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title: Séries TV
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date: '2022-02-12'
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title: Disenchantment
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## En bref
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- Fun et marrante
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- Humour vulgaire et gras (mais pas trop)
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- Intelligente et incisive
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_Désenchantée_, c'est tout ça à la fois !
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## Contexte
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Bean est une princesse pas comme les autres. Alcoolique et désinvolte, elle se retrouve embarquée dans des aventures qu'on ne peut voir que dans une série animée de Matt Groening.
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Si vous êtes habitué des _Simpson_ ou de _Futurama_, vous serez en terrain connu. Pour ma part, n'ayant aimé ni l'un ni l'autre, je me suis surpris à apprécier _Désenchantée_, notamment grâce au contexte médiéval et aux trois personnages principaux : Bean la princesse, Luci le démon et Elfo, la cinquième roue du carrosse.
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## Critique
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Esthétiquement, _Désenchantée_ est irréprochable. C'est coloré et détaillé, et même pour quelqu'un qui n'a pas vu les _Simpson_ ou _Futurama_, on reconnaît aisément la parenté.
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Les voix principales (à l'exception de celle de Zog mais il est sans doute voulu qu'on la déteste) sont excellentes, avec une mention spéciale pour Luci, diablement bien doublé par Éric André (que l'on a pu voir dans un épisode de [_The Big Bang Theory_](/critiques/series/the-big-bang-theory/) entre autres).
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Le point de départ de l'histoire est le mariage arrangé de la princesse Tiabeanie, auquel elle ne consent pas puis s'enfuit avec ses deux compagnons d'aventures totalement improbables et déjantés.
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Je trouve que les scénaristes ont trouvé un juste équilibre entre le déroulé de l'histoire en elle-même et les différents pics adressés contre notre société moderne, et ce malgré le décalage entre les époques. Loin d'être moraliste, la série préfère la critique laconique, laissant ainsi plus de place à une histoire bien chargée en humour gras et en moments émotions.
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Les sujets abordés sont d'ailleurs matures, faisant de _Désenchantée_ une série pour adultes ou jeunes adultes. L'amour, la mort, l'amitié, la politique, la société, la richesse, la pauvreté, etc. La série se regarde mieux quand on a un esprit ouvert sur la critique et que l'on n'a pas peur de réfléchir. À ce qu'il me semble, c'est ce qui vaut également aux _Simpson_ leur succès tri-décennal : derrière l'enrobage de couleurs et derrière un phrasé vulgaire et populaire se cachent bien des réflexions profondes, adultes et contemporaines. Ce qui confère aussi à _Désenchantée_ une double lecture : une série passe-temps agréable, mais aussi intellectuellement intéressante, sans jamais tomber dans un extrême ou l'autre.
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Le contexte ne séduira évidemment pas tout le monde : j'ai moins été emballé par le _Springfield_ des _Simpson_ que par le Royaume de _Dreamland_ de _Désenchantée_, l'inverse est totalement possible. Les personnages atypiques seront également un frein à l'adoption de la série : une princesse alcoolique, un démon/chat et un elfe las d'être joyeux (plus proche du nain de jardin que de _Legolas_). Pourtant, ce trio fait toute la force de cette série, précisément parce que ce sont des _anti-héros_.
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En ce qui me concerne, _Désenchantée_ fait partie de mes séries préférées, et j'y reviens toujours avec plaisir à chaque fois que Netflix sort de nouveaux épisodes.
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date: '2024-04-14T23:40:54+02:00'
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title: Fallout
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## Introduction
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Il y a tellement de choses qui me parlent dans l’univers de *Fallout*… L’esthétique rétrofuturiste des années 1960 américaines, la période post-apocalypse nucléaire, les bunkers, la survie en milieu hostile, tout y est.
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Paradoxalement, alors que je n’ai pas passé beaucoup de temps sur les jeux, j’attends cette série depuis que je sais qu’elle allait sortir, et j’adore tout ce que j’y vois.
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Amazon nous gratifie d’une excellente adaptation d’une saga de jeux-vidéo, et je crois que c’était assez rare pour être souligné.
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## Personnages
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La distribution est excellente.
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Il y a des têtes connues et d’autres moins.
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Il y en a même que l’on n’attendait pas là, et que l’on regrette de voir partir un peu trop rapidement !
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<details class="spoiler"><summary>Spoiler</summary>
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Je pense en particulier à Michael Emerson que j'ai adoré dans [LOST](/critiques/series/lost/)...
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Ella Purnell incarne Lucy MacLean, dont on suit la quête pour retrouver son père (interprété par Kyle MacLachlan, autre acteur que j’aime beaucoup).
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Elle sera rejointe, d’abord par intermittence, par Maximus de la *Confrérie de l’Acier* (Aaron Moten), et leur chemin croisera celui de la Goule, à qui Walton Goggins — habitué des westerns — prête ses traits.
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Il n’y a que du beau monde, et les *guests* ne font pas exception.
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## Scénario
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Le pitch est assez classique (et c’est vrai aussi pour les jeux-vidéo puisque la structure de la série est calquée dessus).
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*Fallout* présente une uchronie dans laquelle la Guerre Froide a dégénéré.
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Je tiens à souligner à quel point l’introduction produite par Amazon pour la série est magistrale.
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Son écriture est tout simplement brillante, ”éclatante” oserais-je dire.
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<details class="spoiler"><summary>Spoiler</summary>
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Le paisible d'une scène d'anniversaire d'enfants de quartiers aisés, brusquement interrompu par un silence de mort s'abattant au même instant que la première bombe sur la ville voisine que la fête surplombe.
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Vient alors le souffle de l'explosion, brisant le silence et le verre, puis les cris, les débandades, la fuite.
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Un homme, un *cow-boy* venu animer la fête, prend sa fille sur son cheval et tente de fuir la débacle.
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Tandis qu'ils contournent la colline, la terreur va *crescendo* : une deuxième bombe s'abat, puis une troisième, une quatrième, comme si une seule n'était pas assez terrible.
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Les champignons atomiques s'élèvent partout, le monde touche à sa fin.
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Ainsi que la scène.
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Terrifiant, magistral.
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</details>
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On sent que Jonathan Nolan va nous promener et nous malmener pendant le voyage initiatique de l’héroïne, exactement comme dans les jeux.
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On ne sait jamais ce qui nous attend, ni comment les évènements vont s’enchaîner.
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Pourtant, la cohérence du scénario est exemplaire, et ne donne nullement l’impression d’une série qui elle, ne sait pas où elle va.
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L’exercice était pourtant difficile : contrairement à d’autres jeux-vidéo adaptés à la télévision ou au cinéma, ceux de la franchise *Fallout* sont des jeux ouverts, où le joueur peut adopter différentes positions au fil de ses parties.
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Dans les jeux, cela se traduit par un potentiel de rejouabilité immense.
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Dans un film ou une série, cela demande de l’imagination, tout en restant dans ce qu’un joueur trouverait plausible pendant ses sessions de jeu.
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Il s’agit d’inviter les joueurs habituels dans une histoire qu’ils n’ont pas encore vécue, tout en espérant attirer les profanes.
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Je me situe personnellement entre les deux : j’ai joué à plusieurs jeux de la franchise, mais pas suffisamment pour en connaître tous les secrets.
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Disons que j’ai une petite culture.
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Je découvre alors avec enthousiasme une nouvelle histoire, telle qu’elle pourrait l’être si je démarrais une nouvelle partie, tout en retrouvant des éléments *clichés* de la saga qui montrent l’indéniable et rassurante parenté.
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Des éléments aussi divers que le *Pip-boy*, les affiches avec sa mascotte au pouce levé, les tenues des citoyens des abris, les *stim-packs*, le *Nuka Cola*, les capsules, etc.
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De même, la progression de l’histoire est, elle-aussi, rassurante, parce que cohérente avec les jeux.
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Cette cohérence est vraiment importante pour les fans, sans toutefois alourdir le tempo pour les profanes.
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Chaque épisode a beau être chargé d’évènements et ne provoque jamais l’ennui, il ne fait pas avancer l’histoire trop vite.
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Juste ce qu’il faut de progression.
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On appréciera aussi l’humour — un peu particulier — propre à la saga, dosé juste comme il faut.
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Ce n’est pas une série comique, mais le comique de situation permet de dédramatiser les moments les plus sombres, afin de garder le spectateur dans une certaine zone de confort.
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Nous sommes loin, très loin du macabre de *The Walking Dead*, grâce à ces pointes d’humour, mais aussi grâce à la présence lumineuse d’Ella Purnell, porteuse d’espoir et de combativité en toutes circonstances.
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## Photographie
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Là encore, l’équilibre est maintenu.
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Le monde qui nous est présenté fourmille de détails qui sauteront aux yeux des fans, malgré la vastitude des *Terres désolées*.
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Les étendues désertiques nous transmettent encore cette impression de beauté terrifiante, sauvage et hostile, magnifiques et dévastées.
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Les ruines sont nombreuses, détaillées, et font des décors convaincants.
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Les intérieurs sont brillamment empruntés à la franchise vidéoludique, donnant ce sentiment mêlé de déjà-vu en “tas de pixels” mais cette fois “pour de vrai”, créant de fait une véritable immersion du spectateur/joueur.
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L’aspect visuel de l’ensemble de la série est pile là où on le voulait.
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C’est radioactif, sale, malsain, flippant, mais pas seulement : parfois, l’ocre morne du désert est interrompu par un magnifique lac bleu-vert enveloppé de forêt, ou par une gigantesque plage parfaitement lisse bordant un océan bleu profond.
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Mais, rien n’est jamais vraiment vide dans *Fallout*.
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Notre regard est constamment trompé, nous faisant plonger dans de nouveaux vertiges de solitude, avant de nous confiner jusqu’à l’authentique claustrophobie d’une caverne habitée, ou dans la plus pure agoraphobie, précisément au milieu de marchés surpeuplés.
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La Vie a beau ne plus être ce qu’elle était, elle reste néanmoins partout.
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Encore une histoire d’équilibre : la science d’alterner le contemplatif et l’oppressant est maîtrisée dans cette adaptation, et c’est un régal pour les yeux autant que pour les tripes.
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## Son et musique
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Les bruitages sont irréprochables.
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Le volume sonore employé est satisfaisant, l’immersion audio est complète.
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Les jeux de silences ne sont pas oubliés après la toute première scène, et c’est avec évidence qu’ils serviront aux montées d’angoisse au fil des épisodes.
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Mais, c’est véritablement la musique qui orchestre le ressenti du spectateur.
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J’adore ces scènes de carnage sur des thèmes inhabituels, ici de la *country*, désacralisant la violence, permettant même de l’ignorer visuellement et de ne laisser place qu’à la suggestion, avec en plus, une pointe d’humour.
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Là encore, c’est un carton plein.
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Il faut dire que c’est Ramin Djawadi qui pilote la musique : on lui doit aussi celle de *Game of Thrones* ou *Pacific Rim*, entre autres petites choses.
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## Conclusion
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J’ai passé l’intégralité du premier épisode les yeux et la bouche grands ouverts.
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Et, je dois me réfréner à la fin de chaque épisode pour ne pas regarder le suivant.
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Je veux savourer les neuf épisodes de cette série autant que possible, ignorant si et quand une nouvelle saison va débarquer.
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En outre, elle m’offre de nouvelles perspectives concernant ma façon de jouer aux jeux *Fallout*, et il se pourrait bien que je m’y remette à l’occasion.
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En un mot : la série est, pour l’heure en tout cas, calibrée au millimètre.
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Il me tarde d’en voir plus, et, aussi surprenant que ça puisse paraître venant de moi, je n’en voudrais à personne si nous avions quelques saisons à se mettre sous la dent…
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file: images/SBZ5aP.png
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title: Représentation moderne d'un Velociraptor, avec plumes. Par [Fred Wierum](https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=63257512),
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CC BY-SA 4.0
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date: '2021-08-29T02:09:23+02:00'
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title: Jurassic World Camp Cretaceous
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## En bref
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- J'adore !
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- La série s'améliore nettement au fil des saisons
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- Non, ce n'est pas une série "pour les enfants" !
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## Contexte
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_La Colo du Crétacé_ prend place, vous l'aurez deviné, au sein de la franchise
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_Jurassic World_, avant, pendant et après les
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évènements survenus durant le premier volet de la saga. Le point de vue adopté
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est celui de six adolescents invités à tester le Camp Crétacé avant son
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ouverture prochaine. Ce sont donc des participants triés sur le volet, puisque
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l'on retrouve une championne sportive, une influenceuse, une fille de ferme, un
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geek introverti, un gosse de riche et un dino-nerd.
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> Je rappelle, à toute fin utile, qu'on n'est pas dans du cinéma d'auteur : _La
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> Colo du Crétacé_ ne s'adresse pas à un public qui recherche la complexité
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> émotionnelle et psychologique...
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## Personnages
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Le groupe principal est constitué de personnalités variées, fortement
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stéréotypées (ce qui ne me pose pas de problème particulier) :
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- Darius, passionné de dinosaures et de jeux vidéos
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- Ben, peureux, sensible, et rarement séparé de son gel hydro-alcoolique
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- Yasmina, athlète accomplie
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- Brooklynn, l'instagrameuse
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- Sammy, la fille de ferme, rieuse et bruyante
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- Kenji, le vaniteux fils de riche
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Si, au premier contact, aucun d'entre eux ne suscite l'attachement du public, la
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progression dans l'histoire va rapidement changer cela. Ceux qu'on détestera au
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début seront appréciés à la fin (de la première saison), et on se rend compte
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que, finalement, la sauce prend bien.
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<details class="spoiler"><summary>Spoiler</summary>
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C'est encore plus vrai à partir de l'épisode S02E05 "_Brave_", quand Ben et
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Bumpy deviennent des bad-asses. L'évolution de Ben est frappante, et rafraîchi
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considérablement son intérêt dans la série.
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Je note également la trahison de Sammy qui, finalement, ne prend pas des
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proportions dantesques, ce qui aurait probablement nuit à la série. Au final,
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cette trahison est diluée dans l'histoire, et ne change pas la psychologie du
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personnage, ce qui est une excellente chose.
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</details>
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Dans l'ensemble, la psychologie de ces personnages est équilibrée et maitrisée,
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c'est-à-dire que chaque personnage reste cohérent au fil de la série, à
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l'exception de l'exemple cité dans le spoiler ci-dessus, mais c'est une bonne
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chose !
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Outre les ados, deux personnages reviennent assez régulièrement : Roxie et Dave,
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les chaperons du Camp Crétacé, qui ponctuent la première saison de leurs
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interventions, tantôt drôles, tantôt percutantes, mais toujours bienveillantes.
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De bonnes figures parentales, justes et attachantes.
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On retrouve dans la première saison un Dr Wu plus caustique que jamais (et
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surtout, beaucoup plus grand !), beaucoup plus sombre et sévère que dans
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n'importe quel arc narratif de la saga, à l'exception du jeu vidéo _Jurassic
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||||
World: Evolution_. Traitre affiché dans _Jurassic World_, sympathique connard
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dans _Lego Jurassic World : La Légende d'Isla Nublar_, il transpire l'hostilité
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et la malveillance dans _La Colo du Crétacé_.
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Dans la deuxième saison, trois nouvelles têtes font leur apparition et sont à
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l'origine d'un twist probablement évident et attendu, néanmoins bienvenu et
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correctement amené dans l'histoire.
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Les voix choisies sont correctement interprétées, même si parfois le jeu
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d'acteur est un peu faiblard. La voix de Yasmina me semble clairement en
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retrait, en particulier par rapport à celle de Kenji pour qui surjouer est
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cohérent. Mention spéciale aux voix de Brooklynn et Dave, parfaitement calibrées
|
||||
pour leurs personnages !
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## Esthétique
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Pour juger l'esthétique de _La Colo du Crétacé_, il est important de faire la
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distinction entre l'esthétique en général (personnages et décors) et celle des
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dinosaures en particulier, parce que les deux sont fondamentalement différentes.
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Les environnements sont riches et colorés, et cohérents avec l'esthétique
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habituelle de la franchise. De la jungle, de la montagne, de l'eau, on est bien
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(virtuellement) sur Isla Nublar, _aka_ Kauai et Oahu. Personnellement, j'adore !
|
||||
Surtout que les tempêtes, élément météorologique récurrent dans la saga, n'ont
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||||
pas été oubliées. Les environnements intérieurs en revanche sont bien pauvres,
|
||||
mais peut-être est-ce une esthétique voulue ?
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Avec leurs couleurs prononcées, vives, les traits arrondis, les personnages sont
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clairement identifiables en tant qu'éléments de série animée, je dirai presque
|
||||
typiques des studios DreamWorks. Au contraire des dinosaures, empreints d'une
|
||||
esthétique plus dure, plus "acérée", et qui se veut plus réaliste.
|
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Le mélange des genres est un pari risqué, mais je trouve qu'il est réussi, et
|
||||
cela grâce à un autre parti-pris risqué : les animations. Les dinosaures ont des
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||||
mouvements presque robotiques, saccadés, comme s'ils avaient été animés en
|
||||
_stop-motion_. S'ils avaient été plus fluides, on aurait probablement eu
|
||||
l'impression d'une fusion malhabile, voire grotesque.
|
||||
|
||||
À noter d'ailleurs que si on avait appliqué aux dinosaures la même esthétique
|
||||
qu'au reste de la série, ils auraient complètement perdu leur potentiel d'effroi
|
||||
et on se serait retrouvé avec une série clairement orientée vers les plus
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||||
jeunes. Cette "anomalie" d'esthétique permet de toucher un public plus large que
|
||||
les enfants.
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||||
## Cible
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Ce qui me permet d'embrayer sur la cible de la série. À mon sens, elle n'est pas
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||||
vraiment faite pour les plus jeunes, mais s'adresse plutôt aux adolescents, et
|
||||
à certains adultes (dont je fais définitivement partie !).
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||||
Malgré l'absence de nudité, malgré l'absence de langage grossier, certains
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||||
messages passés dans cette série ne sont pas à la portée d'enfants. Je dirai
|
||||
même que certaines situations peuvent être mal interprétées par des enfants (et
|
||||
probablement par certains adultes aussi...). Je rappelle quand même que certains
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||||
animaux, existants ou non, sont maltraités. Faire d'un dinosaure en particulier
|
||||
(ici, Toro) le _nemesis_ des héros de l'histoire est un exercice dangereux qui
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||||
a des conséquences - parfois inattendues.
|
||||
|
||||
Typiquement, c'est un gros carnivore. _Tyrannosaurus Rex_ dans _Jurassic Park_,
|
||||
l'hybride _Indominux Rex_ dans _Jurassic World_, mais on peut aller chercher
|
||||
dans d'autres films de _science fiction_, voire dans d'autres types d'oeuvres,
|
||||
probablement de toute époque, y compris les plus anciennes. Le mangeur de viande
|
||||
est _toujours_ l'anti-thèse du ou des héros. Dans l'imaginaire collectif, il n'y
|
||||
a pas de place pour la chaîne alimentaire, uniquement pour la hiérarchie, et
|
||||
l'humain est _toujours_ au sommet. Dans l'imaginaire collectif, le carnivore est
|
||||
un vilain tout pas beau qui tue pour le plaisir. Et dans l'imaginaire collectif,
|
||||
l'humain est le seul à pouvoir rivaliser... Notez l'ironie.
|
||||
|
||||
Donc, quand, dans une oeuvre traitant de dinosaures, on montre un carnivore qui
|
||||
tue pour son bon plaisir, on imprime dans l'esprit des enfants (voire de
|
||||
certains adultes, encore une fois) l'idée que toute son espèce est vicieuse,
|
||||
cruelle, à éliminer. Or, la réalité est probablement bien différente.
|
||||
|
||||
Le cas de _Indominus Rex_ dans _Jurassic World_ est à la fois spécifique et
|
||||
universel : c'est un _hybride_ créé par la génétique, manifestation concrète de
|
||||
l'arrogance des humains vis-à-vis de la science qui, quand elle est utilisée à
|
||||
mauvais escient, produit des abominations. _Indominus Rex_ est une erreur de
|
||||
parcours, une chimère profondément malveillante, incarnant la déviance humaine.
|
||||
Elle ne tue pas pour s'alimenter, elle tue pour le sport, et c'est explicitement
|
||||
mentionné en ces termes par Owen Grady dans _Jurassic World_ (ce qui rappelle
|
||||
furieusement certaines pratiques humaines, d'ailleurs). Contextuellement,
|
||||
combattre et éliminer une telle entité est cohérent, rédempteur, et positif :
|
||||
on ne tue pas une créature vivante, représentant une espèce existante ou ayant
|
||||
existé, respirant l'air du monde grâce à l'évolution ; on se bat contre nos
|
||||
propres faiblesses, nos propres démons, et, dans _Jurassic World_, on le fait
|
||||
avec l'aide des autres dinosaures parce que, tout bad-ass qu'est Chris Pratt, il
|
||||
ne peut vaincre _Indominus Rex_ (ou l'_Indoraptor_ dans _Fallen Kingdom_
|
||||
d'ailleurs) seul.
|
||||
|
||||
Or, placer Toro (_Carnotaurus_) comme _nemesis_ du groupe principal me pose
|
||||
problème pour cette raison. _Carnotaurus_ n'est pas une création humaine, et par
|
||||
conséquent, cet animal ne représente pas la malveillance de l'humain. C'est un
|
||||
dinosaure qui cherche à s'alimenter, pas à détrôner l'humain de sa position
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dominante. Qui plus est, il est défait par des enfants, pratiquement sans l'aide
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d'autres dinosaures (en tout cas, pas dans la même mesure que dans _Jurassic
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World_...).
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Il y a une marge entre une situation de survie qui implique forcément se battre
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et, éventuellement, tuer ou être tuer, et une succession de situations où on
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joue avec l'adversaire. J'ai le sentiment que dans _La Colo du Crétacé_, les
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enfants "jouent" avec Toro : le scénario fait revenir Toro plusieurs fois à la
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charge, malgré ses défaites, parfois violentes. Il me semble que, dans "la vraie
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vie", un prédateur qui se fait encorner une ou deux fois préfèrera battre en
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retraite et choisir une autre cible plutôt que risquer d'être blessé de façon
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plus permanente, à moins d'être réellement en manque de nourriture, ce qui
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semble peu probable sur Isla Nublar...
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Il en résulte que l'on envoie un message fallacieux au spectateur, dont la
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réthorique simplifiée me dérange dans la mesure où l'on s'imagine que cette
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série s'adresse avant tout aux enfants :
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- le grand méchant pas beau est un carnivore
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- le carnivore veut manger l'humain
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- il faut tuer le carnivore
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Il faut faire preuve d'un peu de réflexion pour apprécier tout cela, et je pense
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que la majorité des enfants n'en sont pas capables - ni une partie des adultes.
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Dans un tout autre registre, il y a un élément qui me semble à la fois important
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et embêtant. On a le sentiment qu'il y a un cap, vers les 15 ans, à partir
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duquel les dinosaures ne sont plus qu'un souvenir d'enfance. Comme s'ils
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n'étaient appréciés que des enfants. Comme s'ils perdaient de leur intérêt à
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l'âge adulte. Je n'aime pas l'idée de présenter les choses de cette façon,
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d'autant que c'est diamétralement opposé au discours de toute la saga depuis
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_Jurassic Park_.
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Si on perd rapidement l'intérêt pour la série, on reste sur cette idée que "les
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adultes ne s'intéressent plus aux dinosaures". C'est d'autant plus erroné que
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Spielberg est lui-même friand de paléontologie, comme en témoignent ses autres
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productions, _Jurassic Park_ évidemment mais aussi _Le Petit Dinosaure et la
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Vallée des Merveilles_ (où le _nemesis_ de l'histoire était déjà un méchant
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viandosaure...). Heureusement, la deuxième saison vient corriger cela.
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## Son
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Les effets sonores sont plutôt bons, et la synchronisation avec les animations
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est positivement étonnante. Toutefois, l'ambiance manque un peu de profondeur :
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certaines scènes auraient mérité un meilleur usage des enceintes arrières pour
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augmenter leur intensité et les effets de surprise.
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En ce qui concerne les musiques, mon avis est en demi-teinte. Les musiques
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"héritées" sont absolument irréprochables. Je défie quiconque de critiquer le
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monstre sacré qu'est John Williams (qui a signé les musiques de _Star Wars_,
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_Indiana Jones_, _Jurassic Park_). De même, je considère Michael Giacchino (qui
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m'a été révélé par _LOST_) comme rien de moins que son successeur spirituel : il
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a été capable de composer une bande originale pour _Jurassic World_ digne de sa
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préquelle. Le thème principal de _Jurassic World_ me reste autant dans la tête
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que celui de _Jurassic Park_, et je considère cela comme une prouesse.
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En revanche, les pistes originales composées par Leo Birinberg me semblent bien
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en retrait. Tantôt trop effacée, tantôt omniprésente, sa musique ne me donne
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aucune émotion. Elle est loin d'être mauvaise, juste mal dosée, et clairement
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pas du même calibre que celle de Williams et Giacchino. Ils ne jouent pas dans
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la même cour, et c'est aisément discernable même pour une oreille naïve.
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## Réalisme
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Un point cher à tout le monde, qu'on soit partisan ou détracteur, le réalisme a
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toujours été un sujet sensible, depuis _Jurassic Park_.
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Ce qui a fait le succès de _Jurassic Park_, et relativement oublié depuis, est
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le réalisme scientifique au vu des connaissances en paléontologie de l'époque
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(en l'occurrence, début des années 1990).
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Ces connaissances ont évolué, et évoluent particulièrement vite depuis une
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dizaine d'années, notamment en ce qui concerne l'esthétique des dinosaures. Un
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des consensus actuels porte par exemple sur la présence de plumes sur la tête
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des vélociraptors.
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Alors, pour être clair, et en espérant que ce soit une fois pour toutes, je
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ferai comme tous les autres partisans de _Jurassic World_, et je donnerai les
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citations suivantes :
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> _Jurassic World_ [est] « scientifiquement inexact » parce qu’il s'agit d'un
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> « film de science-fiction, pas [d']un documentaire
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>
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||||
> --- Colin Trevorrow, Sunday Times le 10 mai 2015
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C'est le fameux Dr Wu qui enfonce le clou dans _Jurassic World: Fallen Kingdom_
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:
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> Ces dinosaures seraient très différents si leur code génétique était pur, mais
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> vous n'avez pas demandé qu'ils soient purs, vous avez demandé plus de dents !
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Certes, on a perdu le réalisme scientifique qui a fait la primeur de _Jurassic
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Park_, mais je ne suis pas choqué par une esthétique qui n'a pas évolué
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davantage que les différentes teintes des peaux des animaux. Surtout que dotés
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de plumes, il faut reconnaitre que les vélociraptors perdraient tout pouvoir de
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terrifier les enfants comme les adultes :
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N'oublions pas que, contextuellement, ces dinosaures ont été ramenés à la vie
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par des moyens scientifiques dont nous ne disposons pas à l'heure actuelle.
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Ainsi, même sans prendre en compte l'aspect commercial "Je veux plus de dents",
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on doit s'attendre à certaines différences.
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||||
En revanche, un manque de réalisme qui me fait franchement mal aux yeux, c'est
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||||
lorsqu'une oeuvre qui se veut globalement réaliste prend des libertés avec les
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lois de la physique. Mais j'ai tendance à pardonner ce type d'écarts à une
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oeuvre d'animation, parce que c'est un domaine où retranscrire correctement les
|
||||
lois de la physique reste compliqué.
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Je pardonne moins avec l'évidence des libertés prises. Par exemple, courir dans
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un escalier en descendant me semble peu probable. De même que se casser
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systématiquement la gueule dans la jungle quand un truc te poursuit...
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||||
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En ce qui concerne le réalime comportemental, j'ai quelques réserves. J'ai envie
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||||
de croire à une amitié possible entre un dinosaure et un humain. Je sais
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cependant que l'amitié entre le chien et l'Homme a pris - beaucoup - de temps,
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quelques milliers d'années selon certaines sources. Or, ici, cette amitié est
|
||||
née de façon beaucoup plus prompte. Mais d'un autre côté, que ce soit dans
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||||
_Jurassic World_ ou _La Colo du Crétacé_, l'humain a extrait l'animal avec
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lequel il va se lier de son oeuf, au plus tôt de son existence, ce qui confère
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sans aucun doute un avantage dans ce processus.
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Quand au réalisme des situations, je suis également partagé. J'ai envie de ne
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pas y penser parce que je suis face à une oeuvre de fiction, mais en même temps,
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considérant notre société moderne, je doute qu'une demi-douzaine d'adolescents
|
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abandonnés sur une île sans autres humains et où prolifèrent des dinosaures
|
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aient la moindre chance de survivre, malgré le déploiement de toute leur
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||||
sagacité (c'est surtout ça, d'ailleurs, qui me pose un problème en terme de
|
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réalisme...).
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## Conclusion
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Au final, je demandais à _La Colo du Crétacé_ ce que je demande à toute oeuvre :
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me faire rêver, fantasmer, et cette série y parvient, elle est donc simplement
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réussie. Je fantasme de ce parc d'attractions, de ce zoo de riches, sur cette
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île magnifique où je m'établirais bien si j'en avais la possibilité, non
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seulement pour la présence des dinosaures, mais aussi et surtout pour l'absence
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des humains !
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Malgré les reproches que j'ai pu faire à la première saison, la seconde m'a
|
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capté, la troisième m'a fidélisé, et j'attends avec impatience la suite des
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évènements.
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<details class="spoiler"><summary>Spoiler</summary>
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Surtout qu'une nouvelle trahison se profile à la fin de la troisième saison...
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</details>
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Mais surtout, pour me garder en tant que spectateur, il va falloir aboutir à une
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véritable fin à un moment donné, et pas me laisser sur un _cliffhanger_, surtout
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qu'un lien devrait être fait tôt ou tard avec les évènements de _Jurassic World:
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Fallen Kingdom_ et le très attendu _Jurassic World: Dominion_.
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date: '2024-06-25T11:14:22+02:00'
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title: 'Jurassic World: Chaos Theory'
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## En bref
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Une excellente séquelle à [*Camp Cretaceous*](/critiques/series/jurassic-world-camp-cretaceous/).
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## Résumé
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Nos jeunes campeurs ont pris quelques années et sont tous devenus autonomes.
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Ils sont plus matures ; en un sens, plus sombres.
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Cela se ressent dans les dix premiers épisodes de la série, et c'est une excellente nouvelle.
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Je pouvais parfois reprocher à *Camp Cretaceous* de mal juger sa cible.
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Certains épisodes pouvaient être un peu durs pour le jeune public, tandis que d'autres pouvaient verser dans l'immaturité gênante.
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||||
Ici, le ton est donné d'entrée de jeu, et n'oscillera pas au fil des épisodes : l'un des campeurs s'est fait dévorer ; les autres cherchent à comprendre *pourquoi*, sur fond de conspiration à grande échelle.
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||||
La réalisation globale s'en retrouve grandement améliorée, visant clairement un public assumant davantage sa passion pour les dinosaures.
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## Les dinos
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*Chaos Theory* apporte quelques nouveautés, mais s'est peut-être un peu trop focalisé sur les antagonistes.
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Dommage d'ailleurs d'avoir choisi les mêmes que [*Dominion*](/critiques/films/jurassic-world-dominion/) (des *Atrociraptor*).
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Je suis aussi un peu partagé concerné l'*Allosaurus* : est-ce que sa cécité partielle est un honnête *easter-egg* en référence au *Therizinosaurus* de *Dominion* ou un manque d'inspiration ?
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||||
Les *Altispinax*, en revanche, me semblent beaucoup plus intéressants, au moins sur le plan historique et culturel, bien que malheureusement sous-exploités.
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||||
Concernant les antagonistes, le plus intéressant reste la façon dont ils sont employés par leur "commanditaire".
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||||
Alors que *Camp Cretaceous* avait cédé aux sirènes du contrôle par une puce implantée dans le cerveau (dont l'idée n'est pas aberrante dans *Dominon* mais un peu ridicule dans la série), *Chaos Theory* a l'intelligence de montrer une vraie relation entre un humain et ses "animaux de compagnie".
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||||
Autant l'humain en question est absolument terrifiant, autant sa relation avec ses animaux est réaliste, et n'a plus besoin de l'artifice de la puce qui permet de prendre le contrôle d'un dinosaure en Wifi...
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## Les humains
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Les thèmes abordés sont vraiment plus matures.
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On parle de syndrome de stress post-traumatique, d'homosexualité (déjà abordé à la fin de *Camp Cretaceous* de façon candide et bon enfant), de meurtre et de conspiration.
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||||
Ce dernier terme m'a d'ailleurs quelque peu effrayé lors de l'annonce de la série, mais finalement, il n'y avait pas de quoi s'inquiéter : on évite adroitement les écueils scénaristiques habituellement associés à ce thème pour se retrouver avec une histoire cohérente.
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||||
La toile de fond du *road-trip* est une idée qui, habituellement, ne m'inspire pas vraiment.
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Néanmoins, cela donne un petit côté post-apocalyptique qui fait vibrer ma corde sensible.
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Et cela donne un prétexte idéal à des situations très variées, passant allègrement du comique à l'inquiétude viscérale.
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Plus spécifiquement, *Darius* est en train de devenir un *bad-ass* dans la droite lignée de *Owen Grady* : sa relation avec les dinosaures s'est évidemment resserrée avec le temps (et son passage dans l'organisme en charge de leur protection).
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||||
Alors que les autres personnages sont restés "fidèles à eux-mêmes", *Ben* et *Sammy* nous réservent quelques surprises bienvenues.
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Pour faire simple, ils ont évolué dans une bonne direction, ce qui contribue directement à une appropriation des personnages peut-être plus naturelle que dans la préquelle.
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## Conclusion
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Je mettrai à jour cet article au fil des saisons, mais pour l'heure, les premiers épisodes sont concluants et rassurants.
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Notons toutefois que c'est ce que j'avais dit de *Camp Cretaceous* que je juge un peu plus sévèrement passé le milieu de la série.
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||||
Espérons que *Chaos Theory* ne suive pas la même trajectoire et saura devenir un lien utile et intéressant entre *Dominion* et le futur *Jurassic Park 4*.
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@@ -0,0 +1,2 @@
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file: images/2CR8qJ.jpg
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title: La partie communicante de K.I.T.T.
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@@ -0,0 +1 @@
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title: Le scanner de K.I.T.T.
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BIN
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49
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@@ -0,0 +1,49 @@
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cover: images/5xrsMh.png
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date: '2022-02-26'
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title: Knight Rider
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## En bref
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**On parlera ici de la série originale sortie en 1982 !**
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- Le summum du kitsch et de la beaufitude
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- Une série surprenante à plus d'un titre !
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- Je recommande chaudement !
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## Contexte
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1982... J'avais -1 ans, je n'en reviens pas. Bon, rappelons que la série n'a été diffusée en France qu'à partir de 1986, mais tout de même : elle a été créé avant moi ! Je la regardais déjà épisodiquement quand j'étais gosse, et je voulais la revoir depuis longtemps. En même temps, j'avais cette angoisse d'être déçu : c'est rare que se refaire un film ou une série aussi ancien(ne) suscite le même émerveillement que lors du premier visionnage.
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Mais _K2000_ (en VF) fait partie de ces séries qui ont gardé un charme typique des années 80 et qui ne vieillissent presque pas (enfin si, un peu, mais bon vous voyez ce que je veux dire).
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_Knight Rider_ (en VO), c'est l'histoire d'un flic qui se fait assassiner dans le désert californien. Enfin, pas tout à fait : il se fait sauver par une fondation secrète, et ne parvient à s'en sortir qu'après de nombreuses opérations chirurgicales et plastiques. Il sert alors cette fondation qui a pour objectif de lutter pour les faibles face aux Mal. Pour y parvenir, elle dote Michael Knight d'une nouvelle vie, et surtout d'une voiture futuriste nommée K.I.T.T.
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## Personnages
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Michael Knight est interprété par David Hasselhoff, qu'on ne présente plus. Charismatique, charmeur et charmant, il acquiert assez vite sa réputation de dragueur invétéré. Naturellement enclin à protéger les plus faibles (et surtout les femmes), il est intelligent et perspicace ; normal pour un ancien policier. Assez réticent de faire équipe, qui plus est quand le partenaire est une voiture intelligente, il finit par s'attacher à K.I.T.T. Loin de sombrer dans les écueils classique du genre macho je m'en-foutiste, Michael Knight est, certes, stéréotypé, mais néanmoins attachant.
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Héroïne au moins aussi importante que Michael Knight, K.I.T.T. est la Pontiac Firebird Trans Am emblématique de la série, à qui William Daniels prête sa voix. Dopée à l'Intelligence Artificielle, 100% autonome, passant haut-la-main le test de Turing, c'est **Siri dans la Tesla de James Bond**. Rien de moins ! Non contente d'être truffée de gadgets en tous genres, de boutons, d'écrans, de joysticks et autres trucs de geeks, c'est aussi une voiture dont l'intelligence particulière rappelle sans mal Spock, ou beaucoup plus récemment, Sheldon Cooper dans [_The Big Bang Theory_](/critiques/series/the-big-bang-theory/) : une intelligence "froide", perspicace, fondamentalement logique et mathématique, constamment challengée par l'irrationalité humaine. Le genre de personnage que **j'adore**. Je l'aime d'autant plus qu'ils n'ont pas commis l'erreur de lui attribuer une voix robotique, et qu'elle (la voiture) n'est pas dénuée d'humour pour autant !
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## À propos de la voiture
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Je ne suis pas spécialement fan de voitures. D'ailleurs, je n'en ai pas, et je n'ai même pas le permis. Mais cette Pontiac fait partie des véhicules emblématiques de la culture geek, au même titre que la DeLorean de _Back to the Future_. Elle est d'autant plus emblématique qu'elle est réalistement futuriste, au contraire de la DeLorean. Je rappelle que la série date du début des années 1980, et qu'en quarante ans, la technologie a presque rattrapé la fiction. On n'est pas prêts d'avoir un réacteur au plutonium pour voyager dans le temps dans chaque voiture ; par contre la conduite autonome est une réalité, et, sans aller jusqu'au niveau de conversation de K.I.T.T., les assistants vocaux sont aujourd'hui plus avancés que jamais. Et on pourrait potentiellement aller encore plus loin si on s'affranchissait de la barrière psychologique qui reste en travers de notre route.
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J'ignore la cote de popularité de _K2000_ en France, mais il me semble que sa diffusion soit restée plutôt confidentielle. Néanmoins, l'héritage qu'elle a laissé est significatif. Tout le monde ou presque est familier de cette séquence :
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Le tableau de bord n'est sans doute pas moins célèbre, surtout chez les geeks, et en particulier les écrans en mode jeu de voiture des années... 80.
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## À propos du kitsch et de la beaufitude
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N'y allons pas par quatre chemins : un beau gosse qui emballe des filles de plus en plus dévêtues au fil des épisodes, des voitures puissantes qui font des cascades, des explosions de partout, un héros masculin, des personnages féminins en retrait et souvent limités à leur physique, biais raciaux, _Knight Rider_ ne brille pas par son modernisme sociétal mais n'a pas encore été victime de la _cancel culture_, et est de toute façon trop anecdotique pour en être menacé. Voilà pour la beaufitude.
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En ce qui concerne le kitsch, c'est dans les effets spéciaux, les bruitages, les scènes de bagarre, la musique, qu'il se ressent. Mais tout est une question de contexte ! Pour l'époque, c'est spectaculaire. Aujourd'hui, c'est bien kitsch. Mais un kitsch (américain) qui se laisse regarder, comme un bon vieux western ! On a beau connaître les ressorts artistiques du genre, éprouvés et éculés depuis bien longtemps, on y revient toujours avec plaisir. Et je dois rappeler qu'à l'époque, on n'avait pas les effets spéciaux par ordinateur comme on les a aujourd'hui.
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## Conclusion
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J'étais fan étant plus jeune, mais je ne l'ai jamais vue en entier, et cela faisait depuis longtemps que je voulais corriger cela. Et je suis loin d'être déçu ! La peur d'être moins enthousiaste que quand j'avais une dizaine d'années s'est rapidement dissipée dès l'épisode pilote. Il faut dire que _Knight Rider_ fait vibrer ma corde sensible de geek. Définitivement l'une de mes séries préférées !
|
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file: images/OlB54W.jpg
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After Width: | Height: | Size: 1.8 MiB |
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cover: images/OlB54W.jpg
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date: '2021-10-27'
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title: 'Lego Jurassic World: Legend of Isla Nublar'
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## En bref
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Suite directe à [_L'Attraction Secrète_](/critiques/series/lego-jurassic-world-the-secret-exhibit/),
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_La Légende d'Isla Nublar_ introduit de nouveaux personnages, mais aussi des
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plus anciens pour notre plus grand plaisir. Je ne me lasse pas de cette série !
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Considérant que j'ai déjà dit beaucoup de choses à propos de
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_L'Attraction Secrète_ qui est, grosso modo, un pilote à
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_La Légende d'Isla Nublar_, je vous invite à en lire ma critique pour avoir plus
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de détails.
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## Personnages
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Larson Mitchell est un critique de parcs, blasé et acariatre, mais qui fini par
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se laisse porter par la magie de Jurassic World.
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Sinjin Prescott, chasseur de trésor, est recruté par Danny Nedermeyer. C'est le
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genre de personnage hybride, pas foncièrement mauvais mais qui joue dans le
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mauvais camp.
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Wu se montre insupportable du début à la fin (ou presque). Égocentrique,
|
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harceleur et mégalomaniaque, il est parfaitement détestable.
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||||
Hudson Harper est le fiston que je rêverai d'avoir si j'avais l'intention
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||||
d'avoir des enfants : intelligent, vif, dino-nerd, enthousiaste, émerveillé mais
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terre-à-terre.
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Ian Malcom et Alan Grant ont chacun un épisode qui leur est dédié. Des
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apparitions appréciées, mais du coup, on regrette l'absence d'Ellie Sattler !
|
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||||
## Conclusion
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||||
Encore une fois, j'ai déjà presque tout dit dans ma critique de
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||||
[_L'Attraction Secrète_](/critiques/series/lego-jurassic-world-the-secret-exhibit/), et
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||||
cela reste valable pour _La Légende d'Isla Nublar_. J'adore cet arc narratif,
|
||||
typiquement dans l'esprit des productions Lego : rapide, coloré, drôle (pas à se
|
||||
taper des barres mais qui permet de passer un moment agréable), et j'apprécie
|
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fortement l'accent mis sur le comportement animal, dû au personnage d'Owen, et
|
||||
qui n'est jamais oublié dans la saga _Jurassic World_.
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date: '2021-10-25'
|
||||
title: 'Lego Jurassic World: The Secret Exhibit'
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## En bref
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Il va m'être assez difficile de ne pas vous spoiler dans cette critique, au
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point que je préfère vous avertir de ne pas la lire si vous n'avez pas encore vu
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ces deux épisodes.
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Mais je peux vous dire ceci : si vous aimez le style déjanté, coloré et speed
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des films et séries d'animation Lego et/ou _Jurassic World_, vous devriez aimer
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_L'attraction Secrète_ !
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## Personnages
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Courte préquelle à [_Jurassic World_](/critiques/films/jurassic-world/) en deux épisodes
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d'une vingtaine de minutes, _L'attraction Secrète_ est destinée à nous présenter
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les personnages principaux de la saga et leurs
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interactions.
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On y découvre donc :
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- un Simon Masrani complètement déjanté et "souffrant" d'un important déficit de l'attention
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- un Dr Wu un peu timide (mais ça ne va pas durer !)
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- une Claire Dearing à la poursuite du poste de Directrice des Opérations du parc
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- un Owen Grady charmeur et socialement maladroit mais qui "_save the day_"
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- un Danny Nedermeyer diabolique...
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- un Vic Hoskins prêt à tout pour taser quelque chose (et surtout des enfants !)
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- une assistante au Dr Wu, Allison Miles
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Ces deux épisodes montrent comment Owen Grady se retrouve à travailler pour
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Simon Masrani, sa première rencontre - positivement gênante - avec Claire, d'où
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viennent les quatre _Velociraptor_ stars de la saga (et leurs noms), et tout un
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tas d'autres choses...
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<details class="spoiler"><summary>Spoiler</summary>
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Le deuxième épisode met l'emphase sur Danny Nedermeyer, clairement déterminé à
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ruiner _Jurassic World_. Son nom vous dira quelque chose dès le premier épisode,
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une intuition évidemment confirmée par le cliffhanger.
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</details>
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Les scénaristes de _L'attraction Secrète_ partent du principe que vous n'avez
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pas encore vu _Jurassic World_. Du coup, la présentation des personnages offre
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une cohérence qui manquait peut-être au premier volet cinématographique de la
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saga - encore que, certains éléments prêtent encore à confusion.
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Ainsi, Claire n'est encore qu'une assistante mais fait tout ce qu'elle peut pour
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obtenir le grade de "Directrice des Opérations" du parc, y compris répondre aux
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demandes les plus absurdes de son patron, totalement cinglé. Simon Masrani est
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bien un milliardaire quelque peu excentrique dans _Jurassic World_, mais dans
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_L'attraction Secrète_ (et dans sa suite, _La Légende d'Isla Nublar_), il est
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hyperactif, il parle sans s'arrêter, il enchaîne les gaffes et les idées
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loufoques. Bref, il est fou, et j'adore ça !
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Owen est exactement là où on l'attend : il est charmeur, maladroit, mais est un
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habile résolveur de problèmes, en particulier quand il s'agit des dinosaures.
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Sa facette de comportementaliste animalier est bien mise en avant-plan, comme
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dans les films, avec toutefois ce côté loufoque propre aux productions Lego. La
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sauce prend bien, grâce à un équilibre difficile mais maitrisé entre son
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irritante condescendance vis-à-vis de Claire, son humanité, et son affection
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pour les animaux.
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Dans ces épisodes introducteurs, le Dr Wu est au second plan, tout comme son
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assitante Allison. Il faudra attendre _La Légende d'Isla Nublar_ pour qu'ils se
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voient tous deux offir un rôle plus important. Au contraire de Vic Hoskins, déjà
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chef de la sécurité, mais beaucoup moins détestable que dans les films ! On se
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prend d'affection pour lui, puni qu'il est tout au long des épisodes pour son
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insolence démesurée face aux dinosaures (et aux humains...). Il n'aspire qu'à
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une chose : pouvoir utiliser son taser ! Un comportement qui sera (heureusement)
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conservé après ces deux épisodes - remarque valable pour tous les personnages,
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d'ailleurs.
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Côté "animaux", on fait la connaissance de Red, le berger allemand d'Owen, futé
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et probablement plus terre-à-terre que son maître, intrépide et attachant, mais
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dont n'a pas encore vu les meilleurs moments ici. On assiste également à la
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naissance des _raptor_, auxquelles les scénaristes ont conféré une personnalité
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entre le félin et le canidé. On est peut-être complètement à côté de la plaque,
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mais cela les rend très attachantes, en particulier Blue, qui occupe déjà son
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rang de bêta.
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## Son et image
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C'est Lego, c'est indéniable. C'est coloré, varié, fouillé, relativement
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détaillé, au moins en ce qui concerne les plans serrés. Les personnages sont
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très réussis, des visages aux vêtements (Danny dispose d'ailleurs d'une
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garde-robe inhabituellement fournie...). Les dinosaures aussi sont réussis : ils
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sont loins d'être effrayants, ils ont presque tous une certaine intelligence
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dans les yeux, et sont attachants en tous les cas.
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Côté son, les bruitages et la musique sont globalement bons. Ce n'est ni John
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Williams, ni Michael Giacchino, mais c'est Steffan Andrews, qui n'en est pas à
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son coup d'essai[^1].
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Les voix sont excellentes, même si ce ne sont pas celles des films. Elles ne
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dénotent pas pour autant, bien au contraire ! L'ensemble du casting est très
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enthousiaste, et ça s'entend ! Mention spéciale toutefois à Dhirendra (la voix
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de Simon Masrani) et Adrian Petriw (celle de Danny) qui, dans leurs rôles
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respectifs, sont tout simplement parfaits !
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## Références
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Production Lego oblige, ces deux épisodes ont beau être courts, ils sont truffés
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de références et de gags en arrère-plan. Certaines références sont évidentes
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(le _T. rex_ qui s'échappe de son enclôt pour manger un pneu), d'autres
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peut-être un peu moins (le "petite futée", "_Clever girl_" en V.O.). Et les gags
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en arrière-plan sont nombreux, et il est parfois difficile d'y prêter attention
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pour ne pas perdre le fil de la scène principale.
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## Conclusion
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Pour moi, ces deux épisodes font office de pilotes pour
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_La Légende d'Isla Nublar_. Ils introduisent tellement de choses qu'il eût été
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inconcevable de ne pas les détailler dans une suite, et fort heureusement, cette
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suite existe.
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Dans ma critique de _La Légende d'Isla Nublar_ à paraître prochainement, je ne
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m'attarderai pas sur les personnages que j'ai déjà détaillé ici, et qui, fort
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heureusement encore une fois, conservent toutes leurs caractéristiques
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initiales.
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Le ton est donné pour la suite : à fond les ballons, drôle, attachant, agréable
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à suivre, l'arc _Lego Jurassic World_ est très bon et je le recommande sans
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modération !
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[^1]: <https://en.wikipedia.org/wiki/Steffan_Andrews>
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1
content/critiques/series/lost/data/images/nOrMBy.yaml
Normal file
@@ -0,0 +1 @@
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||||
BIN
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After Width: | Height: | Size: 1.2 MiB |
229
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@@ -0,0 +1,229 @@
|
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---
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||||
cover: images/nOrMBy.jpg
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||||
date: '2023-05-24'
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title: Lost
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## En bref
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Ma série préférée depuis sa sortie en 2004, et de très, très loin.
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Probablement la meilleure série TV de toute l'histoire selon mes critères.
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||||
Je me fais un marathon *LOST* pratiquement chaque année au retour de la saison chaude...
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Cet article est truffé de spoilers, au point que j'ai pris la décision de n'en cacher aucun.
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Vous voilà prévenu !
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## Contexte
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Un avion s'écrase sur une île mystérieuse au milieu du Pacifique.
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La série raconte l'histoire (les histoires) des survivants.
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## Personnages
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J'ai envie de me concentrer sur d'autres aspects de la série que vous lister les personnages, sachant qu'il y en a **beaucoup** (plus que dans la liste que je fourni ici), alors je vais me contenter de quelques remarques personnelles.
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La quantité de personnages impliqués dans cette série est époustoufflante, surtout considérant que la plupart d'entre eux ne peuvent pas forcément être considérés comme des personnages secondaires.
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Ils ont tous une personnalité très travaillée.
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||||
Le plus extraordinaire est d'avoir réussi à caster les acteurs parfaits - parfois prestigieux - pour chaque personnage.
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À moins que le plus extraordinaire ne soit de leur accorder une importance presqu'équivalente...
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||||
Forcément, certains personnages se détachent des autres, et constituent un "noyau dur" qui subsistera plus longtemps, un constat inévitable qui prend vie au sein-même de l'histoire puisqu'ils vont finir par constituer les "Oceanic 6".
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||||
Cependant, même après cela, les histoires s'entremêlent, et les anciens personnages sont rappelés à notre bon souvenir.
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||||
Ce n'est pas une série où l'on introduit régulièrement un ou deux personnages à chaque épisode tout en évinçant d'autres, et ce n'est pas non plus une série où l'on fait mourir des personnages pour les ressussiter sans raison plus tard.
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||||
J'estime (et c'est mon avis personnel) que chaque personnage est cohérent par rapport au(x) groupe(s) et à lui-même, et qu'il apporte quelque chose à la narration.
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||||
La diversité des personnages est un cas d'école, surtout considérant l'époque au cours de laquelle la série a été diffusée : trois ans seulement après les attentats du 11 septembre.
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Raconter une histoire avec un crash d'avion est un pari osé, plus encore lorsque l'un des personnages principaux est irakien !
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Pari osé, mais pari réussi : Sayid est l'un des personnages préférés du groupe principal pour beaucoup de fans de la série (dont moi-même).
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C'est un exemple parmi d'autres, car la série introduit quantité de gens d'horizons différents : un couple de coréens dont la femme cache des choses à son mari mafieux et violent (en réalité, ce sont ceux qui nous donneront le plus d'émotions), un afro-américain qui doit s'occuper de son fils de dix ans qu'il n'a jamais vu, un *redneck* charmant, une petite blonde enceinte jusqu'aux gencives, un millionnaire obèse, un junkie rockstar, bref, il y a de tout, et je n'en ai cité qu'une partie, et pas forcément les plus "importants" (une notion très relative dans *LOST*, encore une fois).
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Diversité des personnages, diversité des cultures, et diversité des accents anglais : on a un peu de tout aussi, assez pour que ça m'ait marqué : américain évidemment (New-Yorkais, sudiste), british, australien, écossais, irlandais.
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Ils sont presque tous là.
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D'ailleurs, c'est l'occasion pour moi de vous rappeler que les films et séries, ça se regarde en version originale sous-titrée, désolé pour les doubleurs mais les voix françaises faillissent à retranscrire ce genre de subtilités.
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En fait, j'ai envie de dire que la perfection des personnages tient précisément en leurs imperfections : il est difficile de trouve un seul personnage sans faille, sans la moindre caractéristique dérangeante.
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Aucun n'est un invraisemblable héros.
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Sans aller jusqu'à dire que ce sont des gens ordinaires, ils ne sont pas non plus *extraordinaires*.
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Ils ont leurs propres lubies, leurs propres défauts, avec lesquels ils ont appris (ou non) à vivre.
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Et c'est le coeur du sujet de la série, et ce qui fait qu'elle est, souvent, incomprise et injustement mal-aimée.
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Mais nous aurons l'occasion d'en reparler plus tard.
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Autrement dit, et pour ma part, j'ai mes préférences - mes "poulains", et ces préférences ne seront pas les mêmes que les autres, ou pas pour les mêmes raisons, et ceci n'est possible que parce que le background de chaque personnage est travaillé, fouillé.
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En ce qui me concerne, c'est tout particulièrement le cas de John Locke, magistralement incarné par Terry O'Quinn.
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J'adore le baroudeur survivaliste, cultivé et intelligent, perspicace et malicieux.
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J'aime moins le croyant, métaphysique, obscur et, parfois, manipulateur.
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Mais ces "défauts" en sont *pour moi*, et ne sont pas rédhibitoires parce qu'ils servent le propos de la série.
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Et cette remarque est valable pour *tous* les personnages.
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Magistral.
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## Histoire
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Résumer l'histoire de *LOST* est une entreprise délicate.
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### Une folie scénatistique
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**Premièrement** parce qu'en la résumant, on passe forcément sous silence beaucoup de choses qui pourtant mériteraient d'être mentionnées dans le cadre d'une critique.
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Il y a tellement plus à dire que simplement "*c'est l'histoire de gens qui se crashent sur une île déserte*" !
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En effet, c'est ainsi que la série démarre, mais le double-épisode pilote (le plus cher de l'histoire au moment de sa diffusion) ne nous laisse pas penser que l'histoire va se limiter à cela : on se rend très vite compte que l'île est loin d'être anodine, ou même déserte.
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Là encore, rappelons un peu de contexte : la série est sortie trois ans après [*Jurassic Park III*](/critiques/films/jurassic-park-iii/).
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Pour rappel, la saga *Jurassic Park* a été tourné en partie sur l'île de Kauai, avec ses montagnes embrumées facilement reconnaissables.
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C'est là aussi que prend place le début de *LOST*.
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Lorsque l'on entend des bruits étranges et que l'on voit des arbres arrachés à la jungle dans *LOST*, en 2004, il est facile d'y voir une série qui va surfer sur le succès (relatif) de la saga aux dinosaures.
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Même pas !
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Et pourtant, l'idée est même évoquée par l'un des personnages...
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Mais très heureusement, Jeffrey Lieber, J. J. Abrams et Damon Lindelof nous ont épargné cet affront.
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Cet exemple est, là encore, un cas d'école : les scénaristes entraînent souvent le spectateur sur des terrains sujets à polémique, pour finalement révéler quelque chose de très différent et inattendu.
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Comme si (et c'est ce qu'il s'est passé, au moins partiellement) des éléments de narration étaient mis en place, et qu'ils verraient plus tard comment les exploiter.
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C'est peut-être ce qui fait l'intelligence du scénario de *LOST* : quand même les scénaristes ne savent pas encore où ils vont avec un élément donné, la suite ne peut être que surprenante.
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Je parle d'*intelligence* parce que je trouve que les pirouettes scénaristiques sont - presque - toujours opportunes, appropriées.
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Ce que je trouve - pardon pour la répétition mais je marche sur des oeufs - particulièrement impressionnant, compte tenu de la densité de l'(des) histoire(s).
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Comble de la folie scénaristique, il sera - tardivement - question de voyages temporels.
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"*Voyages temporels*", voilà bien une locution qui inspire les plus grandes craintes pour la qualité d'une production artistique !
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Et pourtant, là encore, *LOST* s'en sort remarquablement bien.
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Permettez-moi une facilité linguistique ici : l'histoire de *LOST* devient de plus en plus bordélique, mais reste assez facile à suivre, en tout cas selon moi.
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Permettez-moi également de massivement vous spoiler à partir de maintenant.
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Malgré la cohérence (la logique) de l'ensemble scénaristique, la fin de la série continue de diviser.
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J'ai même parfois l'impression d'être le seul à avoir compris, ou du moins apprécié, la fin de *LOST*.
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Rah ! Laissons tomber le bien-parlé : j'ai été (et je suis toujours !) *bouleversifié* par la fin de *LOST*.
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Voilà.
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Le plus drôle, c'est que je ne suis pas le seul à prétendre avoir compris la fin de la série, mais avec une compréhension différente des autres...
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Je dirai même : c'est la *seule* fin de série que j'ai vu qui me paraisse aussi bonne.
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Aucune autre série (que j'ai vue) ne se conclue aussi bien, parce que tout le monde cherche toujours à presser encore plus le filon.
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La fin de *LOST* est conclusive, absolue, et ne laisse aucune possibilité à une suite, et c'est tant mieux.
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*Plus* ne veut pas dire *mieux*, et je persiste et signe : *LOST* est une série parfaite parce qu'elle se termine sur une vraie conclusion (narrative).
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Ce qui sème la discorde quant à cette fin, c'est qu'elle est largement incomprise.
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C'est le risque à explorer des thèmes aussi abstraits et/ou divergeants que le voyage dans le temps, les croyances et superstitions.
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Mais, lorsque l'on admet l'hypothèse selon laquelle toute l'histoire *présente* (c'est-à-dire, partant du premier épisode de la première saison) se déroule dans l'antichambre de l'Enfer, la fin devient parfaitement cohérente, et même, positive.
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Ceci dit, il semblerait que sur Internet, ce soit précisément parce que l'on soutient cette hypothèse que la fin ne tient plus.
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C'est là *mon* interprétation spécifique de la fin de *LOST* : à l'image de son générique introducteur, la série est floue.
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Chaque "mystère", chaque évènement peut s'interpréter différemment selon les gens.
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En ce sens, les scénaristes ont réussi une prouesse d'écriture parce qu'encore aujourd'hui, personne n'a de réponse absolument définitive sur l'ensemble des questions posées par le script.
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C'est machiavélique de leur part, mais cela alimente un fan-service et des discussions qui se prolongent bien au-delà de la conclusion de la série qui, par conséquent, n'a pas *besoin* d'être ouverte.
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Je trouve cela brillant et frustrant à la fois (mais plus brillant quand même...).
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### Science, croyance
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**C'est ainsi que j'introduis mon "deuxièmement"** : *LOST* est donc une série compliquée à résumer aussi parce que science et croyance sont constamment en opposition.
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On peut aussi remplacer "science" par "rationnalisme" ou "pragmatisme", et "croyance" par "foi" ou "religion".
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||||
Ainsi, comme dit précédemment, chaque évènement peut s'interpréter de différentes manières, selon qu'on l'aborde du point de vue scientifique ou théologique.
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||||
Contrairement à, par exemple et dans un tout autre registre, [*The Big Bang Theory*](/critiques/series/the-big-bang-theory/) où la science est toujours mise en avant et la religion toujours dépréciée, *LOST* est beaucoup moins manichéenne.
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||||
Bien qu'il n'y ait jamais de fanatisme avoué, l'opposition entre les deux est constante, et intelligemment menée.
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||||
Moi qui suis profondément antithéiste, je ne suis jamais mis mal à l'aise par les éléments religieux présents dans *LOST*.
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||||
Principalement parce qu'ils sont variés, et parce que la série fourmille de détails et de références historiques et culturels, notamment dans les derniers épisodes.
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||||
Je donnerai ici une très belle citation tirée de l'excellent film *Le vol du Phénix* :
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> La religion divise les Hommes. La foi les unis.
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Bien que n'ayant pas de croyances, je concède à cette citation des qualités indéniables : elle est belle, poétique, mais aussi utopique.
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||||
Mais elle représente parfaitement la fin de *LOST*, et ce n'est qu'en étant attentif aux détails qu'on peut s'en rendre compte.
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||||
Évidemment, la religion chrétienne est prépondérante.
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C'est elle qui fourni principalement l'iconographie (les anges, la colombe) et les prétextes (le baptême, le prêtre).
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||||
Néanmoins, la série fait tout de même preuve d'une inclusivité précurseuse, et pas seulement en termes de croyances (on l'a vu en termes d'ethnicités).
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### Clivage
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**Troisièmement**, parce que la série divise, même au sein-même des communautés de fans : je crois qu'il est virtuellement impossible de concilier résumer la série et le faire de façon objective, pour toutes les raisons déjà évoquées.
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C'est évidemment universel : toute chose en ce monde regroupe des partisans et des détracteurs, mais *LOST* est une série particulière.
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Elle est si foisonnante qu'elle crée, schématiquement, ses propres religions et ses propres évangélistes.
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J'ai envie de vous faire aimer la série pour toutes ces raisons, y compris si vous l'avez déjà vue et qu'elle ne vous a pas encore marqué.
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Parce que je suis persuadé qu'avec une nouvelle lecture, vous découvrirez de nouveaux éléments de réflexion, des choses sur lesquelles vous ne vous étiez pas attardé précédemment, voire des choses que vous avez franchement détesté à l'époque mais qui, vues avec des yeux neufs, pourraient vous intéresser aujourd'hui.
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*LOST* appelle à la réflexion sans y obliger.
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On peut regarder la série sans se poser de questions, en se laissant simplement porter par le scénario.
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Mais on peut aussi réfléchir à chaque épisode, qui propose ses propres morales.
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||||
Il y a tant de sujets intéressants abordés, et toujours au moins deux points de vue différents.
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||||
Évidemment, la trame scénaristique force souvent certains choix intellectuels pour pouvoir avancer (par exemple concernant les dispositions prises pour les personnes décédées lors du crash), mais ils amènent toujours une autre perspective, pas forcément évidente de prime-abord.
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||||
C'est encore plus évident lorsque *Les Autres* interviennent : les choix moraux sont de plus en plus difficiles, les contraintes sont de plus en plus fortes, jusqu'à la confrontation finale.
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Cela confère à la série un suspense haletant, et des vagues d'émotions rarement perçues dans une série télévisée.
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### Mystères et mysticisme
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||||
Enfin, la quatrième raison pour laquelle résumer *LOST* est difficile, est le nombre d'éléments scénaristiques non élucidés, ou encore sujets à débats.
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||||
Comme je l'ai dit avant, leur présence-même fait qu'une fin ouverte n'est pas nécessaire, mais présente le désavantage d'empêcher leur mention utile dans un résumé.
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||||
Par exemple, si je vous révèle la nature du "monstre" - ce que je serai "obligé" de faire lors d'un résumé couvrant l'intégralité de la série - je vous gâcherai le plaisir de l'apprendre par vous-même.
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||||
Résumer *LOST* reviendrait à vous offrir un excellent cadeau, vous privant de ce fait de découvrir l'objet en question, puis du désir de le posséder, puis de la satisfaction de l'avoir acquis (oui, c'est bien un exemple tiré de *The Big Bang Theory*).
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||||
Autre exemple : une suite de nombres apparait constamment dans la série.
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Ne pas le mentionner dans un résumé serait ne pas rendre justice à cette série de nombres que tout fan connaît par coeur.
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Mais le mentionner n'apporterait rien à votre compréhension globale de la série, et à moins d'avoir une curiosité pour les nombres, ne vous inciterait pas forcément à la voir.
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||||
Pourtant, c'est un élément central du scénario.
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||||
Et c'est pratiquement ça à chaque épisode.
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||||
La liste des éléments "mystérieux" est très longue.
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Comprenez par là que ce sont des éléments qu'il n'est pas forcément évident de comprendre ou d'anticiper, et que c'est ce qui fait que la série est aussi intéressante.
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||||
Certains de ces éléments ne sont révélés que très tardivement dans l'histoire (comme la nature du "monstre", donc), voire dans des [productions annexes](https://fr.wikipedia.org/wiki/Lost:_Missing_Pieces) à la série originale.
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||||
La qualité "mystérieuse" de ces éléments scénaristiques n'en fait pas des éléments non-essentiels pour autant.
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||||
En vérité, c'est l'adjectif qui définit le mieux l'ensemble de la série : les "mystères" de *LOST* ne sont pas comme des enquêtes qui aboutissent à la fin de chaque épisode ; ce sont plutôt les éléments d'un grand puzzle qui s'assemblent petit à petit pour, au final, former une véritable mythologie.
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||||
Les environnements - magnifiques, il faut le préciser - contribuent largement à ce sentiment de mystère et de mysticisme.
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||||
On l'a dit, les montagnes de Kauai y sont pour quelque chose, mais les environnements intérieurs ne sont pas en reste : du bunker des années 1970 au temple d'inspiration Maya, du labo high-tech à la salle d'examen délabrée, les lieux explorés sont empreints d'une certaine "magie".
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On a insufflé à ces décors une vie, une histoire passée, calquée sur des éléments réels mais émulsionnée pour produire un résultat déconcertant de cohérence, d'esthétisme et d'authenticité.
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Là encore, c'est avec *Les Autres* que l'on s'en rend particulièrement compte, et plus encore lorsque l'on creuse les références.
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Je dirais simplement que le contraste entre le projet Dharma et les natifs est saisissant, aussi bien sur le plan esthétique (les uns équipés de la technologie des années 1970, les autres préférant un mode de vie moins moderne) que sur le plan historique (européens contre américains natifs, par exemple).
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Ce sont des références qui ne sont pas forcément évidentes en première lecture.
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Mais ce sont précisément ces références qui rendent la série aussi intelligente.
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Et ces références sont légion.
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## Musique
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*LOST* est la série TV qui m'a fait découvrir Michael Giacchino, qui signera plus tard l'excellente bande originale de [*Jurassic World*](/critiques/films/jurassic-world/).
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Les thèmes musicaux de la série sont magnifiques, appropriés aux situations, dans une construction semblable à celle employée dans certains jeux-vidéo (j'ai *Final Fantasy VII* en référence), c'est-à-dire que lorsque l'on entend un thème particulier, on sait que l'on va se trouver dans une situation d'exploration, ou de danger, de stress, de mélancolie.
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La musique de Giacchino parle, et elle dit des choses très belles...
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Elle touche les émotions (le départ du bateau... quelle composition !).
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Elle personnifie la série.
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En vérité, je formule les mêmes remarques que dans [ma critique de *Jurassic World*](/critiques/films/jurassic-world/#bande-son) :
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> [...la musique] transporte le spectateur à travers toutes les émotions possibles : enthousiasme, excitation, angoisse, suspense, soulagement.
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Si l'on excepte le cas de [*Jurassic World: Dominion*](/critiques/films/jurassic-world-dominion/), ces remarques m'amènent à me dire que Michael Giacchino devrait être considéré comme un traducteur, plus que comme un musicien : il traduit l'histoire en langage musical.
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Sa musique n'est pas générique : c'est l'oeuvre originale qui lui confère sa personnalité et vice-versa.
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## Conclusion
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J'ai écrit cette critique après vingt ans de visionnage.
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J'ai donc beaucoup de choses à dire, et le matériel de base s'y prête facilement.
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Pourtant, j'ai le sentiment de ne pas en avoir assez fait, alors que c'est probablement l'article le plus long sur mon blog à ce jour.
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Néanmoins, j'espère vous avoir donné envie de vous y (re)mettre.
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*LOST* est une série TV exceptionnelle, souvent mal jugée à cause d'une fin qui divise.
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Ce que j'espère par-dessus tout, en réalité, c'est que :
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- si vous n'avez jamais vu la série, vous ayez envie de la regarder
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- si vous l'avez déjà vue mais que vous ne l'avez pas appréciée, je vous ai donné envie de la revoir avec un esprit plus ouvert
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- si vous l'avez déjà vue et que vous l'avez aimé, vous la regardiez à nouveau !
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title: Un groupe de *Dreadnoughtus*
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title: '*Hatzegopteryx* paradant sur la plage'
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title: Des *Isisaurus* en quête d'un site de nidification
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title: De nombreux environnements sont explorés, dont les océans. Ici, *Xiphactinus*,
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poisson osseux colossal
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title: Les *Tyrannosaurus* aussi font des câlins
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attribution: Un bébé *Velociraptor*
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date: '2023-05-30'
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title: Prehistoric Planet
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La BBC et Apple TV nous offrent là la meilleure série documentaire consacrée aux dinosaures, tout simplement.
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Bien que ce soient *Tyrannosaurus* et *Mosasaurus* qui ouvrent les festivités, la série ne nous fait pas l'affront de se concentrer sur les espèces connues.
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Certes, il faut attirer du monde avec les espèces popularisées par le cinéma (au hasard, *Jurassic Park*), mais *Prehistoric Planet* donne beaucoup plus à voir, et pas seulement des dinosaures.
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D'emblée, la série impressionne sur le plan technique.
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Les animaux sont modélisés avec une précision parfois supérieure aux derniers épisodes de la saga cinématographique qui m'est si chère, et une acuité scientifique totale au regard de nos connaissances actuelles.
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Les dinosaures de [*Jurassic World*](/critiques/films/jurassic-world/) correspondent à une certaine esthétique issue de l'histoire racontée dans les films, assumant avoir perdu cette acuité de façon délibérée.
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Ici, leur aspect est parfois bien différent, les rapports de taille aussi, et c'est tant mieux.
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Je disais, au sujet de [*Dominion - Prologue*](/critiques/films/jurassic-world-dominion-prologue/) :
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> ce n’est pas un documentaire
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*Prehistoric Planet*, au contraire, **est un documentaire d'histoire naturelle** de la BBC, tout ce qu'il y a de plus authentique, narré par Sir David Attenborough (l'un des plus grands naturalistes de notre temps, mais aussi le frère de Richard qui a interprété John Hammond dans... [*Jurassic Park*](/critiques/films/jurassic-park/)).
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Les animaux sont mis en scène dans des environnements et des situations variés et inattendus, poussant à l'émerveillement constant, et réussissant un pari audacieux : piquer la curiosité, même des amateurs les plus érudits.
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L'écriture nous amène constamment dans l'erreur, sur de fausses pistes, avant de nous faire découvrir une réalité insoupçonnée ou simplement surprenante.
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La série semble porter un intérêt particulier au renversement des idées reçues (ce qui est un peu son rôle en tant que documentaire) et des préjugés.
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L'exploration de parades nuptiales ou du comportement parental des grands carnivores nous donne à voir ces animaux sous un jour nouveau, épuré des traditionnelles bastons titanesques (qui fonctionnent bien dans les films mais qui passent un peu moins bien dans un documentaire).
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Il est certain que les conflits internes aussi bien que la prédation sont évoqués, mais c'est bien tout un éventail de comportements qui sont mis en avant ici.
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Et cela confère à ces animaux des personnalités bien différentes de ce que la fiction seule nous laisse penser.
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Bien sûr, un amateur éclairé connaît déjà ces comportements, mais *Prehistoric Planet* leur donne corps.
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La série *matérialise* ce qui nous est inaccessible autrement que par l'imagination, et à ma connaissance, elle le fait bien.
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Mélangeant habilement prises de vues réelles et modèles 3D d'une précision inégalée, on a le sentiment que l'on pourrait approcher ces animaux, les toucher, à un degré encore jamais atteint.
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Et cela n'est pas dû qu'à l'aspect esthétique : ce sont bien leurs comportements et les situations dans lesquelles ils sont mis que ces animaux semblent "réels", presque contemporains.
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La comparaison est insultante, mais *Prehistoric Planet* est à un zoo ce que *Jurassic Park* est à un cirque.
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L'un - devrait - servir la culture, l'autre sert le spectacle.
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Les deux sont complémentaires, ne poursuivent pas les mêmes objectifs, et intéressent des populations différentes.
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On peut évidemment s'intéresser aux deux, il n'y a pas d'exclusivité mutuelle ici.
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Notons que la musique est signée Hans Zimmer.
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Je ne me risquerai par à comparer avec John Williams, d'autant que là aussi, la musique sert d'autres objectifs dans un documentaire que dans une fiction.
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Je dirai simplement qu'en dehors du thème principal (qui reste facilement en tête), elle se fait très discrète.
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Elle est épique quand elle le doit, et respecte la narration.
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À l'heure où j'écris ces lignes, deux saisons de cinq épisodes d'une quarantaine de minutes sont disponibles sur Apple TV+.
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Les épisodes de la seconde saison ont été complétés de mini-documentaires de quelques minutes approfondissant un sujet particulier abordé dans l'épisode concerné, faisant intervenir les scientifiques dans des séquences de type question/réponse.
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J'aime bien ce principe parce que ça évite de casser l'immersion pendant l'épisode.
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Au final, *Prehistoric Planet* se regarde comme n'importe quel documentaire animalier.
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Mais la série nous évite la facilité et l'oisiveté de n'aborder que ce qui est déjà connu, et de le faire de façon convenue.
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En seulement dix épisodes, et bien qu'étant un *dino-nerd*, j'ai appris l'existence de certaines espèces mentionnées, j'ai découvert des comportements inattendus (en particulier chez *Dreadnoughtus* ou *Tuarangisaurus*), j'ai été pris d'une nouvelle affection pour des espèces abondamment décrites, fasciné par la parade nuptiale des *Hatzegopteryx*, touché par le destin tragique de certains *Isisaurus*.
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Bref, je suis conquis, presque sans surprise finalement !
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date: '2023-04-13'
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title: The Big Bang Theory
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La série suit une bande de nerds dans leurs pérégrinations sociales, au moment où arrive leur nouvelle voisine, "graphiquement optimisée".
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De mon point de vue de neuro-atypique, cette série comique est une pépite.
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D'abord, parce qu'un large spectre du neuro-atypisme et de l'intelligence est proposé au spectateur : Penny (incarnée par Kaley Cuoco) est la bimbo pas diplômée, neurotypique, passionnée par les chaussures et les cartes de crédit, superficielle et amatrice de beaux mecs, grands, forts et riches.
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Elle est, si vous me permettez cette expression, diamétralement opposée à Sheldon (Jim Parsons) : docteur en physique théorique supérieurement intelligent, parfaitement rationnel, d'une culture sans bornes.
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Entre les deux, on trouve d'abord Howard - qui n'est qu'ingénieur, Raj - docteur en astrophysique, et Leonard - docteur en physique expérimentale, rejoints plus tard par Amy - docteure en neurobiologie puis par Bernadette, qui va finir par devenir docteure en micro-biologie.
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Rien que ce panel de protagonistes nous en apprend déjà beaucoup sur les qualités intrinsèques de la série : le biais sexiste dont les moins tolérants auraient pu se plaindre au début disparaît assez vite lorsque d'une part la complémentarité des profils psychologiques est attestée dès les premiers épisodes, puis d'autre part lorsque Bernadette et Amy intègrent le groupe.
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Les hommes et les femmes sont sur un pied d'égalité, l'équilibre est juste parfait.
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Il faut aussi noter les personnages secondaires, ou en tout cas qui apparaissent moins souvent à l'écran, dont la présence vise toujours à équilibrer les rapports sociaux.
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Si le ton est donné assez vite en ce qui concerne les oppositions parfois douloureuses entre les intellectuels et les non-intellectuels, le reste de la série va montrer des situations où une symbiose entre les deux "clans" est possible.
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Ce qui fait probablement de Penny le personnage principal de la série : sans elle, les contacts entre les *brainiacs* et les autres n'existeraient tout simplement pas.
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Ces personnages secondaires n'en sont pas moins prestigieux : en chair et en os ou simplement en voix-off, le casting de renfort dépote.
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Le tableau de chasse inclue par exemple Steven Hawking, Stan Lee, Leonard Nimoy, George Smoot, Neil deGrasse Tyson, Buzz Aldrin et [beaucoup d'autres](https://fr.wikipedia.org/wiki/The_Big_Bang_Theory#Distribution).
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Ce qui m'impressionne le plus dans cette série est la justesse des situations sociales, et plus généralement, comment sont dépeints les comportements des neuro-atypiques.
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À aucun moment il n'est fait mention d'autisme, de trouble de l'autisme ou de trouble du comportement (à l'exception du toc de Sheldon) : les comportements des uns et des autres sont "normaux".
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Les "excentricités" de chacun, y compris des neurotypiques, font partie de leur caractère et ne sont jamais présentées comme un défaut à corriger, mais comme des caractéristiques avec lesquelles tout le monde doit composer : le mutisme sélectif de Raj, les achats compulsifs de Penny, les contrats de Sheldon, etc.
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C'est peut-être en cela que *The Big Bang Theory* est irréaliste : dans la "vraie" vie, les choses ne sont pas aussi simples, et les gens ne sont pas aussi inclusifs.
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Néanmoins, le réalisme des situations reste saisissant.
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Les similitudes des dialogues de la série et ceux survenus dans ma propre vie sont troublantes, parfois au mot près, au point que le stéréotype en devienne occasionnellement effrayant.
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Alors, par contre, pour apprécier la série, **ne la regardez pas en VF**.
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Navré pour les doubleurs français, mais ils font passer les protagonistes pour des lycéens demeurés.
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Ça change complètement le ton de la série dès les premiers instants.
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En outre, les dialogues jouent pas mal avec les mots, au point qu'il est parfois difficile d'en faire une bonne traduction orale : les sous-titres s'avèrent salvateurs dans pareille situation pour qui n'est pas familier des idiomes américains.
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En bref, *The Big Bang Theory* est une série essentielle pour quiconque d'un peu sensibilisé à la "cause" des intellectuels, sans pour autant faire preuve de mépris envers les "gens normaux" (comme c'était par exemple le cas avec *House*, dans un autre genre).
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L'orientation sitcom lui sied parfaitement, sans pour autant dégouliner de bons sentiments.
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L'humour omniprésent laisse parfois la place à de profondes réflexions (notamment concernant le cas de Raj).
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date: '2023-07-10'
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title: The Marvelous Mrs. Maisel
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## En résumé
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Je m’attendais à passer un bon moment, mais je ne m’attendais pas à être accroc !
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## Contexte
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La série suit Midge Maisel, jeune femme juive de l’Upper West Side à la fin des années 50, mariée, deux enfants, dans ses pérégrinations dans le stand-up.
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## Personnages
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Dur de ne pas s’attarder sur un tel casting.
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*Mrs Maisel* offre un panel de personnages hauts en couleurs, attachants et réalistes.
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Tous ou presque sont délicieusement clichés, stéréotypes convaincants et inspirés, auxquels des acteurs tout simplement parfaits prêtent leurs traits.
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À commencer par son héroïne, jouée par Rachel Brosnahan, qui incarne à merveille la *housewife* américaine des années 50-60.
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Son dynamisme et son assurance n’ont d’égal que sa beauté et sa sophistication.
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Charmante et charmeuse, distinguée et maniérée, elle rappelle sans mal une certaine Bree van de Kamp dans *Desperate Housewives*, mais brune et après-guerre.
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Presqu’inébranlable, hyperactive, inépuisable, elle n’en est pas moins touchante ; elle affronte tout ce que la Vie lui jette tout en restant droite, la tête haute et les yeux ouverts (parfois naïfs, mais ouverts tout de même).
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C’est une icône, évidemment : la série rappelle constamment l’état des rapports sociaux de l’époque, particulièrement entre hommes et femmes (ce qui permet de comparer avec leur état actuel, toute fictionnelle que soit cette série), offrant à la fois une voix et des prétextes à des discours féministes distillés avec intelligence et pertinence.
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Ses parents - positivement omniprésents - sont incarnés par Tony Shalhoub (*Monk*) et Marin Hinkle.
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Lui est un brillant professeur de mathématiques, elle est une femme au foyer classe et distinguée.
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Stéréotypes des parents juifs, ils sont possessifs et protecteurs, mais toujours généreux envers Midge, ce qui les rend très, très attachants.
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Je suis pris d’une affection particulière pour Rose, malgré son intérêt pour les diseuses de bonne aventure : elle a beau être une femme au foyer, élégante et raffinée à toute heure du jour ou de la nuit (ce qu’elle a d’ailleurs transmis à sa fille), elle n’est pas complètement soumise pour autant.
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Et mon affection pour son mari n’est pas étrangère à sa compréhension et son soutient indéfectible à son épouse et à sa fille.
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Michael Zegen joue le futur ex-mari de Midge.
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Le cas de ce personnage est intéressant : certes, dans l’épisode pilote, on apprend qu’il souhaite rompre avec Midge et qu’il a eu une aventure avec sa secrétaire.
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Mais, loin du cliché du mari infidèle habituellement servi, stupidement égotiste, Joel Maisel s’avère être un personnage plus travaillé que ça.
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On en viendrait presque à lui pardonner son écart initial, mais je n’en dirai pas plus pour ne pas gâcher la surprise (la votre comme la mienne, étant donné que je n’ai pas encore terminé la série à l’écriture de ces lignes).
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En tous les cas, Michael Zegen convainc dans le rôle de Joel Maisel.
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Susie Myerson devient rapidement l’agent de Midge.
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Alex Borstein donne vie à ce personnage, diamétralement opposé à Midge.
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Susie est pauvre, “mal” habillée, n’a aucune classe ni aucune distinction.
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Sous ses airs de “garçon manqué” se cache pourtant un manager au grand coeur, qui va entrer dans la vie de Midge et réciproquement.
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Un choc des cultures habilement mené, drôle mais aussi émouvant, parfois et malgré l’apparente fermeture émotionnelle de Susie.
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Il y a encore beaucoup d’autres actrices et acteurs présents dans la série mais aussi injuste que cela soit, je me contenterai de ces présentations.
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## Scénario
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Qu’il est bon de se tenir éloigné des intrigues, complots et autres assassinats, à qui les grosses séries des deux dernières décennies font la part belle…
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Qu’il est bon, aussi, d’éviter les séries stupidement drôles, qui ne font rire que pour le prétexte de rire, sans la moindre petite réflexion, même cachée.
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Le scénario de *Mrs Maisel* réussi ce qui semble être un équilibre précaire entre le réalisme et l’humour, et qui s’offre en plus le luxe de se rajouter des difficultés.
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Car, non contente de proposer un pitch original sans être absurde, la série transcende des sujets aussi épineux que le féminisme donc, spécifiquement dans le stand-up mais aussi dans la société en général, tout en dépeignant des personnages masculins de façon beaucoup moins négative que d’habitude.
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||||
Le message féministe diffusé par la série n’en est que renforcé.
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Je sais que j’en parle beaucoup, mais il ne faudrait pas réduire *Mrs Maisel* à une simple comédie féministe.
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||||
Effectivement, il est question de la place des femmes dans la société, mais c’est avant tout l’histoire d’une jeune femme qui tente de percer dans l’art du stand-up et de l’humour, tout en gérant les autres aspects de sa vie, et notamment sa situation personnelle, tiraillée entre son mari, ses parents, ses enfants et ses amis.
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||||
En fait, c’est une série sur les super-pouvoirs des femmes : ce travail qu’elles n’ont pas dans une entreprise, elles l’ont au dehors, à la maison, au sein-même de la famille, et parfois au-delà, en devenant amies, confidentes, épongeant les malheurs des autres, psychologue de pilier de bar (logiquement, en tant qu’humoriste débutant une carrière).
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||||
La main sur le coeur, altruiste, chrétienne - si j’ose dire, toute scène avec un tempo élevé donne à voir une Midge Maisel dans son élément : le stress l’alimente, et la transforme en une authentique *Wonder-Woman*, capable de tout gérer sans mauvaise contrepartie, ou presque, devenant de fait un modèle pour toute les autres femmes, de la fiction mais aussi chez les spectatrices, qui doivent se sentir inspirées par un personnage aussi charismatique et entraînant.
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L’écriture est à la hauteur du reste : brillante.
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Rien n’est jamais insipide ; pourtant, rien ne paraît complètement absurde.
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La surenchère de situations comiques n’a que le prétexte de la naïveté de Midge, due à son intronisation dans les couches plus basses de la société qu’elle n’a pas l’habitude de fréquenter.
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Et cette “surenchère” est constamment pondérée par des situations plus sérieuses, sans toutefois tomber dans la tragédie la plus sombre.
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Cet équilibre rend la série agréable à regarder, et on enchaîne les épisodes avec gourmandise.
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## Avertissements sur le contenu
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J’ai trouvé les avertissements sur le contenu quelque peu exagérés, mais peut-être que mes sensibilités sont moindres que celles du public actuel.
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La nudité est très occasionnelle (“inévitable” dans l’épisode pilote pour appâter, rare dans le reste de la série, mais pour une fois mesdames pourront aussi se régaler) et ne donne pas l’impression d’être nécessaire à garder l’intérêt du public pour la série.
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Point ici de scènes inutilement explicites : ce n’est pas une série pour se rincer l’oeil.
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À mon sens, et ça vaut ce que ça vaut venant d’un homme hétérosexuel, il n’y a pas de sexualisation abusive, seulement des élégances (différentes selon les personnages) dont seules les femmes sont capables.
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Ceci dit, il est vrai que le langage est souvent discordant avec la classe inhérente au personnage de Midge : c’est d’ailleurs un élément comique presque central.
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Mais là encore, ce ressort n’est pas abusivement utilisé.
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Les jurons sont aussi naturels qu’ils peuvent l’être.
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À mon sens, la classification de la série (jusqu’à l’interdiction aux moins de 18 ans sur certains épisodes) est, sur ce point aussi, très sévère.
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En revanche, et c’est probablement la raison principale de cette classification, les différents protagonistes passent leur temps à fumer (parfois pas que du tabac) et à boire de l’alcool.
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Ça me semble historiquement cohérent (après la Prohibition jusqu’en 1933 puis la guerre mondiale), et dans un monde idéal, il n’y aurait pas besoin d’avertissement sur un contenu qui cherche à dépeindre avec authenticité une société humaine dans un contexte donné.
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Mais, la société étant ce qu’elle est, chaque épisode est précédé de son lot d’avertissements pour consommation de drogues ou d’alcool, de violence ou de scènes à caractère sexuel.
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Pour autant, *Mrs Maisel* n’a rien d’un *Breaking Bad*, d’un *The Walking Dead* ou d’un *Game of Thrones*, respectivement.
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## Photographie
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Wow.
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Simplement, wow.
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Moi qui suis très friand de l’après-guerre aux États-Unis, je suis servi.
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Une autre série me vient à l’esprit pour évoquer mon sentiment face à la photographie de *Mrs Maisel* : *Stranger Things*.
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C’est comparer les torchons et les serviettes, mais *Stranger Things* m’a marqué par l’attachement à une représentation fidèle des années 1980.
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*Mrs Maisel* se déroule indubitablement à la fin des années 50, avec un soucis du détail extraordinaire.
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Je me suis même demandé combien de vieilles voitures d’époque ils avaient retrouvé et recyclé pour les besoins de la série.
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Que l’on parle des véhicules, de l’architecture, des costumes, tout est figé dans le temps, et c’est un régal pour les yeux.
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Je digresse par rapport à la photographie, mais cette fidélité se retrouve également dans tous les aspects sociaux abordés dans la série, aussi bien dans les rapports entre genres que dans le management d’entreprise.
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En fait, photographie et rapports sociaux se renforcent mutuellement dans *Mrs Maisel* pour donner une illusion cohérente et réaliste du New York post-1950.
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Le résultat est brillant, envoûtant, plus que tout ce que j’ai pu voir jusqu’à présent sur ce contexte.
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## Bande son
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Là encore, un travail extraordinaire a été fourni.
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Je n’apprécie pas particulièrement ces années-là sur le plan musical, mais je reconnais une sélection riche, intelligente, pertinente et parfaitement orchestrée.
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La musique donne de l’entrain, achemine le spectateur d’histoires en histoires, en le faisant passer par des détours souvent humoristiques (puisque c’est le thème de la série) et, occasionnellement, mélancoliques.
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Une fois de plus, carton plein pour *Mrs Maisel*.
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## Conclusion
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Avec *Mrs Maisel*, j’ai voulu sortir de ma zone de confort.
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Las des productions actuelles, soit sans ambition soit trop ambitieuses, j’ai voulu essayer quelque chose de nouveau, de différent.
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Et je ne regrette pas de m’être laissé tenter.
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Je prends beaucoup de plaisir à revoir des séries vieilles de dix à vingt ans, voire davantage encore : *She’s the Boss* (*Madame est servie*) ou *The Nanny* (*Une nounou d’enfer*) par exemple, que je trouve similaires dans leur construction, dans la mesure où, comme *Mrs Maisel*, tout est affaire d’équilibre entre comique et drama, dans une ambiance particulière, chaleureuse, positive, et où les accidents de la vie sont de simples dos d’âne sur le parcours des protagonistes.
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De bonnes séries familiales, qui offrent un bon moment, qui donnent envie de se faire une tisane avec des gâteaux, emmitouflés sous la couette quand il fait froid dehors.
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Plus tard, il y avait *Friends*, et *The Big Bang Theory*, mais dans des registres très différents.
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Je reviens toujours à ces séries avec grand plaisir, mais la construction de la narration est différente, l’ambience n’est pas du tout la même, et la proximité temporelle de ces séries avec ma propre vie ne m’offre pas le même regard sur elles que celui que j’ai sur les séries plus anciennes.
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Ces séries là, aussi excellentes qu’elles puissent être, ne me donnent pas envie de cocooning.
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Et c’est là le dernier coup de maître de *Mrs Maisel* : c’est peut-être le chaînon qui manquait à mon calendrier des vingt prochaines années.
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Je pense que dans vingt ans, je retrouverai le même plaisir à regarder *Mrs Maisel* que j’en ai eu à regarder *The Nanny* vingt ans après l’avoir vue pour la première fois.
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Avec la même envie de tisane et gâteaux sous des plaids polaires devant la cheminée.
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Assurément l’une de mes séries préférées de la décennie !
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attribution: '© Netflix'
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date: '2022-12-03'
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title: Wednesday
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J'attendais cette série au tournant.
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Déjà parce que je suis très fan de l'univers de la Famille Addams, ensuite parce que pour moi, le personnage de Mercredi (Wednesday en VO) est le plus intéressant, et puis évidemment, parce que c'est Tim Burton qui pilote.
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Non pas que j'ai une affinité particulière pour l'oeuvre de Burton, mais axiomatiquement, si c'est du Tim Burton, c'est censé être bien.
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## Personnages
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Je vais commencer par le personnage central : Mercredi est incarnée par Jenna Ortega, et elle est extraordinaire.
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[Numerama](https://www.numerama.com/tech/1194882-jenna-ortega-ne-cligne-jamais-des-yeux-dans-wednesday-la-serie-netflix.html) est catégorique : elle ne cligne jamais des yeux.
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Bon, ce n'est pas vrai (j'ai compté deux clignements dans les 8 épisodes, j'aime bien chipoter), mais ça reste une performance, témoin de l'implication d'Ortega dans son personnage.
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Je dois aussi contredire le même Numerama qui pense que "*le personnage [n'est] pas à proprement parler réaliste*".
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Si l'on fait exception des *punchlines* dédiées aux découpages de corps et autres actions criminelles, le personnage de Mercredi est non seulement réaliste, mais aussi plus répandu que ce que Numerama pense.
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En tout cas, je me suis souvent identifié à elle dans tout un tas de situations quotidiennes.
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Elle est d'ailleurs manifestement neuro-atypique : prodigieusement intelligente et perspicace, dotée d'une excellente mémoire, touche-à-tout, mais aussi dénuée d'empathie (ou presque), juste, droite dans ses babouches, inflexible, etc.
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Pour moi, il n'y a aucun doute : Mercredi est à sa série ce que Sheldon Cooper est à [*The Big Bang Theory*](/critiques/series/the-big-bang-theory/).
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Et Jenna Ortega est brillante dans ce rôle.
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Époustouflante même.
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J'hésite toujours à user des superlatifs, mais j'ai été complètement conquis par son interprétation.
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Elle sait tout faire : se bastonner, jouer du violoncelle, et surtout, faire preuve d'une impassibilité presque totale.
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Cerise sur le gâteau, son esthétique gothique lui va à merveille.
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Elle campe tellement bien le personnage de Mercredi, elle est si prépondérante, si parfaite, en somme, qu'elle éclipse presque complètement *tous* les autres acteurs.
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C'est *sa* série, *son* personnage, les autres n'existent que pour elle.
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Jouant avec un égotisme assumé et totalement légitime, je valide complètement *Mercredi* (la série), culte au charisme de Mercredi (le personnage).
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Sur ces intarissables louanges, je me dois de pondérer les autres personnages qui, malgré leurs efforts, arrivent difficilement à tenir bon face à la quasi-perfection de Jenna Ortega.
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À commencer par sa famille : même si Catherine Zeta-Jones est toujours toutes voiles dehors malgré son âge honorable, elle manque de piquant.
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Certes, elle dispose - forcément - de son charisme et de son élégance latins, mais elle manque de verve.
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L'un sans l'autre n'est pas suffisant quand on incarne Morticia Addams.
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Le père de Mercredi, Gomez, incarné par Luis Guzmán, est loin, très loin de l'idée que je me faisais du personnage.
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Le couple formé avec Zeta-Jones est vieux ; trop vieux.
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Je suis resté sur celui formé par Anjelica Huston et Raul Julia du film de Barry Sonnenfeld en 1991.
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Je ne m'attarderai pas sur son frère, qui ne joue aucun rôle, même pas celui de souffre-douleur.
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Ce n'est pas de la faute de l'acteur (Isaac Ordonez) mais tout simplement du script qui ne lui accorde qu'une part minimale.
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Même son oncle Fétide (Fred Armisen) ne m'a pas convaincu.
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Là encore, *La Famille Addams* de Sonnenfeld reste ma référence.
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Ce n'est pas plus glorieux du côté des élèves.
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Je trouve que le niveau est assez bas, avec des jeux d'acteurs dignes des séries TV françaises, toujours trop théâtraux, jamais vraiment dans les personnages, toujours dans le sur-jeu.
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Une élève parmi la dizaine qui occupe l'écran se détache un peu du reste : Enid Sinclair, incarnée par Emma Myers.
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J'ai bien aimé son côté *Mon petit poney* croisé avec *Wolverine*.
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Je suis assez client des mélanges de ce genre, "ferme et fondante à la fois", et bien que parfois, elle aussi sur-joue, elle apporte quelque chose d'intéressant à la série, mais aussi et surtout à Mercredi.
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Je note tout de même le personnage de Eugene Otinger (incarné par Moosa Mostafa), un peu plus attachant que les autres, comme un nerd parmi les geeks.
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Christina Ricci (qui incarnait la Mercredi de Sonnenfeld, d'où mes références répétées) est bien là, et c'est d'ailleurs plus ou moins la seule actrice adulte digne d'intérêt.
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J'adore son look, bravo à la costumière !
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Un petit quelque chose de Scoobi-doo si je ne me trompe pas, mais tient-elle plus de Véra ou Daphné, je ne saurai dire...
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Pardon pour les autres acteurs, mais aucun ne m'a vraiment accroché.
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Mais encore une fois, ici, c'est Mercredi le centre du monde.
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## Scénario
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Bon, on va pas se mentir, ça casse pas des briques.
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Surfant - encore - sur la vague *Harry Potter*, *Wednesday* est une série d'investigation dans une école pour élèves "marginaux", par opposition aux "normis" (en gros, magiciens vs moldus).
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L'intrigue n'est pas trop mal ficelée, il y a des twists si on se laisse prendre au jeu, et "la fin va vous surprendre".
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C'est un peu convenu, mais en même temps, c'est tout public.
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J'ai trouvé que c'était assez prenant pour être satisfaisant, sans pour autant que je me dise sincèrement "ah bah merde alors !".
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Mais quand même un tout petit peu.
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Disons qu'il n'y a pas de prise de tête.
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En tant que série tout public, il n'y a pas lieu de réfléchir : on se laisse porter par les supputations, les déclics, les intuitions et déductions de Mercredi.
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C'est dommage : à vouloir prémâcher la réflexion sur les différentes "énigmes", le scénario rate de peu notre immersion complète dans le monde de Mercredi.
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Il manque pourtant vraiment peu de chose pour qu'on ait l'impression d'être aux côtés de Mercredi dans son enquête.
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Peut-être pour la prochaine saison ?
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## Ambiance
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Alors là, c'est du grand art.
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Du Tim Burton tout craché.
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Un *must-see* pour Halloween.
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Il y a tout : des citrouilles, des vampires, des loups-garous, des cimetières, des gargouilles, tous, absolument *tous* les clichés d'Halloween sont là pour notre plus grand plaisir.
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Et ce plaisir n'est pas que visuel, il est aussi auditif.
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Le clavecin n'existe pratiquement que pour cette série (cet univers).
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Dès les premières notes, sans jamais avoir vu la série, on sait que :
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- c'est Tim Burton
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- c'est la famille Addams
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- c'est Halloween
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La musique identifie brillamment la série et la série adoube la musique.
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L'un fonctionnerait moins bien sans l'autre.
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Ça faisait un moment que je n'avais pas senti une telle symbiose.
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Visuellement, on s'éloigne un peu de ce à quoi on est habitués : si l'esthétique Victorienne n'a pas disparu, elle se "mélange" dans un monde plus moderne, un peu comme des fluides de densités différentes.
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Une sorte d'évolution, sans pour autant que la mayonnaise prenne.
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Comprenez-moi bien : ça fonctionne !
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C'est évidemment fait pour nous faire comprendre que Mercredi n'appartient pas totalement à ce monde et qu'elle va devoir s'y adapter (ou non).
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Cette ambivalence est parfaitement illustrée par sa relation avec Enid et surtout, dans le vitrail de leur chambre...
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Du coup, l'ambiance est celle de la famille Addams, comme en noir et blanc.
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Une ambiance binaire au sein de laquelle, parfois, Mercredi accepte une petite pointe de couleur.
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Et si, tout d'abord, ça semble dissonant, inapproprié à l'univers de Charles Addams, ça finit par devenir une évidence de modernisation.
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## Conclusion
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Je veux en voir plus.
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Je veux plus de saisons.
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Je veux plus de Jenna Ortega dans son rôle de Mercredi.
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Je veux plus de punchlines.
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Vous avez compris que j'ai adoré ?
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