr Wu, que l’on ne croisera plus avant
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la saga _Jurassic World_. Un Dr Wu incarné par un B. D.
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Wong tout jeune mais déjà en train de mélanger des ADNs et concocter tout un tas
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de créatures toutes plus extraordinaires les unes que les autres. Ce n’est que
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plus tard que les scénaristes lui donneront un rôle plus sombre, mais dans
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_Jurassic Park_, c’est un jeune scientifique à l’aube de découvertes majeures.
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Autre de mes personnages préférés, Samuel L. Jackson dans un rôle où on ne
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l’attendrait pas aujourd’hui : le nerd, suffisamment bon pour gérer le parc avec
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quelques stations Quadra 700, mais malheureusement pas assez pour rattrapper les
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errements de Denis Nedry, lui aussi informaticien, mais passé du côté obscur de
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la Force. Samuel L. Jackson se montre extrêmement convainquant clavier à la
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main, ce qui est plutôt rare sur les écrans. Ses doigts parcourant les touches
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du clavier d’un rythme élevé témoigne d’une assurance que j’ai vu chez peu
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d’acteurs qui, dans pareille situation, ont tendance à surjouer. Et l’ambiance
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qu’il met dans la salle de monitoring, rien qu’avec son mégot de cigarette
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fumant comme si cette fumée sortait vraiment de son cerveau, est digne des cyber
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cafés des années 1990, et fait vibrer ma corde sensible. Enfin un informaticien
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est présenté sur grand écran dans un rôle crucial, important, [et plus comme un
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gosse qu’on enferme dans un casier](/interets/informatique/2021/03/05/plaidoyer-en-faveur-de-l-intelligence/).
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Ce qui n’est pas le cas de Dennis Nedry, interprété par Wayne Knight, qu’on
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déteste assez rapidement puisqu’il va être à l’origine de la chute du parc. À
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noter toutefois l’arc narratif intéressant à son sujet dans la série _LEGO®
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Jurassic World : La Légende d’Isla Nublar_.
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On notera enfin trois acteurs de relativement moindre importance, mais tout
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aussi bons : Bob Peck qui incarne Muldoon, le garde-chasse (un rôle qui sera
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attribué à différents acteurs au fil des épisodes de la saga), Martin Ferrero
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qui incarne Donald Gennaro, l’avocat de Hammond, et Cameron Thor qui interpréte
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Lewis Dogson qui, semble-t’il, pourrait avoir un rôle à jouer dans _Jurassic
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World: Dominion_, le chapitre conclusif de cette histoire à placer aux rangs
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des plus grandes de ce siècle, telles que _La Planète des Singes_, ou _Alien_.
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## Esthétique
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Les débuts de la génétique sont aussi les débuts de l’informatique artistique,
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et c’est en visionnant le _Making Of_ que l’on s’en rend le mieux compte.
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Spielberg et ses équipes n’ont rien fait de moins que révolutionner les effets
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spéciaux. Entre les dinosaures moulés et construits à échelle réelle, les
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animatroniques gigantesques produites pour les besoins du film, et l’utilisation
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de l’informatique pour animer tous ces animaux, avec les moyens de l’époque,
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considérant qu’aujourd’hui encore on galère à faire des films mêlant prises de
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vue réelles et animation par ordinateur, on se rend compte que le travail sur
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les dinosaures a été titanesque, et que le résultat est largement à la hauteur
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des attentes. Ces effets spéciaux ont marqué le début d’une nouvelle ère.
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_Jurassic Park_. 1993. J’ai dix ans, geek (des dinosaures et des ordinateurs).
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Je regarde ce film près de quatre cent fois en deux ans. Je le regarde encore
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aujourd’hui, presque trente ans plus tard, au moins une fois tous les deux mois.
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Et il y a un élément constant dans toute la saga : l’île de Kauai. Et je rêve
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d’y aller. Je rêve de voir ce que tous ces gens ont vu, car c’est pour moi le
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plus bel endroi sur Terre, celui qui m’attire le plus, celui où je pourrais me
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sentir chez moi.
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Kauai, dans l’archipel d’Hawaï, est l’endroi parfait pour filmer _Jurassic Park_
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et c’est d’ailleurs ce même emplacement qui a été choisi pour les plans larges
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en extérieur de toute la saga, ajoutant la constance au merveilleux, la beauté
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au sauvage, le naturel et l’artificiel, la quiétude et l’effroi, car non
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contents de nous montrer l’île sous ses plus beaux attraits (ah, ces
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montagnes…), on nous montre aussi une île ravagée par les tempêtes, créant un
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climat aussi important pour le film original que pour les autres puisque c’est
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encore un élément que l’on retrouve dans toutes les suites.
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## Bande son
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John Williams est responsable de ces quelques notes qui me restent en tête
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depuis trente ans. Seul un maître peut m’infliger une telle torture, car chaque
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fois qu’elles résonnent, je dois regarder le film. Tel les croyants allant à la
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messe au son des cloches, ces violons me poussent à rejoindre ma TV et me
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plonger dans Jurassic Park, puis dans Jurassic World, encore, et encore, sans
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jamais ressentir le moindre ennui. Il fait partie de ces compositeurs capables
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de raconter une histoire avec ses musiques, de façon aussi claire et expressive
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que n’importe quel scénariste avec des mots. Déjà considéré comme une légende
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bien avant _Jurassic Park_ (on lui doit les musiques de _Star Wars_ et _Indiana
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Jones_ notamment, excusez du peu), ce film lui offre l’occasion d’essayer autre
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chose. Et tout génie qu’il est, il a accompli cette tâche avec brio.
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Les bruitages sont loin d’être en reste, car faire “parler” des animaux disparus
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et desquels nous ne disposons toujours pas d’informations précises sur les
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bruits qu’ils pouvaient émettre, est également un coup de génie. L’observation,
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l’enregistrement et le mixage de différents cris d’animaux contemporains, tels
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que des dauphins, des lions, des orques, des éléphants, etc. ont permi de
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réaliser des bruits originaux, dans lesquels on sent un travail acharné de
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curiosité mêlée de passion, pour tenter de trouver la bonne combinaison, et le
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fait est que ça marche. On découvrira peut être dans quelques dizaines d’années
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qu’en réalité, ils en étaient loin, mais pour 1993, pour _Jurassic Park_, le
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travail de bruitage est parfait.
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## L’histoire
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Bien que s’inspirant du livre de Crichton, _Jurassic Park_ s’en éloigne. Je ne
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peux lui en tenir rigueur : le film a apporté une dimension inconnue du livre,
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la troisième. Voir ces dinosaures évoluer et interagir avec leur environnement
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est une toute autre expérience que se les imaginer. Certes, le travail de
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Crichton a été indispensable, mais Spielberg lui a donné une forme que n’importe
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qui peut appréhender. De plus, l’histoire suivie par le livre me semble moins
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pertinente, moins agréable à contempler. Le film, quant à lui, nous offre des
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arcs narratifs à foison, certains sous-exploités, comme _Le Monde Perdu_ et
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_Jurassic Park III_, d’autres prodigieux comme la saga _Jurassic World_. Au bout
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du compte, on en veut toujours plus.
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_Jurassic Park_ est aussi une réflexion sur notre usage des sciences, que l’on
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peut résumer à cette citation de Ian Malcom :
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> Vos scientifiques sont tellement préoccupés à chercher comment créer des
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> dinosaures qu’ils ne se demandent pas s’ils en ont le droit.
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Le film interroge sur la notion du “pouvoir” (être capable de faire quelque
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chose) opposée à celle du “devoir” (est-il moral de faire ce dont on est
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capables ?), mais aussi sur la notion de contrôle, centrale dans _Jurassic Park_
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mais oubliée dans ces suites, jusqu’à l’arc _Jurassic World_.
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Outre ces réflexions philosophiques, en 1993 se posait la question de savoir si
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les dinosaures étaient plus proches des oiseaux que des reptiles, et c’est avec
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assurance que _Jurassic Park_ tranche pour la première option, par la voix
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d’Alan Grant, qui sera moqué pour cela au début du film. L’idée vient du
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paléontologiste Jack Horner (qui a aussi participé à l’élaboration de
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l’esthétique des dinosaures). Les recherches menées sur la question durant les
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décennies à venir ont apporté de nombreux éléments allant en ce sens, faisant
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pratiquement de _Jurassic Park_ un film d’anticipation, en tout cas sur ce point
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spécifique.
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## Conclusion
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Un film que j’ai vu pour mes dix ans et que je regarde régulièrement avec un
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plaisir qui n’a rien perdu de sa force ne peut être qu’un film d’exception.
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C’est la raison pour laquelle je lui accorde sa place de meilleur film de tous
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les temps, ex-aquo avec _Jurassic World_, car l’un corrige les défauts ou
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manquements de l’autre : il est indispensable de voir le premier pour
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s’émerveiller sur le deuxième, et il est non moins indispensable de regarder le
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deuxième pour créer la nostalgie du premier. Ils sont complémentaires, et ont
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contribué à me donner des émotions étant jeune, et y contribuent encore
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aujourd’hui après trente ans.
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Les imperfections de _Jurassic Park_ sont si insignifiantes que je les ai gardé
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pour la fin : il manque de la romance (qui aurait créé un attachement encore
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plus fort aux personnages d’Alan et Ellie) et du _sex-appeal_ (Allan et Ellie
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sont loin d’être aussi beaux qu’Owen et Claire de _Jurassic World_).
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