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file: images/2UxJFm.jpg
title: Un câble USB-c de bonne qualité (et de bonne longueur) est fourni

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file: images/719ya5.jpg
title: La plaque en plastique, au cas où celle montée par défaut (en aluminium) serait
trop rigide, ainsi que des _gaskets_ supplémentaires dans leur sachet refermable

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file: images/FULh6c.jpg
title: Détail du repose-poignet, mais mes compétences en photographie m'empêchent
de vous montrer toutes les nuances de couleurs et d'irisations...

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file: images/J54TCU.jpg
title: Le clavier est bien protégé par toute la mousse et le plastique

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file: images/KBEqpG.jpg
title: '© [Akko](https://en.akkogear.com)'

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file: images/KUs5HW.jpg
title: Un très beau coffret...

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file: images/VYsbZI.jpg
title: '© [Glorious](https://www.pcgamingrace.com/)'

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file: images/n7RBzc.jpg
title: Le repose-poignets en marbre

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file: images/tDcvZX.jpg
title: Les sockets pour les switches en _north-facing_

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date: "2022-02-05"
dossier: [À la recherche du clavier parfait]
title: Cafouillage de commande
weight: 7
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## En stock, pas en stock ?
[Initialement](/interets/informatique/2022/01/28/a-la-recherche-du-clavier-parfait-jai-craque/), je
voulais des switches Kailh BOX White, Brown et Black, achetés avec les keycaps
[Tai-Hao Navy Blue/Cool gray](https://shop.tai-hao.com/products/pbt-backlit-c12bl201)
chez [MechanicalKeyboards](https://mechanicalkeyboards.com). La commande se
passe bien, pas de problème de stock, la banque ne rechigne pas pour le paiement
à l'étranger, je me dis que je vais recevoir mes keycaps vite fait bien fait.
Au bout de presqu'une semaine d'attente sans que ma commande soit expédiée,
alors que j'ai déjà reçu le MOD007 (certes, en provenance d'Espagne, mais quand
même), je me décide à envoyer un mail à MK. Réponse : les Kailh BOX Brown sont
en rupture, ils ne savent pas quand ils seront réapprovisionnés. Soit ils
m'enverront le tout quand ils auront les switches, soit on modifie la commande,
soit on annule la commande.
À tout hasard, je leur propose de remplacer les Brown par des Red, ce qui
n'aurait rien changé au prix final, vu qu'ils me disent qu'on peut modifier la
commande. Ben en fait, non, ils ne peuvent pas. Bon, bah on annule. Surtout
qu'ils ne peuvent pas me donner de date pour le réassort. Je ne suis pas
spécialement disposé à attendre sans savoir quand je vais les recevoir : j'en ai
besoin pour utiliser mon clavier (ce n'est pas comme si j'avais du stock perso).
## Amazon à la rescousse
Du coup, j'ai trouvé un set de 120 switches Kailh BOX White chez
[Amazon](https://www.amazon.fr/dp/B07885QL77), brandés Glorious mais
parfaitement utilisables sur n'importe quel clavier. Au passage, j'adore le
packaging, il est beaucoup plus petit que ce que les photos laissent penser. Les
switches sont placés dans un sachet refermable, et le carton est solide. En plus
des switches on trouvera dans la boîte une pince qui ne servira probablement
jamais (ou en tout cas, pas pour manipuler les switches), une petite carte de
bienvenue dans l'univers Glorious et un autocollant (j'en suis très friand).
![VYsbZI](images/VYsbZI.jpg)
Vu qu'il me faut aussi des keycaps pour pouvoir utiliser mon clavier, et
considérant que les Tai-Hao ne sont pas disponibles chez les autres revendeurs
que je connais, j'ai pris des Akko Macaw, également chez
[Amazon](https://www.amazon.fr/dp/B099DY17K9). Évidemment, j'aurai pu
prendre n'importe quels keycaps, mais je trouvais ceux-là sexy. En plus, j'ai
toujours vu sur Internet que les vrais barbus radicalisés n'aimaient pas le
rétro-éclairage et n'utilisaient que des keycaps "opaques". Je voulais donc
essayer par moi-même.
![KBEqpG](images/KBEqpG.jpg)
Malheureusement, je me rends compte que ne pas avoir de transparence sur mes
keycaps et ne pas pouvoir profiter du rétro-éclairage est rédhibitoire. J'ai
besoin de ce support visuel pour pouvoir travailler confortablement. Je m'en
fous d'avoir 36 000 effets de lumière sapin de Noël : j'ai juste besoin de voir
mes touches dans l'obscurité totale de mon bureau.
Il n'empêche que le set Macaw de chez Akko est magnifique, et livré dans un
packaging extra (une boîte aimantée de belle qualité). Mais en plus de ne pas
supporter le rétro-éclairage, ses couleurs ne correspondent pas totalement à ce
que j'avais en tête (je suis toujours dans l'idée de faire un clavier dans
l'esprit InGen de la saga Jurassic Park, blanc et
bleu).
## Pas tout à fait fini
Ne voulant pas totalement abandonner l'idée des keycaps initiaux (les Tai-Hao),
j'ai quand même vérifié combien me coûterait l'expédition pour les keycaps seuls
en commandant chez MechanicalKeyboards (seule boutique où il semble y avoir du
stock). Finalement, ce n'est pas si cher que ça : les Akko m'ont coûté 69€ chez
Amazon, les Tai-Hao 85€ chez MechanicalKeyboards, livraison en 3 jours et taxes
inclues. Je vais donc attendre l'arrivée de mes chers Tai-Hao avant de retourner
et me faire rembourser les Akko. Pour le moment, la commande est en attente mais
il n'est pas encore temps de s'inquiéter.
En attendant, j'ai placé mes switches sur le clavier, et j'ai utilisé une
combinaison des keycaps de mes anciens claviers pour rendre l'Akko utilisable.
Il en résulte un clavier "Frankenstein" qui ne ressemble à rien (il manque
quatre keycaps sur les switches _meta_ de droite), mais au moins je peux
l'utiliser et le tester immédiatement.
Il est donc hors de question que je vous montre des photos de ce clavier dans
son état actuel ! Mais je consens à vous montrer quelques photos sans les
keycaps.
![KUs5HW](images/KUs5HW.jpg)
![2UxJFm](images/2UxJFm.jpg)
![J54TCU](images/J54TCU.jpg)
![719ya5](images/719ya5.jpg)
![tDcvZX](images/tDcvZX.jpg)
![YWmA0E](images/YWmA0E.jpg)
![5uJ6lt](images/5uJ6lt.jpg)
![n7RBzc](images/n7RBzc.jpg)
![FULh6c](images/FULh6c.jpg)
## Premier ressenti
"Ah ouais, trop bien !". C'est peu ou prou ce que je me suis dit en tapant mes
premiers mots sur ce clavier. Le son est magnifiquement agréable, loin, très
loin du son de n'importe lequel de mes anciens claviers qui, désormais, font un
bruit détestable à mon oreille.
Quand on est habitué aux claviers _mainstream_, c'est difficile de décrire le
ressenti que l'on a sur un clavier à 360 euros. Le passage de l'un à l'autre est
si radical ! J'ai _envie_, furieusement envie, d'écrire, juste pour avoir cette
sensation au bout de mes doigts et ce son au creux de mon oreille. Et c'est sans
compter le ravissement pour les yeux (si je fais encore abstraction des keycaps
incomplets et mixtes...). Je suis tellement fan de l'association entre l'Akko
et le repose-poignets en marbre ! C'est peut-être bête à dire, mais à la vue et
à l'ouïe s'ajoute le plaisir au toucher.
Deux points noirs viennent quelque peu gâcher la fête sans pour autant être
rédhibitoires, d'autant que je le savais avant d'acheter l'Akko :
- le logiciel est loin d'être au top, bien que je dispose au moins d'une version pour macOS
- la pré-lubrification des stabilisateurs n'est pas entièrement satisfaisante
Ce n'est peut-être que temporaire, mais l'Akko MOD007 n'est pas compatible avec
le firmware [QMK](https://qmk.fm) ni avec le logiciel
[via](https://caniusevia.com). Le logiciel fourni par Akko est trop minimaliste.
Impossible de changer la couleur de plusieurs touches en une fois (ou je n'ai
pas compris comment faire), le clavier décroche après quelques modifications
parce que sa configuration est changée en temps réel, le moindre changement de
couleur sur une seule touche prend un temps fou à cause d'une interface
incommode. Je n'ai pas l'intention d'y aller toutes les deux minutes, mais
disons que ça aurait pu être largement moins désagréable.
En ce qui concerne la lubrification, Akko a bien eu la gentillesse de fournir
un clavier pré-lubrifié, mais la graisse employée sur les stabilisateurs me
semble très épaisse, ce qui cause le blocage de certaines touches longues (en
particulier la Shift gauche). C'est loin d'être un problème rédhibitoire :
[j'avais de toute façon](/interets/informatique/2022/01/11/a-la-recherche-du-clavier-parfait-un-clavier-100-custom/)
l'intention de les changer pour un kit de Durock v2 lubrifiés à la Krytox 205g0.
C'est juste un peu dommage que pour une base de clavier à plus de 200 euros, le
résultat sorti d'usine ne soit pas parfait. Ceci dit, je préfère ça plutôt qu'un
défaut majeur de conception.
## Encore un peu de patience
Si MechanicalKeyboards ne me refait pas le coup, je devrais avoir les keycaps
que je voulais la semaine prochaine. Sinon, c'est la merde parce qu'ils sont en
rupture aussi chez le constructeur, ce qui veut dire qu'il sera très compliqué
de les obtenir, en plus de nécessiter une solution temporaire - qui peut
potentiellement durer. Si je pars du principe que je reçois bien les keycaps la
semaine prochaine, je publierai un article en conséquence, avec toutes les
photos qui vont bien du clavier conforme à mon design original.
Après ça, je règlerai la question des stabilisateurs et de leur lubrification,
en plus d'apporter quelques modifications mineures dont on reparlera.

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file: images/1UqZNr.jpg
title: Les Macaw sont magnifiques...

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file: images/6wViTy.jpg
title: Le clavier est bien protégé par toute la mousse et le plastique

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file: images/9u3kIS.jpg
title: Le niveau le plus faible du rétro-éclairage, l'éclairage ambiant se résume
à mes écrans. En vrai, c'est beaucoup mieux que sur la photo...

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file: images/DwK1K3.jpg
title: '© [Glorious](https://www.pcgamingrace.com/)'

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file: images/IkGtyQ.jpg
title: Un câble USB-c de bonne qualité (et de bonne longueur) est fourni

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file: images/cyE64k.jpg
title: Un très beau coffret...

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file: images/nD27Hh.jpg
title: Le repose-poignets en marbre

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file: images/pqJNQQ.jpg
title: Les sockets pour les switches en _north-facing_

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file: images/pux4P7.jpg
title: '...mais ce sont les Tai-Hao que je voulais !'

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file: images/t51yqV.jpg
title: La plaque en plastique, au cas où celle montée par défaut (en aluminium) serait
trop rigide, ainsi que des _gaskets_ supplémentaires dans leur sachet refermable

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file: images/xz1bDu.jpg
title: Détail du repose-poignet, mais mes compétences en photographie m'empêchent
de vous montrer toutes les nuances de couleurs et d'irisations...

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date: '2022-02-10'
dossier: [À la recherche du clavier parfait]
title: Clavier complet !
weight: 8
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## Récapitulatif
Je me suis mis en tête, au début du mois de janvier, de me procurer un nouveau clavier. Après une première sélection, j'ai fini par m'orienter vers un clavier semi-custom, c'est-à-dire avec switches échangeables à chaud et un set de keycaps choisi par mes soins. Après une réflexion sur l'orientation des switches, j'ai formulé une liste d'achat que je n'ai finalement pas suivi. Finalement, après un cafouillage suite à ma commande, je dispose de tous les éléments pour monter mon clavier semi-custom.
### Base
![cyE64k](images/cyE64k.jpg)
![IkGtyQ](images/IkGtyQ.jpg)
![6wViTy](images/6wViTy.jpg)
La base est un [Akko MOD007](https://en.akkogear.com/product/mod-007-aluminum-diy-kit/) en couleur _Ocean Blue_.
C'est un ensemble composé d'un boîtier en aluminium au format 75% : il est amputé du pavé numérique, et la zone centrale habituelle est réduite à quatre touches disposées à la verticale et des touches fléchées. Une cinquième touche est présente à la droite de la touche `F12`, et le clavier offre un bouton rotatif permettant de base d'ajuster le volume de la sortie audio de l'ordinateur et la luminosité du rétro-éclairage sur quatre niveaux (plus l'extinction complète). Il offre donc 82 touches.
![t51yqV](images/t51yqV.jpg)
Avec ce boîtier, on dispose évidemment du PCB, avec switches _hot-plug_ orientés en _north-facing_ (la LED de rétro-éclairage est au-dessus du switch).
![OO0eyR](images/OO0eyR.jpg)
![79rlrU](images/79rlrU.jpg)
![pqJNQQ](images/pqJNQQ.jpg)
Une plaque en aluminium est installée par défaut, mais une plaque en plastique (moins rigide) est également fournie dans le coffret. Une mousse est pré-installée entre le PCB et la plaque, et l'intérieur du clavier est également doté d'une couche de mousse. Il en résulte que l'ensemble du clavier est très rigide, ce qui me convient bien pour le moment, tout en permettant à ceux qui préfèrent un toucher plus souple de supprimer quelques couches simplement en ouvrant le boîtier via les vis hexagonales situées en dessous. Je ne me suis pas encore amusé à l'ouvrir.
### Switches
Mes switches actuels sont à 100% des [Kailh BOX White](https://www.kailhswitch.com/mechanical-keyboard-switches/smt-key-switches/box-blue-white-switches-for-mechanical.html). Ils sont tactiles et émettent un clic à la pression (et au relâchement) de la touche. Ils sont faits pour une frappe légère, leur course d'activation étant assez courte (et c'est exactement ce que je cherchais). Ils rendent ma frappe beaucoup plus rapide et agréable que les Cherry MX Brown ou les Gateron Optical Blue que j'avais pu tester jusqu'à présent. Malgré cette souplesse, je ne fais pas plus de fautes de frappes qu'avant.
Ils sont vraiment agréables, le clic, le rebond, la stabilité sont très satisfaisants. En fait, je n'ai jamais utilisé de switches aussi bons, sur un clavier aussi bon, et avec d'aussi bons keycaps...
![DwK1K3](images/DwK1K3.jpg)
### Keycaps
Mes keycaps sont des [Tai-Hao](https://shop.tai-hao.com/), en coloris [_Cool Gray/Navy Blue_](https://shop.tai-hao.com/products/pbt-backlit-c12bl201), conçus pour une disposition ANSI (clavier QWERTY américain). Ces keycaps m'intéressaient pour plusieurs raisons :
- leur fonte est agréable à l'oeil, sobre et lisible, loin des fontes pour claviers de gamers
- les caractères et motifs sont transparents, permettant de bénéficier du rétro-éclairage
- leur profil OEM ne cause pas d'interférence avec les switches en _north-facing_ (contrairement au profil Cherry)
Les couleurs employées ici sont conformes à mon idée initiale de faire un clavier aux couleurs de l'entreprise fictive InGen dépeinte dans la saga Jurassic World. Dans mon idée, je voulais du blanc "laboratoire" et du bleu "InGen", et ces keycaps y correspondent, en plus de se marier à la perfection avec le bleu de la base du clavier.
Ils sont conçus en PBT _Double-Shot_, soit l'une des techniques de production les plus populaires pour sa qualité et sa durée de vie.
Comme dit, je suis d'abord passé par des [Akko Macaw](https://www.amazon.fr/dp/B099DY17K9), suite à un cafouillage lors de ma commande initiale.
Et je confirme que les Macaw ont beau être superbes, ils ne sont pas faits pour l'obscurité de mon bureau. Avec les Tai-Hao, j'ai enfin le rétro-éclairage des touches, et ça change tout !
Compte tenu des frais d'expédition et des taxes diverses, les keycaps de chez Akko et ceux de chez Tai-Hao me semblent adopter un positionnement équivalent. En outre, les deux sets sont réalisés en PBT double-couche. Mais les Macaw étaient présentés dans une belle boîte, chaque keycap bien logé dans un emplacement qui lui est spécifique. Akko fournit pas mal de touches supplémentaires, avec des profils différents ou de couleurs différentes (il y a même un carton supplémentaire contenant tout un set de touches cyan, en plus des deux nuances de bleu de base et des touches jaunes). Il y a pratiquement de quoi faire deux claviers complets ! Les keycaps sont très qualitatifs, les parois sont épaisses, et le son qui en résulte est profond.
![1UqZNr](images/1UqZNr.jpg)
Tai-Hao s'est donné moins de mal : toutes les touches sont en vrac dans un carton, il n'y a que le "strict nécessaire" (c'est-à-dire, aucune _novelties_, avec des pictogrammes divers et variés, à l'exception de deux touches blanches et rouges frappées de la marque). Je note quand même la présence de deux extracteurs de keycaps dont l'un en aluminium (quand celui fourni par Akko est fait de plastique). Les touches semblent un peu moins épaisses que celles d'Akko ; il en résulte un son plus aigu lors de la frappe, mais qui ne me pose aucun problème. La fonte est parfaitement lisible, et Tai-Hao a eu la bonne idée de placer tous les glyphes au sommet des touches de sorte à ce qu'ils bénéficient du rétro-éclairage. Au toucher, ces keycaps sont un peu plus agréables sous mes doigts que les Akko, grâce à une finition un peu plus granuleuse (je n'aime pas les touches lisses).
![pux4P7](images/pux4P7.jpg)
Et le résultat est conforme à l'idée que je m'étais fait de mon clavier ! Je suis comblé. D'autant que le mariage avec mon repose-poignets est parfaitement réussi !
![9u3kIS](images/9u3kIS.jpg)
### Repose-poignets
Connaissant quelques marbriers dans ma région, je leur ai demandé de m'en faire un avec les dimensions que je leur donnerai (à savoir 330x80mm, avec une hauteur minimale de 8mm et maximale de 18mm). Il a été conçu à partir d'Opal White, un type de marbre pratiquement pur extrait de carrières au Vietnam. Cette pierre présente la particularité d'être irisée, transparente par endroits, et lui confère un aspect visuel neutre : en la voyant de loin, c'est un bloc blanc presque pur, mais une fois sous les mains, on se rend compte de toutes ses subtilités.
![nD27Hh](images/nD27Hh.jpg)
![xz1bDu](images/xz1bDu.jpg)
En ce qui concerne le toucher, une fois de plus, c'est exactement ce que je voulais : la pierre brute a été découpée selon mes mesures, les arrêtes ont été arrondies et la partie inférieure légèrement striée pour améliorer sa stabilité.
Le marbre est froid au premier contact, mais il prend et garde la chaleur des mains, sans pour autant la rendre désagréable comme ça peut l'être avec un repose-poignets en sky ou en cuir, qui vont devenir humides, ou en silicone qui va devenir collant. De plus, la surface de la pierre est parfaitement douce, soyeuse, agréable au toucher.
### Bill of Materials
| Produit | Prix |
| ----------------------------- | ------- |
| Akko MOD07 | 216.33€ |
| Switches Kailh BOX White x120 | 59.90€ |
| Keycaps Tai-Hao | 84.91€ |
| Repose-poignets | Offert |
| Total | 361.14€ |
## Montage
Rien de plus simple puisqu'il suffit d'enficher les switches dans le PCB et les keycaps sur les switches. Par contre, cela nécessite à la fois de la force et de la douceur : il faut présenter les switches bien à la verticale, les caler sur les bords de la plaque supérieure, puis appuyer délicatement sur deux faces en même temps. Une fois les switches en place, on branchera le clavier, on ouvrira un éditeur de texte ou une application de test pour clavier, et on testera toutes les touches. C'est ainsi que j'ai découvert que l'un de mes switches avait vu l'un de ses connecteurs se plier à l'insertion, causant son mutisme. Vite réparé : il a suffit de reformer le connecteur avec une bonne pince plate et le tour est joué. Et au pire, j'avais une quarantaine de switches disponibles pour le remplacer...
On peut ensuite surmonter les switches des keycaps, là encore en le faisant doucement mais avec fermeté, et bien à la verticale du switch pour éviter d'abîmer son _stem_ ou le keycap.
## Installation du logiciel
Le logiciel se trouve sur le site d'[Akko](https://en.akkogear.com/download/) et se nomme _Akko Cloud Driver_. Il est aisé à prendre en main, mais est grévé de problèmes de design rendant son utilisation laborieuse et prompte aux erreurs. On le configurera une fois pour toutes, et on désinstallera probablement l'application une fois fait.
À noter que ce logiciel va permettre la mise à jour du firmware du clavier, donc on devra sans doute s'en servir une fois ou l'autre. Dommage qu'il ne supporte ni le firmware [QMK](https://qmk.fm/) ni le logiciel [via](https://caniusevia.com/)... Un jour, peut-être ?
## Un mois stressant
Je ne vous cache pas que j'ai éprouvé beaucoup de stress pour construire ce premier clavier. Avant de commander, je stressai parce que j'allais investir 360€ dans du matériel dont je ne suis pas certain de la compatibilité, ni que le confort qu'il offrira sera celui que j'en attends. Ensuite, il y a eu le stress de la première commande chez [MechanicalKeyboards](https://mechanicalkeyboards.com/), puis de la deuxième (le lendemain de la commande, les keycaps n'étaient plus en stock, mais MK m'a confirmé par mail que j'ai acheté le dernier set et qu'il me serait bien livré comme prévu).
Maintenant que j'ai tout en main, et que le clavier est **parfait**, je peux enfin souffler, et profiter de cette merveille.
## Un mois enrichissant
J'ai consulté plein de sites, vu plein de vidéos sur YouTube (ce que je ne fais jamais), j'ai lu et vue des choses très intéressantes.
En particulier que pour un clavier custom, il vaut mieux commencer par le semi-custom, au lieu de choisir le boitier, puis un PCB qui va bien, puis les accessoires comme les différentes mousses, etc.
J'ai découvert aussi un site formidable doté [d'un comparateur de switches](https://airtable.com/shr2beqjUXzTk6GfS/tblYLigKdFcOriJ1k?backgroundColor=orange&viewControls=on), grâce auquel j'ai choisi les Kailh BOX White. J'ai aussi rencontré des gens sympas qui m'ont orienté vers des boutiques en ligne (merci [@Zoz](https://matrix.to/#/@zoz:matrix.zoz-serv.org) !)
## Un mois de honte
Pendant un mois à chercher les différents composants pour mon clavier, j'ai ressenti une grande honte d'être français. Les boutiques d'informatique françaises sont principalement détenues par [LDLC](https://www.ldlc.com/) où l'on ne vend pas de base de clavier ou de keycaps dignes de ce nom. En France, on est attachés à l'AZERTY pour des raisons qui m'échappent totalement, et tenter de convertir les gens autour de moi au QWERTY s'est révélé très compliqué. Autant mon épouse a bien compris les enjeux et est assez aventurière pour s'y être mise avec plaisir et ne retourner sur un AZERTY fourni par son entreprise qu'avec amertume, autant la plupart des autres de mes "élèves" sont restés ancrés dans l'idée que l'AZERTY était meilleur pour les touches accentuées. "Et les majuscules accentuées ? Heu...". Bref.
Donc, sans boutique sur le territoire, il faut aller chercher ailleurs. Les espagnols de chez [Eloquent Keys](https://www.eloquentclicks.com/) m'ont fourni l'Akko, [Amazon](https://www.amazon.fr/dp/B07885QL77) m'a fourni les switches, et [MechanicalKeyboards](https://mechanicalkeyboards.com/) a fini par me fournir les keycaps que je voulais. Mais le prix de tout ça a été gonflé par des taxes et des frais de livraison que je n'avais jamais vu auparavant. Je trouve cela indécent.
Si vous voulez devenir hobbyiste du clavier mécanique, vous avez une raison de plus pour quitter le pays (et pourquoi pas l'Europe, après tout).
## Maintenant, le fun peut commencer !
Trêve d'atermoiements : le clavier est fantastique, le bruit est exceptionnellement agréable, les touches sont parfaites, le repose-poignets est agréable, je n'ai jamais pris autant de plaisir à écrire qu'aujourd'hui.
La différence entre du _mainstream_ en plastique et de l'exotique en aluminium est littéralement palpable, audible et visible. Je compte bien garder vingt ou trente ans ce clavier. À moins qu'à mon grand désespoir, les méthodes de saisie de l'information ne changent radicalement pour tout le monde - sauf peut-être avec des interfaces Homme-Machine sur lesquelles je rêve de travailler...
Beaucoup de stress, mais au final, content comme jamais avec un clavier.
J'avais dans l'idée de faire des modifications, mais en réalité, je vais attendre un peu. Le soucis que je rencontrais au niveau du lubrifiant sur les stabilisateurs des touches longues semble s'effacer avec le rodage des touches, et je ne ressens pas encore le besoin de mettre des films isolants, de la mousse, ou autre. Le clavier me semble parfait ainsi, je vais l'utiliser comme ça quelques temps, et un jour, peut-être, je me déciderai à aller plus loin.
Mais j'ai encore une surprise à vous dévoiler, mais ça sera pour le prochain article de la série...

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date: '2022-02-12'
title: 'Rant : Hugo et Tailwind'
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Si vous lisez mon blog de temps en temps, vous saurez que j'ai publié quelques articles concernant [Hugo](https://gohugo.io/), le gestionnaire de sites statiques. En revanche, ce que seuls les plus attentifs auront remarqué, c'est que je suis passé à [Tailwind CSS](https://tailwindcss.com/) il y a près de trois ans, et que dans l'ensemble, j'en suis plutôt satisfait. Ou plutôt, j'en _étais_ satisfait.
## Disclaimer
Alors, oui, je vais pester sur Hugo, Go, Tailwind et Javascript. Oui, je suis un développeur PHP, et un connard de boomer (enfin je crois). Oui, je connais mieux les ficelles de PHP que de Go. Non, je ne suis pas _officiellement_ un développeur frontend, mais j'ai un certain passif dans l'usage et la diffusion des standards du web (c'est d'ailleurs pour ça que le sujet [me touche particulièrement](/interets/informatique/2022/01/21/l-informatique-c-etait-mieux-avant/#les-années-2010--la-connerie-humaine-au-grand-jour)). C'est dans le titre : je vais faire du _rant_. Si vous me connaissez, vous savez que je ne vais pas y aller avec le dos de la cuiller. Vous voilà prévenus.
## Hugo
Comme son nom l'indique, Hugo est écrit en Go, ce qui présente certains avantages, mais aussi de lourds inconvénients qui commencent à sérieusement me gonfler au fil des jours. Les critiques que je vais formuler ici ne sont pas toutes dues au langage dans lequel Hugo est écrit, cependant.
### Trois formats de configuration
JSON, YAML et TOML. Sérieux, choisissez-en un et foutez-nous la paix. Trop de choix tue le choix. C'est trop facile de faire un mauvais choix. Si tu paries sur le mauvais format et que les développeurs d'Hugo font le choix de supprimer son support, t'es bon pour réécrire toute ta configuration. Vous m'objecterez sans doute qu'il y a peu de chances pour que ça arrive : JSON est pratiquement universel _de facto_, yaml a le vent en poupe grâce à des poids lourds qui le mettent en avant (c'est pas pour autant que _moi_ je le cautionne). Par contre, jamais entendu parlé de toml avant Hugo.
Le problème avec ce choix, c'est la portabilité. Si quelqu'un a fait le choix de toml alors que moi j'utilise json, et qu'il publie une configuration que j'ai envie de réutiliser, je dois la réécrire. C'est particulièrement pénible quand ça concerne les thèmes et leurs variables.
### Rien n'est intuitif
La documentation de Hugo est imbitable. On ne sait pas quoi chercher ni où. Ça devrait être simple pourtant : configuration de base, 2-3 options de formatage, quelques fonctions pour les assets (CSS et Javascript), et on devrait être bons. Non : pour Hugo, la gestion des assets se fait dans des _pipes_. Comment tu peux savoir que tu dois chercher _pipes_ quand tu veux minifier un CSS ou obtenir le hash d'un asset ?
Formater une date avec Hugo ? Pas de problème. Selon la [documentation](https://gohugo.io/functions/time/format/), si tu veux obtenir `Friday, March 3, 2017`, tu fais `@{{ .Date | time.Format "Monday, January 2, 2006" }}`.
![98Hy4g](images/98Hy4g.gif)
Pour les autres langues, au hasard le français, [débrouilles-toi](https://pkg.go.dev/time#ANSIC). Tu veux générer une datetime dans un [format valide](https://html.spec.whatwg.org/multipage/text-level-semantics.html#the-time-element) pour la mettre dans une balise `<time>` ? Si tu as trouvé comment faire, je veux bien l'info...
Le scoping des variables est un bordel sans nom. Impossible de passer des variables à un _partial_ (parce qu'un _partial_, c'est mis en cache), l'usage du `.` pour tout et n'importe quoi est abominable, sans compter que parfois il faut utiliser `$.`, à ce jour je n'ai toujours pas compris comment ça fonctionne.
Pour les dates et cette histoire de scope, ce n'est pas totalement Hugo qui est a blamer, c'est surtout Go. Ce qui m'amène au point suivant.
### Un templating à gerber
Pas de notion d'héritage direct dans le HTML. Je peux bien définir un _layout_ particulier pour une page ou une section, mais je ne peux pas définir un _template_ qui hérite d'un autre. Le copier/coller peut-être évité par l'usage de _partials_, mais ce n'est pas toujours possible. Ça, couplé à l'absence de _composants_ paramétrables (en gros, des _partials_ auxquels on pourrait passer _facilement_ des variables) rend l'usage des templates très pénible.
Surtout que la structure imposée par Hugo est, là encore, peu intuitive. Certains templates vont dans *_layouts*, d'autres à la racine du modèle, c'est le bordel. Encore une fois, rien que [la documentation](https://gohugo.io/templates/internal/) fout l'angoisse.
Ah, et, je n'ai _jamais_ réussi à utiliser la pagination, toujours bloquée à 10 éléments, malgré la configuration qui va bien. Pas pour rien que vous ne trouverez aucune notion de pagination nulle part sur mon site, sans compter que je trouve ça parfaitement inutile dans le cas de mon blog personnel.
Il est possible d'utiliser des _shortcodes_ dans son markdown. Pas mal, sauf que la syntaxe est spécifique à Hugo (Go, en vérité). Migrer vers une autre plateforme va être un enfer. Heureusement que je m'en sers avec parcimonie.
Je passe sous silence `range`, les `if`, bref, le templating dans Hugo, j'en ai ma claque. C'est laid, difficile à maintenir, pas intuitif.
### Quelques points positifs
C'est loin d'être suffisant pour moi désormais, mais j'accorde quelques points positifs à Hugo.
En effet, c'est extrêmement rapide. En particulier pour l'optimisation des images.
Et, en effet, une fois que tout est bien configuré et _qu'on n'y touche plus_, ça fait l'affaire. Mais dès que tu veux trifouiller, améliorer, bidouiller, pousser un peu plus loin que ce qui est fourni par défaut, c'est franchement la merde.
## Tailwind
Tailwind est un framework CSS qui a bonne presse ces derniers temps. À tel point que [Laravel](https://laravel.com/) en a fait son framework par défaut pour tous les packages officiels disposant d'un frontend.
Le problème, c'est que Tailwind, c'est lourd. Très, très lourd.
Pendant des années, on a rabâché qu'il ne fallait pas mettre les styles _inline_ dans les composants HTML, afin d'éviter de se retrouver avec des lignes du genre :
```html {class=not-prose}
<div style="background-color: red; color: white; padding: 5px; border-radius: 10px; box-shadow: 1px 2px #aaa">
Coucou
</div>
```
Tailwind nous propose donc de faire ceci :
```html {class=not-prose}
<div class="bg-red-500 text-white p-5 rounded-lg shadow shadow-neutral-400">
Coucou
</div>
```
Personnellement, je ne trouve pas ça tellement mieux, alors, naturellement, on se dit : "Bah, il suffit d'extraire ça dans un CSS !". Ok :
```html {class=not-prose}
<div class="mon-composant">
Coucou
</div>
```
```css {class=not-prose}
.mon-composant {
@apply bg-red-500 text-white p-5 rounded-lg shadow shadow-neutral-400;
}
```
Bon, ça créé une forte dépendance avec Tailwind dans le CSS (`@apply` est une directive [fournie par Tailwind](https://tailwindcss.com/docs/functions-and-directives#apply)) en plus de le rendre dégueulasse, mais au moins ça supprime la dépendance au framework du HTML qui devient plus facile à maintenir.
Sauf que c'est découragé par Tailwind, qui suggère plutôt d'utiliser des [composants HTML](https://tailwindcss.com/docs/reusing-styles#extracting-components-and-partials). Des composants dont on ne dispose pas dans Hugo. En fait, Tailwind nous suggère fortement de produire du HTML dégueulasse et pas de CSS custom. Ce qui m'amène à formuler une observation (que j'ai vu de mes yeux au boulot et ailleurs sur Internet) : les développeurs frontend aujourd'hui n'utilisent plus HTML et de moins en moins CSS.
C'est-à-dire que pour eux, HTML et CSS sont les produits finaux dont ils n'ont pas à se préoccuper parce que les frameworks font le boulot. Peu importe que le HTML produit soit dégueulasse, de toute façon on ne va jamais y mettre le nez. Ils ne vont plus dans la console du navigateur que pour voir du javascript. Le HTML/CSS est totalement opaque, inintéressant. Il n'existe déjà pratiquement plus aux yeux des développeurs frontend modernes qui ne voient que le javascript, un peu comme si un dev système s'en foutait du binaire produit du moment qu'il tourne. Et le HTML/CSS n'est pas leur affaire, c'est celle des web-designers.
Du coup, on se retrouve avec des frameworks frontend qui sont beaux par défaut (comme Tailwind), mais qui "obligent" à créer un code HTML/CSS immonde.
Si c'était que ça, à la limite, on peut se dire que c'est "l'évolution" des outils. Sauf qu'en plus, le CSS produit ne passe pas [la validation du standard](https://jigsaw.w3.org/css-validator/about.html).
Tailwind est en plus assez [éloquent](https://tailwindcss.com/docs/utility-first) sur son approche du développement. Mais les opinions de ses devs laissent parfois pantois :
> The biggest maintainability concern when using a utility-first approach is managing commonly repeated utility combinations.
> This is easily solved by extracting components and partials, and using editor and language features like multi-cursor editing and simple loops.
Extraire dans des composants et des partials, je veux bien. C'est effectivement une bonne pratique. L'édition multi-ligne passe encore mais c'est quand même un peu du foutage de gueule. Mais par contre, des boucles simples ? Tu fais ça comment en pur HTML/CSS ? Tu peux pas : il faut du javascript. Non merci, pas pour mon blog perso.
## C'était mieux avant
[J'aime bien la faire, celle-là](/interets/informatique/2022/01/21/l-informatique-c-etait-mieux-avant/). Allez-y, sortez-moi vos meilleurs arguments : "Ouais, avant on se faisait chier, le CSS c'est de la merde, gnagnagna, maintenant les frameworks frontend font le café". Et téléchargent la moitié d'Internet pour styler deux composants.
Alors, moi je veux bien. Mais alors optimisez vos putains de CSS et de javascript. Me faites pas télécharger 25 fichiers différents parce que vous êtes pas foutus de concaténer vos assets. Utilisez la compression (gzip, voire brotli, soyons fous).
Bref. Du coup, Hugo et Tailwind me gonflent. Beaucoup de hype, alors qu'au final c'est pas génial. Pour mes cas d'usage en tout cas, c'est-à-dire le blog et mes projets persos et moins persos (comme Cyca qui avance très doucement, principalement à cause du frontend).
## Quels usages réels pour Hugo et Tailwind ?
Pour Hugo, c'est top quand tu veux un blog vite fait avec un thème fourni par la communauté. Du coup, tu as une structure, une certaine rigidité pour ainsi dire, tu restes dans les clous du thème choisi et tu es tranquille. Mais c'est clairement pas fait pour quelqu'un comme moi qui aime bien bidouiller.
Pour Tailwind, c'est un peu plus subtil. Je ne peux pas être absolu et dire "c'est impossible à maintenir", surtout si je compare à du CSS _vanilla_. Tailwind m'a quand même permis de sortir une version utilisable de Cyca, et de faire un blog pas trop dégueulasse à consulter.
Surtout que l'approche de Tailwind n'est pas totalement mauvaise, mais j'échoue encore à voir l'intérêt par rapport à du CSS "classique".
Je dirai donc que Tailwind, c'est bien pour des projets relativement gros, où l'on utilise de toute façon un framework javascript en plus, de façon à tirer totalement profit des composants HTML et des styles associés. Typiquement, une application web au code source fermé, dont le frontend est totalement maîtrisé de A à Z. Pour un projet open-source, je pense que le problème majeur est un potentiel manque de cohérence visuelle entre différents composants. Et peu importe l'ouverture du code, on aura de toute façon un HTML **ou** un CSS bloaté (malgré le _tree-shaking_, technique de fégniasse). Je déteste devoir faire ce genre de choix.
## Mes choix techniques futurs
Du coup, pour le blog, je me pose sérieusement la question de migrer vers autre chose que Hugo. [Jigsaw](https://jigsaw.tighten.co) me parle dans la mesure où c'est un environnement qui m'est familier (Laravel), j'y trouverai sans doute moins de choses à redire.
Remplacer Tailwind va demander plus de réflexion. Pour le blog, il est exclu d'utiliser un framework dépendant de javascript. Je m'en fous d'utiliser javascript pour développer mes pages, mais mon blog doit être parfaitement consultable sans javascript par défaut. À vrai dire, je songe fortement à me passer complètement de framework, et écrire du bon "vieux" CSS.
Il faut savoir que depuis quelques jours (2-3 semaines), je passe mon temps à refactorer le HTML et le CSS de ce blog, et ça commence à me gonfler. Esthétiquement, je trouve mon blog plaisant, mais au niveau du code, il y aurait mieux à faire (et surtout, qui passe la validation HTML et CSS).
Ça va être mon prochain cheval de bataille, d'autant que si je trouve quelque chose qui me plait, je l'utiliserai sûrement dans mes autres projets.

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file: images/GESzPY.png
title: La variation de pression atmosphérique causée par l'éruption du volcan Tonga-Hunga
HaHapai telle que vue par ma station météo le 15 janvier 2022 vers 21h

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@@ -0,0 +1,5 @@
file: images/UXG0j8.jpg
title: Les circuits imprimés de ma station actuelle. En haut à gauche, ce sont deux
MOSFETs pour contrôler le chauffage et les ventilateurs. En bas, une simple &quot;multiprise&quot;
12V avec à sa droite le support pour les capteurs du boîtier secondaire. À droite,
la &quot;carte mère&quot;.

Binary file not shown.

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Binary file not shown.

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date: "2022-02-14"
title: La station météo parfaite
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## Ma station actuelle
J'ai conçu ma station actuelle il y a déjà presque trois ans, et elle était déjà l'aboutissement de quelques années de réflexion, un délais qui n'est pas si long que ça quand on considère que je n'y passe pas tous mes après-midi. C'est une passion parmi de nombreuses autres, et il ne faut pas oublier la vie de famille.
Je suis donc arrivé au résultat suivant (dont je parle également dans l'article ["Mon réseau"](/interets/informatique/2021/03/09/mon-reseau/) mais je vais synthétiser ici). Après trois ans de bons et loyaux services, il est temps de la remplacer, et profiter de mon expérience pour l'améliorer.
![UXG0j8](images/UXG0j8.jpg)
La station est séparée en deux boîtiers reliés par un câble RJ45 blindé.
### Boîtier principal
Le boîtier principal contient la "carte mère", sur laquelle prend place le "cerveau" de la station : un [ESP8266](https://www.espressif.com/en/products/socs/esp8266), et plus précisément un [Wemos D1-mini](https://www.wemos.cc/en/latest/d1/d1_mini.html).
On y trouve également un connecteur pour le "panneau de contrôle", constitué d'un bouton _Reset_, d'une LED rouge et d'une LED verte destinées à m'informer de l'état de la station.
Sur la ligne [I2C](https://fr.wikipedia.org/wiki/I2C) se trouvent un connecteur pour le [SHT31](https://sensirion.com/products/catalog/SHT31-DIS-B/), destiné à mesurer la température et l'humidité à l'intérieur du boîtier principal, un connecteur pour le capteur de luminosité ambiante [TSL2561](https://ams.com/en/TSL2561), et un connecteur pour les capteurs du boîtier secondaire.
Enfin, outre l'arrivée en 5V sur un bornier, on trouve deux connecteurs dédiés au chauffage et à la ventilation du boîtier principal, afin de conserver ces composants dans des limites de fonctionnement acceptables. C'est en particulier vrai pour l'alimentation qui est un composant très sensible à la température et à l'humidité. Le chauffage est constitué d'une [résistance PTC de 80℃](https://www.amazon.fr/dp/B07FJZQLMK/) et la ventilation est contrôlée par un [module PWM](https://www.amazon.fr/dp/B07HSZ64L2) qui pilote deux ventilateurs Noctua de 8 et 12cm en _push-pull_.
### Boîtier secondaire
Celui-ci est situé à l'extérieur de la véranda, et est donc relié au boîtier principal par l'intermédiaire d'un câble RJ45 blindé qui véhicule le signal I2C et le 5V nécessaires au fonctionnement des capteurs qui y sont installés.
En l'occurrence, il s'agit d'un [BME280](https://www.bosch-sensortec.com/products/environmental-sensors/humidity-sensors-bme280/), en charge de remonter les données de température, humidité relative et pression atmosphérique, et d'un [MOD-1016](http://www.embeddedadventures.com/as3935_lightning_sensor_module_mod-1016.html), un détecteur d'orage.
J'adore la conception de ce boîtier, tirée d'un document vu il y a longtemps sur le site de [Météo-France](https://meteofrance.com/). Ce document était à l'attention des météorologues amateurs désireux de construire leur propre station, et contenait plein d'informations intéressantes. Malheureusement, je ne parviens plus à mettre la main dessus, mais si [vous me contactez](/contact/) pour me communiquer ce lien, je mettrai cet article à jour avec plaisir !
Donc ce boîtier est constitué d'une section droite de tuyau en PVC, terminée de chaque côté par des sections coudées et collées ensemble. On dispose ainsi d'un volume qui sera toujours à l'abri des intempéries. Peinte en blanc, la structure n'accumulera pas la chaleur, et les relevés de température seront ainsi plus précis.
### Défauts de ma station actuelle
#### Alimentation électrique
Le premier défaut de ma station concerne son alimentation électrique. Elle est branchée en permanence sur le secteur, et sort du 12V jusqu'à 5A. J'ai choisi cette alimentation en raison du chauffage et de la ventilation qui peuvent s'avérer gourmands. Je passe ensuite par un abaisseur de tension à résistance variable pour atteindre les 5V dédiés à l'électronique de la station, tandis qu'une ligne de 12V part vers le chauffage et la ventilation via des MOSFET.
Il n'y a pas de système de secours : une panne de courant provoque l'arrêt de la station.
#### Pas de rétention des données
Les données sont immédiatement envoyées à mon serveur sous [Home Assistant](https://www.home-assistant.io). Elles ne sont pas stockées par la station météo.
Cela impose que la station soit connectée en permanence au wifi (ce qui pose un problème de consommation électrique), et que si cette connexion est perdue, aucune donnée ne peut être relevée pendant la perte de connexion puis renvoyée lors de son rétablissement.
#### Pas d'évolutions possibles
En tout cas, sans faire de profonds changements. Les capteurs sont alimentés par l'ESP8266, pas directement, donc l'ampérage disponible est limité. En outre, je ne peux pas accéder aux capteurs autrement que par le bus I2C, alors que je pourrais envisager d'utiliser [SPI](https://en.wikipedia.org/wiki/Serial_Peripheral_Interface) ou [One-wire](https://en.wikipedia.org/wiki/1-Wire).
#### Chauffage et ventilation inutiles - ou presque
Malgré la résistance, malgré la chaleur dégagée "naturellement" par les composants, et malgré le fait que ce boîtier soit situé près de la maison, le delta entre la température extérieure et la température du boîtier est loin d'être satisfaisant. À -4℃ à l'extérieur, la résistance peinait à garder le boîtier au-dessus de 1℃.
En été, les ventilateurs ne suffisent pas pour conserver une température décente. Il n'est pas rare que j'approche les 60℃, ce qui peut même devenir dangereux.
#### Mesures imprécises
Sauf en journée ensoleillée et sèche, le BME280 est "bloqué" à 100% d'humidité relative. Cela s'explique par la conception-même du boîtier extérieur qui empêche la circulation de l'air. La température et l'humidité relative mesurées sont celles d'un air "stagnant", et sont de moins en moins exactes à mesure que la température monte.
La solution recommandée par le document dont je parlais avant est d'équiper le boîtier d'un ventilateur à faible régime qui permet de faire circuler l'air et donc des mesures plus exactes.
## Ma future station météo, cahier des charges
Ma prochaine station météo devra remplir les conditions suivantes.
### Autonomie énergétique
Je veux pouvoir l'utiliser à 100% sur batteries. Mon premier essai avait été loin d'être concluant (une batterie au plomb de 5Ah qui ne durait que 6 heures pour alimenter un ESP8266 et le BME280, rien à voir avec la solution que j'ai développé plus tard avec chauffage et ventilation).
Cela va sans doute impliquer certaines concessions, en particulier sur le wifi, mais c'est aussi le but recherché (voir ci-dessous). Il faudra faire attention aux mises à jour à distance, du coup.
### Résilience des données
En fonctionnant sur batterie, je limiterai probablement l'usage du wifi à une connexion par heure ou par demi-heure pour envoyer les données récoltées jusque là, avant de couper à nouveau la connexion.
Il faut donc que la station puisse écrire sur un support (sans aucun doute une carte SD, si possible remplaçable à chaud en cas de besoin), lire les données écrites depuis le dernier envoi, et les supprimer une fois envoyées au serveur.
### Amélioration de la précision des capteurs
Si la station est autonome en énergie, je peux la placer où bon me semblera. Idéalement, en plein milieu du jardin, à au moins 5 mètres de tout arbre, haie ou maison, et à 1.2m du sol. Plus de chaleur résiduelle comme c'est actuellement le cas.
En outre, j'installerai un ventilateur pas loin des capteurs (il faut encore que je détermine le ventilateur à me procurer).
### Multiplication des capteurs
J'ai envie de mesurer des tas de choses. Je suis très content de pouvoir mesurer la température, l'humidité relative, la pression atmosphérique et la luminosité ambiante, mais j'ai envie d'aller plus loin.
Quand le volcan aux Tonga est entré en éruption, [une actualité](https://www.sudouest.fr/gironde/mios/bassin-d-arcachon-le-souffle-du-volcan-du-tonga-capte-jusque-dans-les-stations-meteo-de-mios-7801891.php) est passée pour dire que les stations météo en France avaient relevé l'incident. J'ai regardé mes propres relevés, et j'y ai bien vu les "vagues" de changement rapide de pression atmosphérique causées par le souffle de l'explosion. J'étais tout fier de ma station ! Et je me dis que j'ai pu voir ça avec un capteur qui m'a coûté trois euros. Il y a donc probablement mieux à faire encore.
![GESzPY](images/GESzPY.png)
J'aimerais donc mettre à jour mon BME280, peut-être vers une solution moins intégrée (trois capteurs séparés mais plus spécialisés pour la température, l'humidité relative et la pression atmosphérique), ou vers une solution intégrant plus de capteurs sur le même circuit. Idem pour le TSL2561 qui est considéré comme obsolète depuis un moment déjà.
J'aimerais ajouter de nouveaux capteurs, et voici mes premières idées :
- [Anémomètre](https://fr.wikipedia.org/wiki/Anémomètre), [pluviomètre](https://fr.wikipedia.org/wiki/Pluviomètre) et [girouette](https://fr.wikipedia.org/wiki/Girouette) ; les grands absents de ma station actuelle, j'hésite à les fabriquer moi-même ou les acheter "prêts à l'emploi", ce qui me semblerait plus prudent...
- [Magnétomètre](https://fr.wikipedia.org/wiki/Magnétomètre), [compas numérique](https://fr.wikipedia.org/wiki/Boussole_électronique) ; je dispose déjà d'un [QMC5883L](http://wiki.sunfounder.cc/index.php?title=QMC5883L) mais je n'ai pas encore eu l'occasion de m'en servir
- Caméra "ciel", une simple caméra orientée vers le ciel... avec quand même un point de repère (typiquement, le toit de ma maison) - l'idée serait éventuellement de m'en servir pour détecter la pluie ou la neige mais je ne compte pas trop sur là-dessus ; je pourrais même envisager de prendre un ESP32 déjà muni d'une telle caméra, tout simple
- caméra infrarouge (pour voir la faune locale la nuit !)
- un capteur de couleur (je ne sais pas si je vais quelque part avec ça mais je veux faire mes tests !)
- un capteur d'UV
- un [compteur Geiger](https://fr.wikipedia.org/wiki/Compteur_Geiger), qui risque d'être le plus intéressant de mes capteurs, surtout si je peux [le monter moi-même](https://mightyohm.com/interets/informatique/products/geiger-counter/), rien que pour le fun que ça me procurera !
- un GPS, évidemment pour obtenir des coordonnées précises et - surtout - mon altitude (même si je pourrais la calculer à partir de la pression atmosphérique, mais j'ai de toute façon l'intention de faire les deux), mais aussi pour obtenir un indicateur temporel dont je pourrais me servir sur l'ensemble de mon réseau local via [NTP](http://www.ntp.org)
- un ou plusieurs capteurs de qualité de l'air, ce qui peut inclure la détection de gaz, de poussières, de pollens, de particules fines, etc. à voir si c'est faisable en terme de consommation d'énergie
- un capteur de choc/vibration, qui serait d'un intérêt extrême pour la mesure d'une activité sismique, mais qui va nécessiter un peu de réflexion pour produire des résultats plus ou moins fiables
- divers capteurs de tension (sur les batteries, le panneau solaire, etc.)
Ça me plairait beaucoup que ma station soit équipée d'un écran e-paper pour afficher quelques données que je juge essentielles, telles que le niveau de batterie, la "santé" de la station, l'espace disponible sur la carte SD, etc.
### Changement du contrôleur
Avec autant de capteurs, il pourrait être intéressant de passer sur un [ESP32](https://www.espressif.com/en/products/socs/esp32) en remplacement de l'ESP8266.
Il m'offrirait non seulement un gain intéressant en terme de performances (bien que ce ne soit pas spécialement un critère), mais surtout un gain significatif en nombre et variété d'entrées/sorties. En outre, c'est le remplaçant direct de l'ESP8266, j'ai donc tout intérêt d'y passer, surtout que c'est un contrôleur qui a déjà un certain âge. J'ignore si un remplaçant est déjà prévu.
Si la compatibilité logicielle est bonne, je pourrais même m'orienter vers l'ESP32-C3 ou C6, basé sur un processeur RISC-V, et supportant le Wifi 6 et le Bluetooth 5.0 LE...
## Conclusion
La prochaine étape va consister à établir une liste "définitive" des composants voulus pour ma future station, avec leur fiche technique et en particulier, la consommation d'énergie maximale. Cela me permettra de calculer les besoins en énergie et donc m'assurer que le panneau solaire à ma disposition sera suffisant (ou si je dois m'en procurer un autre) et établir les besoins en stockage d'énergie (sachant que le but serait que la station soit 100% autonome).
Une fois que ces besoins seront déterminés, je pourrais commencer à schématiser l'ensemble, à commencer par le système électrique. Je veux éviter de faire de l'[overengineering](https://en.wikipedia.org/wiki/Overengineering), mais je veux quand même faire ça bien, avec les capteurs et les protections qui vont bien.
Je m'occuperai ensuite du schéma électronique, et tâcherai de trouver de quoi modulariser l'ensemble de la station. Ceci me permettra d'estimer le volume occupé par la station finale, et donc lui trouver un boîtier qui convient.
L'étape suivante consistera probablement à modéliser tout ça en 3D, de façon à voir comment la construire : il y aura forcément un mât, mais comment sera-t'il stabilisé, maintenu au sol ? Comment éviter les vibrations du détecteur "sismique" ? Comment m'assurer de minimiser l'inertie thermique de l'ensemble ? Tous ces sujets me passionnent et la construction de cette station sera l'occasion de me pencher plus sérieusement sur la question.
Car bien avant la lecture des capteurs, la construction d'une station météo ne cesse de me surprendre par l'étendue des compétences nécessaires. Ça m'intéresse, et je dirai même que j'en ai besoin ! Alors si en plus je peux vous transmettre un peu de ma passion, c'est tout bénef' !

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date: '2022-02-22'
title: Apologie de la procrastination
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> Penchant à différer, tendance à remettre au lendemain ou à plus tard
>
> --- <https://fr.wiktionary.org/wiki/procrastination>
Situation typique : je suis au boulot, j'ai des tâches à accomplir, un bug à corriger, mais je n'arrive pas à m'y mettre. Je croise les bras, le regard vide vers mon écran. Blocage intellectuel. Incapable d'avancer. Des symptômes qui rappellent vaguement, à une toute autre échelle, le _burn-out_. Pourtant, ce n'est rien de plus qu'un signe qu'il est temps de procrastiner. C'est le moment de se lever, et de faire autre chose.
Alors on va sur facebook (pour ceux qui pratiquent), sur pornhub (pour ceux qui pratiquent), on va se faire un café, on regarde la rue ou les arbres (selon les possibilités). On se lance le prochain épisode de notre série préférée, on fait la vaisselle. Bref, on fait tout _sauf_ ce que l'on _devrait_ faire. C'est la raison pour laquelle la procrastination est si mal perçue : apparentée, voire confondue à de la fainéantise, y compris par ceux qui la pratiquent, la procrastination est un vilain défaut à corriger.
Sauf si...
## La procrastination, source de productivité
Sauf si on l'utilise comme un outil ; et bien utilisée, c'est un puissant outil de productivité. Il n'est pas possible, humainement, d'être au top tout au long de la journée. L'esprit comme le corps ont besoin de moments de répit. La différence est subtile et presqu'inconsciente entre la "pause" et "procrastiner". Quand on est en pause, on est en pause. Pause café, pause clope, avec cette épée de Damoclès sur la tête : quand la clope est finie, quand le café est fini, la pause est finie.
Procrastiner est excitant : ce n'est pas un temps de pause, juridiquement parlant. On tutoie l'interdit, on est dans le pêché, c'est grisant. Quand on procrastine, on n'est pas en pause : on passe simplement à autre chose. On peut faire le choix de ne rien faire de productif, mais on peut aussi procrastiner _autrement_. C'est quand on ne contrôle plus le "plaisir" de procrastiner qu'il devient dangereux. C'est quand on n'est plus capables de faire la différence entre "faire autre chose pour me libérer la tête" et "ne pas faire les choses parce que je n'en ai pas envie" qu'on confond procrastination et fainéantise.
Coincé sur mon bug depuis quatre jours, depuis trois heures rien qu'aujourd'hui, je procrastine. En écrivant un article de blog sur la procrastination. Est-ce ainsi dire que je ne fais rien ? Rien ne serait moins vrai. Je fais quelque chose, et mieux encore, j'accompli quelque chose : je rédige une apologie de la procrastination !
En vérité, les choses ne sont pas réellement en train de se dérouler de cette façon, ce qui n'enlève rien à la véracité du récit conté. Ça m'arrive pour ainsi dire tous les jours. Plutôt que d'être inefficace à temps complet sur une tâche spécifique, je raccourci le temps alloué à cette tâche pour en exécuter une autre pour laquelle je **sais** que je serai efficace. Une fois cette tâche "secondaire" accomplie, je peux reprendre la tâche en attente. Et dans la plupart des cas, je me retrouve capable d'accomplir cette tâche qui, pourtant, me posait problème il y a encore quelques minutes ou quelques heures.
Ainsi, la productivité peut naître de la procrastination. Procrastiner peut être une façon d'organiser ses tâches en ajustant leur priorité et/ou le temps qu'on leur alloue. Mais la productivité ne peut naître que si la procrastination se fait avec la volonté de faire autre chose de constructif ! Sans cet élément décisif, ce n'est plus simplement de la procrastination, c'est de l'[oblomovisme](https://fr.wikipedia.org/wiki/Oblomovisme). De l'oisiveté.
Autre différence peut-être difficile à identifier : celle entre la procrastination et la liste des tâches. Quand on a une liste de tâches à accomplir, on s'impose (ou se fait imposer) une obligation. La procrastination, c'est la liberté d'accomplir des tâches qui n'étaient pas nécessairement prévues. Ce qui implique le contrôle de ce qu'on fait, et ça, mine de rien, c'est bon pour ce qu'on a à faire ! Libérées de la sémantique des obligations, ces tâches deviennent des quêtes secondaires, dont on n'avait pas forcément besoin pour accomplir la quête principale, mais qui nous fait découvrir des choses dont on ne se doutait pas.
Autre situation typique : je n'arrive pas à travailler sur ma tâche actuelle. Je me lève, je me balade dans la maison ou l'appartement. Tiens, le panier à linge est rempli, je vais faire tourner une machine. Tiens, la vaisselle s'accumule. Etc. Et je retourne travailler, soulagé d'avoir **accompli** quelque chose. Et peut-être même que je ne suis plus bloqué... D'où la procrastination, source de productivité.
## La procrastination à l'origine de la sérendipité
Sans parler de rester bloqué sur une tâche récalcitrante, la procrastination peut également être source de sérendipité, c'est-à-dire de découverte inopinée. Plantons encore une fois le décor : il est 14 heures ou 15 heures. La digestion se fait. On a un truc à faire, mais c'est tellement dur de se remettre au travail après un tel gueuleton... En plus, pour trouver la solution au problème, il faut faire des recherches... On va sur internet, sur son moteur de recherche préféré, et là, c'est le drame, on commence à procrastiner. On va de vidéo en vidéo, d'article de wiki en article de wiki, la spirale infernale commence.
Sauf si...
Sauf si on sait en tirer profit ! De la même manière qu'errer dans la maison pour tomber sur un panier de linge plein ou un lave-vaisselle qui déborde, il est tout à fait possible de tomber sur des choses intéressantes en errant dans les méandres d'internet. Y compris des choses utiles à la tâche actuelle, mais aussi aux tâches futures ou annexes !
D'où l'importance des favoris et des flux RSS, qui permettent respectivement de retrouver une page vue auparavant mais dont l'intérêt immédiat était faible ou nul, et de surveiller l'activité de publication d'un site.
En procédant de cette façon, on a, certes, procrastiné, mais on s'est munis d'outils destinés à faciliter notre avenir. Des outils dont on ignorait l'existence, mais que la procrastination nous a permis de découvrir.
L'exemple donné ici est simple, mais toute la richesse (et la définition-même) de la sérendipité est d'être imprévisible. C'est très vulgarisateur et ne repose sur rien de scientifique, mais on peut donc considérer que procrastiner augmente les chances de déclencher une découverte inopinée, qu'elle soit liée à la tâche à l'origine de la procrastination ou non.
Encore une fois, il est bon de rappeler que mes observations n'ont rien de scientifique, qu'elles sont valables pour moi, et que pour bien procrastiner, il faut procrastiner utile, comme vu dans le paragraphe précédent.
## La procrastination à l'origine du bien-être
Sans aller jusqu'à fonder une religion ou une nouvelle méthode de relaxation qui se fini en danse à poil autour d'un feu de camp, la procrastination peut être à l'origine d'un sentiment de satisfaction qu'on ne peut obtenir autrement.
C'est simplement logique : plus le temps passé sur une tâche est long, plus la satisfaction baisse, jusqu'à l'annihilation pure et simple de cette satisfaction quand la tâche ne peut être accomplie. Un temps qui n'est passé à rien faire d'autre que générer de l'énervement, de la frustration, voire carrément un sentiment d'échec, une remise en question personnelle, etc. Ça peut aller assez loin.
Procrastiner permet de moduler cette courbe par l'intervention de tâches facile à compléter, courtes, et qui permettent de rebooster une estime personnelle en berne. En améliorant son sentiment de réussite à l'aide d'accomplissements tiers, on améliore notre moral pour la tâche principale à laquelle on finira par trouver une solution.
## La procrastination, c'est bon, mangez-en, avec modération
Transformer la procrastination (qui peut trouver son origine dans la fainéantise) en un outil de productivité est un excellent moyen d'accomplir des choses sans avoir l'impression d'y être obligé. On effectue plus de choses et en tirant moins sur la corde. On peut même se dégager du temps (qui peut alors être utilisé pour une oisiveté réelle).
Cependant, procrastiner "utile" peut être difficile, et ça ne fonctionnera pas à tous les coups... Ce n'est pas un remède miracle à l'ennui, mais ce n'est pas non plus forcément la tare qu'on peut imaginer. Comme pour beaucoup de choses chez l'humain, c'est une affaire d'équilibre, sachant qu'il n'est pas possible de trouver cet équilibre à chaque fois que la situation se présente.
Mais, bien maîtrisée, habilement utilisée, elle peut être la source de beaucoup de choses positives. Y compris au travail, où une bonne entreprise est capable de la valoriser, voire de l'encourager, à condition que le résultat soit là. Ces entreprises ont bien compris qu'un employé bloqué sur une tâche récalcitrante est payé pareil que s'il ne faisait rien du tout. Si l'employé maîtrise bien sa procrastination, il pourrait trouver plus rapidement la solution à son problème, et, pourquoi pas, trouver des solutions à des problèmes qui ne se sont pas encore posés !
Si vous ne pratiquez pas encore la procrastination, le danger pour vous sera de ne pas savoir distinguer quand procrastiner et quand ne pas le faire. Un jour, pris d'ennui, vous vous direz : "Tiens, je vais préparer mes vacances ! Au moins je ferai un truc qui me plaît". Et vous finissez la journée là-dessus. Et le lendemain, rebelote, jusqu'à ce que vos vacances soient parfaitement planifiées à la minute près.
Le problème ici c'est que pour procrastiner efficacement, il est crucial de le faire sur des tâches simples, facilement faisables en un minimum de temps (telles que ranger la vaisselle ou faire le linge). En ce qui me concerne, la règle c'est "pas plus de 15 minutes !". Si je sais d'avance qu'une tâche va me prendre plus de temps, je ne cherche plus à procrastiner, je cherche à éviter l'inévitable (l'accomplissement de ma tâche principale). Un cercle vicieux dont il est difficile de se sortir...
Et si vous êtes déjà adepte de la procrastination mais que vous avez du mal à la rendre "utile", le danger est d'essayer à tout prix d'en faire quelque chose de productif. Dès lors, ce n'est plus de la procrastination mais un changement de carrière qui se profile.