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title: "Capture d'écran de l'application BirdNet-Pi"
description: "L'application [BirdNET-Pi](https://www.birdweather.com/birdnetpi), Libre, gratuite et auto-hébergeable, permet à n'importe qui - disposant des compétences pour installer le système sur un [Raspberry Pi](https://www.raspberrypi.com) notamment - d'observer et rapporter les populations d'oiseaux circulant autour du point observé."
attribution: "[BirdNET-Pi](https://www.birdweather.com/birdnetpi)"
file: images/birdnetpi.png

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title: "Capture d'écran du site du Club Français de Microscopie"
description: "Le [Club Français de Microscopie](https://www.clubdemicroscopie.fr/). Le site nous offre un guide fort utile et intéressant consacré à l'initiation au microscope."
file: images/cfm.png

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title: "The Forgotten Art of Amateur Microscopy"
prompt: "A detailed and engaging header image for an article titled 'The Forgotten Art of Amateur Microscopy'. The image should have a balanced and appealing composition, featuring a vintage-style microscope on one side, and a view of microscopic life forms on the other. The microscopic elements include vibrant microorganisms, bacteria, and fungi, giving a sense of discovery at the microscopic scale. The background should have a soft, textured gradient from earthy tones to deep blues, symbolizing the depth of the unseen world. Include elements like small notebook, petri dishes, and pipettes, representing the tools of an amateur microscopist. The atmosphere is scientific yet inviting, capturing curiosity and exploration of the natural world at a microscopic level."
attribution: "DALL-E v3"
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cover: images/header.webp
date: 2024-10-21
draft: false
grid_columns: 1
summary: La microscopie amateur, souvent perçue comme un passe-temps d'enfant, pourrait
pourtant jouer un rôle essentiel dans la science participative. Encore faut-il s'y
mettre !
title: L'art oublié de la microscopie amateur
---
Lère des Hommes - l[Anthropocène](https://fr.wikipedia.org/wiki/Anthropocène) - est irrémédiablement marquée par [la dernière extinction de masse](https://fr.wikipedia.org/wiki/Extinction_de_l%27Holocène) que la Terre ait connu.
La biodiversité chute en effet depuis 13 000 ans à un rythme dramatique, tandis que le nombre despèces en danger critique dextinction [ne cesse daugmenter](https://www.iucnredlist.org/resources/summary-statistics).
En outre, le phénomène accélère.
Nimporte qui peut se rendre compte - par lui-même ou en lisant la presse traditionnelle - de la raréfaction de certaines espèces doiseaux, de papillons, des abeilles, mais aussi des végétaux, notamment certaines essences darbres.
Ainsi, des initiatives de science participative ont vu le jour, et les amateurs disposent désormais doutils pour collaborer avec les scientifiques dans leurs observation de la faune et de la flore, quelles soient sauvages, urbaines, rurales ou maritimes.
Citons notamment :
- [Science Ensemble](https://www.science-ensemble.org/projets)
- [Le portail du Muséum d'Histoire Naturelle de Paris](https://www.mnhn.fr/fr/participer-a-la-science)
- [Le portail de l'INRAE](https://science-ouverte.inrae.fr/fr/sciences-et-recherches-participatives-srp)
![birdnetpi](images/birdnetpi.png)
Lun des objectifs des sciences participatives impliquant lobservation du Vivant est de sensibiliser aux difficultés que rencontrent les espèces animales, végétales ou fongiques aux côtés de lHomme.
Ne devrions-nous donc pas observer le Vivant à toutes les échelles ?
Après tout, les organismes microscopiques sont à la base du [réseau trophique](https://fr.wikipedia.org/wiki/Réseau_trophique) : si la base du réseau est branlante, tout le réseau est en danger.
Lastronomie est un domaine particulièrement prisé des amateurs et des passionnés, et là encore, la science participative fait lobjet de nombreux projets auxquels tout le monde (équipé dun télescope) peut prêter main forte.
Cela, alors quun « bon » télescope peut coûter dans les 2000 euros (et bien plus).
Loutil de prédilection des sciences participatives reste évidemment lappareil photo, comme en témoigne la liste des projets du <abbr title="Muséum National d'Histoire Naturelle de Paris">MNHN</abbr>, suivi par le télescope.
Mais ce dernier nest pas utilisé pour observer le Vivant, jusquà preuve du contraire !
Étonnamment, un « bon » microscope optique semi-professionnel peut se trouver à moins de 500 euros.
Pourtant, la microscopie optique semble être encore un domaine de lobservation du Vivant réservé aux laboratoires, avec des objectifs essentiellement liés à la santé Humaine.
[Les amateurs existent](https://www.clubdemicroscopie.fr/) mais sont peu nombreux, et les projets de sciences participatives impliquant un microscope sont tout aussi rares - voire inexistants.
Notons dailleurs avec ironie que la plupart des sites internet suggérant des éléments à observer au microscope sont presque unanimes : il faut observer ses spermatozoïdes (pour ceux qui en ont)…
![cfm](images/cfm.png)
Alors, si un microscope est moins cher quun télescope, et quen plus il permet détudier le Vivant, pourquoi son usage reste marginal et sous-représenté dans les projets de science participative ?
Cela ne peut sexpliquer par la présence de meilleurs outils dans les laboratoires, disposant de microscopes électroniques, à fluoroscopie, ou à sonde locale, capables de scruter les atomes.
Après tout, les observatoires astronomiques disposent de télescopes bien plus puissants que ceux des amateurs, ce qui na pas freiné ces derniers dans leur volonté dexplorer le ciel nocturne.
Peut-être est-ce parce que les ouvrages de référence modernes nexistent pas, sont rares ou inaccessibles ?
Ou peut-être parce que nous avons décidé que, comme les dinosaures, les microscopes seraient réservés aux enfants ?
Comment expliquer le désintérêt des adultes pour les espèces microscopiques - à part pour les puces de lit ?
Alors, si des astronomes amateurs et passionnés sont capables dapporter leur contribution à la science, malgré les faiblesses techniques de leurs appareils (comparativement au matériel des observatoires), pourquoi ne pas contribuer de façon aussi significative et médiatisée à léchelle microscopique ?
Lespace est vaste et richement peuplé.
Deux astronomes amateurs explorant la même région de lespace sont parfaitement capables, statistiquement, de découvrir deux objets astronomiques jamais catalogués auparavant.
Le monde microscopique aussi est vaste et riche.
Et peut-être que là aussi, d'autres citoyens passionnés peuvent découvrir des choses.
Pas forcément de nouvelles espèces, encore que cela ne serait pas surprenant.
Mais si l'observation "macroscopique" (à notre échelle) peut nous sensibiliser à la cause du Vivant, l'observation "microscopique" doit se révèler tout aussi importante.
Peut-être que nous imaginons que, parce que ces organismes sont plus fins quun cheveu, ils nont pas de raison de se retrouver dans une situation de danger dextinction, ou que nos polluants nagissent pas sur eux de la même façon que sur nos mammifères, ou même sur nous.
Peut-être que les micro-plastiques ne sont pas un danger pour eux et représenteraient plutôt léquivalent dun récif artificiel pour des poissons.
En tant quamateur, la microscopie nous montre encore davantage, puisquelle nous amène à nous questionner sur la façon dont ces espèces interagissent avec le micro-monde qui les entoure.
Comment elles le ressentent, le perçoivent et le parcourent ?
Quels sont les dangers auxquels elles doivent faire face ?
Noublions pas que ces formes de vie se déplacent dans un milieu étrange : si petites et si légères, lair est pour elles comme leau pour nous, avec ses règles physiques auxquelles elles ne peuvent se soumettre et qu'elles doivent maîtriser pour leur survie.
Elles sont dotées dune grande diversité de moyens de propulsion, mais peu de moyens similaires à ceux des animaux macroscopiques.
Cest un monde dans lequel elles évoluent comme nous évoluons à la surface de la terre et les poissons sous leau, mais cest un milieu très différent, et une curiosité en soi.
Malheureusement, léchelle à laquelle ces créatures évoluent provoque leur invisibilisation : certes, techniquement, nous ne pouvons les voir sans appareil adéquat.
De même que certains objets astronomiques ne peuvent être vus sans télescope.
Mais nous disposons du matériel nécessaire, et à un tarif abordable.
Peut-être aussi que la microscopie est plus complexe que lastronomie : un astronome amateur na pas forcément besoin de connaître les notions complexes de son champ dactivité pour faire des observations de qualité.
Avec des télescopes presque entièrement automatisés (il suffit de leur donner les coordonnées dun objet _via_ son téléphone portable pour quils le pointent sans le moindre effort), nimporte qui ou presque peut observer lespace.
Cest réducteur évidemment[^1], mais la technologie embarquée dans les télescopes semi-professionnels permet de faire cela.
[^1]: Que les astronomes amateurs me pardonnent ce raccourci dans la mesure où mon prochain projet pour 2025 est de m'offrir un tel télescope...
Au contraire, la microscopie a peut-être une courbe dapprentissage plus importante, et ce dautant plus que la littérature - à destination des adultes - nest pas spécialement prolifique.
En nous mettant directement au contact des espèces observées, la première difficulté dun amateur serait de nommer correctement ce quil voit.
Sans parler de la préparation des lames dobservation : la plupart des microscopes disponibles sur le marché sont vendu avec des lames préparées à lavance pour pouvoir observer quelque chose dintéressant dès le déballage du microscope, ne laissant pas lobservateur complètement démuni lors de son achat.
Mais, avec un peu de rigueur (scientifique, évidement), du matériel (comme les boîtes de Pétri, des pipettes, quelques colorants, etc.), et surtout avec un peu de documentation, voire quelques Atlas du Vivant à léchelle microscopique, on peut commencer à documenter correctement nos observations, et en douter.
Car le doute est non seulement au coeur de lexpérience scientifique, il est aussi le lien social entre lamateur et le professionnel, et cest de ce lien dont a besoin la microscopie pour intégrer les rangs des sciences participatives.
Alors, à vos microscopes !

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title: "Microscopy's bazaar"
prompt: "A bustling marketplace scene showcasing a variety of microscopes from different eras and styles: antique brass models, steampunk-inspired designs with gears and pipes, modern sleek microscopes, classic educational ones, sophisticated trinocular microscopes, and compact pocket versions. The display should be lively and diverse, filling tables and shelves with these unique items. In the center, a person looks at them with curiosity and indecision. The lighting is warm and inviting, giving the impression of a fascinating 'bazaar of microscopes' that evokes exploration and wonder."
attribution: "DALL-E v3"
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date: 2024-11-07
draft: false
grid_columns: 1
summary: Quelques pistes qui, je l'espère, vous amèneront jusqu'à votre premier microscope.
title: Comment j'ai choisi mon microscope
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Comment on se "lance dans la microscopie" ?
Ce n'est pas si compliqué : il suffit de s'équiper, à commencer par un microscope, évidemment !
Et choisir un microscope, quand on est un simple amateur, se fait comme choisir n'importe quel équipement : c'est un compromis entre notre budget et ce que l'on veut en faire.
## Méthode rapide de filtrage
Pour ma part, je commence toujours par la fin : que peut-on trouver de mieux ?
Répondre à cette question permet de déterminer :
- ce que j'appelle les limites commerciales, c'est-à-dire ce qu'une boutique non-spécialisée peut vendre
- les caractéristiques de la machine la plus chère
- le prix maximal
C'est trivial : il suffit de faire une recherche dans une boutique en ligne grand public, trier par prix décroissant, et on commence déjà à voir quelques références se détacher.
Surtout, on voit déjà que la puissance du microscope est "limitée" : les meilleurs modèles montent jusqu'à 2500x.
Partant de ce constat, on peut alors filtrer par le bas en éliminant les candidats qui n'atteignent pas cette puissance.
Une méthode plus conventionnelle, moins directe mais plus éclairée, consiste simplement à visiter la page Wikipédia consacrée aux [microscopes](https://fr.wikipedia.org/wiki/Microscope_optique).
En plus de nous donner cette information concernant la puissance "maximale", on y trouvera son explication théorique, et bon nombre d'informations supplémentaires.
> Note : N'oubliez pas que la puissance d'un microscope correspond au produit du facteur de grossissement de l'oculaire (la partie au contact avec votre visage) et de celui de l'objectif.
> Un oculaire de 10x combiné avec un objectif de 40x vous offre un grossissement total de 400x.
Toutefois, la Wikipédia ne répond pas à une question à la fois essentielle et personnelle.
## Que cherche-t-on à faire ?
Ce premier filtrage nous donne une bonne idée du budget minimal qu'il faut investir pour obtenir ce qu'il se fait de mieux.
Reste à se demander : que cherche-t-on à faire avec un microscope ?
Que désirons-nous observer ?
Dans quel but ?
Et quel investissement personnel sommes-nous prêts à faire ?
À quoi bon, en effet, dépenser une certaine somme pour un objet technique si c'est pour le laisser prendre la poussière ?
Certains microscopes peuvent s'avérer de magnifiques objets de décoration, évidemment, quoique leur prix risque d'être dissuasif...
Il est crucial de se fixer des objectifs atteignables (le "A" de la méthode <abbr title="Spécifique, Mesurable, Acceptable, Réaliste, Temporellement défini">SMART</abbr>[^smart]).
Observer des virus, par exemple, n'en est pas un (même à 2500x avec un objectif à immersion, on ne peut pas les voir en détails).
Mon objectif personnel est d'observer un tardigrade, et cela peut se faire avec un grossissement de 400x.
J'ai demandé à ChatGPT de me proposer quelques exemples de ce qu'il est possible d'observer à différents grossissements, et voilà un extrait de sa réponse :
> - Grossissement faible (40x-100x) : Tissus entiers, épiderme de feuilles, structures générales.
> - Grossissement moyen (100x-400x) : Cellules individuelles, structures telles que le noyau et les organites dans des cellules de taille moyenne.
> - Grossissement élevé (1000x) : Détails cellulaires fins, bactéries individuelles, détails des organites.
> - Grossissement très élevé (2500x, à immersion) : Bactéries détaillées, étude des parties fines du cytoplasme, certains virus grands mais toujours difficile à visualiser.
Un autre de mes objectifs est de partager mes observations avec internet.
Il existe des systèmes (apparemment peu fiables) permettant de clipser le smartphone à l'oculaire du microscope, mais cette technique présente le double risque de casser l'oculaire ou le smartphone, et l'inconvénient de réduire, parfois significativement, la lumière arrivant jusqu'à l'objectif du téléphone.
D'autres microscopes sont directement surmontés d'un écran (généralement de taille inférieure ou égale à 7 pouces, l'équivalent d'un grand smartphone ou d'une petite tablette), mais la prise de vue se fait généralement sur une carte SD ou _via_ un dispositif de capture vidéo additionnel.
En ce qui me concerne, je préfère la solution de la caméra USB embarquée.
Celle-ci se monte sur un oculaire (parfois dédié à la caméra dans le cas des microscope trinoculaires, c'est-à-dire dotés de trois oculaires), et présente l'avantage de pouvoir se brancher en USB à l'ordinateur.
Dans ce cas de figure, la caméra offre un flux vidéo qu'il est possible d'exploiter avec des outils plus puissants, parfois directement fournis par le constructeur lors de l'achat.
## Quand on a vu ce que l'on voulait voir
Si, un jour, je parviens à observer, filmer et photographier un tardigrade, je n'ai pas l'intention de mettre mon microscope au rebus.
C'est mon objectif principal, mais toutes les observations que je ferai jusqu'alors seront tout aussi passionnantes.
C'est là qu'intervient l'investissement personnel.
Observer devrait normalement signifier suivre la méthodologie scientifique.
Ce qui implique de s'équiper de différentes verreries de laboratoire, telles que des pipettes, des béchers, des flacons de toutes sortes, des boîtes de pétri, des seringues, et surtout, des lames, le tout permettant de collecter et préparer les échantillons de la façon la plus basique.
Enfin, cela implique de noter une série de métadonnées telles que la température au moment de la collecte, la date et l'heure, les coordonnées GPS, etc.
Je compare cette préparation à celle d'un jeu.
En tant que joueur, sur plateau ou sur PC, la préparation de mon aventure est presque aussi exaltante que l'aventure en elle-même.
Et alors que je dispose déjà de ce matériel et de quoi noter mes observations, je trépigne d'impatience, ne possédant pas encore mon microscope !
Et vous ?
Pensez-vous que ces étapes préparatives risques d'être un frein à votre enthousiasme d'utiliser un microscope ?
Certes, vous pourriez vous procurer des lames préparées à l'avance, et d'ailleurs, certains microscopes vous en fourniront.
Mais êtes-vous prêts à faire vos propres préparations, avec vos propres échantillons ?
Peut-être que ce serait un excellent moyen de pratiquer ou s'initier à la méthode scientifique, justement.
Le jour viendra où l'objectif que vous vous serez fixé sera atteint.
Un jour, je pourrais me dire : "J'ai observé un tardigrade vivant, de mes yeux, à travers mon microscope".
Et maintenant ?
Je serais bien tenté de dire que c'est maintenant que ça va devenir réellement intéressant : une fois passé le seuil de la découverte, c'est l'analyse qui devrait susciter votre curiosité.
Puisque vous avez vu ce que vous vous étiez fixé comme objectif, quoi de plus intéressant que d'en voir d'autres, dans d'autres circonstances ?
Le jour où je tomberai sur un tardigrade, j'aurai scrupuleusement noté les différentes métadonnées qui lui sont relatives.
Peut-être que cela se passera en été par 35 degrés.
Je retournerai alors au même endroit, au mois de décembre.
Et je verrai si un autre tardigrade veut bien passer sous ma lame.
Et s'il y a eu un changement entre le tardigrade estival et l'hivernal.
De fil en aiguille, on change un paramètre à la fois, et on observe.
Et on note.
Atteindre son objectif à l'achat du microscope ne devrait que renforcer son envie de l'utiliser de plus en plus, d'observer de plus en plus de choses, et risque bien de devenir une passion dévorante !
## Sélection finale
À ce stade, vous disposez des informations externes les plus utiles : vous savez ce que vous voulez observer, vous connaissez la puissance à atteindre par votre microscope, et vous devriez avoir réfléchi à ce que vous ferez de vos observations : les garderez-vous pour vous ou allez-vous les partager avec tout le monde ?
Ainsi, vous pouvez vous poser la dernière question : quel budget je souhaite accorder à mon nouveau hobby ?
La bonne nouvelle, c'est qu'il y en a à tous les prix, entre une cinquantaine d'euros pour un modèle qui tient dans la poche, utilisé par les scientifiques pour faire des examens sur le terrain, afin de déterminer rapidement un échantillon à prélever pour un examen ultérieur et approfondi, jusqu'à 2000€ pour les modèles les plus perfectionnés, en passant par toute une gamme de microscopes à moins de 400€ dits semi-professionnels, vers lesquels je me suis tourné, et que je vous détaillerai dans un article ultérieur.
[^smart]: <https://fr.wikipedia.org/wiki/Objectifs_et_indicateurs_SMART>

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title: "Moi, déballant mon microscope"
attribution: "Richard Dern"
description: "Un peu inquiet au déballage du microscope, compte tenu de son arrivée retardée et surtout, du trou dans le carton."
file: images/IMG_0719.jpeg

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title: "Cozy dans son emballage de polystyrène et de plastique"
attribution: "Richard Dern"
description: "Tout est parfaitement bien emballé et sécurisé."
file: images/IMG_0725.jpeg

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title: "Moi, après déballage du microscope"
attribution: "Richard Dern"
description: "Tout est en ordre, tout est en bon état, tout est qualitatif, tout va bien !"
file: images/IMG_0726.jpeg

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title: "Pièces détachées"
attribution: "Richard Dern"
description: "Tout le contenu du packaging est là. De haut en bas et de gauche à droite : tube pour caméra, filtre bleu et fusible de rechange, caméra, huile à immersion, boîte de lamelles, oculaires 10x, adaptateurs pour oculaires (non utilisés pour le moment), clé USB, câble USB, oculaires 25x, boîte à lames et câble d'alimentation français."
file: images/IMG_0735.jpeg

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title: "Détail de la tête du microscope"
attribution: "Richard Dern"
description: "Détail de la tête du microscope. La vis pour la désolidariser du corps est visible sur la gauche. Le tube vertical en arrière-plan est l'oculaire destiné à la caméra."
file: images/IMG_0745.jpeg

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title: "Premier contact"
attribution: "Richard Dern"
description: "Retrait des dernières protections, tout en délicatesse."
file: images/IMG_0749.jpeg

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title: "Platine du microscope"
attribution: "Richard Dern"
description: "Détail de la platine du microscope."
file: images/IMG_0754.jpeg

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title: "Platine et diaphragme"
attribution: "Richard Dern"
description: "Détail du diaphragme sous la platine, et du condenseur sous le diaphragme."
file: images/IMG_0755.jpeg

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title: "Vue d'ensemble du microscope"
attribution: "Richard Dern"
description: "Compact et robuste, le Swift SW350T est aussi esthétique."
file: images/IMG_0757.jpeg

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cover: images/IMG_0757.jpeg
date: 2024-11-08
draft: false
grid_columns: 1
summary: 'Mon premier microscope est enfin entre mes mains : je peux en faire le tour
du propriétaire.'
title: Découverte de mon premier microscope
---
> Article non sponsorisé.
## Packaging
![IMG_0719](images/IMG_0719.jpeg)
La sobriété du carton intimide.
Je suis habitué à plus ostentatoire, même pour des produits plus accessibles dont le packaging est souvent plus criard.
Mais il faut dire que ce que j'ai là, ce n'est pas un produit grand public.
En tout cas, ce n'est pas - forcément - sa cible.
L'épaisseur et la rigidité du polystyrène donnent confiance.
Le colis a mis deux jours de plus que prévu pour arriver, ce qui n'est pas dans les habitudes d'Amazon (en ce qui me concerne, en tout cas).
En voyant le trou dans le carton, l'inquiétude était légitime, mais vite dissipée.
L'ouverture de la carapace de plastique révèle une abondance d'objets, bien protégés, chacun déclenchant un enthousiasme toujours plus vigoureux.
Ainsi début donc mon introduction à la microscopie : par le déballage de plein d'objets technologiques, scientifiques même, avec une première montagne russe : de l'inquiétude à l'excitation en quelques instants.
Satané autisme !
<div style="clear:both; padding-top: 2rem;"></div>
L'heure est à l'inventaire et, après le premier déballage toutefois, cela reste un de mes moments préférés suite à un achat.
En voici le détail :
- une paire d'oculaires 10x
- une paire d'oculaires 25x
- un fusible de rechange
- un filtre bleu
- un flacon d'huile à immersion
- un adaptateur pour oculaire 30mm
- un autre pour 30.5mm
- un cordon d'alimentation français
- un câble USB micro-B vers Type-A
- une caméra 5M pixels
- un tube adaptateur pour la caméra
- une clé USB
- une boîte pour 10 lames dont 5 préparées
- une boîte de 100 lamelles
- plusieurs caches protecteurs pour les oculaires
- une housse de protection pour le microscope
- le microscope, un [Swift SW350T](https://swiftmicroscopes.com/collections/all-product/products/swift-sw350t-40x-2500x-magnification-siedentopf-head-research-grade-trinocular-compound-lab-microscope-with-wide-field-10x-and-25x-eyepieces-mechanical-stage-abbe-condenser-camera-compatible) ("T" pour "trinoculaire", par opposition au modèle "B" pour "binoculaire")
En outre, le barillet est équipé de quatre objectifs de 4x, 10x, 40x et 100x.
![IMG_0725](images/IMG_0725.jpeg)
![IMG_0735](images/IMG_0735.jpeg)
## Premier contact
![IMG_0749](images/IMG_0749.jpeg)
Le poids est rassurant et le centre de masse semble assez bas.
Il en résulte une impression rassurante de stabilité et de robustesse : à moins d'un coup particulièrement violent, il glissera sur ses appuis plutôt que basculer sur le côté.
Les matériaux me semblent de bonne qualité.
Oui, il y a du plastique, mais cela ne constitue pas l'essentiel de l'appareil qui est avant tout fait de métal.
Et les pièces mobiles, toutes métalliques aussi, respirent la qualité.
Je n'ai pas de point de comparaison. J'estime en avoir pour mon argent, mais je ne suis pas naïf.
J'imagine que des microscopes plus onéreux (et destinés à d'autres fins, il faut le dire) lui seront supérieurs sur la qualité des filetages par exemple, ou l'épaisseur du métal - en plus évidemment de disposer d'optiques de meilleure qualité, sans doute.
## Détails techniques
### Objectifs
Si j'ai bien appris ma [leçon](https://www.olympus-lifescience.com/fr/microscope-resource/primer/anatomy/specifications/), et si j'en crois le marquage sur les différents objectifs :
| Marquage | Grossissement | Ouverture numérique |
| -------- | ------------: | ------------------: |
| 4/0.10 | 4x | 0.10 |
| 10/0.22 | 10x | 0.22 |
| 40/0.65 | 40x | 0.65 |
| 100/0.25 | 100x | 1.25 |
Les objectifs de 40x et 100x sont à ressort (cela permet de protéger la lentille en cas de contact avec l'échantillon observé) et le 100x est prévu pour être utilisé avec l'huile à immersion.
Il peut être utilisé sans, mais la netteté ou son pouvoir grossissant en seront affectés.
Les quatre objectifs sont également marqués 160/0.17.
Le premier nombre indique que ces objectifs sont prévus pour former une image à 160mm, c'est-à-dire la distance entre l'endroit où l'objectif est vissé et l'oculaire.
Le deuxième nombre correspond à l'épaisseur de la lamelle pour laquelle les objectifs sont prévus.
Dans le cas présent : 0.17mm, ce qui correspond à la "norme" moderne.
Ces objectifs semblent assez standards en terme de caractéristiques.
Une recherche rapide m'indique que les remplacer en cas de problème ne devrait pas être onéreux (j'en ai vu à partir de 40€).
Tous les objectifs fournis par Swift sont achromatiques (correction des aberrations chromatiques).
Il devrait être techniquement possible de remplacer ces objectifs par d'autres plus évolués (et plus chers), mais Swift ne semble pas en vendre.
À ce stade, j'ignore encore s'il serait éventuellement possible de me procurer de tels objectifs, ni d'ailleurs si j'en avais une quelconque utilité.
Autrement dit, je pense avoir fait un bon investissement...
## Platine et réglages
![IMG_0754](images/IMG_0754.jpeg)
Là encore, je suis rassuré par la qualité de l'ensemble.
Au toucher, les vis et molettes de réglage des différents axes sont très satisfaisantes.
La prise en main est à la fois ferme et délicate.
La satisfaction candide à leur manipulation devrait se prolonger en un plaisir évanescent lors de l'usage quotidien.
En d'autres termes : c'est si agréable qu'une fois habitué, on n'y pensera plus.
Je trouve néanmoins que les réglages du diaphragme (celui de sa hauteur et celui de son ouverture) sont assez fragiles et beaucoup moins précis.
Ce n'est peut-être qu'un détail qui s'avèrera inoffensif à l'usage.
Les axes X et Y offrent chacun une règle, ce qui peut être utile pour retrouver un détail particulier sur une lame donnée.
Ce n'est pas le cas de l'axe vertical : bien que la molette de réglage fin soit graduée, elle continue de tourner lorsque le plateau arrive en butée, dans un sens comme dans l'autre.
Pour le moment, en tant que néophyte, il m'est donc difficile de comprendre à quelle distance se trouve le plateau par rapport à l'objectif.
Mais là encore, peut-être que je n'aurais jamais à m'en soucier !
![IMG_0755](images/IMG_0755.jpeg)
Concernant les butées justement, notons qu'il est possible de régler la hauteur maximale du plateau, ce qui peut se révéler salvateur à la fois pour les échantillons et pour les objectifs.
Il ne devrait pas être nécessaire de l'ajuster : le réglage par défaut devrait convenir.
Le porte-lame est très agréable à utiliser.
Son maintien est ferme sans être constricteur : un ressort permet d'éviter qu'il claque contre la lame s'il est lâché de façon intempestive, et une butée nous empêche de l'ouvrir déraisonnablement.
Je ne me souvenais pas de ces dispositifs sur le microscope que j'ai brièvement utilisé il y a près de trente ans.
Encore une fois, ce microscope est rassurant !
Le système d'éclairage est composé d'une LED blanche de 10mm dans un [condenseur](https://fr.wikipedia.org/wiki/Condenseur_optique) Abbe, surmonté d'une lentille.
Le diaphragme, ajustable en hauteur et - évidemment - en ouverture, permet de jouer sur l'éclairage apporté par le dessus à l'échantillon et ainsi d'observer différents détails en fonction des réglages.
## Tête
La tête offre trois oculaires : deux pour l'observateur (gage de confort) orientés à 30° et un dédié à la caméra.
Cette tête peut être pivotée à 360° (toujours pratique) et est escamotable en desserant la vis manuelle à proximité.
L'écartement des yeux est évidemment réglable (de la même façon que sur des jumelles par exemple), ainsi que la [dioptrie](https://fr.wikipedia.org/wiki/Dioptrie).
![IMG_0745](images/IMG_0745.jpeg)
On pourra y monter une paire d'oculaires d'un grossissement de 10x ou de 25x fournis, pour atteindre un grossissement théorique maximal de 1000x et 2500x, respectivement.
Le troisième oculaire sera surmonté d'un tube et d'un adaptateur destiné à la caméra (elle aussi fournie).
Si j'apprécie de pouvoir adapter d'autres caméras que celle proposée, je regrette néanmoins qu'il n'y ait pas un système d'attache de la caméra un peu plus "rigide" : elle est simplement enfichée dans l'adaptateur (comme les oculaires).
Du coup, elle tourne librement.
C'est particulièrement agaçant compte tenu de la rigidité du câble USB fourni : il suffit de toucher le câble pour que la caméra bouge un peu.
Il faut cependant noter que cette liberté de la caméra est rendue nécessaire par le fait que la longueur du tube est ajustable, ce qui permet de jouer sur la netteté de l'image produite.
La caméra est une Swift EC5R de 5Mpixels, permettant la capture de photo et de vidéos d'une définition maximale de 2592x1944.
Il est possible de la remplacer par des modèles plus récents et/ou plus perfectionnés, mais à des tarifs prohibitifs : l'EC5R se trouve aux alentours de 100€, ce que je trouve déjà relativement excessif.
Le port USB micro-B est situé sur le haut de la caméra dans le prolongement du tube, et rien n'est vraiment prévu pour le passage du câble ce qui, compte tenu de sa rigidité encore une fois, risque de le mettre sur notre chemin.
Mais là aussi, il faut relativiser : avec une tête pivotant à 360°, il faut bien que le câble soit libre !
## Lames
Une boîte de dix lames est fournie avec le microscope, dont cinq vierges et cinq préparées :
- une patte d'abeille ouvrière
- une coupe de testicule de lapin
- une coupe de muscle squelettique de chien
- une coupe d'épiderme d'oignon
- une coupe de graine de tournesol
Si cela permet d'utiliser son microscope directement sorti de sa boîte, on regrettera toutefois que si peu de lames préparées soient proposées.
Certains microscopes vendus bien moins chers peuvent en proposer jusqu'à 25.
De plus, les lames employées ne semblent pas être très bien lavées.
Mais je suis bon public : Swift met au moins quelque chose à notre disposition.
D'autres constructeurs sont moins généreux.
N'oublions pas toutefois à qui s'adresse ces produits.
Dans cette gamme de prix, on est censés avoir passé le stade de la découverte.
C'est un détail mais je note que la boîte est robuste malgré sa faible contenance.
Peu importe : on trouve des valisettes de rangement pour 100 lames à moins de 15 euros sur internet...
Nous explorerons ces lames dans un article ultérieur.
## Clé USB
La clé USB fournie est revêtue de métal et dispose d'un couvercle pivotant.
Sa faible capacité de 1Go ne la destine pas vraiment à stocker autre chose que ce qui y est déjà, à savoir le logiciel Swift Imaging 3.0 et son manuel (de 138 pages), ainsi qu'un guide d'installation des différentes caméras du fabriquant.
Voici le contenu complet de la clé :
```shell
/Volumes/DISK_IMG
├── Linux Installer Files
│   ├── Swift Imaging 3.0_Linux_64-bit.tar.bz2
│   └── Swift Imaging 3.0_Linux_86-bit.tar.bz2
├── Mac Installer Files
│   └── Swift Imaging 3.0_Mac.dmg
├── SDK & Driver Files
│   ├── Swift Imaging 3.0_DshowSetup.exe
│   ├── Swift Imaging 3.0_SDK.zip
│   └── Swift Imaging 3.0_TwainSetup.exe
├── Software Installation Guide(Chinese Version).txt
├── Software Installation Guide(English Version).txt
├── System Volume Information
│   ├── IndexerVolumeGuid
│   └── WPSettings.dat
├── User Manual
│   ├── Quick Start Guide
│   │   ├── EC Series
│   │   │   └── Swift EC Quick Start Guide EN DE CN JP.pdf
│   │   └── Swiftcam Series
│   │   ├── Swiftcam Camera Quick Start Guide_CN配U盘.pdf
│   │   ├── Swiftcam Camera Quick Start Guide_DE配U盘.pdf
│   │   ├── Swiftcam Camera Quick Start Guide_EN配U盘.pdf
│   │   └── Swiftcam Camera Quick Start Guide_JP配U盘.pdf
│   └── Software Help Manual
│   ├── Help Manual (Chinese Version).pdf
│   └── Help Manual (English Version).pdf
└── Windows Installer Files
└── Swift Imaging 3.0_Windows_32&64-bit.exe
11 directories, 18 files
```
Il reste un peu moins de 300Mo de disponibles sur la clé.
Il est très appréciable d'y trouver des versions pour macOS et GNU-Linux (en 32 et 64bits) en plus de la version Windows.
C'est d'ailleurs l'un des facteurs qui m'ont décidé pour cet achat.
On appréciera aussi la présence d'un SDK qui a l'air assez complet, utilisable en python, Java, .Net, etc., avec des spécificités pour chaque système d'exploitation.
J'ignore si je vais m'en servir un jour, mais [venant initialement de l'informatique](https://richard.dern.ovh/), je suis ravi de voir tout cela.
Le code source intégral de l'application aurait été encore plus appréciable, mais c'est déjà pas mal.
Je vous proposerai le test de l'application dans un autre article.
## Conclusion
![IMG_0726](images/IMG_0726.jpeg)
Il me tarde évidemment de placer mes propres échantillons sous ces objectifs, mais déjà là mon enthousiasme est revenu à des niveaux similaires à ma bonne époque de l'informatique.
Je me réjouie d'explorer les cinq lames préparées, ce qui me permettra de me familiariser avec la bête, comprendre l'impact de chaque réglage sur l'observation, constater les limites de l'appareil, etc.
Il m'en a coûté 409€, mon cadeau de Noël pour 2024.
Investissement a moyen ou long terme, l'avenir nous le dira, mais en tout cas, investissement sur ma bonne santé mentale.
Jusque là, il vaut chaque euro dépensé.
Je vais devoir me retenir de spammer de nouveaux articles prochainement !

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@@ -0,0 +1,3 @@
title: "Caméra active dans Swift Imaging"
description: "Une fois la caméra sélectionnée, son flux s'affiche dans le volet principal. Notez les trois grains visibles, probablement des poussières que je vais avoir du mal à nettoyer compte tenu de leur localisation. Notez aussi que le diaphragme est désaxé. Cela peut être du à un mauvais alignement du tube de la caméra, ou à une mauvaise conception, je l'ignore encore."
file: images/camera.png

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@@ -0,0 +1,3 @@
title: "Interface du logiciel Swift Imaging"
description: "L'application n'est pas à l'aise avec le mode sombre du système d'exploitation."
file: images/dark-mode.png

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@@ -0,0 +1,2 @@
title: "Interface du logiciel Swift Imaging"
file: images/screenshot.png

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@@ -0,0 +1,3 @@
title: "Accueil du logiciel Swift Imaging"
description: "Le volet de gauche, constitué de plusieurs panneaux, permet la sélection et la configuration de la caméra."
file: images/home.png

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@@ -0,0 +1,3 @@
title: "Barre d'outils de Swift Imaging"
description: "Le bouton pour démarrer le mode *Enhanced Depth of Field* (*EDF*) se trouve à l'extrémité droite de la barre d'outils."
file: images/screenshot-edf.png

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@@ -0,0 +1,3 @@
title: "Barre d'outils de Swift Imaging"
description: "Le bouton pour démarrer le mode mosaïque se trouve tout à droite de la barre d'outils."
file: images/screenshot-mosaique.png

Binary file not shown.

After

Width:  |  Height:  |  Size: 2.8 MiB

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After

Width:  |  Height:  |  Size: 659 KiB

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After

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After

Width:  |  Height:  |  Size: 65 KiB

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After

Width:  |  Height:  |  Size: 65 KiB

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After

Width:  |  Height:  |  Size: 4.8 MiB

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@@ -0,0 +1,199 @@
---
cover: images/screenshot.png
date: 2024-11-14
summary: Découverte du logiciel fourni avec mon microscope Swift SW350T.
title: Swift Imaging v3.0
---
La clé USB fournie avec mon premier microscope (dont le contenu est détaillé dans [mon article précédent](/interets/microscopie/2024/11/08/decouverte-de-mon-premier-microscope/)) propose l'installation du logiciel propriétaire Swift Imaging dans sa version 3.0 (en français), ainsi que son manuel d'environ 180 pages (en anglais et en chinois).
Mes 35 ans d'[expérience en informatique](https://richard.dern.ovh/) m'ont fait présumer d'un logiciel mal conçu, peu intuitif et déraisonnablement compliqué.
Le mode de distribution par clé USB, à l'heure d'Internet, m'évoque un autre temps de l'informatique, révolu.
Mais une fois le logiciel installé sur mon Mac en quelques clics, mes préjugés s'évaporent, après un léger bémol toutefois.
## Fenêtre principale
Le bémol en question concerne l'apparence du logiciel : il ne supporte pas le mode sombre.
En cause : des icônes monochromes dont la couleur ne s'adapte pas au reste de l'interface.
La même remarque est à formuler concernant d'autres éléments de l'interface, notamment certains textes.
En tant que développeur, j'ai tendance à dire que ce serait facile à corriger, quoique fastidieux, en utilisant des couleurs abstraites fournies par le système d'exploitation.
![dark-mode](images/dark-mode.png)
Il suffit de passer sur un thème système clair pour que l'application soit parfaitement utilisable.
C'est un peu contraignant mais pas rédhibitoire.
### Sélection de la caméra
![home](images/home.png)
Branchée en USB, la caméra devrait être immédiatement reconnue et listée dans le panneau de gauche.
Après l'avoir sélectionnée, les contrôles de paramétrage de la caméra (dans les panneaux inférieurs, toujours à gauche) s'adaptent en fonction des possibilités de la caméra sélectionnée.
Mon modèle étant assez basique (comparativement aux autres modèles vendus par Swift), un certain nombre de contrôles disparaissent, épurant ainsi l'interface, ne laissant que le nécessaire.
Évidemment, le flux de la caméra apparait alors dans le panneau principal.
![camera](images/camera.png)
## Premiers essais
Là encore, comme indiqué dans un article précédent, Swift fourni une boîte de dix lames dont cinq préparées.
Je mentionnais que c'était peu, tout en rappelant qu'un microscope à près de 450 euros n'est plus vraiment dédié à la découverte mais à un usage un peu plus avancé.
Quoi qu'il en soit, ces lames ont le mérite d'exister : autant les inspecter sans plus tarder !
> Les grossissements indiqués ci-après sont ceux des objectifs employés.
> On ne tient pas compte des grossissement des oculaires qui n'interviennent pas dans l'utilisation de la caméra.
> Comme je l'ai indiqué en ouverture de ce site, je ne sais rien d'autre en matière de microbiologie que ce que j'ai appris à l'école il y a plus de vingt ans.
> En conséquence, j'ai demandé de l'aide à ChatGPT 4 pour nommer ce que j'ai observé, puis j'ai essayé de confirmer grâce, notamment, à la Wikipédia.
### Épithelium d'oignon
{{< extimage "https://git.dern.ovh/photomicrographie/epithelium-d-oignon/raw/branch/main/2024/11/13/4x-full.jpg?raw=true" "center" "Cartographie de la lame" "Swift Imaging offre une fonctionnalité intéressante appelée *stitching*, ou *mosaïque*, permettant de produire une image unique composée de toute la surface de l'échantillon." "Richard Dern" >}}
L'une des fonctionnalités les plus intéressantes de l'application est la possibilité de produire des mosaïques avec la technique du _stitching_ (_couture_) : cela permet de cartographier la surface de l'échantillon en déplaçant le plateau sur l'axe X/Y.
Étant donné que sans plateau motorisé, la procédure est un peu fastidieuse, je me suis contenté de le faire à l'objectif 4x.
![screenshot-mosaique](images/screenshot-mosaique.png)
{{< extimage "https://git.dern.ovh/photomicrographie/epithelium-d-oignon/raw/branch/main/2024/11/13/10x.jpg?raw=true" "center" "Épithélium d'oignon, objectif 10x" "La même lame, observée à l'objectif 10x" "Richard Dern" >}}
On commence à voir que la maîtrise de la lumière est essentielle.
Plus on observe le sujet de près, plus il faut l'éclairer.
Ici, bien que l'on puisse assez bien observer les membranes et les noyaux des cellules, j'aurais pu augmenter un peu l'apport de lumière.
J'aurais pu aussi corriger l'exposition en _post-production_ avec un logiciel de retouche, voire directement dans Swift Imaging.
{{< extimage "https://git.dern.ovh/photomicrographie/epithelium-d-oignon/raw/branch/main/2024/11/13/40x.jpg?raw=true" "center" "Épithélium d'oignon, objectif 40x" "La même lame, observée à l'objectif 40x" "Richard Dern" >}}
Quand on commence à explorer les grossissements supérieurs au 10x, il devient intéressant de jouer avec le condenseur et son diaphragme : cela permet notamment d'intervenir sur le contraste de l'image.
Ici, cela m'a permis de mettre en évidence ce qui semble être le [nucléole](https://fr.wikipedia.org/wiki/Nucléole) de la cellule.
Swift Imaging offre une autre fonctionnalité intéressante : _Enhanced Depth of Field_ (_EDF_).
Dans ce mode d'observation, on peut améliorer les niveaux de détails d'une image à partir de plusieurs autres images prises à des niveaux différents.
Lors de l'usage de ce mode, la précision de l'image est améliorée en jouant sur la molette de réglage fin du microscope.
Bien que, comme pour la mosaïque, un peu de pratique sera nécessaire pour en tirer pleinement profit, le logiciel nous simplifie considérablement la tâche.
![screenshot-edf](images/screenshot-edf.png)
En outre, à partir d'un objectif de 40x, on se rend compte que les mouvements opérés sur et autour du microscope font bouger l'échantillon : il faut apprendre à être délicat !
On peut voir sur la photo suivante que ces mouvements ont provoqué un déclage visible à droite et en bas, et il en résulte une image moins précise que ce que j'aurais pu obtenir.
{{< extimage "https://git.dern.ovh/photomicrographie/epithelium-d-oignon/raw/branch/main/2024/11/13/40x-EDF.jpg?raw=true" "center" "Épithélium d'oignon, objectif 40x, *Enhanced Depth of Field* (*EDF*)" "La même lame, observée à l'objectif 40x avec *Enhanced Depth of Field* (*EDF*)" "Richard Dern" >}}
Malgré ces imperfections, la technique de l'_EDF_ met en évidence ici un [cytoplasme](https://fr.wikipedia.org/wiki/Cytoplasme) moins uniforme qu'il ne paraissait auparavant.
En vérité, l'_EDF_ sera intéressant dès lors que l'échantillon aura une certaine épaisseur, et à tous les grossissements.
### Graine de tournesol
{{< extimage "https://git.dern.ovh/photomicrographie/graine-de-tournesol/raw/branch/main/2024/11/13/4x.jpg?raw=true" "center" "Graine de tournesol, objectif 4x" "" "Richard Dern" >}}
L'observation de la graine de tournesol s'avère assez frustrante : peu importe le grossissement employé et les réglages fins utilisés, l'image semble floue.
En réalité, on peut voir que les cellules du bord de la graine sont nettes, mais l'épaisseur de l'échantillon et les caractéristiques des éléments constituant la graine font que leurs parois apparaissent floues.
{{< extimage "https://git.dern.ovh/photomicrographie/graine-de-tournesol/raw/branch/main/2024/11/13/10x-EDF.jpg?raw=true" "center" "Graine de tournesol, objectif 10x, *EDF*" "La même lame à l'objectif 10x avec *EDF*" "Richard Dern" >}}
Comme dit précédemment, l'_EDF_ améliore quelque peu la netteté, tout en montrant des détails intéressants.
Ici, on peut observer les tissus vasculaires formant des faisceaux (à droite) orientés vers les cellules du [parenchyme](https://fr.wikipedia.org/wiki/Parenchyme).
{{< extimage "https://git.dern.ovh/photomicrographie/graine-de-tournesol/raw/branch/main/2024/11/13/40x.jpg?raw=true" "center" "Graine de tournesol, objectif 40x" "La même lame à l'objectif 40x" "Richard Dern" >}}
En 40x, on peut clairement voir l'aspect "moelleux" des cellules du parenchyme, même sans faire appel à _EDF_.
### Patte d'abeille ouvrière
{{< extimage "https://git.dern.ovh/photomicrographie/abeille-ouvriere/raw/branch/main/2024/11/13/4X.jpg?raw=true" "center" "Patte d'abeille ouvrière, objectif 4x" "" "Richard Dern" >}}
La lame contenant la patte d'une abeille ouvrière offre un challenge et un résultat intéressant, tous deux dus à l'épaisseur de l'échantillon.
Ici, il n'est pas question d'une coupe micrométrique : c'est l'ensemble de la patte qui est proposé.
{{< extimage "https://git.dern.ovh/photomicrographie/abeille-ouvriere/raw/branch/main/2024/11/13/4x-EDF.jpg?raw=true" "center" "Patte d'abeille ouvrière, objectif 4x, *EDF*" "" "Richard Dern" >}}
Pour cette prise de vue, je me suis intéressé au tarse et sa partie intermédiaire, la brosse à pollen.
Avec l'_EDF_, on voit très clairement l'implantation des poils utilisés par l'abeille pour se nettoyer ou collecter le pollen.
Les taches noires sur le fond blanc extérieur sont des imperfections du verre de la lame.
{{< extimage "https://git.dern.ovh/photomicrographie/abeille-ouvriere/raw/branch/main/2024/11/13/4x-EDF-psy.jpg?raw=true" "center" "Patte d'abeille ouvrière, objectif 4x, *EDF*" "Psychédélique !" "Richard Dern" >}}
L'_EDF_ et le condenseur permettent toutes sortes d'excentricités optiques : fermer (ou ouvrir, comme ici) excessivement le diaphragme peut provoquer des aberrations chromatiques (volontaires ou non) qui, combinées à la composition d'images via l'_EDF_, peut offrir des effets pour le moins... intéressants !
{{< extimage "https://git.dern.ovh/photomicrographie/abeille-ouvriere/raw/branch/main/2024/11/13/10x.jpg?raw=true" "center" "Patte d'abeille ouvrière, objectif 10x" "" "Richard Dern" >}}
En 10x, on peut voir des détails de l'articulation des griffes...
{{< extimage "https://git.dern.ovh/photomicrographie/abeille-ouvriere/raw/branch/main/2024/11/13/40x-EDF.jpg?raw=true" "center" "Patte d'abeille ouvrière, objectif 40x, *EDF*" "" "Richard Dern" >}}
...encore plus évidents en 40x avec _EDF_.
Cela reste un peu flou à cause de mon manque de maîtrise.
Il faut vraiment que j'arrive à nettoyer ces poussières... (les trois taches noires au centre et à gauche).
### Muscle squelettique de chien
La préparation offerte par Swift manque un peu de colorant : l'échantillon est très pâle et cela se ressent sur les prises de vue, en particulier aux faibles grossissements
Peut-être que j'aurais pu, au moins partiellement, corriger cela en post-traitement.
{{< extimage "https://git.dern.ovh/photomicrographie/muscle-squelettique-de-chien/raw/branch/main/2024/11/13/4x.jpg?raw=true" "center" "Muscle squelettique de chien, objectif 4x" "" "Richard Dern" >}}
La morphologie classique des tissus musculaires se retrouve sans le moindre doute, y compris au plus faible grossissement.
{{< extimage "https://git.dern.ovh/photomicrographie/muscle-squelettique-de-chien/raw/branch/main/2024/11/13/10x.jpg?raw=true" "center" "Muscle squelettique de chien, objectif 10x" "" "Richard Dern" >}}
Je me suis focalisé sur cette structure particulière (ici observée au 10x), qui se révèle être une petite veine ou une artère.
{{< extimage "https://git.dern.ovh/photomicrographie/muscle-squelettique-de-chien/raw/branch/main/2024/11/13/40x-EDF.jpg?raw=true" "center" "Muscle squelettique de chien, objectif 40x, *EDF*" "" "Richard Dern" >}}
Sur cette photo, bien qu'encore floue malgré l'usage de l'_EDF_, on peut voir les cellules qui constituent la paroi du vaisseau sanguin.
{{< extimage "https://git.dern.ovh/photomicrographie/muscle-squelettique-de-chien/raw/branch/main/2024/11/13/40x-EDF-2.jpg?raw=true" "center" "Muscle squelettique de chien, objectif 40x, *EDF*" "" "Richard Dern" >}}
En me promenant sur la lame, j'ai pu voir une structure plus sombre que les autres.
Au 40x et avec l'_EDF_, on s'aperçoit qu'il s'agit d'un amas "inattendu" de cellules, probablement du à une petite inflammation ou un léger traumatisme du muscle.
### Testicule de lapin
La lame permettant d'observer une coupe de testicule de lapin est bien colorée, ce qui va nous permettre d'observer des détails intéressants grâce au contraste proposé.
{{< extimage "https://git.dern.ovh/photomicrographie/testicule-de-lapin/raw/branch/main/2024/11/13/4x.jpg?raw=true" "center" "Testicule de lapin, objectif 4x" "" "Richard Dern" >}}
Ainsi, les tubules séminifères sont parfaitement reconnaissables, avec un bon niveau de détail et de contraste dès le plus faible grossissement.
{{< extimage "https://git.dern.ovh/photomicrographie/testicule-de-lapin/raw/branch/main/2024/11/13/10x.jpg?raw=true" "center" "Testicule de lapin, objectif 10x" "" "Richard Dern" >}}
En passant à l'objectif 10x, on commence à voir les [cellules de Leydig](https://fr.wikipedia.org/wiki/Cellule_de_Leydig) dans le tissus intersticiel, et la structure en faisceaux spiralés au centre des tubules.
{{< extimage "https://git.dern.ovh/photomicrographie/testicule-de-lapin/raw/branch/main/2024/11/13/40x.jpg?raw=true" "center" "Testicule de lapin, objectif 40x" "" "Richard Dern" >}}
C'est au centre de ce "vortex" (ici vu au 40x) que sont libérés les spermatozoïdes à l'issue de la spermatogenèse.
{{< extimage "https://git.dern.ovh/photomicrographie/testicule-de-lapin/raw/branch/main/2024/11/13/100x.jpg?raw=true" "center" "Testicule de lapin, objectif 100x" "" "Richard Dern" >}}
Pour ma première observation à l'objectif 100x, je ne me suis pas risqué à employer l'huile à immersion.
Néanmoins, cela permet d'avoir un aperçu un peu plus précis, quoique flou, des cellules de Leydig.
## Conclusion
### Swift Imaging v3.0
Le logiciel est une bonne surprise pour moi.
La facilité avec laquelle j'ai pu faire une mosaïque et jouer avec la profondeur de champ me laisse penser qu'il ne constituera pas un maillon faible dans mes observations.
Je craignais qu'en plus de devoir apprendre à maitriser mon matériel, je doive également subir une courbe d'apprentissage importante de la partie logicielle.
J'apprécie la gratuité de l'application, évidemment, et sa relative ouverture (dans la mesure où un SDK est fourni).
Évidemment, il eût été encore plus appréciable, surtout dans une optique de science ouverte et/ou participative, de disposer des sources du logiciel.
Les non-anglophones seront ravis de voir que l'interface est entièrement traduite, au contraire du manuel.
En ce qui me concerne, du moment que l'anglais est proposé, cela me convient.
### Premières observations
J'ai eu une brève période pendant laquelle je me suis pris d'intérêt pour la photographie "classique", et je réalise que la même règle d'or s'applique pour la photomicrographie.
Elle est même encore plus importante, parce que nous flirtons avec les limites physiques.
**Il est capital de maîtriser la lumière**.
Et force est de constater qu'au cours de mes premières observations, je ne la maîtrise pas !
Pourtant, curieusement, cela m'intimide moins que lors de sessions de photographie "traditionnelle".
Bien au contraire !
Il me reste alors une barrière psychologique à surmonter : l'huile à immersion.
Je suis terrifié à l'idée de l'utiliser : j'ai peur d'oublier d'en avoir utilisé et donc d'oublier de nettoyer l'objectif après usage.
Mais sans cela, je ne pourrais pas profiter pleinement de l'objectif 100x...

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@@ -0,0 +1,4 @@
title: "Lames concaves"
attribution: "Richard Dern"
description: "Une boîte de 50 lames concaves de microscope, avec une lame présentée au premier plan permettant d'observer le creux en son centre."
file: images/IMG_0820.jpeg

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@@ -0,0 +1,4 @@
title: "Lamelles"
attribution: "Richard Dern"
description: "Deux boîtes de 100 lamelles couvre-objet. La boîte de gauche été vendue avec les lames concaves ; celle de droite était fournie avec le microscope."
file: images/IMG_0822.jpeg

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@@ -0,0 +1,4 @@
title: "Moëlle de sureau synthétique"
attribution: "Richard Dern"
description: "Quelques bâtons de moelle de sureau synthétique."
file: images/IMG_0825.jpeg

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@@ -0,0 +1,4 @@
title: "Pipette de 10ml"
attribution: "Richard Dern"
description: "Une pipette de 10ml, sa pompe en caoutchouc et sa brosse de nettoyage."
file: images/IMG_0826.jpeg

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@@ -0,0 +1,4 @@
title: "Boîte à lames"
attribution: "Richard Dern"
description: "Une boîte permettant d'archiver 100 lames d'observations de 76x26mm."
file: images/IMG_0827.jpeg

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@@ -0,0 +1,4 @@
title: "Flacons en verre"
attribution: "Richard Dern"
description: "Une boîte de flacons en verre à bouchon avec opercule. Ces flacons peuvent contenir 20ml de liquide."
file: images/IMG_0828.jpeg

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@@ -0,0 +1,4 @@
title: "Trousse à outils"
attribution: "Richard Dern"
description: "J'ai choisi une trousse à outils contenant, je l'espère, tout ce dont je vais avoir besoin : ciseaux, spatules et diverses pinces destinées à manipuler des objets microscopiques."
file: images/IMG_0829.jpeg

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@@ -0,0 +1,4 @@
title: "Microtome manuel"
attribution: "Richard Dern"
description: "Un microtome manuel rangé dans sa boîte et le rasoir qui l'accompagne. La molette permet de régler l'épaisseur de coupe."
file: images/IMG_0830.jpeg

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@@ -0,0 +1,4 @@
title: "Lames plates"
attribution: "Richard Dern"
description: "Une boîte de 50 lames plates. Les lames que je me suis procuré n'ont pas de caractéristiques particulières : leurs bords sont rodés à 90° (et non biseautés), les angles sont droits (certaines lames sont limées au niveau des coins, comme mes lames concaves vues plus bas)."
file: images/IMG_0831.jpeg

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@@ -0,0 +1,4 @@
title: "Boîtes de Petri"
attribution: "Richard Dern"
description: "Une boîte de Petri de 100mm aux côtés d'une boîte de 40mm. Chaque taille a ses usages !"
file: images/IMG_0832.jpeg

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@@ -0,0 +1,4 @@
title: "Assortiment de produits chimiques"
attribution: "Richard Dern"
description: "Un assortiment de produits chimiques de base. De gauche à droite : beaume du Canada pour fixer les préparations, lugol (eau iodée), et trois colorants parmi les plus utilisés : fuchsine de Ziehl, éosine et bleu de méthylène."
file: images/IMG_0833.jpeg

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title: "Matériel et consommables utilisés en microscopie"
prompt: "An artistic and detailed depiction of a laboratory setup focused on microscopy. The image includes consumables like microscope slides, coverslips, staining solutions in small bottles, a microscope in the background, and various glassware such as beakers and pipettes. The scene is well-lit, emphasizing a professional and scientific atmosphere, with a clean and organized workspace. The color palette features neutral tones with hints of blue and green to evoke a scientific and sterile environment."
attribution: "DALL-E v3"
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date: 2025-01-06
draft: false
grid_columns: 1
summary: Outre le microscope, de quel matériel et de quels consommables avons-nous
besoin pour faire nos observations ?
title: Matériel et consommables
---
Une fois que les lames fournies avec le microscope (s'il y en a) ont été observées, deux options s'offrent à nous : acquérir de nouvelles lames préparées, ou les faire nous-même.
Évidemment, la deuxième option est la plus intéressante.
Il est tout à fait possible de s'affranchir complètement d'acquérir du matériel supplémentaire, même pour effectuer des observations sans lames et sans colorants.
Après tout, un microscope optique "simple" peut être vu comme une grosse loupe.
Néanmoins, on peut progressivement passer à des observations de plus en plus détaillées et intéressantes en s'équipant correctement.
Je recommande d'éviter les grosses boutiques en ligne, et de leur préférer des revendeurs locaux.
Il ne faut pas hésiter à demander aux pharmacies ou aux laboratoires qui pourront peut-être aiguiller vers des détaillants.
Pour ma part, j'ai fait une première commande chez un revendeur qui cible habituellement les écoles et lycées.
Attention toutefois aux délais : il m'a fallu presque un mois entier pour mettre la main sur mes produits.
## Lames et lamelles
![IMG_0831](images/IMG_0831.jpeg)
Les consommables les plus évidents et à acquérir le plus tôt possible sont les lames, sur lesquelles les futurs échantillons seront disposés.
Comme pour toute chose en ce monde, il en existe différentes sortes, de différentes tailles, avec différentes finitions et prenant place sur un large spectre de qualité.
Cependant, l'avantage d'évoluer dans un milieu aussi "confidentiel", c'est qu'il est assez facile d'obtenir des produits de _bonne_ qualité.
Les lames sont notamment caractérisées par leurs dimensions, en particulier la largeur et la longueur.
On trouve très facilement des lames de 75x25mm (ou 76x26mm), qui offrent une surface suffisante pour accueillir un bel échantillon ainsi qu'une étiquette pour le qualifier.
Il existe des lames plus petites (46x27 ou 48x28) et des plus grandes (75 à 76mm sur 38 à 52mm).
Si l'on veut conserver ses lames, on trouvera plus aisément des boîtes pour des lames de 75x25 ou 76x26 que pour les autres dimensions.
Pour ma part, j'ai trouvé des boîtes de qualité satisfaisante pour une quinzaine d'euros sur Amazon.
![IMG_0827](images/IMG_0827.jpeg)
Les lames peuvent être totalement plates, ou concaves.
Ces dernières sont idéales pour effectuer des observations de liquides sans écraser leur contenu.
On placera alors une goutte du liquide à observer dans le creux prévu à cet effet.
On peut tout à fait observer des liquides avec des lames plates, mais utiliser des lames concaves permet d'observer les mouvements de la Vie microscopique sans entraves.
![IMG_0820](images/IMG_0820.jpeg)
Certaines lames un peu plus haut-de-gamme offrent une surface sablée, permettant de bien différencier la zone observable et la zone sur laquelle on est censés marquer l'échantillon.
En outre, le bord des lames peut être relativement brut (les rendant donc assez désagréables à manipuler).
C'est pourquoi, là encore dans une gamme de prix un peu plus élevée, on peut trouver des lames avec des bords biseautés ou limés.
Mais, finalement, la caractéristique principale, celle dont on devrait le plus se préoccuper, c'est la clarté des lames.
Elles doivent être faites d'un verre le plus pur possible (afin d'éviter des grains sombres dans les prises de vue).
Malheureusement, il semble assez difficile de connaître cette caractéristique à l'avance, et il faudra sans doute se montrer un peu tolérant.
Les lamelles sont de fines plaques de verre recouvrant les préparations effectuées sur les lames.
Elles permettent de protéger et de fixer la préparation, et évitent un contact direct avec l'objectif du microscope, en particulier à fort grossissement.
Il paraît assez difficile de tomber sur de mauvaises lamelles, mais il est important de rappeler qu'il faut les choisir avant tout en fonction des objectifs du microscope : le marquage sur ces objectifs met en évidence l'épaisseur des lamelles à utiliser.
Généralement, cette épaisseur est de 0.17mm.
![IMG_0822](images/IMG_0822.jpeg)
Leur largeur et leur longueur dépendent évidemment des lames employées : pour des lames "classiques" de 26mm de large, on s'assurera que nos lamelles ne dépassent pas cette taille, sachant qu'elles font habituellement 20mm de côté.
En ce qui me concerne, j'ai payé 4€ pour une boîte de 50 lames de 76x26mm, mais 36€ pour une boîte de 50 lames concaves.
Le microscope était vendu avec une boîte de 100 lamelles, et les lames concaves étaient fournies avec une autre boîte de 100 lamelles.
Comptez 3€ la boîte de 100 lamelles achetée séparément.
## Microtome
![IMG_0830](images/IMG_0830.jpeg)
Là encore, on peut tout à fait s'en passer, à condition de ne pas être trop exigeant.
Le microtome est une trancheuse : c'est un outil pour réaliser des coupes d'une épaisseur très précise et réglable.
On parle d'un outil qui permet de réaliser des tranches d'une dizaine de microns d'épaisseur.
Le gros problème du microtome, c'est qu'il n'en existe que deux types : le microtome manuel (qui coûte une cinquantaine d'euros) et le microtome de laboratoire (qui vaut plus de 2000€ !).
Il n'y a rien entre les deux.
Il ne faut donc pas avoir peur de manipuler un rasoir capable de réaliser des tranches aussi fines.
Le microtome manuel consiste en une pièce de métal dans laquelle on va insérer notre échantillon à découper et d'une lame (un genre de rasoir de barbier).
Il est doté d'une molette permettant de choisir l'épaisseur de la coupe.
Si vous trouvez un détaillant de matériel de laboratoire près de chez vous et que la découpe des échantillons vous fait peur, vous pouvez toujours lui demander de le faire sur place, mais il vaut mieux le faire soi-même pour travailler avec des échantillons biologiques (animaux et végétaux).
"Sous-traiter" sera plus approprié pour des échantillons de roches ou de minéraux.
Un microtome manuel est plus facile à manipuler quand on piège notre échantillon dans de la moelle de sureau.
Cela fera l'objet d'un article dédié ultérieurement, mais avoir quelques bâtons de moelle dans son inventaire n'est pas superflu.
![IMG_0825](images/IMG_0825.jpeg)
Il va s'agir de tailler dans cette moelle un moule pour l'échantillon à découper afin qu'il reste bien en place et que la découpe soit bien nette (au lieu de l'écraser ou l'érafler).
On pourra alors insérer la moelle dans le microtome et procéder à un découpage propre.
Il existe des moelles synthétiques un peu moins chères et tout aussi efficaces.
Il faut compter 4€ pour six bâtons.
Il m'est encore difficile de quantifier mes besoins de ce type mais je pense que, même en prenant en compte le facteur "maladresse", 6 bâtons sont un bon début.
## Produits chimiques
L'utilisation de certains produits chimiques va permettre différentes choses dont je parlerai en détails dans le prochain article.
On peut déjà mentionner que nous aurons "besoin" de divers colorants et fixateurs.
Leur usage introduit certaines "complexités" qui rendent l'exploration microscopique encore plus intéressante.
Nous verrons dans ce prochain article les différents produits chimiques que nous pourrons utiliser, ainsi que les procédures et méthodologies associées.
![IMG_0833](images/IMG_0833.jpeg)
Il est tout à fait possible de complètement s'en passer : les fixateurs vont essentiellement permettre de figer les préparations dans le temps pour un stockage de "longue" durée et les colorants permettent d'améliorer le contraste de certaines structures cellulaires.
Mais on peut faire de magnifiques observations éphémères sans ces produits, et surtout, sans altérer l'échantillon : nous verrons que ces produits chimiques ont leur utilité dans certains contextes, mais ne devraient pas être utilisés systématiquement.
Les tarifs sont variables.
Il faut compter 5€ environ pour un flacon de 10ml de colorant par exemple, et une vingtaine d'euros pour certains fixateurs.
On préfèrera d'ailleurs les colorants sous forme liquide afin d'éviter de devoir les doser soi-même, mais si vous le voulez vraiment, il est tout à fait possible d'acheter les colorants sous forme de poudre.
## Outillage
Là, on peut laisser libre-court à sa fantaisie : l'essentiel est de disposer de pinces et de truelles assez petites pour manipuler des échantillons de l'ordre du millimètre.
On doit pouvoir déposer délicatement l'objet à observer sur la lame, qu'il s'agisse d'une tranche de tissus musculaire ou de tige de plante, sans l'écraser.
Les spatules (ce que j'appelle ironiquement des "truelles") serviront au dosage des colorants par exemple, ou pour déposer des grains fins pour observer du sable ou de la terre.
Pour ma part, j'ai opté pour une trousse de dissection qui contient tout le nécessaire, en plus d'avoir son propre rangement...
Comptez une trentaine d'euros pour un kit complet.
![IMG_0829](images/IMG_0829.jpeg)
Notez qu'il faut prévoir du matériel de qualité médicale : oubliez le matériel en plastique.
Dans l'absolu, il faudra nettoyer, désinfecter et stériliser le matériel.
N'envisagez pas autre chose que de l'acier inoxydable.
## Verrerie
Catégorie un peu fourre-tout.
J'ai probablement acheté plus que ce dont je vais avoir besoin, mais je suis prévoyant 😁
Le strict minimum va consister en un ensemble de bocaux de tailles diverses.
Leur rôle sera de stocker les échantillons entre le moment de leur prélèvement et leur observation.
J'ai acquis des flacons entre 10 et 200ml, en verre de qualité laboratoire, avec des bouchons étanches (scellés par une membrane en plastique).
![IMG_0828](images/IMG_0828.jpeg)
Des pipettes seront nécessaires.
On peut opter pour des pipettes en plastique, mais j'ai préféré prendre de grandes pipettes en verre, surmontées d'une pompe en caoutchouc : c'est robuste et réutilisable à l'infini.
![IMG_0826](images/IMG_0826.jpeg)
Un avantage de ces — relativement — grandes pipettes est qu'elles facilitent les prélèvements dans des cuvettes un peu profondes, telles que des bassins ou petites mares.
Des boîtes de Petri seront également utiles.
On peut en prendre de toutes les tailles : du "verre de montre" de 2cm de côté aux boîtes plus grandes permettant de cultiver le fameux blob.
Tout dépend de ce que vous avez l'intention de faire, mais rappelez-vous qu'une boîte de Petri a d'autres usages que simplement faire pousser des moisissures (qui restent fascinantes à observer évidemment).
![IMG_0832](images/IMG_0832.jpeg)
Ici, le budget est très variable.
Ce n'est pas ce qu'il y a de plus cher, mais il faut s'assurer de la qualité des produits.
Je dirais qu'un budget de 50€ serait raisonnable pour un genre de kit de démarrage avec des flacons, des pipettes et des boîtes de différentes tailles.
## Conclusion
En plus du prix du microscope, il faut compter l'achat de différentes fournitures, dont certaines sont des consommables.
Néanmoins, il faut relativiser ces dépenses : elles restent très ponctuelles, et à moins d'effectuer des dizaines d'observations par jour, il est probable que l'achat initial dure plusieurs mois, voire plus.
J'ai acheté certains produits parce que j'ai lu sur Internet que j'allais devoir m'en servir.
Pour d'autres produits, j'y suis allé au feeling, et comme je l'ai dit, je suis prévoyant.
Je découvre tout cela.
Cela fait partie du voyage, et c'est ce qui m'intéresse.
C'est pourquoi je consacrerai le prochain article spécifiquement aux colorants.
Leur composition, leur action chimique, les procédures d'usage, tout ce qui les concerne est passionnant en soi, et en apprendre plus me permettra de réaliser des observations encore plus intéressantes et plus belles que ce que j'ai vu pour l'instant, c'est-à-dire pas grand chose finalement !
La faute aux délais de livraison en novembre et décembre...

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title: "Cheval peint à l'ocre jaune et au bioxyde de manganèse dans la grotte de Lascaux"
attribution: "[Wikimedia Commons](https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Lascaux2.jpg)"
description: "Cheval peint à l'ocre jaune et au bioxyde de manganèse dans la grotte de Lascaux"
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title: "Les colorants"
prompt: "An artistic and colorful representation of a microscopic world, showcasing various biological structures such as animal and plant cells, microbes, and organic shapes, all vibrantly stained in diverse colors like bright blue, red, green, and yellow. The scene should feel vivid and visually striking, emphasizing how dyes and stains reveal hidden details in a normally transparent world. The design should strike a balance between artistic interpretation and scientific inspiration, with a focus on celebrating the beauty of microscopic life."
attribution: "DALL-E v3"
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date: 2025-01-18
grid_columns: 1
summary: Quels colorants utiliser pour faire de belles observations ? En a-t-on vraiment
besoin ?
title: Les colorants
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Quand j'ai commencé à me renseigner sur la photomicrographie, il est apparu assez rapidement que les [colorants](https://fr.wikipedia.org/wiki/Colorant) occupaient une place importante dans la préparation des lames.
C'est la raison pour laquelle mon "[kit de démarrage](/interets/microscopie/2025/01/06/materiel-et-consommables/)" comprenait trois colorants ([bleu de méthylène](https://echa.europa.eu/fr/substance-information/-/substanceinfo/100.000.469), [éosine](https://fr.wikipedia.org/wiki/Éosine) et [fuchsine](https://echa.europa.eu/fr/substance-information/-/substanceinfo/100.010.173)) et un réactif ([lugol](https://fr.wikipedia.org/wiki/Solution_de_Lugol)) parmi les plus faciles d'accès : j'ignorais tout des colorants lors de cet achat, je ne me suis basé que sur leur "popularité".
Mais la plupart de mes sources d'informations échouaient à répondre à des questions qui me semblaient fondamentales.
Des questions auxquelles je vais tenter de répondre dans cet article.
## Brève histoire des colorants
Les peintures rupestres sont probablement les plus anciens témoignages de l'utilisation de colorants dans l'histoire humaine.
Il est possible que des pigments colorés furent utilisés à même la peau (ce que l'on appelle vulgairement des marques tribales), même avant cela.
Les pigments résultaient de techniques d'extractions primitives, notamment le broyage de minéraux ou de végétaux.
L'ocre omniprésent des ornementations rupestres provient ainsi essentiellement d'hématite, c'est-à-dire d'oxyde de fer.
![Lascaux2](images/Lascaux2.jpg)
Les méthodes d'extraction se sont ensuite complexifiées, allant jusqu'à impliquer l'élevage d'insectes comme les cochenilles, dont l'usage remonte de la fin de la préhistoire jusqu'aux civilisations d'Amérique centrale et du sud, spécifiquement les Aztèques, Incas et Mayas.
Ces pigments servaient alors à orner les tissus, poteries et autres articles souvent réservés à l'élite des sociétés considérées.
Alors que dans l'Antiquité les colorants étaient principalement utilisés pour colorer artificiellement des onguents — afin de les distinguer — ou, pour certains, pour leurs propriétés thérapeutiques — réelles ou non, c'est à la Renaissance que l'on commença à utiliser les colorants dans un contexte réellement médical, où ils servent alors l'objectif d'analyse visuelle qui nous intéresse aujourd'hui.
Mais c'est lors de la Révolution Industrielle et la conception de colorants synthétiques que l'analyse visuelle connaît vraiment son essor.
Si certains colorants ou leurs usages potentiels ont été découverts fortuitement (comme le bleu de méthylène), d'autres ont été adaptés de colorants jusqu'alors utilisés habituellement dans le textile (comme l'[hématoxyline](https://echa.europa.eu/fr/substance-information/-/substanceinfo/100.007.490)), et d'autres encore ont été intentionnellement recherchés (le [violet de gentiane](https://echa.europa.eu/fr/substance-information/-/substanceinfo/100.008.140)).
Les colorants de synthèse remplacent alors peu à peu les colorants naturels pour un usage médical, même si certains subsistent encore de nos jours (là encore, comme l'hématoxyline) : ils confèrent encore parfois une coloration plus intense et plus ciblée que les substituts synthétiques actuellement disponibles.
Ils présentent néanmoins l'inconvénient d'impliquer une dépendance à une source naturelle à exploiter, végétale ou animale.
Citons enfin les colorants fluorescents, mais dont nous ne parlerons probablement pas sur ce site en raison des contraintes techniques qu'ils impliquent, à savoir l'éclairement de l'échantillon à l'aide d'une source lumineuse ultraviolette qui, mal utilisée, peut entraîner de graves problèmes chez l'observateur, et qui nécessite un microscope adapté.
Il est possible de bidouiller son microscope optique pour tenter de vaguement simuler la fluorescence, mais le rapport coût/bénéfice/risques n'est pas intéressant.
## Pourquoi utiliser des colorants ?
Un colorant, utilisé en photomicrographie, permet la mise en évidence de certaines structures cellulaires.
En théorie, on utilise un colorant parce que l'on souhaite faciliter la découverte de certains éléments que l'on soupçonne exister dans une préparation.
Un exemple concret est la recherche de bactéries dans un échantillon à l'aide de [violet de gentiane](https://echa.europa.eu/fr/substance-information/-/substanceinfo/100.008.140) : c'est la [coloration de Gram](https://fr.wikipedia.org/wiki/Coloration_de_Gram), mettant en évidence les staphylocoques en violet foncé (Gram positives) ou les salmonelles en rose (Gram négatives).
Notons que la coloration de Gram est un _processus_ dans lequel on utilise le violet de gentiane : le colorant est un _produit_, une [coloration](<https://fr.wikipedia.org/wiki/Coloration_(microscopie)>) est une _procédure_, parfois complexe, pouvant faire appel à plusieurs produits chimiques, voire plusieurs colorants.
Loin d'être un artifice visuel, le colorant est avant tout un facilitateur pour un usage médical, qui permet à l'observateur d'identifier rapidement la présence de certains éléments spécifiques dans un échantillon donné.
Sans colorant, la reconnaissance visuelle sous un microscope peut s'avérer au mieux fastidieuse, au pire trompeuse.
On comprend dès lors leur intérêt fondamental en médecine.
Dans un cadre moins formel, le gain de contraste offert par les colorants permet d'améliorer certaines prises de vue pouvant paraître fades.
Parfaitement maîtrisés, ils peuvent donc permettre d'ériger la photomicrographie en art visuel, apportant la sublimation à la beauté intrinsèque de la Nature.
## Comment fonctionne un colorant ?
Un colorant (par opposition à un réactif) n'a pas besoin d'une _réaction_ chimique pour colorer une substance : un colorant ne crée pas un nouveau complexe provoquant la coloration.
Ses [chromophores](https://fr.wikipedia.org/wiki/Chromophore) vont se fixer à une structure, notamment en raison de l'affinité de leur [pH](https://fr.wikipedia.org/wiki/Potentiel_hydrogène) : un colorant plutôt acide va se fixer plus facilement sur une structure basique et inversement.
Le bleu de méthylène étant basique, il aura tendance à se fixer sur des molécules acides (acidophiles), par exemple les noyaux de cellules puisqu'ils contiennent de l'ADN et de l'ARN (_A_ = _Acide_).
Inversement, l'éosine est un colorant acide qui va donc avoir une affinité particulière avec des composants basiques (basophiles) tels que les protéines cytoplasmiques.
Cette fixation va mettre en évidence ces structures, autrement dit améliorer leur contraste par rapport au reste de l'environnement observé.
On notera que certaines techniques de coloration font appel à la fois à des colorants acides et des colorants basiques.
On peut trouver des colorants d'une certaine couleur (bleu, rouge, vert, etc.) déclinés en solutions acides ou basiques.
Ainsi, si l'on souhaite colorer en bleu des cytoplasmes, ou des noyaux de cellules en rouge, il suffit de s'orienter vers un colorant bleu acide (respectivement, rouge basique).
On évitera donc le bleu de méthylène (qui est basique) ou l'éosine (qui est acide) dans ce cas : on choisira plutôt le bleu d'aniline (respectivement, la fuchsine basique).
Le pH est le facteur le plus pratique à utiliser pour déterminer quel colorant utiliser dans certaines circonstances, mais ce n'est pas le seul.
Les interactions électrostatiques peuvent également intervenir dans l'effet d'un colorant sur une substance : les membranes cellulaires, riches en phospholipides, portent une charge négative en raison des groupes phosphate.
Le bleu de méthylène peut donc se lier à ces membranes.
En outre, citons la [force de Van der Walls](https://fr.wikipedia.org/wiki/Force_de_van_der_Waals) qui a aussi son importance.
Mais au final, avec les colorants modernes et dans des cas généraux, on pourra se contenter de s'intéresser au pH du colorant et de la substance recherchée ou observée.
## Qu'est-ce qu'un réactif ?
Autre substance qui revient assez souvent : le lugol, qui est un réactif et non un colorant au sens premier du terme ; il pénètre la structure hélicoïdale de l'amylose qui compose l'amidon.
L'iodine fixé dans cette spirale [modifie la configuration électronique de l'ensemble](https://fr.wikipedia.org/wiki/Réaction_chimique), formant un _complexe_ provoquant l'absorption de la lumière, causant finalement une coloration typique bleu-noir.
En règle générale, un réactif a été créé dans un but particulier (réagir avec un composé spécifique) et son usage en tant que "colorant" profite de cette réaction.
Un réactif présente l'avantage de réagir avec une substance spécifique (par exemple, donc, le lugol avec l'amylose de l'amidon).
Cette réaction peut produire un nouveau composé, altérer la substance ou produire une précipitation qui se traduira éventuellement (mais ce n'est pas systématique) par une coloration spécifique.
Le rôle principal d'un réactif est **chimique** et non visuel : la coloration est une conséquence fortuite et non systématique de la réaction.
Mais lorsqu'une coloration est présente, elle est caractérisée par sa grande spécificité.
De fait, utiliser un réactif comme colorant peut se révéler d'une grande précision, trop grande pour un usage à l'aveuglette.
## Comment choisir ses colorants ou ses techniques de coloration ?
Je supposais naïvement, avant l'écriture de cet article et même encore après l'achat de mes premiers colorants, qu'il suffisait d'ajouter une goutte pour rendre n'importe quelle observation plus "attrayante", non sans une certaine logique.
Dans un cadre médical, un échantillon est aussi pur que possible, et on sait ce que l'on cherche : on sait donc quelles colorations utiliser.
Dans une observation d'hobbyiste, notre échantillon peut être constitué de beaucoup de substances différentes et nous n'avons pas forcément l'intention de mettre en évidence l'une d'entre elles en particulier.
En photomicrographie, on peut se permettre de faire preuve de créativité, et d'expérimenter sans attendre un résultat spécifique.
C'est un luxe que la médecine ne peut se permettre.
En conséquence, je dirais que, tant que l'on comprend comment fonctionnent les colorants, que l'on dispose d'une certaine culture de base à leur sujet — y compris et surtout les règles de manipulation applicable à chaque produit — il faut expérimenter.
On retiendra essentiellement que les techniques de coloration relativement complexes (qui font appel à d'autres produits chimiques, parfois dangereux à manipuler) servent des objectifs bien précis, et impliquent généralement la recherche de composés potentiellement dangereux pour la santé.
Si vous en êtes à vouloir activement observer des bacilles tuberculeux sur un échantillon préparé dans ce sens, vous devriez peut-être vous orienter vers des études sérieuses au lieu de faire ça sur un coin de table 😉
À ce stade — précoce — de mon "apprentissage" de la photomicrographie, j'ai envie de suggérer de s'équiper de ce qui se vend.
Si on trouve un revendeur qui propose des produits à faible coût (5€ un flacon de 10ml de colorant), il y a des chances que ce soit un produit largement utilisé.
Un colorant valant plus de 20€ est probablement un colorant complexe pour lequel un simple hobbyiste ne trouvera pas d'usage.
## Est-ce que les colorants présentent des risques ?
**Oui**.
Comme d'habitude : il faut bien lire les étiquettes sur les produits et se référer à la [Wikipédia](https://fr.wikipedia.org/wiki/Système_général_harmonisé_de_classification_et_d%27étiquetage_des_produits_chimiques#Voir_aussi) pour comprendre les codes apposés sur ces étiquettes.
Outre le risque de taches permanentes sur les vêtements et les surfaces, on parle tout de même de substances qui sont parfois dangereuses pour la Vie elle-même, à des niveaux plus ou moins élevés.
Le bleu de méthylène, par exemple, est considéré comme [corrosif et irritant](https://pubchem.ncbi.nlm.nih.gov/compound/6099).
Je ne suis pas la bonne personne pour prodiguer des conseils de bonne utilisation de produits chimiques, alors je vous renvoie vers les sites suivants :
- L'[INRS](https://www.inrs.fr)
- L'[ECHA](https://echa.europa.eu/fr/home)
- [QuickFDS](https://www.quickfds.com/fr/)
Le fabricant est tenu d'apposer des étiquettes conformes et de fournir une notice appropriée.
Mais outre les risques personnels, il faut prendre en considération que, colorants ou fixateurs, l'utilisation de ces produits sur un échantillon l'altère.
On évitera de s'en servir pour observer un échantillon vivant : c'est évident pour les fixateurs (qui vont tuer les organismes), mais cela peut aussi être vrai pour les colorants.
## Faut-il utiliser systématiquement des colorants ?
Non, à cause de la question précédente.
On pourra utiliser des colorants sur des préparations que l'on voudra rendre permanentes.
Il reste possible d'utiliser des colorants typiques sur des échantillons vivants, à condition qu'ils soient très dilués (ce qui réduit d'autant leur intérêt) et que le temps d'exposition soit assez court (c'est-à-dire, que l'on procède à l'observation le plus rapidement possible après application).
En fin de compte, pour une observation en temps réel, par exemple d'organismes vivants dans une goutte d'eau, on s'abstiendra d'ajouter tout produit chimique.
Je garde en tête deux cas d'usage pour les colorants dans le contexte d'un hobby :
- pour un effet "artistique" (reconnaissons que, outre l'aspect scientifique, certaines observations peuvent simplement être magnifiques)
- pour la mise en évidence de structures particulières, comme on l'a déjà mentionné, ce qui implique que l'on sait ce que l'on s'apprête à observer, et ce que l'on veut montrer
## Quelles sont les erreurs à éviter ?
1. **Trop de colorant, cest trop !**
- Appliquer une quantité excessive de colorant peut masquer les détails fins de léchantillon. Une lame sursaturée ressemble souvent plus à une peinture quà une observation scientifique.
_Astuce_ : commencez par des concentrations faibles et ajustez si nécessaire.
2. **Oublier de rincer après la coloration**
- Certains colorants, comme le bleu de méthylène ou léosine, peuvent rester dans le milieu si vous ne rincez pas correctement. Résultat ? Votre lame entière se colore et devient illisible.
_Astuce_ : après chaque coloration, rincez doucement avec de leau distillée ou une solution tampon.
3. **Sous-estimer limportance du temps**
- Laisser un colorant trop longtemps sur un échantillon peut causer une surcoloration ou une dégradation des structures. Inversement, une coloration trop courte peut rendre les structures invisibles.
_Astuce_ : chronométrez chaque étape pour trouver le juste milieu.
4. **Confondre les colorants et les réactifs**
- Certains réactifs, comme le Lugol, ne fonctionnent pas comme des colorants classiques. Ils réagissent chimiquement avec des molécules spécifiques. Si vous les utilisez sans réflexion, vous pourriez obtenir des résultats inattendus, voire endommager léchantillon.
5. **Mélanger sans réfléchir**
- Combiner des colorants ou réactifs sans savoir comment ils interagissent peut produire des couleurs imprévues ou des précipitations qui obstruent léchantillon.
_Astuce_ : testez les combinaisons sur des échantillons non précieux avant dexpérimenter sur une lame importante.
6. **Ignorer les consignes de sécurité**
- Beaucoup de colorants sont toxiques, irritants ou difficiles à nettoyer. Oublier vos gants ou travailler sans ventilation peut transformer une simple coloration en problème de santé ou en désastre domestique.
_Astuce_ : portez des gants et travaillez dans un espace bien ventilé.
7. **Utiliser un échantillon mal préparé**
- Un échantillon mal fixé, mal nettoyé ou mal réparti sur la lame peut rendre la coloration inutile. Si vous observez une couche trop épaisse ou un amas de cellules, recommencez la préparation.
8. **Confondre la cible avec larrière-plan**
- Il peut être tentant de chercher des détails dans les zones colorées les plus intenses, mais souvenez-vous : ce sont les structures biologiques que vous voulez observer, pas le surplus de colorant mal rincé.
## Le maître mot : expérimentation
Je dis souvent : "_La meilleure source d'apprentissage est l'expérience_".
Avec un peu de méthode et d'organisation, la question : "_Quels colorants dois-je me procurer ?_" se simplifie.
On ne cherche plus quels colorants utiliser, on cherche les colorants ayant le meilleur rendu visuel, puisque c'est de cela dont il s'agit dans notre contexte.
On peut donc prendre les colorants qui nous inspirent, quitte à les compléter par la suite.
Si, comme moi, vous disposez de trois colorants et un réactif, préparez plusieurs lames, et consignez vos observations :
- une lame sans produit chimique (la lame témoin)
- quatre lames, une pour chaque colorant, et une pour le réactif seul
- quelques lames avec différentes combinaisons
Notons qu'en fonction des produits utilisés, leur combinaison sur la même lame peut présenter des risques.
Outre perdre l'échantillon qui peut être détruit, certains composés peuvent se révéler toxiques ou dangereux pour le manipulateur.
J'insiste encore une fois sur la lecture des fiches ou des étiquettes sur chaque produit, y compris en ce qui concerne l'élimination des déchets.
D'ailleurs, c'est une excellente occasion pour mettre en place un journal d'observation : cela peut aller d'un simple cahier à un document informatique, où l'on consigne chaque préparation en mentionnant les produits utilisés aussi bien que les sources des échantillons, chaque observation (y compris le grossissement et, pourquoi pas, les coordonnées indiquées sur la platine du microscope) et chaque interprétation.
Nous verrons dans un prochain article comment préparer une lame, avec et sans colorant.

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title: "Coloration au bleu de méthylène"
description: "L'un des organismes coloré au bleu de méthylène."
file: images/4J9vv.png

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@@ -0,0 +1,3 @@
title: "Structure arborescente colorée à l'éosine"
description: "Ces structures se retrouvent un peu partout sur la lame et ne semblent révélée que par l'éosine. La lame à l'éosine est la dernière que j'ai observé. J'ai nettoyé trop hâtivement les autres lames, ne me laissant pas le loisir de vérifier si ces structures y étaient présentes et visibles."
file: images/frame_0090.png

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@@ -0,0 +1,3 @@
title: "Organisme non identifié"
description: "Organisme non identifié présent dans mon échantillon d'eau stagnante. On peut apercevoir la membrane tout autour. Couleurs naturelles."
file: images/frame_0167.png

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title: "Organisme non identifié"
description: 'La fuchsine, bien que saturée, met bien en évidence ici la membrane de l''organisme, ainsi que ses "antennes".'
file: images/frame_0346.png

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@@ -0,0 +1,3 @@
title: "Cluster d'organismes"
description: "Un cluster de quatre organismes. Couleurs naturelles."
file: videos/cluster.mp4

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title: "Cluster d'organismes colorés à l'éosine"
description: 'Un cluster de quatre organismes colorés à l''éosine. La membrane partagée est mieux visible. On peut également distinguer les "antennes".'
file: videos/cluster_eosine.mp4

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title: "Un organisme bien vigoureux !"
description: "Dur de suivre ce petit organisme ! La coloration à l'éosine ne semble pas l'avoir affecté. Notez que, outre ma difficulté à le garder dans le cadre, il faut garder à l'esprit que dans une lame concave, il peut aussi se balader sur le plan vertical : ça fait trois molettes avec lesquelles jouer. Vivement que je puisse m'équiper d'une platine motorisée !"
file: videos/solo.mp4

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cover: images/4J9vv.png
date: 2025-01-26
draft: false
grid_columns: 1
summary:
Mes premières observations avec et sans colorants. Décevantes mais formatrices,
et suscitant l'introspection...
title: Premières observations
---
Mes premières observations — de lames préparées par mes soins — sont loin d'être aussi intéressantes que je l'espérais, et c'est normal !
Je n'ai que de vagues connaissances théoriques et virtuellement aucune pratique.
Les premières préparations ne seront peut-être jamais parfaites, elles présentent néanmoins l'intérêt d'être les premières, et en soi, c'est un accomplissement personnel.
En outre, j'ai pu voir quelques points à faire ou ne pas faire, et identifier ses erreurs fait partie du parcours initiatique.
## Des conditions suboptimales
Je voulais me faciliter la vie en utilisant un échantillon liquide (pour ne pas commencer à [sculpter la moelle de sureau et utiliser le microtome](/interets/microscopie/2025/01/06/materiel-et-consommables/) sans m'y familiariser un peu) : j'ai deux bacs dans le jardin remplis d'eau de pluie et à ciel ouvert.
En octobre, j'en avais déjà rapporté un prélèvement et observé une vie fourmillante, mais je n'ai pas enregistré ces observations.
Je m'attendais donc à un résultat similaire aujourd'hui.
On sort tout juste de plusieurs jours de gel avec des températures inférieures à -4℃.
Les bacs étaient couverts d'une couche de glace, mais pas complètement gelés.
La température extérieure actuelle est de 14℃.
J'espérais que deux jours à cette température auraient suffi à ce que la vie reprenne de façon spectaculaire dans ces bacs.
Malheureusement, mon échantillon s'avéra relativement désert.
J'imagine que j'aurai dû attendre de nouvelles pluies avant de faire mon prélèvement.
Je note également que, si je continue à utiliser l'iPhone, je vais devoir faire quelques paramétrages pour obtenir des prises de vue de meilleure qualité.
## De l'importance du matériel
Si je me suis bien équipé de gants et d'une blouse, il me manque encore un peu de matériel pour utiliser tout cela avec plus de confiance.
- Des micro-pipettes (éventuellement jetables) : je manque d'habileté avec mes grosses pipettes actuelles, idéales pour prélever l'échantillon depuis un récipient un peu profond (tel que mes bacs d'eau de pluie) mais effectivement inadaptées pour déposer une goutte correctement centrée sur la lame.
- Des buvards : les colorants de laboratoire sont très puissants. Les buvards sont indispensables pour éliminer l'excédent de colorant ou de l'échantillon liquide qui va immanquablement s'écouler aux bords de la lamelle.
Je me suis aussi procuré de petits plateaux dont je me sers pour préparer le matériel avant usage, et pour protéger mon plan de travail.
Ils se sont avérés très pratiques à l'usage, permettant de garder tout ce dont j'ai besoin sous la main tout en évitant que les colorants se répandent en cas de pépin.
## Syndrome de l'imposteur
En me relisant, un sentiment assez perturbant commence à naître en moi : la peur d'être jugé.
Je n'y connais rien, je n'ai pas de formation.
Quand on voit certains faire des vidéos de microbiologie sur Internet, on voit clairement qu'ils ont accès à un vrai laboratoire, avec des équipements adaptés.
Moi, je fais ça sur un coin de lavabo, trop bas et trop étroit pour être confortable.
Comment ne pas me dire que je suis ridicule ?
Cependant :
- qui va me faire une réflexion, sinon les _haters_ ? (encore faudrait-il qu'ils tombent sur mon site et sur un formulaire de contact que je n'ai toujours pas créé 😈)
- démarrer une nouvelle activité va toujours de pair avec l'incertitude : ce n'est pas ça qui va m'arrêter
- j'apprends, que ce soit grâce aux ratés comme aujourd'hui ou grâce aux réussites ultérieures ; c'est _apprendre_ qui est le plus important pour moi
Il faut aussi garder en tête un point très particulier : **je ne contribue pas à sauver des vies**.
Si je mets trop de colorant, on ne va pas rater une infection bactérienne potentiellement létale.
Donc, oui, je suis un amateur.
Oui, je suis mal équipé et mal meublé.
Oui, je vais faire des erreurs et affronter les déceptions.
Rien que je n'ai déjà connu par le passé dans ma carrière de développeur.
J'ai envie de dire : c'est OK d'avoir le syndrome de l'imposteur, de ne pas se sentir légitime.
Au pire, cela prouve que je ne suis pas arrogant, et au mieux, cela m'incite à continuer pour m'améliorer, et améliorer mes observations.
## Protocole
Afin d'éviter [un défaut présent sur la caméra](/interets/microscopie/2024/11/14/swift-imaging-v3/) fournie avec mon microscope, j'ai acquis un support premier prix pour mon iPhone.
Il devait me permettre de tester cette association.
Malheureusement, il réduit significativement le champ de vision, en plus de provoquer des aberrations chromatiques.
Comme j'utilise l'iPhone, je ne peux pas utiliser le logiciel proposé par Swift.
En l'absence d'une solution satisfaisante, je me suis contenté de QuickTime complété par iMovie.
Je suis donc toujours à la recherche d'une _stack_ logicielle convaincante, à la hauteur de Swift Imaging.
J'utilise mes lames concaves afin de préserver les mouvements naturels des créatures qui pourraient se trouver dans l'échantillon.
Une conséquence un peu embêtante des lames concaves est la difficulté de mise au point : les organismes [motiles](https://fr.wikipedia.org/wiki/Motilité) (capables de mouvement) bougent aussi sur le plan vertical et donc la mise au point doit se faire en temps réel.
C'est un exercice en soi qui explique donc au moins en partie pourquoi mes premières prises de vue sont _occasionnellement_ nettes...
Ça, et le fait que je suis plus habitué aux déplacements au clavier et au TrackPad qu'avec une paire de molettes.
J'ai donc préparé quatre lames :
- une sans aucun colorant
- une avec du bleu de méthylène
- une avec de l'éosine
- une avec de la fuchsine
Après avoir déposé, tant bien que mal, une goutte de l'échantillon dans la cavité de la lame, j'y ai ajouté une goutte de colorant, puis j'ai déposé une lamelle couvre-objet par-dessus, en m'efforçant de limiter les bulles d'air : c'est plus difficile à faire que sur une lame plate, et quelques bulles seront visibles.
### Lame brute
La lame brute est préparée sans colorant.
Les couleurs des organismes sont vraies, et il est fascinant d'en voir d'aussi vives sous le microscope, sans technique spécifique.
Je suis tombé assez rapidement sur un cluster inédit de quatre individus de l'espèce que j'avais principalement découverte dans mon échantillon datant d'octobre.
Du moins, je pense que ce sont quatre individus, même s'ils semblent partager une membrane commune.
{{< video "cluster" >}}
Un peu plus loin, j'ai pu observer un individu isolé et immobile.
Ses couleurs naturelles me laissent penser qu'il est dormant ou mort tardivement pendant la préparation.
![frame_0167](images/frame_0167.png)
### Bleu de méthylène
Ces organismes colorés au bleu de méthylène prennent des couleurs étonnantes : du bleu, évidemment, mais aussi un bel orange qui est en réalité la pigmentation naturelle de l'organisme, comme on l'a vu sur la lame brute.
On en déduit que les éléments colorés en bleu contiennent des substances acides (sans doute de l'ADN ou de l'ARN), et que les éléments non colorés pourraient être des [vacuoles](https://fr.wikipedia.org/wiki/Vacuole).
![4J9vv](images/4J9vv.png)
### Fuchsine
Il est clair que j'ai raté la coloration à la fuchsine en omettant de la re-doser avant application, ou tout simplement parce qu'elle n'est pas adaptée à cet échantillon.
Néanmoins, elle met en évidence la membrane externe de l'organisme, ainsi que ses deux "antennes" intérieures.
Le reste est malheureusement trop saturé de colorant pour y déceler quoique ce soit d'intéressant à mes yeux d'observateur candide.
![frame_0346](images/frame_0346.png)
### Éosine
J'ignore si c'est spécifiquement l'éosine qui a fait apparaitre ces structures, mais j'ai pu découvrir des éléments qui ressemblent vaguement à du corail.
![frame_0090](images/frame_0090.png)
Je constate d'ailleurs que l'éosine a été moins fatale aux organismes que ne l'ont été le bleu de méthylène et la fuchsine.
J'ai pu observer un individu isolé, mais vigoureux, et une autre grappe de quatre individus, eux aussi plutôt vigoureux puisqu'ils ont passé leur temps à nager dans leur membrane commune.
{{< video "solo" >}}
{{< video "cluster_eosine" >}}
## Interprétation des observations
Comme j'avais déjà observé cette eau il y a quelques mois, je savais plus ou moins ce que j'allais y trouver.
Il y a donc au moins un organisme que j'ai pu revoir (sans être encore capable de l'identifier), et que je cherchais activement sur mes lames.
D'abord surpris par le vide de mes échantillons, j'ai finalement pu voir avec satisfaction que cet organisme était présent sur les quatre lames.
Et, contre toute attente, j'ai observé quelque chose de nouveau : des agrégats de quatre de ces organismes sur différentes lames.
Je n'ai observé aucun agrégat de plus ou de moins de quatre individus.
Pouvoir interpréter ses observations est important, et force est de constater que j'en suis encore incapable.
Effectivement crucial dans le cadre de la médecine, c'est beaucoup moins central dans le contexte du hobby.
Néanmoins, pour ma culture personnelle, j'aimerais réussir à déterminer ce que j'ai vu.
Notamment :
- quelle est donc cette créature, avec ses deux "antennes" situées à l'intérieur de sa membrane ?
- pourquoi ai-je observé des agrégats de quatre individus qui semblaient se trouver dans la même membrane ? aurais-je donc assisté à une séance de cannibalisme ou de reproduction ? ou bien était-ce un comportement grégaire dû à la perturbation de leur environnement ?
Et, moins directement : est-ce que le vide relatif de mes lames est effectivement dû aux conditions particulières que j'ai décrites plus tôt ?
Certaines de ces réponses pourraient m'être données rapidement par n'importe quel biologiste, mais j'aime l'idée que je puisse y répondre par moi-même : il me suffit de prélever un nouvel échantillon à une période de l'année plus propice (dans un ou deux mois).
Je saurai alors si la fluctuation du nombre d'organismes présents dans mes bacs est fonction de l'environnement.
L'identification de la bestiole posera sans doute plus de problèmes, ce qui est une bonne chose : il se trouve que j'ai aussi envie d'apprendre la description scientifique.
Si je deviens capable de la décrire correctement (avec le vocabulaire adéquat), il devrait m'être d'autant plus facile de l'identifier.
## Conclusion
- Dire que j'ai raté une préparation, mais que cela contribue à mon apprentissage, n'est pas un truc de _looser_ : j'ai effectivement acquis mes premières notions de préparation de lames, notamment en mettant trop de colorant et en me précipitant un peu.
- Il faut être patient et méticuleux. Je le suis à l'extrême dans les domaines que je maîtrise, mais l'enthousiasme me fait faire des erreurs dans les domaines que je découvre.
Une chose est certaine, c'est que j'aime beaucoup utiliser les colorants.
Dans [mon précédent article](/interets/microscopie/2025/01/15/les-colorants/), je précisais que leur usage ne devait pas être systématique et je n'ai pas changé d'avis sur la question.
Néanmoins, je pense qu'il y a des choses à faire avec, dans un cadre plus artistique que scientifique.
Attention à un point que je découvre : les colorants et réactifs (et/ou leur conditionnement) dégagent de **fortes odeurs**.
En l'occurrence, mes produits chimiques m'ont été expédiés dans un sachet plastique scellé.
Ce n'est qu'au déballage que j'ai pu me rendre compte d'une puissante odeur émanant probablement du flacon d'eau iodée.
Le problème se résout facilement en nettoyant l'extérieur du flacon, et en aérant la pièce dans laquelle il se trouve.
Aucune fuite n'est à déplorer : j'en déduis que c'est au remplissage du flacon qu'un peu de solution a peut-être coulé à côté.
Pas de quoi s'inquiéter, cela fait partie des réflexes à avoir pour bien manipuler ses produits.
J'aurais dû les déballer plus vite et les stocker dans un contenant approprié (une boite en verre par exemple).
Je pense que je vais prendre l'habitude de colorer tous mes prélèvements, tout en variant les colorations.
Ici, j'ai voulu tester "vite fait" chaque colorant indépendant les uns des autres, mais la prochaine fois, je préparerai une lame mêlant bleu de méthylène et éosine.
Je pense aussi que je vais limiter l'usage des lames concaves (qui sont de toute façon très chères).
Cela devrait me simplifier certaines prises de vue si je n'ai pas besoin d'ajuster l'axe vertical en permanence, et me permettre de passer à un grossissement plus élevé.

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title: "Science et amateurisme"
prompt: "A symbolic and visually striking representation of the relationship between amateur and professional scientists. On one side, an amateur scientist in a cozy, dimly lit home office, surrounded by books, a microscope, and handwritten notes, passionately working late into the night. On the other side, a modern, high-tech research lab with professional scientists engaged in discussion and analysis. A soft, warm glow subtly connects both sides, symbolizing the shared pursuit of knowledge. The composition should emphasize curiosity, passion, and the ongoing dialogue between independent exploration and institutional science."
attribution: "DALL-E v3"
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date: 2025-02-23
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grid_columns: 1
summary:
Quelques réflexions sur la science participative, ses limites, et sur mon
rapport à l'amateurisme.
title: Science et amateurisme
---
## Introduction
En sciences, la distinction entre amateurs et professionnels n'a pas toujours existé.
Pendant des siècles, ceux que lon appellerait aujourdhui des "amateurs" n'étaient pas contraints par un cadre institutionnel strict.
Des figures comme [Galilée](<https://fr.wikipedia.org/wiki/Galilée_(savant)>), [Newton](https://fr.wikipedia.org/wiki/Isaac_Newton) ou [Darwin](https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Darwin) nont pas suivi un parcours académique structuré tel quon le conçoit aujourdhui.
Ce nest quavec lémergence des grandes institutions scientifiques, comme la [Royal Society](https://fr.wikipedia.org/wiki/Royal_Society), que sest progressivement établie une séparation entre la recherche institutionnalisée et la curiosité scientifique individuelle.
Alors, aujourd'hui, où se situent les passionnés qui, sans diplôme, cherchent tout de même à comprendre, expérimenter et, pourquoi pas, contribuer ?
Si lhistoire de la science est jalonnée dautodidactes ayant laissé leur empreinte, le monde scientifique moderne laisse-t-il encore une place à ces esprits curieux en dehors des institutions ?
Jai moi-même entrepris une démarche autodidacte en photomicrographie.
J'apprends à manipuler mon microscope, à observer, à comprendre ce que je vois.
Pourtant, je ressens souvent un vide : celui dune reconnaissance, non pas publique, mais légitime, une confirmation que mon travail est structuré, rigoureux et utile, et qu'il va dans la bonne direction.
Dans cet article, je souhaite explorer la place des amateurs en sciences aujourdhui.
Pourquoi certains domaines sont-ils plus ouverts que dautres ?
Quels sont les freins, quils soient institutionnels, méthodologiques ou simplement psychologiques ?
Enfin, comment un passionné peut-il dépasser le statut dobservateur pour devenir un acteur du progrès scientifique ?
## Lamateur face à la science académique
Un chercheur diplômé possède une formation approfondie qui lui confère un cadre méthodologique rigoureux, ce dont un amateur pourrait être dépourvu.
Toutefois, cela ne signifie pas quun amateur est systématiquement dénué de pertinence, ni que la parole d'un scientifique reconnu ne peut être remise en question.
Rappelons à titre d'exemple les affaires suivantes :
- [Andrew Wakefield et le lien frauduleux entre vaccin et autisme](https://lejournal.cnrs.fr/articles/sept-cas-celebres-de-scientifiques-accuses-de-fraude)
- [Hwang Woo-suk et le clonage humain falsifié](https://www.ihest.fr/wp-content/uploads/2020/06/2015-16-FRAUDE-SCIENTIFIQUE.pdf)
- [Didier Raoult et les rétractations liées à l'hydroxychloroquine](https://fr.wikipedia.org/wiki/Didier_Raoult)
Les universités jouent un rôle fondamental en formant les scientifiques et en assurant un filtre rigoureux sur les compétences validées à leur sortie.
La difficulté dont je veux parler ici réside dans la reconnaissance des amateurs méritants, qui ne passent pas par ce cadre institutionnel, mais qui produisent néanmoins un travail de qualité.
Lhistoire de la science est riche dexemples dautodidactes ayant apporté des avancées significatives.
Aux exemples donnés en introduction, ajoutons encore [Michael Faraday](https://fr.wikipedia.org/wiki/Michael_Faraday), issu dun milieu modeste et formé sur le tas, qui a révolutionné notre compréhension de lélectromagnétisme ; ou [Léonard de Vinci](https://fr.wikipedia.org/wiki/Léonard_de_Vinci), autodidacte dans de nombreux domaines, qui a combiné art et observation scientifique, bien quil nait jamais bénéficié dun cadre institutionnel.
Aujourdhui encore, des amateurs réalisent des avancées notables.
En mathématiques, [Zhang Yitang](https://fr.wikipedia.org/wiki/Zhang_Yitang), enseignant sans poste permanent, a résolu [un problème fondamental](https://annals.math.princeton.edu/2014/179-3/p07) sur les nombres premiers en 2013.
En 2019, [Aubrey de Grey](https://fr.wikipedia.org/wiki/Aubrey_de_Grey), un chercheur indépendant en biologie du vieillissement, a démontré une avancée majeure en mathématiques en proposant une solution à [une conjecture ouverte sur les graphes](https://arxiv.org/abs/1804.02385).
Sans compter les anonymes, comme ces astronomes passionnés qui ont parfois contribué à lidentification de nouvelles exoplanètes, ou ces férus d'ornithologie dont les efforts permettent d'accélérer le recensement des oiseaux, le tout via des projets collaboratifs.
Comment pourrait-on encore mieux intégrer ces contributions sans compromettre la rigueur scientifique ?
Plutôt que de prétendre y apporter une réponse définitive, il est important de reconnaître que cette problématique a déjà été étudiée.
De nombreuses publications et initiatives se sont penchées sur la question et ont proposé diverses pistes.
Parmi elles, on peut citer les collaborations entre amateurs et institutions académiques dans le cadre de programmes spécifiques, les plateformes ouvertes permettant la soumission et lévaluation de travaux, ainsi que les initiatives de vulgarisation destinées à valoriser ces contributions :
- **[Les Herbonautes](https://shs.cairn.info/revue-nectart-2020-2-page-120?lang=fr)** : Une initiative (parmi d'[autres](https://www.mnhn.fr/fr/participer-a-la-science)) du [Muséum national dhistoire naturelle](https://www.mnhn.fr/fr) permettant aux citoyens de participer à la numérisation et à l'annotation des collections dherbiers.
- **[Vigie-Nature](https://fr.wikipedia.org/wiki/Vigie-Nature)** : Un programme de sciences participatives où les bénévoles collectent des données sur la faune et la flore françaises pour aider à la conservation de la biodiversité.
- **[Atlasea](https://www.atlasea.fr/)** : Un projet collaboratif piloté par le CNRS et le CEA visant à constituer un atlas des génomes marins avec la participation de biologistes et de plongeurs amateurs.
- **[Cultures Visuelles](https://savoirs.unistra.fr/innovation/la-plateforme-cultures-visuelles-une-initiative-engagee-pour-lexploration-et-la-collaboration-dans-le-domaine-des-images)** : Une plateforme de lUniversité de Strasbourg favorisant léchange de connaissances entre chercheurs et amateurs sur lanalyse des images et des arts visuels.
- **[ANR Collabora](https://www.participarc.net/projets/anr-collabora-plateformes-contributives-culturelles)** : Un projet financé par lAgence Nationale de la Recherche visant à créer un réseau de réflexion et de collaboration entre institutions culturelles, chercheurs et amateurs.
- [Wikipédia](https://fr.wikipedia.org/wiki/Wikipédia:Accueil_principal), où, régulièrement, des appels à projet sont émis, avec l'avantage de la visibilité : sur sa page d'accueil, où tout le monde peut les voir
Ces exemples montrent que lintégration des amateurs dans la recherche scientifique est non seulement possible, mais aussi bénéfique pour lavancement des connaissances.
À cela, je souhaite ajouter mon propre point de vue sur la question.
Si un amateur peut tout à fait adopter une démarche rigoureuse et contribuer à la science, il peut aussi rejeter la méthode scientifique et défendre des idées pseudo-scientifiques sous prétexte dindépendance.
En outre, certains domaines doivent bien être encadrés, tels que la médecine ou les domaines qui ont un impact direct sur le public.
Par exemple, [une entreprise se permettant d'injecter du soufre dans l'atmosphère](https://www.technologyreview.com/2022/12/24/1066041/a-startup-says-its-begun-releasing-particles-into-the-atmosphere-in-an-effort-to-tweak-the-climate/) devrait simplement se voir privée de ses droits d'exercer.
Les pseudo-sciences se nourrissent souvent dun rejet des institutions académiques, mais aussi dune absence totale de cadre méthodologique et dauto-correction.
Un scientifique, quil soit amateur ou diplômé, se doit de formuler des hypothèses réfutables, dadopter une démarche reproductible et daccepter la remise en question de ses conclusions.
**La vraie distinction réside dans la méthode, non dans le statut.**
Malheureusement, la popularisation des pseudo-sciences nuit aussi à la crédibilité des amateurs sérieux.
Si certains autodidactes ont su produire des découvertes majeures, dautres sombrent dans des raisonnements biaisés et des croyances infondées.
La nuance est donc essentielle : être en dehors du système académique ne signifie pas forcément être dans lerreur, mais cela impose une rigueur encore plus grande pour prouver la validité de ses travaux.
## La science participative : une opportunité sous-exploitée ?
La démocratisation de l'information, par lessor du numérique et laccès aux publications scientifiques, ouvre la porte à une participation plus large.
Les bases de données en libre accès, les plateformes de prépublications et les outils collaboratifs permettent à n'importe qui d'accéder à des ressources scientifiques de haute qualité.
Cependant, plusieurs obstacles limitent encore cet accès :
- **Un déséquilibre entre observation et analyse** : La majorité des projets participatifs reposent sur des tâches d'observation et de photographie. Peu encouragent une analyse ou une réflexion plus approfondie.
- **Le manque de projets nécessitant des compétences intermédiaires** : La plupart des projets accessibles aux amateurs se basent sur des compétences de base (photographie, respect dun protocole simple). Il est rare de voir des initiatives exploitant des connaissances que lon peut acquérir en autodidacte sans formation académique.[^zooniverse]
- **Les biais cognitifs et le désintérêt du public** : De nombreuses personnes nont pas conscience quelles peuvent contribuer à la science, ou ne sy intéressent pas par manque dexposition à ces opportunités. Le biais dautorité pousse aussi à croire que seule une formation académique permet davoir un impact.
- **Le temps et leffort nécessaires pour valider les contributions amateurs** : Examiner des propositions issues damateurs représente un investissement en temps et en ressources pour les chercheurs. Dans un environnement académique où la pression à publier est forte, ce temps est souvent consacré à dautres tâches jugées plus prioritaires.
- **L'impact des motivations financières dans la recherche** : De nombreux chercheurs sont contraints (ou non) de publier fréquemment pour sécuriser des financements, ce qui peut [détourner du temps et des ressources](https://fr.council.science/blog/publish-or-perish-mentality/) vers des publications parfois peu pertinentes (voire [dangereuses](https://fr.wikipedia.org/wiki/Fraude_scientifique)). Si ce système privilégiait la [qualité plutôt que la quantité](https://www.equaltimes.org/le-business-des-revues?lang=fr), davantage de ressources pourraient être allouées à lexamen des contributions amateurs.
[^zooniverse]: Citons [Zooniverse](http://www.zooniverse.org/) qui recense un certain nombre de projets, essentiellement portés sur l'astronomie. Le site est en maintenance à l'heure où j'écris ces lignes.
Ces éléments montrent que si la science participative a fait des progrès, elle reste encore contrainte par des schémas qui limitent la pleine intégration des amateurs, voire des chercheurs eux-mêmes.
Ces schémas existent non sans raison, mais il serait peut-être possible de les assouplir.
Le [nombre de participants](https://sciencespourtous.univ-lyon1.fr/sciences-participatives-durables/) à des projets de ce type est en constante augmentation.
Avec une communication appropriée, on peut donc trouver une audience volontaire.
Il faut maintenant proposer des projets un peu plus avancés en définissant un cadre participatif un peu plus large.
## La reconnaissance et la validation : une quête intérieure autant quextérieure
Je vais désormais parler de mon expérience personnelle, puisque j'ai créé ce site comme un carnet de route de mon apprentissage autodidacte de la photomicrographie, mais il me plait de croire que mes réflexions sont pertinentes à bien d'autres domaines et à bien d'autres gens.
J'en ai parlé dans un article précédent : [je suis en quête de légitimité](/interets/microscopie/2025/01/26/premieres-observations/).
Jai toujours fonctionné ainsi : si je fais quelque chose, je veux le faire bien, et je veux avoir la certitude que mon approche est correcte.
Or, sans validation extérieure, comment puis-je être sûr que mon travail est rigoureux et utile ?
Cest là que la reconnaissance académique prend son importance.
Non pas comme une fin en soi, mais comme un moyen dobtenir un retour critique et constructif.
Je ne cherche pas la validation pour le prestige dun diplôme, mais parce que jai besoin dun cadre qui me permette de structurer mon apprentissage et dévaluer mes compétences.
Je pourrais parfaitement continuer à explorer la photomicrographie comme je l'ai fait jusqu'à maintenant, en ne me reposant que sur ce que j'apprends en autodidacte.
Mes bases scientifiques sont solides, ma soif de connaissances est inextinguible, j'ai envie d'explorer même ce qui est déjà connu, j'adore redécouvrir par moi-même les processus par lesquels les scientifiques sont passés au fil des siècles.
Mais j'aimerais aussi _accomplir_ véritablement un objectif plus utile et plus personnel, allant au-delà du partage de mes expériences avec mes lecteurs.
Mais le syndrome de l'imposteur rôde, et parfois, me paralyse.
Chaque article que je souhaite rédiger ici fait l'objet d'un véritable débat dans ma tête pour savoir si ce que je veux dire est pertinent ou utile (y compris l'article que vous êtes en train de lire), si cela va dans le sens de l'incitation positive à l'exploration des sciences, ou si, au contraire, je dessert tout ce que je mets en avant simplement parce que je suis autodidacte.
Labsence de validation institutionnelle est sûrement à l'origine de ce syndrome.
Et je sais bien qu'il ne disparaîtra jamais totalement, même après avoir obtenu un diplôme, mais il peut être considéré aussi comme un révélateur d'humilité et d'esprit critique, qui sont des caractéristiques indispensables pour "faire de la science".
Même à la fin de ma carrière de développeur web, je connaissais encore ce syndrome, alors même que je n'ai plus rien à prouver à personne.
Maitriser parfaitement un sujet n'épargne pas d'avoir ce sentiment.
Mais il est possible de le voir comme un signe d'humilité, me conférant donc une certaine légitimité, sinon dans le domaine que j'explore, mais au moins dans ma capacité à l'explorer.
Le syndrome de l'imposteur n'est alors plus un frein, mais un moteur à l'enrichissement intellectuel.
Finalement, cette quête de reconnaissance dépasse largement ma propre expérience.
Elle touche toute personne qui, par passion et rigueur, souhaite contribuer à la science sans pour autant en suivre les voies traditionnelles.
## Conclusion
Lhistoire nous montre que les amateurs ont toujours eu un rôle à jouer dans la science.
Pourtant, aujourdhui, la distinction entre amateur et professionnel reste un obstacle, parfois artificiel ou au contraire vital, qui peut brider la créativité et linnovation.
Le chemin vers la légitimité est complexe.
Il oscille entre la nécessité dun cadre institutionnel et la reconnaissance du savoir acquis autrement.
La science, dans sa forme la plus pure, devrait être accessible à ceux qui ont la passion et la rigueur nécessaires pour lexplorer.
À l'heure où les pseudo-sciences profitent des mêmes canaux de diffusion que les véritables sciences, où la défiance envers les sciences est à la fois la plus manifeste et la plus dangereuse, peut-être que les institutions seules ne sont plus suffisantes.
L'humanité vit depuis trop longtemps dans les mythes et légendes, dans les croyances et les superstitions ; cela a un retentissement sur la planète entière, pas seulement sur notre espèce.
Je crois qu'il est plus que jamais crucial d'accroitre les rangs des gens de sciences, en ne puisant plus uniquement dans le vivier institutionnel, mais aussi chez les amateurs, et ce, peu importe le domaine scientifique dont on parle.
Il faut que les amateurs puissent faire des propositions allant au-delà des inventaires en augmentant la diversité et la complexité des appels à projets, et que les institutions prennent le temps de filtrer le bon grain de l'ivraie.
Comme elles tentent, et parfois échouent malheureusement, de le faire dans leurs propres rangs.
Il ne s'agit pas de permettre à des amateurs d'utiliser le [LHC](https://fr.wikipedia.org/wiki/Grand_collisionneur_de_hadrons) pour tester une idée farfelue, mais de satisfaire la zone grise des amateurs éclairés en quête de projets utiles, et de faciliter la reconnaissance des détenteurs d'idées proprement révolutionnaires[^1].
Dici là, la seule certitude est que lexploration continue.
[^1]: Je ne me considère ni comme un amateur éclairé (mais j'y aspire), ni comme détenteur d'une idée révolutionnaire.

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title: "La méthode scientifique"
prompt: "A cozy and warm living room where a couple is sitting on a comfortable couch, facing a television displaying a journal télévisé with a news anchor. At the bottom of the television screen, there is a realistic scrolling news ticker, similar to major American TV news broadcasts, featuring breaking news headlines in a professional style. The room remains soft and inviting, with warm lighting, plush cushions, and a cozy blanket draped over the couch. A coffee table with a cup of tea and a book rests nearby. The woman is casually holding her smartphone, checking additional information, while the man is using a laptop with a Wikipedia-like page open. They are relaxed but engaged, critically analyzing the news rather than passively consuming it. The setting is homey and realistic, emphasizing an everyday, thoughtful approach to information consumption."
attribution: "DALL-E v3"
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date: 2025-03-04
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summary:
La méthode scientifique est au coeur du monde académique. Et si on l'importait
dans nos vies ?
title: La méthode scientifique
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## Introduction
J'ai ouvert ce blog consacré à la photomicrographie pour poursuivre plusieurs objectifs.
L'un d'entre eux est comparable à une mission "sacrée", personnelle, d'inciter à la découverte de disciplines intellectuelles que l'on peut qualifier de "niches".
Je veux donner l'exemple en me lançant dans un domaine dans lequel je n'ai aucune expertise, ni même de connaissances basiques autres que celles dont je me souviens de ma scolarité il y a plus de vingt ans.
Spécifiquement concernant la photomicrographie, je n'ai même aucune compétence artistique.
Néanmoins, je suis animé par un besoin profond et vital d'apprendre, qui me permet d'outrepasser ces lacunes.
Je n'ai pas acheté un microscope et observé quelques lames pour qu'il prenne ensuite la poussière une fois l'enthousiasme initial dissipé.
J'ai choisi de me consacrer à la photomicrographie parce que c'est un domaine qui ouvre de nombreuses perspectives d'apprentissage.
Je n'ai pas non plus choisi la photomicrographie en étant persuadé de faire des découvertes majeures dès les premiers jours suivant l'acquisition d'un microscope.
[J'évoque](/interets/microscopie/2025/02/23/science-et-amateurisme/) souvent l'importance de la science participative, évidemment, que je considèrerais comme une cerise sur un gâteau.
Mais ma motivation principale est d'apprendre de nouvelles choses.
Une démarche secondaire, mais non moins importante, est le processus d'incitation que je souhaite transmettre.
Si l'on considère que succomber à sa propre curiosité peut être un processus fatiguant, intimidant, effrayant, voire carrément paralysant, on doit aussi se rappeler à quel point il est grisant d'apprendre.
On véhicule depuis trop longtemps l'idée que la scolarité est une souffrance.
Or, combien, parmi vous, ont prononcé ces phrases :
- "Je suis trop vieux/J'ai passé l'âge/Mon cerveau n'est plus fait pour apprendre"
- "Qu'est-ce que je ne donnerais pas pour retourner à l'école !"
Sans prétendre que cela constitue la solution universelle à ces questionnements ou exclamations, je pense que l'application de la méthode scientifique dans le quotidien peut contribuer non seulement à améliorer ce dernier, mais aussi à redonner confiance en ses propres capacités intellectuelles, et revivre les bons moments que les souvenirs de l'école évoquent aux adultes.
Je crois que le principal problème à la non-application de la méthode scientifique au quotidien provient simplement d'un manque de connaissance du sujet.
C'est une bonne chose : il suffit... de l'apprendre !
Et cet article est ma tentative de vulgarisation.
### Pourquoi la méthode scientifique ?
La méthode scientifique est lun des outils intellectuels les plus puissants que lhumanité ait développés.
Elle permet de transformer une simple curiosité en un savoir fiable, en sappuyant sur un processus structuré qui évite les pièges des biais cognitifs et des erreurs de raisonnement.
Contrairement à une croyance répandue, la science nest pas une collection figée de connaissances, mais un mode dexploration en perpétuelle évolution, qui saffine au fil du temps grâce à la confrontation des idées et à la validation expérimentale.
Dans un monde dans lequel linformation est abondante et de plus en plus trompeuse, comprendre la méthode scientifique est essentiel pour discerner le vrai du faux.
Elle offre un cadre rationnel qui permet déviter les erreurs dinterprétation et les illusions, quelles soient volontaires ou non.
Loin dêtre réservée aux laboratoires et aux chercheurs, c'est une démarche applicable par tous et dans tous les domaines, y compris dans la vie quotidienne.
Enfin, parler de la méthode scientifique, cest rappeler quelle est au cœur de toutes les avancées majeures de notre civilisation.
De la médecine aux technologies modernes, en passant par la compréhension du vivant et de lunivers, elle a permis déclairer des questions autrefois insolubles et de faire progresser la société.
La comprendre, **cest aussi et surtout mieux apprécier le monde** dans lequel nous vivons.
### Contexte
La méthode scientifique ne sest pas imposée demblée dans lhistoire humaine : pendant des siècles, le savoir sest construit sur la base de traditions, dautorités intellectuelles ou religieuses, et dintuitions souvent erronées.
Ce nest quavec lémergence dune démarche rationnelle et expérimentale, progressivement affinée, que la science est devenue ce quelle est aujourdhui : une méthode éprouvée permettant daccéder à des connaissances fiables.
Cette évolution ne sest pas faite sans résistance.
**Lesprit humain**, par nature, cherche du sens et **préfère généralement les explications simples**, immédiates, voire séduisantes, **même si elles sont fausses**.
La méthode scientifique y oppose la discipline intellectuelle : elle ne se satisfait pas des apparences et exige des preuves avant daccepter une conclusion.
Ce mode de pensée rationnel est régulièrement mis à lépreuve.
Alors qu'il y a un peu plus de deux ans, [j'interpelais](/interets/informatique/2022/12/24/l-ia-pose-la-question-de-l-identite/#nous-faire-dire-ce-que-lon-na-pas-dit) déjà mon lectorat sur le mésusage de l'Intelligence Artificielle et sa capacité à "faire dire n'importe quoi à n'importe qui", l'actualité (incluant les réseaux sociaux) nous abreuve d'images et de vidéos parfois fausses ou politiquement orientées.
Il importe peu que le message véhiculé soit [positif](https://www.tf1info.fr/culture/scarlett-johansson-steven-spielberg-mark-zuckerberg-adam-sandler-des-stars-mobilisees-contre-les-derapages-antisemites-de-kanye-west-attention-a-cette-video-deepfake-2350391.html) ou [négatif](https://www.francetvinfo.fr/economie/medias/video-obama-insulte-trump-le-pape-fait-de-la-magie-complement-d-enquete-explique-les-deep-fakes_3190141.html).
L'important, c'est qu'il est faux, et qu'aucun des protagonistes montrés dans ces images n'est réel.
L'enjeu pour l'humanité, déjà aujourd'hui et dans les années à venir, va consister à distinguer le réel de l'irréel, le vrai du faux[^ynh].
La méthode scientifique est un outil parmi d'autres afin de faciliter cette distinction.
[^ynh]: C'est le projet de [Nexus](https://www.ynharari.com/fr/book/nexus/), le dernier ouvrage de Yuval Noah Harari, dont je recommande la lecture, comme toute sa bibliographie. **Lien non sponsorisé**.
## Définition de la méthode scientifique
### De quoi s'agit-il ?
La méthode scientifique est un processus structuré qui permet de comprendre le monde de manière fiable et objective.
Contrairement aux croyances ou aux intuitions, elle repose sur des observations rigoureuses, des expérimentations et une logique implacable visant à minimiser les erreurs et à éviter les biais cognitifs.
Son but est simple : vérifier la validité des idées en sappuyant sur des faits.
Plutôt que daccepter une affirmation sur la seule base dune intuition ou dune autorité, la méthode scientifique exige des preuves, des tests et des résultats reproductibles.
Ce nest pas une simple opinion structurée, mais un outil de connaissance qui sauto-corrige au fil du temps.
Elle nappartient pas à une discipline en particulier : si lon **doit** l'appliquer lorsque l'on étudie la biologie, la physique, la psychologie ou lhistoire, on peut et on **devrait** aussi lappliquer lorsque l'on est soumis à une information, peu importe sa provenance.
Cest cette universalité qui en fait le socle de toute démarche rationnelle, et donc un pilier fondamental du progrès humain.
### Les piliers de la méthode scientifique
La méthode scientifique repose sur quelques principes fondamentaux qui garantissent la fiabilité du savoir quelle produit.
Ce sont des règles essentielles qui distinguent la science des autres formes de connaissance.
Et contrairement à ce que lon pourrait penser, elles peuvent sappliquer bien au-delà des laboratoires.
Prenons une situation courante : vous regardez une émission télévisée et lanimateur affirme que "_manger du chocolat noir tous les jours améliore la mémoire_".
Que devriez-vous faire avant de prendre cette information pour argent comptant ?
1. Observer
Avant daccepter laffirmation, on commence par examiner précisément ce qui est dit.
Dans notre cas : lanimateur parle-t-il dune étude scientifique sérieuse ?
Cite-t-il une source ?
Ou est-ce simplement une anecdote ?
Est-ce que dautres médias en parlent avec des éléments concrets ?
**L'observation, cest éviter les conclusions hâtives et reconnaître ce qui relève des faits bruts par rapport à une interprétation biaisée.**
2. Formuler une hypothèse
Une fois les faits observés, il faut transformer laffirmation en une hypothèse que lon pourrait tester.
Lhypothèse pourrait être formulée ainsi : "_La consommation quotidienne de chocolat noir améliore la mémoire des adultes en bonne santé_".
Si lhypothèse est floue (par exemple : "_Le chocolat est bon pour le cerveau_"), elle ne peut pas être testée efficacement.
**Il faut une question claire et précise.**
3. Expérimenter
Au lieu daccepter laffirmation, il faut chercher si des études sérieuses existent sur le sujet.
Une recherche rapide sur votre moteur de recherche préféré permettrait de voir sil existe des études publiées dans des revues scientifiques qui confirment cet effet.
On peut aussi vérifier si dautres études ont abouti à des résultats contraires.
**Si une seule étude isolée soutient lidée, ou si les conditions des tests ne sont pas claires, laffirmation doit être prise avec précaution.**
4. Analyser
Même si une étude semble confirmer lhypothèse, il faut examiner les conditions dans lesquelles elle a été menée.
Létude a-t-elle été faite sur un échantillon représentatif ou seulement sur 10 personnes ?
Qui la financée (une marque de chocolat ?) ?
Y a-t-il des facteurs confondants (ex. les personnes testées avaient peut-être une alimentation plus équilibrée en général) ?
**Un résultat brut ne suffit pas : il faut comprendre comment il a été obtenu.**
5. Reproduire
Un principe fondamental en science est que les conclusions doivent être confirmées par plusieurs études indépendantes.
Si plusieurs recherches menées par différents laboratoires arrivent aux mêmes conclusions, alors on peut commencer à considérer linformation comme crédible.
En revanche, si aucune autre étude ne valide le lien entre chocolat et mémoire, il faut rester sceptique.
---
Grâce à cette démarche, on évite de tomber dans le piège des informations trompeuses, des études bâclées ou des déclarations sensationnalistes.
Appliquer ces principes au quotidien permet de mieux filtrer ce que lon entend et dadopter une posture plus critique, sans pour autant rejeter systématiquement toute nouvelle information.
## Lesprit critique et la méthode scientifique
### Douter est une force et non une faiblesse
Le doute a longtemps été perçu comme une marque dindécision, voire de faiblesse.
Pourtant, en science comme dans la vie quotidienne, il est lun des outils les plus pertinents pour éviter les erreurs et affiner sa compréhension du monde.
Douter, ce nest pas rejeter systématiquement une idée, mais prendre le temps den évaluer la validité avant de laccepter.
Dans un monde saturé dinformations, le doute permet de trier.
Sans lui, nous acceptons nimporte quelle affirmation simplement parce quelle nous paraît intuitive, quelle est partagée massivement ou quelle _semble_ prononcée par une figure dautorité.
Or, lintuition est faillible, la popularité ne garantit pas la vérité et même les experts peuvent se tromper.
Le doute scientifique nest pas un scepticisme aveugle : c'est une approche méthodique qui pousse à demander des preuves, à questionner les sources et à tester la cohérence des affirmations.
Cest grâce à cette posture critique que les grandes découvertes ont été possibles : chaque avancée majeure a commencé par une remise en question de lexistant.
Douter, cest aussi accepter que lon peut avoir tort.
Les esprits les plus brillants ne sont pas ceux qui prétendent tout savoir, mais ceux qui savent reconnaître ce quils ignorent et qui cherchent à combler ces lacunes.
### Détecter les biais cognitifs et erreurs courantes
Le raisonnement humain est le fruit dun processus logique et structuré, mais notre manière de lutiliser peut être biaisée.
Pour économiser du temps et de lénergie, nous avons tendance à simplifier le monde, à repérer des motifs et à privilégier les informations qui confirment nos croyances.
Ces raccourcis mentaux, sils peuvent être pratiques au quotidien, sont aussi la source de nombreuses erreurs de raisonnement.
Deux biais particulièrement courants méritent notre attention : leffet de confirmation et la confusion entre corrélation et causalité.
#### Leffet de confirmation
Leffet de confirmation est la tendance à privilégier les informations qui vont dans le sens de nos croyances et à ignorer celles qui les contredisent.
Ce biais renforce nos opinions en nous donnant lillusion que nous avons raison, même en labsence de preuves solides.
Imaginons quelquun persuadé que les pleines lunes influencent le comportement humain.
Chaque fois quil observe une personne agitée lors dune pleine lune, il y voit une "preuve" de son idée.
Mais lorsquil croise des individus tout aussi agités hors pleine lune, il ne fait pas le lien et oublie ces cas : il ne retient que les éléments qui confirment son idée et écarte inconsciemment les autres, faussant ainsi son raisonnement.
Quelques pistes pour éviter le biais de confirmation :
- Toujours chercher des contre-exemples : une idée solide doit tenir même face aux faits qui semblent la contredire.
- Sexposer à des sources dinformations contradictoires pour éviter de rester enfermé dans un raisonnement circulaire (le biais cognitif).
- Se poser la question : "Si je voulais prouver que jai tort, comment ferais-je ?"
#### Corrélation vs causalité
Un autre piège courant est de confondre corrélation (deux phénomènes qui évoluent ensemble) et causalité (lun est la cause de lautre).
Ce n'est pas parce que deux évènements semblent liés que l'un provoque l'autre.
Par exemple : une étude pourrait montrer que les personnes qui boivent plus de café ont un taux de réussite plus élevé aux examens.
On pourrait en conclure que boire du café améliore les performances intellectuelles.
Mais en réalité, il existe peut-être une autre explication : les étudiants qui révisent davantage consomment aussi plus de café pour rester éveillés.
Ce nest pas le café qui améliore les résultats, mais leffort de révision !
Pour éviter cette confusion, on peut :
- Se demander : "Existe-t-il une autre explication possible ?"
- Vérifier si laffirmation repose sur une expérimentation rigoureuse, ou sil sagit dune simple observation.
- Ne pas conclure trop vite : deux faits qui évoluent ensemble ne signifient pas forcément quils sont liés.
Les biais cognitifs influencent nos décisions, notre compréhension du monde et notre esprit critique.
Les reconnaître et apprendre à les corriger est une compétence précieuse, en science comme dans la vie quotidienne.
### Limportance de la remise en question et de la reproductibilité
Lun des principes fondamentaux de la science est la capacité à se remettre en question.
On l'a vu : cest cette ouverture au doute et à la correction qui rend la méthode scientifique si robuste.
Accepter quune idée puisse être fausse ou incomplète nest pas un signe de faiblesse, mais de **rigueur intellectuelle**.
Dans notre quotidien, la remise en question nous évite de persister dans des erreurs simplement parce que nous y croyons depuis longtemps.
Cela nous permet aussi dadapter nos connaissances aux nouvelles découvertes, plutôt que de nous enfermer dans des certitudes obsolètes.
#### La reproductibilité
Une idée scientifique na de valeur que si elle peut être vérifiée par dautres.
Un résultat isolé ne suffit pas : il doit pouvoir être reproduit par des expériences indépendantes.
Ce principe de reproductibilité permet déviter les erreurs accidentelles, les biais involontaires ou les fraudes.
Dans la vie de tous les jours, adopter cette approche permet déviter de tomber dans le piège des anecdotes trompeuses :
- "Jai essayé ce régime et jai perdu 5 kg" nest pas une preuve que le régime fonctionne en général.
- "Mon oncle a fumé toute sa vie sans avoir de cancer" ne prouve pas que fumer est sans danger.
Ce qui compte, ce nest pas un cas isolé, mais la **répétition des observations dans des conditions similaires**.
Sans remise en question ni reproductibilité, les erreurs se propagent et les fausses idées deviennent des croyances populaires.
Un raisonnement fiable nest pas basé sur une expérience unique, mais **sur des faits vérifiés et reproductibles**.
## La méthode scientifique appliquée au quotidien
Hors du contexte scientifique, la méthode idoine peut être un outil redoutable dans la vie de tous les jours.
Prenons un cas classique : une influenceuse populaire vante un produit miracle sur les réseaux sociaux, affichant son efficacité "scientifiquement prouvée".
Le réflexe critique consiste à se poser plusieurs questions :
- Qui a financé cette étude ?
- Y a-t-il des résultats indépendants qui confirment ces affirmations ?
- Les arguments avancés sont-ils basés sur des preuves solides ou juste des témoignages ?
En prenant quelques minutes pour rechercher des sources fiables, on évite dacheter un produit inutile ou, pire, potentiellement nocif.
Autre situation fréquente : vous regardez une vidéo qui semble instructive, mais, sans que vous y prêtiez attention, le créateur glisse une promotion pour un service ou un produit.
Linformation semble neutre, mais elle est biaisée par un intérêt commercial caché.
Ici encore, un esprit critique permet de sinterroger :
- Largumentaire repose-t-il sur des faits ou sur une mise en scène habile ?
- Les données citées sont-elles accessibles et vérifiables ?
Ce type de biais est omniprésent, notamment dans les contenus sponsorisés déguisés en analyses neutres.
On ne cherche pas forcément à décrédibiliser l'auteur du contenu : il s'agit simplement de s'assurer de l'authenticité de son contenu.
Par exemple, quand [je parle du poulailler Omlet](/interets/informatique/2024/03/04/mon-poulailler-omlet/), seul article sponsorisé sur l'ensemble de mes sites, c'est sincère et authentique 😎
Dernier exemple dont je voulais vous parler : la méthode scientifique est précieuse pour détecter les orientations idéologiques et les biais médiatiques.
Une émission, une chaîne de télévision ou un journal peut présenter des faits réels, mais en les sélectionnant de manière à favoriser une narration spécifique.
Face à un sujet polémique, **il est essentiel de croiser les sources**, de comparer les traitements différents du même événement et de repérer les omissions ou les cadrages sélectifs.
Lobjectif nest pas de rejeter toute information, mais den comprendre les mécanismes et den tirer une vision plus **objective**.
À ce stade de la lecture de mon article, vous devriez même pouvoir vous extirper du biais de confirmation !
## Les limites de la méthode scientifique
Comme je l'ai dit en introduction, aussi puissante soit-elle, la méthode scientifique nest pas une solution absolue à tous les problèmes.
Elle ne peut pas tout expliquer immédiatement, elle a des contraintes, et elle repose sur des outils perfectibles.
Ce nest pas une faiblesse, mais une caractéristique inhérente à toute démarche rigoureuse.
Reconnaître ses limites, cest justement ce qui la distingue des croyances dogmatiques, qui affirment sans preuve des éléments non vérifiables.
Lune des principales contraintes de la méthode scientifique est la complexité du réel.
Certains phénomènes sont extrêmement difficiles à isoler et à étudier avec précision.
Prenons lexemple des effets de lalimentation sur la santé.
De nombreuses études sont publiées, parfois avec des résultats contradictoires.
Pourquoi ?
Parce quil est quasiment impossible détudier un facteur unique (un aliment spécifique) sans être influencé par dautres variables (métabolisme individuel, mode de vie, génétique).
Les conclusions scientifiques évoluent à mesure que les méthodes danalyse saméliorent.
Autre limite : **le facteur humain**.
La science est une démarche menée par des humains ; elle est donc sujette aux biais, aux erreurs et même aux fraudes.
Un exemple frappant est la [crise de la reproductibilité](https://fr.wikipedia.org/wiki/Crise_de_la_reproductibilité) en psychologie et en médecine.
De nombreuses études qui ont influencé des décisions médicales ou des politiques publiques se sont révélées difficiles, voire impossibles à reproduire.
Certaines ont été biaisées par des erreurs méthodologiques, dautres ont été influencées par des conflits dintérêts.
La force de la science, cependant, est de pouvoir corriger ces erreurs à travers la vérification et la critique continue.
Enfin, il existe des domaines dans lesquels la méthode scientifique atteint ses limites parce que les phénomènes étudiés ne sont pas directement mesurables.
Cest le cas des questions philosophiques, éthiques ou métaphysiques.
Peut-on prouver scientifiquement lexistence dune conscience indépendante du cerveau ?
Peut-on quantifier des concepts abstraits comme la justice ou le bonheur ?
La science peut proposer des modèles pour mieux comprendre ces notions, mais elle ne peut pas fournir de vérité absolue sur ces sujets.
Cela ne signifie pas que tout est relatif ou que toutes les opinions se valent, mais simplement que certaines questions dépassent le cadre de la démarche expérimentale.
## Conclusion
La méthode scientifique nest pas réservée aux chercheurs, et elle ne se limite pas aux expériences de laboratoire.
Cest avant tout un état desprit, une manière daborder le monde avec curiosité, rigueur et esprit critique.
À une époque où linformation circule plus vite que jamais, où les manipulations sont monnaie courante et où les croyances infondées prospèrent, savoir analyser, vérifier et raisonner est devenu une **nécessité**.
Adopter une démarche scientifique au quotidien, cest simplement refuser daccepter une affirmation sans preuve, apprendre à poser les bonnes questions et prendre des décisions éclairées.
Que ce soit face aux publicités trompeuses, aux discours médiatiques orientés ou aux tendances populaires sans fondement, un esprit scientifique permet de ne pas se laisser guider par lémotion ou lintuition seule, mais par des faits vérifiables.
Loin dêtre une contrainte, la méthode scientifique est un outil démancipation intellectuelle.
Elle ne nous impose pas ce que nous devons penser, mais nous donne les moyens de penser par nous-mêmes, en nous offrant une grille de lecture fiable et reproductible.
Elle nous aide aussi à reconnaître ce que nous ne savons pas encore, et à accepter que la connaissance est un processus évolutif.
Finalement, appliquer cette démarche, cest faire le choix de mieux comprendre le monde, dêtre moins manipulable et dadopter une posture plus éclairée face aux défis du quotidien.
Mais attention : **ce nest pas lanalyse critique qui est fatigante**, cest le flot constant dinformations à traiter.
Si lon se sent dépassé, **il ne faut pas baisser son exigence intellectuelle**, mais simplement **réduire l'exposition à ce qui napporte rien de constructif**.
Dans un monde rempli dincertitudes et dinformations contradictoires, la méthode scientifique nest pas seulement un luxe pour quelques spécialistes : cest une nécessité pour toute personne soucieuse daccéder à une vision plus juste et plus fiable de la réalité.

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title: "Méthodologie générale d'observation du vivant"
prompt: "A detailed and artistic illustration of a naturalist's field journal open on a wooden table in an outdoor setting. The pages contain sketches of plants, insects, and birds, alongside handwritten notes. A magnifying glass, a compass, and a field guidebook lie beside the journal. In the background, a dense and vibrant forest with a small stream, dappled sunlight filtering through the trees, and birds perched on branches. The scene exudes a sense of scientific curiosity and exploration."
attribution: "DALL-E v3"
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date: 2025-03-11
summary: Si l'on veut mieux observer la nature, il faut l'observer avec méthode.
title: Méthodologie générale d'observation du vivant
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## Introduction
### Observer pour comprendre
Maintenant que jai réalisé [mes premières observations](/interets/microscopie/2025/01/26/premieres-observations/) au microscope de manière spontanée, il est temps de formaliser une méthodologie générale dobservation du vivant.
Observer des organismes, quils soient microscopiques ou macroscopiques, ne se limite pas à les regarder : il sagit aussi de les décrire avec précision et, si possible, de les identifier, cest-à-dire de les nommer scientifiquement.
Pour cela, **suivre un protocole structuré** est essentiel.
De nombreux sites proposent des protocoles dobservation, mais ceux-ci sont souvent spécifiques à certaines espèces ou groupes dorganismes ([papillons](https://papillons.pnaopie.fr/wp-content/uploads/2022/10/CR-atelier-visio-thematique-protocoles-de-suivi-et-dinventaire-des-papillons-de-jour-2022.pdf), [oiseaux](https://www.observatoiremigrateurs.com/protocole/), fougères…).
Ces approches sont précieuses, mais elles partent du principe que l[on sait à l'avance](https://www.vigienature-ecole.fr/choisir) ce que lon va observer.
### Retrouver lesprit des naturalistes dantan
Je veux adopter une démarche différente, inspirée des naturalistes dantan, qui, avant toute classification ou analyse, se contentaient dobserver, de questionner, dexpérimenter.
Je veux partir du principe que je ne sais pas à lavance ce que je vais découvrir. Aller dans mon jardin ou en forêt, me concentrer sur un arbre, un insecte ou une structure particulière, comme si je la voyais pour la première fois, avec le regard dun explorateur qui ne se contente pas dune réponse immédiate, mais qui savoure le **processus même de la découverte**.
### Une époque où la pensée critique sefface
Nous vivons dans une époque où [la pensée critique est en déclin](/interets/microscopie/2025/03/04/la-methode-scientifique/).
Linformation est instantanée, fragmentée, biaisée par les algorithmes et rarement vérifiée par ceux qui la consomment.
Lhumain shabitue à la facilité cognitive, ce qui le rend vulnérable aux manipulations, aux dogmes et à la paresse intellectuelle.
Encourager une démarche scientifique, rationnelle et méthodique, cest combattre ce phénomène.
Cest rappeler que **la connaissance nest pas un produit, mais un cheminement**, et que celui qui ne sentraîne plus à penser perd peu à peu cette capacité.
### Lillusion du savoir immédiat
Aujourdhui, il est devenu extrêmement facile didentifier un organisme en prenant une photo et en la soumettant à une application ou à une IA qui fournit une réponse en quelques secondes :
- [iNaturalist](https://www.inaturalist.org) : Cette application de science citoyenne aide à identifier les plantes et les animaux en utilisant la technologie de reconnaissance d'image et en s'appuyant sur une communauté active de naturalistes.
- [Pl@ntNet](https://plantnet.org) : Spécialisée dans l'identification des plantes, Pl@ntNet permet de reconnaître diverses espèces végétales à partir de photos.
- [Seek](https://www.inaturalist.org/pages/seek_app) : Développée par les créateurs d'iNaturalist, Seek utilise la reconnaissance d'image pour identifier une large gamme d'organismes, y compris les plantes, les animaux et les champignons.
Si cette technologie est indéniablement utile, elle modifie notre rapport à lobservation.
Elle facilite laccès à linformation, mais, paradoxalement, elle peut aussi nous éloigner dune véritable démarche scientifique et dun engagement intellectuel personnel.
Si l'on aime la nature — le contraire reviendrait à approuver sa destruction — il est enrichissant de prendre le temps de lobserver et de chercher à la comprendre par soi-même.
### Une démarche intellectuelle avant tout
Cette approche nest pas seulement un moyen didentifier un organisme, cest **un entraînement intellectuel**.
Cest une discipline qui **stimule la curiosité, protège lintelligence humaine et transmet une méthode plutôt quun savoir figé**.
Car toute innovation repose sur une compréhension solide des bases : **on ne réinvente pas la science en ignorant ce qui la construite**, et lon ne crée pas de nouveaux modèles sans comprendre ceux qui existent.
Enfin, il y a **le plaisir de la recherche elle-même**.
Peut-être ressentez-vous, comme moi, une satisfaction profonde dans lexploration, dans la quête de réponses, dans le cheminement intellectuel plus que dans la réponse elle-même.
Lobservation est une démarche active : elle demande de voir au-delà de lévidence, de questionner, de confronter ses idées.
Ce qui importe nest pas seulement **ce que lon découvre, mais comment on la découvert**.
### Lobservation comme un exercice danalyse
En confiant systématiquement lidentification à une machine ou à un expert extérieur, on réduit notre propre implication dans le processus de compréhension.
Or, **observer la nature ne se résume pas à mettre un nom sur ce que lon voit** : cest avant tout un exercice danalyse, déveil des sens et de réflexion.
La méthodologie que je vous propose ici est avant tout une manière **dorganiser sa réflexion** lors dune observation.
Elle ne prétend pas suivre un protocole scientifique rigide, mais regroupe une **liste de points essentiels** à considérer pour structurer son regard et mieux comprendre ce que lon observe.
## Observer avant d'identifier
Avant même de se concentrer sur un organisme particulier, il est essentiel de comprendre le milieu dans lequel il évolue.
Lenvironnement influence directement sa présence, son apparence et son comportement.
Une même espèce évoluera différemment selon qu'elle se trouve en forêt, en prairie ou en bord de rivière.
Les conditions extérieures jouent également un rôle majeur dans lobservation : la météo, la saison et lheure de la journée affectent lactivité des organismes, quil sagisse de plantes, dinsectes ou danimaux.
Après une pluie, certains champignons ou invertébrés deviennent plus visibles, tandis quune forte chaleur peut inciter dautres à se cacher.
Observer les interactions entre les différents éléments du milieu permet de recueillir des indices précieux : un arbre isolé ne sera pas colonisé de la même manière quune lisière de forêt, et la présence de certaines plantes peut indiquer un type de sol particulier.
De même, si lon repère des traces de passage danimaux, des galeries souterraines ou des restes de prédation, cela renseigne sur la faune locale, même si elle nest pas directement observable.
Prendre le temps danalyser le contexte avant dobserver un organisme évite de se focaliser sur des détails isolés et permet une interprétation plus juste.
Lenvironnement est une clé de lecture indispensable pour comprendre ce que lon a sous les yeux.
Un bon observateur ne se contente pas de regarder un être vivant, il cherche à replacer son existence dans un cadre plus vaste.
Une fois que l'on a analysé l'environnement global, on peut se concentrer sur l'organisme lui-même et l'examiner avec méthode.
### L'observation attentive
Lune des erreurs les plus courantes lors dune observation est de vouloir immédiatement identifier ce que lon voit.
Face à un organisme inconnu, le réflexe moderne est souvent de chercher une réponse rapide, quitte à se fier à une application ou à une source extérieure.
Pourtant, cette approche empêche dexercer son propre regard et de développer un raisonnement structuré.
Avant de chercher un nom, il faut dabord prendre le temps de _regarder_ véritablement.
Observer sans précipitation permet de repérer des détails que lon aurait ignorés en se focalisant uniquement sur lidentification : une couleur inhabituelle, une texture particulière, un comportement spécifique sont autant dindices qui prennent tout leur sens lorsquon les examine avec attention.
Décrire un organisme avant de le nommer est un exercice qui stimule la mémoire et la logique : en notant ses caractéristiques essentielles sans tenter den tirer une conclusion immédiate, on apprend à distinguer ce qui est pertinent pour une identification future.
Cette démarche évite aussi les erreurs causées par des raccourcis mentaux ou des ressemblances trompeuses.
Prendre le temps dobserver, cest accepter de ne pas savoir tout de suite.
Cette phase dexploration est aussi importante que lidentification elle-même, car elle permet dacquérir une méthode et de sapproprier pleinement son observation.
En cultivant cette patience, on développe une meilleure compréhension du vivant, bien au-delà du simple fait de mettre un nom sur ce que lon voit.
### La prise de notes
Une observation, aussi minutieuse soit-elle, perd de sa valeur si elle nest pas consignée avec précision : la mémoire est faillible, et des détails qui semblaient évidents sur le moment peuvent rapidement seffacer.
Prendre des notes permet non seulement de conserver une trace fidèle de ce que lon a vu, mais aussi de structurer sa pensée en organisant les informations de manière logique.
Il ne sagit pas décrire un compte rendu exhaustif, mais de relever les éléments les plus marquants : taille, forme, couleur, textures, comportement ou encore environnement immédiat.
Ajouter des croquis ou des annotations peut aider à préciser certaines observations, surtout lorsque les photos ne capturent pas tous les détails pertinents.
Lusage dun carnet de terrain est une bonne pratique, car il permet une prise de notes rapide et immédiate ; un support numérique peut aussi être utile pour classer et enrichir ses observations avec des photos ou des enregistrements.
Limportant est de choisir un format qui facilite la consultation et lanalyse ultérieure, afin que chaque observation puisse être exploitée efficacement.
On peut citer quelques sites et applications utiles dans ce contexte :
- iNaturalist : En plus de permettre d'identifier des espèces, elle permet également de consigner ses observations
- [Observations.be](https://observations.be/) : un service similaire
- [NaturaGIS](https://naturagis.fr/outils-donnees-naturalistes/applications-web-geonature-biodiversite/) : Propose un ensemble d'outils liés à l'observation de la nature
Prendre lhabitude de noter ses observations ne sert pas uniquement à garder une trace : cest aussi un moyen de progresser.
Avec le temps, ces notes deviennent une ressource précieuse pour comparer des observations, détecter des tendances et affiner son regard ; cest un outil fondamental pour qui veut aller au-delà dune simple contemplation et adopter une démarche scientifique.
## Catégorisation progressive
Lorsquon observe un organisme inconnu, lerreur serait de vouloir lappréhender dun seul bloc : il est plus efficace de le décomposer en éléments distincts afin den extraire les caractéristiques essentielles.
Plutôt que de se laisser impressionner par un ensemble complexe, il faut isoler les détails qui permettent de mieux comprendre ce que lon a sous les yeux.
La première étape consiste à déterminer le grand groupe auquel lorganisme appartient : sagit-il dune plante, dun champignon, dun insecte ou dun vertébré ?
Dans bien des cas, cette distinction est évidente, mais certaines classifications sont plus délicates : un opilion ressemble à une araignée sans en être une, une fougère peut être confondue avec une plante à fleurs avant lexamen des structures reproductrices, et certains champignons prennent lapparence de coraux ou de masses gélatineuses.
Se familiariser avec les principes de la [cladistique](https://fr.wikipedia.org/wiki/Cladistique) permet de mieux comprendre ces distinctions en intégrant la notion dascendance évolutive et de relations phylogénétiques entre les organismes.
Plutôt que de se baser uniquement sur des ressemblances superficielles, la cladistique enseigne à identifier des caractères dérivés partagés, offrant une approche plus rigoureuse pour classer le vivant.
Cette culture peut être couplée à lusage des clés didentification, des outils méthodiques qui permettent daffiner une classification étape par étape en posant une série de questions binaires :
- [ID-Botanica](http://id-botanica.com/) : Pour les plantes
- [Le Spipoll](https://www.spipoll.org/) : Pour les insectes
- [Oiseaux.net](https://www.oiseaux.net/identifier/) : Pour les... oiseaux
Les clés de détermination sont des outils permettant d'identifier progressivement un organisme en répondant à une série de questions sur ses caractéristiques.
Elles fonctionnent généralement sous forme de choix binaires (ex. : L'organisme a-t-il des ailes ? Oui / Non), affinant petit à petit l'identification.
En combinant ces deux approches, on développe une compréhension plus fine des critères réellement pertinents pour identifier un organisme et éviter les erreurs liées aux convergences évolutives.
Une fois cette première classification effectuée, il faut affiner lanalyse en sintéressant aux éléments distinctifs : la forme des feuilles pour une plante, la disposition des ailes pour un insecte, la texture du chapeau pour un champignon.
Chaque détail compte, et il est important de sattarder sur ce qui semble inhabituel ou remarquable, sans omettre les éléments plus ordinaires qui peuvent pourtant être déterminants.
Lobservation doit suivre une logique progressive : partir du général pour aller vers le particulier.
Une approche méthodique permet déviter les biais didentification et détablir un portrait fidèle de lorganisme étudié.
En affinant chaque étape, on se donne les moyens daboutir à une identification plus précise, tout en développant un regard plus aiguisé sur le vivant.
### Détermination du règne biologique
Avant dentrer dans les détails de lidentification, il est essentiel de situer lorganisme observé dans lun des grands règnes du vivant.
Cette première classification permet déliminer de nombreuses possibilités et dorienter lanalyse vers les critères les plus pertinents.
Si certaines distinctions sont évidentes, dautres peuvent être plus subtiles et nécessitent une observation attentive.
Lapparence seule ne suffit pas toujours : certains organismes imitent dautres formes vivantes ou possèdent des caractéristiques intermédiaires.
Un insecte et un arachnide se différencient par leur nombre de pattes et la segmentation de leur corps, mais un opilion peut ressembler à une araignée sans en être une. De même, certains champignons prennent des formes inhabituelles qui les font ressembler à du corail ou à de simples masses gélatineuses.
Les critères de distinction varient selon les groupes : les plantes possèdent des structures foliaires et des tiges bien définies, les champignons se reconnaissent par leurs modes de reproduction et leur absence de chlorophylle, tandis que les animaux présentent des caractéristiques liées à la locomotion, à la segmentation corporelle et aux organes sensoriels. Lenvironnement est aussi un bon indicateur : les algues et certaines bactéries colonisent des milieux où dautres formes de vie sont absentes, et les organismes parasites peuvent être difficiles à repérer sans examiner leur hôte.
Prendre le temps de situer lorganisme dans son règne biologique évite des erreurs dinterprétation et facilite lidentification. Une bonne classification de départ permet dorienter lobservation vers les critères les plus utiles et dadopter les bonnes méthodes danalyse.
### Affinage
Une fois lorganisme placé dans un règne biologique, létape suivante consiste à affiner lanalyse en se concentrant sur ses caractéristiques propres.
Chaque groupe possède des critères distinctifs qui permettent de le situer plus précisément dans une classification plus fine : il sagit de relever ces éléments sans tirer de conclusions hâtives.
Chez les plantes, lattention se portera sur la forme et la disposition des feuilles, la présence éventuelle de fleurs ou de spores, ainsi que sur la structure des tiges et des racines.
Pour un insecte ou un arachnide, il faudra observer le nombre de pattes, la segmentation du corps et la disposition des antennes ou des ailes.
Un champignon, quant à lui, sexaminera sous langle de la texture du chapeau, de la présence de lames ou de pores, et de la nature du substrat sur lequel il pousse.
Certaines observations nécessitent daller au-delà de lapparence immédiate : toucher la surface dun champignon (avec un gant) peut révéler une texture visqueuse ou poudreuse, manipuler une feuille permet de noter sa souplesse ou sa rigidité.
Lodeur, souvent négligée, est un critère déterminant pour de nombreuses espèces : certaines plantes dégagent une odeur caractéristique lorsquon froisse leurs feuilles, et certains champignons possèdent un parfum distinctif.
Affiner son observation exige patience et méthode : accepter de ne pas trouver de réponse immédiate est essentiel.
Il faut apprendre à discerner ce qui est important et ce qui est accessoire, en privilégiant les critères les plus utiles pour la classification.
Plus on sexerce à cette démarche, plus elle devient intuitive, rendant chaque nouvelle observation plus précise et efficace.
### Approfondissement
Une fois lanalyse macroscopique terminée, il est parfois nécessaire daller plus loin pour confirmer une identification ou mieux comprendre certains détails.
Lobservation à lœil nu donne une première vision densemble, mais elle peut être insuffisante lorsque les différences entre deux espèces sont subtiles.
Approfondir son étude permet daffiner ses conclusions et denrichir sa compréhension de lorganisme observé.
Lusage dune loupe ou dun microscope révèle des caractéristiques invisibles à lœil nu : la structure des cellules végétales, la disposition des spores dun champignon, ou encore la segmentation fine dun insecte.
De temps en temps, un simple grossissement suffit à lever un doute sur une identification, notamment lorsque des motifs précis ou des microstructures jouent un rôle clé.
Léclairage est aussi un facteur important : certaines textures ou couleurs ne se révèlent quen lumière rasante ou sous un angle particulier.
Linteraction avec lorganisme peut aussi fournir des indices précieux : une plante peut réagir au toucher, un champignon peut changer de couleur à la coupe, et certains insectes adoptent des postures défensives lorsquils se sentent menacés.
Dans dautres cas, il est utile dobserver lévolution dans le temps : noter comment un organisme se transforme en quelques heures ou jours peut permettre didentifier son cycle de développement.
Approfondir lobservation demande un peu plus de matériel et de patience, mais cest souvent à ce stade que lon fait les découvertes les plus intéressantes.
Une démarche minutieuse et rigoureuse ouvre la porte à des observations que lon naurait jamais soupçonnées, rendant chaque étude plus enrichissante et plus immersive.
## Synthétiser et documenter son observation
Une observation, aussi poussée soit-elle, perd de son intérêt si elle nest pas correctement documentée.
Le but nest pas seulement de conserver une trace, mais aussi dorganiser les informations de manière cohérente afin de pouvoir y revenir plus tard.
Un bon compte rendu permet daffiner ses analyses, de comparer ses découvertes et, si besoin, de partager ses observations avec dautres passionnés ou spécialistes.
La synthèse doit être claire et structurée : elle doit inclure les principales caractéristiques relevées, lenvironnement dans lequel lorganisme a été observé, ainsi que les éventuelles hypothèses didentification.
Des croquis annotés peuvent compléter les descriptions et mettre en évidence des détails non visibles sur les photographies.
Lensemble doit être suffisamment détaillé pour permettre une réanalyse ultérieure sans avoir besoin de retourner sur le terrain.
Lorganisation des observations peut se faire sous différentes formes : un carnet de terrain physique, une base de données numérique, un blog personnel, ou encore des plateformes collaboratives.
Lessentiel est de choisir un format qui permet de retrouver rapidement les informations, de les comparer et de les enrichir au fil du temps.
Un bon archivage facilite la progression et évite de refaire plusieurs fois les mêmes erreurs didentification.
Prendre le temps de documenter ses observations ne doit pas être perçu comme une contrainte, mais comme un prolongement naturel de lexpérience dexploration.
Cest en confrontant ses notes, en établissant des liens entre différentes observations et en les partageant que lon affine progressivement sa compréhension du vivant.
## Matériel
Avant de partir sur le terrain, assurez-vous davoir léquipement nécessaire pour optimiser votre observation.
### Équipement de base
- [ ] **Carnet de terrain** et stylo (pour prendre des notes rapidement)
- [ ] **Carte ou GPS** (utile pour noter précisément la localisation)
- [ ] **Application naturaliste** sur smartphone
- [ ] **Guide didentification** adapté aux espèces locales (flore, faune…)
- [ ] **Check-list dobservation imprimée**
### Matériel dobservation et de documentation
- [ ] **Appareil photo** ou **smartphone** (pour capturer des images et vidéos)
- [ ] **Loupe de terrain** (grossissement x10 à x20 pour voir les détails fins)
- [ ] **Jumelles** (si observation doiseaux ou danimaux à distance)
- [ ] **Enregistreur audio** (pour capturer des sons doiseaux ou dinsectes)
- [ ] **Règle pliable ou ruban de mesure** (pour mesurer des spécimens)
- [ ] **Sac en papier ou boîte déchantillonnage** (si prélèvement nécessaire)
### Matériel de collecte et de conservation
- [ ] **Pipette deau** (pour prélever de petites quantités de liquide ou humidifier des spécimens)
- [ ] **Essuie-tout ou papier absorbant** (pour sécher ou protéger des échantillons)
- [ ] **Boîtes hermétiques** (pour transporter des végétaux ou des insectes sans les abîmer)
- [ ] **Coton imbibé deau** (idéal pour conserver temporairement des mousses ou de petits organismes hydratés)
- [ ] **Sachets en papier kraft** (préférables aux sacs plastiques pour éviter la condensation)
- [ ] **Pince fine ou pinceau doux** (pour manipuler sans abîmer des spécimens fragiles)
- [ ] **Petit récipient avec couvercle** (pour collecter du sol, des graines ou des insectes)
### Matériel danalyse avancée (optionnel)
- [ ] **Microscope portable ou loupe binoculaire**
- [ ] **Lame et lamelle de microscope** (pour observations microscopiques)
- [ ] **Lampe UV** (certains organismes réagissent sous cette lumière)
- [ ] **Thermomètre / Hygromètre / Baromètre** (pour collecter des données météorologiques)
### Sécurité et confort
- [ ] **Vêtements adaptés** (selon la météo : chapeau, veste imperméable, gants…)
- [ ] **Chaussures de randonnée** (pour se déplacer en terrain accidenté)
- [ ] **Crème solaire et répulsif anti-moustiques**
- [ ] **Petite trousse de secours** (désinfectant, pansements, pince à épiler…)
- [ ] **Sac étanche ou pochette plastique** (pour protéger notes et appareils électroniques)
- [ ] **Encas et bouteille deau** (surtout pour les longues explorations)
### Matériel complémentaire (selon la durée de lobservation)
- [ ] **Siège pliable ou tapis de sol** (pour observer confortablement)
- [ ] **Filet à insectes** (pour létude des arthropodes)
- [ ] **Lampe frontale** (si observation en fin de journée ou nocturne)
- [ ] **Petite pelle ou pinceau** (pour examiner des sols ou fouilles légères)
- [ ] **Élastiques ou épingles** (pour maintenir des spécimens végétaux)
## Check-list
### Informations générales
- [ ] Noter la **date et lheure** de lobservation
- [ ] Relever la **localisation** précise (coordonnées GPS si possible)
- [ ] Noter les **conditions météorologiques** (ciel dégagé, nuageux, pluie, vent...)
- [ ] Mesurer la **température**, l**humidité relative** et la **pression atmosphérique**
- [ ] Observer et noter la **nature du sol** (sec, humide, sableux, rocheux…)
- [ ] Identifier la **présence deau** (ruisseau, mare, zone humide…)
- [ ] Vérifier la **présence de traces animales** ou dinteractions avec lenvironnement
### Observation initiale
- [ ] Se poser quelques instants pour **analyser lenvironnement global**
- [ ] Sélectionner un organisme ou une structure intéressante à observer
- [ ] Déterminer sil sagit dun **végétal, champignon, insecte, vertébré…**
- [ ] Prendre des notes descriptives : **taille, forme, couleur, texture…**
- [ ] Vérifier les **particularités visibles** (motifs, exosquelette, organes spécifiques…)
- [ ] Noter si lorganisme est **fixe ou mobile**, sil **interagit avec son milieu**
- [ ] **Prendre une photo** ou faire un croquis détaillé
### Analyse plus approfondie
- [ ] Identifier les **éléments distinctifs** (nombre de pattes, nervures des feuilles…)
- [ ] Comparer avec dautres organismes similaires dans lenvironnement
- [ ] Tester une **réaction douce** (sans perturber lorganisme : variation avec la lumière, réaction au vent…)
- [ ] Vérifier sil y a **des individus similaires à proximité**
- [ ] Noter la **densité et la répartition** de lespèce observée
- [ ] Observer déventuelles **interactions avec dautres espèces**
### Observation détaillée et outils complémentaires
- [ ] Observer **certains détails à la loupe ou au microscope** si pertinent
- [ ] Noter **les textures et les odeurs** (sans toucher si lorganisme est inconnu)
- [ ] Vérifier lévolution de lorganisme **au fil du temps** (changement de posture, développement)
- [ ] **Prendre des photos microscopiques** si nécessaire
### Documentation et identification
- [ ] Comparer avec des guides ou des clés didentification
- [ ] Vérifier si lidentification est fiable ou nécessite une observation plus poussée
- [ ] **Noter son hypothèse didentification** et la justifier par des observations concrètes
- [ ] Si possible, **confronter lidentification avec dautres sources** (livres, sites spécialisés)
- [ ] Partager lobservation sur une **plateforme naturaliste**
### Synthèse et archivage
- [ ] Rédiger une **synthèse de lobservation** (contexte, caractéristiques principales, identification…)
- [ ] Ajouter **des croquis ou des annotations complémentaires**
- [ ] Organiser ses notes pour une **analyse ultérieure**
- [ ] Comparer avec des observations précédentes pour détecter déventuelles tendances
## Conclusion
Observer le vivant ne se résume pas à identifier un organisme et à lui attribuer un nom : cest avant tout une démarche dexploration, un exercice intellectuel qui développe le regard et la compréhension du monde naturel.
En prenant le temps dobserver méthodiquement, on dépasse la simple curiosité pour entrer dans une véritable approche scientifique, où chaque détail compte et où la patience est récompensée par une meilleure perception du vivant.
Loin dêtre une contrainte, cette méthodologie est un outil dapprentissage progressif.
Elle permet dacquérir des réflexes danalyse et daffiner ses observations au fil du temps, sans chercher à brûler les étapes.
Plus on pratique cette démarche, plus elle devient intuitive, transformant chaque sortie en une occasion de découverte et de réflexion.
Il ne sagit pas de tout savoir ni de tout identifier immédiatement, mais dapprendre à voir et à questionner.
Limportant nest pas forcément de mettre un nom sur ce que lon observe, mais de comprendre comment et pourquoi il est là, dans un environnement donné.
Ce processus ne vise pas seulement à enrichir nos connaissances : il nous reconnecte au vivant et à lémerveillement quil suscite.
Lobservation est une porte ouverte sur linconnu.
Chaque organisme, du plus insignifiant au plus imposant, a une histoire à raconter à celui qui prend le temps de lécouter.
Adopter cette approche, cest refuser l'oisiveté et choisir dêtre un explorateur du monde qui nous entoure.

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title: Microscopie
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