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date: "2023-09-02"
dossier: ["L'Humain, cette espèce primitive"]
title: Vers une société astronomique
weight: 21
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Quand il s'agit d'entrer en communication avec une civilisation extraterrestre,
je vois trois cas de figure.
Soit c'est nous qui faisons le premier pas : nous nous présentons, de façon
pacifique. C'est la démarche scientifique, inaugurée par les sondes Pioneer.
Nous allons activement à la rencontre d'autres civilisations. C'est un fait
scientifique depuis 1972. La fiction nous propose des histoires alternatives,
où nous jouons un rôle plus actif dans l'exploration de l'univers, et où nous
finissons par devenir les garants de la sécurité globale, y compris dans des
conflits entre civilisations extraterrestres dans lesquels nous n'avions pas à
prendre part.
Soit une civilisation extraterrestre entre en contact avec nous. Comme il n'est
pas prouvé que c'est déjà arrivé, nous ne pouvons que spéculer sur notre
comportement face à une telle situation, et comme souvent, la fiction a déjà
exploré ce domaine. D'ailleurs, Andrew Fraknoi de l'Université de San Francisco
nous a proposé en 2019 une liste des histoires de science fiction traitant
correctement de l'astronomie et de la physique[^fraknoi_science_2019]. Et on
s'aperçoit que, statistiquement, les œuvres anticipant des rapports pacifiques
avec une civilisation extraterrestre qui entrerait activement en contact avec
nous sont plutôt rares. On les présente alors souvent comme une espèce qui a
épuisé les ressources de sa planète d'origine, et malheureusement, la planète
suivante dans sa liste est la notre. S'ensuit une lutte pour notre survie. Un
thème qui pouvait sembler terrifiant pendant des dizaines d'années, mais qui
aujourd'hui me semble éculé. Le chef dœuvre du genre reste, selon moi, _La Guerre des Mondes_[^wells_guerre_1898], publié en 1898 par Herbert George Wells
(1866 - 1946). Son analyse mériterait d'être beaucoup plus exhaustive, mais je
vais me limiter à ce qui nous intéresse ici : nous luttons face à un envahisseur,
comme des fourmis pourraient lutter contre la construction d'une maison humaine
sur leur fourmilière (c'est d'ailleurs de cette façon que débute _Le Guide du Voyageur Galactique_ de Douglas Adams publié en 1979). Et ce n'est que parce que les extraterrestres ne sont pas
immunisés face aux microbes terrestres que nous avons échappé à l'extermination.
Ce roman doit graver dans nos esprits deux choses : nous pourrions être
nous-mêmes ces extraterrestres, nous pourrions nous-mêmes anéantir toute une
civilisation au motif de vouloir, ou devoir, nous installer ailleurs, et ce sans
même le savoir, mais est-ce vraiment ce que nous voulons ? Et d'autre part, nous
devons rester humbles, surtout face à l'inconnu, car nous pourrions ne pas nous
révéler à la hauteur et risquer l'extinction.
[^fraknoi_science_2019]: Andrew Fraknoi. « Science Fiction Stories with Good Astronomy & Physics: », 2019, 22
[^wells_guerre_1898]: Herbert George Wells. « La Guerre des mondes », 1898, 252
Enfin, il se pourrait qu'une civilisation extraterrestre soit humaine : si nous
envoyons effectivement une colonie permanente sur la lune, voire sur Mars, au
cours des prochaines décennies, et sur d'autres planètes dans les siècles à
venir, nous devons réfléchir à comment éviter un conflit avec ces colonies.
Rappelons que de telles colonies seraient vraisemblablement internationales, et
qu'elles pourraient donc, structurellement, représenter notre espèce auprès
d'autres civilisations non-humaines dans l'espace, alors que dans le même
moment, nous restons nous-mêmes divisés sur Terre. Chaque groupe que nous
envoyons dans l'espace n'est pour le moment qu'une équipe de chercheurs. Quand
nous enverrons des colons sur un objet astronomique, ils seront à l'origine
d'une société, indépendante - de fait - des nôtres, sur laquelle nous n'aurons
pas de contrôle. C'est la raison pour laquelle nous devrions unifier nos
sociétés, les rendre inclusives, pacifiquement, atteindre l'unification des
peuples que j'ai mentionné antérieurement, avant de songer à créer de telles
sociétés. Car, à l'heure actuelle, rien ne me laisse à penser qu'un conflit ne
pourrait pas éclater entre ces colonies et nous. Rien que le terme "colonie"
fait référence à de trop nombreuses tentatives pour un gouvernement central de
fédérer des pays distants, qui, presque tous, ont opté aujourd'hui pour
l'indépendance. Changeons notre vocabulaire, prenons garde de ne pas répéter nos
erreurs historiques, et gardons à l'esprit que ces "avant-postes astronomiques"
seront des sociétés humaines, scientifiques de surcroît
Dans tous les cas de figure, il faut dès aujourd'hui anticiper des
communications régulières, à très longue distance et à très haut débit. Il
faudrait que, dès l'établissement du premier avant-poste permanent, nous
disposions avec lui de capacités de communications au moins aussi avancées que
ce dont nous disposons actuellement sur Terre, ce qui, pour l'heure, n'est pas
possible. En l'absence de communications efficaces, nous ne pourrons pas
entretenir de relations efficaces avec cet avant-poste. Sans relations, pas de
structure sociale. Sans structure sociale, pas de civilisation. Nous devons, dès aujourd'hui, résoudre nos problèmes sociaux pour faire avancer la science ; envoyer trop tôt des sociétés s'établir de façon permanente sur d'autres
corps astronomiques nous obligerait à faire avancer notre technologie pour
permettre des relations sociales avec elles. Ce qui nous ferait immanquablement
stagner dans les deux disciplines, alors même que nous serions persuadés d'être
extrêmement avancés de par la présence-même de ces colons où ils se seront
établis. C'est là qu'est tout le danger de croire aveuglément en la capacité de
la science à résoudre tous les problèmes, alors qu'en vérité, elle ne devrait
servir qu'à formuler des théories et les prouver par l'expérience, afin
d'améliorer notre compréhension du monde, et pas interférer avec celui-ci.
Dans un univers âgé de plus de treize milliards d'années, _Homo sapiens_ ne vit
que depuis trois cent mille ans. Nous devons admettre que d'autres espèces
existent dans cet univers, et qu'elles ont évolué depuis plus longtemps que
nous. Il est scientifiquement possible d'admettre que certaines espèces ont pu
évolué pendant quelques milliards d'années, et qu'elles disposeraient donc de
capacités, physiques ou techniques, que nous n'avons même encore jamais imaginé.
Si c'est un fait que la science admet généralement bien aujourd'hui, les
populations non-académiques ont encore du mal avec cette idée. Beaucoup
n'admettent même pas l'idée qu'il existe autre chose que nous au-delà de notre
système solaire. Au même titre que nous n'admettions pas qu'il puisse exister
autre chose au-delà de la mer dans l'Antiquité.
Une société astronomique pourrait entraîner la résolution du problème de la
surpopulation. Après tout, la notion de surpopulation est intrinsèquement liée à
la couverture géographique : dans l'espace, il y a suffisamment de place pour
tout le monde, et probablement pour longtemps. Nous ne sommes évidemment pas
prêts pour entreprendre la colonisation de l'espace, face aux difficultés que
cela représente à l'heure actuelle. En allant sur notre lune, nous avons glissé
le bout d'un orteil dans l'eau glacée avant de le retirer aussitôt, et nous n'en
sommes qu'à projeter de poser un pied sur Mars. Il est certain que cela prendra
du temps avant de pouvoir établir des colonies permanentes au-delà de notre
atmosphère, et nous faisons tout pour y parvenir. Mais notre réussite sera
surtout technique, et nous incitera à pousser de plus en plus loin, sans que
jamais ne se pose la question "devrions-nous le faire ?". Je n'ai toujours pas
résolu ce paradoxe malgré mes réflexions sur le sujet : devrions-nous insister
dans notre entêtement à nous installer de plus en plus loin, grâce à un espace
"infini", si possible à un rythme suffisant pour inverser la tendance à la
surpopulation, ce qui résoudrait (ou en tout cas masquerait significativement)
nos problèmes sociaux, ou devrions-nous chercher une solution plus directe à ces
problèmes _en premier lieu_ ?

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date: "2023-09-07"
dossier: ["L'Humain, cette espèce primitive"]
title: Conclusion
weight: 22
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Vous vous en doutez, ma conclusion sera : nous sommes primitifs. Nous avons perdu
beaucoup de temps avec le commerce, la religion et la surpopulation. Plus de
deux mille ans qui, s'ils avaient été entièrement dédiés à l'accroissement de
nos connaissances, auraient pu permettre de résoudre, voire éviter, bien des
problèmes de notre temps.
La science s'est affranchie de la religion. L'étape suivante, pour que l'espèce
humaine continue sa progression, sera la suppression de l'argent et du travail,
qui supprimera de fait la plus grande partie des inégalités sociales. Il en
restera toujours (principalement à cause de notre organisation en vastes
sociétés), mais au moins nous nous serons débarrassés des plus importantes. Ce
qui nous permettra, peut-être, un retour à une humilité oubliée depuis que nous
nous sommes considérés comme une création divine. Avec l'humilité devrait
également revenir le bon-sens. Nous pouvons faire des choses, c'est-à-dire que
nous sommes en capacité technique de les faire, et nous ne nous demandons pas si
nous devrions les faire. Prendre sa voiture pour faire cinq cent mètres, raser
une forêt, jeter un gobelet en plastique en pleine nature, construire des
barrages, harceler une femme en jupe, accuser injustement un homme de
pédophilie, tout cela, nous sommes techniquement capables de le faire, et nous
osons brandir l'étendard de la liberté et du progrès pour le justifier, alors
que c'est "juste" manquer de bon-sens, c'est-à-dire l'instinct primaire que nous avons abandonné alors qu'il nous permettait d'être en symbiose avec notre
environnement, sans interférer avec lui négativement.
Si nous regagnions notre bon-sens, nous devrions donc dans le même temps réparer
nos rapports sociaux, complètement dysfonctionnels à l'heure actuelle, et nous
n'aurons pas besoin d'un pansement sur une jambe de bois, concocté par des
pseudo-sciences, pour y remédier. Nous pourrions même réparer, reconstruire,
voire créer des relations sociales avec d'autres espèces, ici-même, sur
"notre" Terre. Nous pourrions retrouver un intérêt pour des sociétés dont les
plus urbains ignorent jusqu'à l'existence, des sociétés complexes, mises en
évidence notamment par l'immense Jane Goodall chez les chimpanzés, nos plus
proches cousins génétiques, qui a travaillé auprès d'eux depuis 1960, à qui
l'on doit de profond changements dans notre perception des autres Primates, au
point d'avoir laissé son empreinte sur le Disque d'Or de Voyager. Nous pourrions
trouver un moyen d'échanger, autrement que commercialement, avec d'autres
cultures, avec des sociétés qui ont fait le choix de ne pas vivre selon notre
mode de vie occidental, nous leur serions plus accessibles, et elles nous
seraient plus accessibles. Nous n'exclurions plus les Autres comme nous le
faisons actuellement. Nous n'aurions plus cette idée surannée que nous n'avons
plus rien à apprendre, que nous sommes bien plus "civilisés" que ces sociétés
"primitives" non-capitalistes.
Nous n'aurions plus à demander à la science de réparer nos dégâts sociaux, et
elle pourrait enfin se focaliser sur son but premier : nous instruire, nous faire
évoluer, nous permettre de créer des énergies plus efficaces, n'ayant aucun
impact sur l'environnement, des moyens de communication et de transport plus
performants, qui nous permettraient de maintenir un contact permanent avec des
mondes distants.
Nous devons nous poser la question : que voulons-nous pour notre avenir ? Qu'en
attendons-nous ? Allons-nous rester égoïstes en ne pensant qu'à notre propre
génération, peut importe ce qu'il advient à notre mort, ou choisirons-nous
plutôt la voie de la modernisation ? Allons-nous complètement abandonner toute
forme de réflexion au motif que ce n'est pas "fun" ? Allons-nous rester
passivement, paresseusement à attendre de voir ce qui va se passer, en se disant
qu'on ne peut rien changer à rien ? Allons-nous continuer de ne nous préoccuper
que de nous, sans aucunement prendre en compte notre impact sur absolument et
littéralement tout le reste ? Allons-nous simplement attendre que la science
trouve encore des façons de plus en plus explicites de nous prouver que nous
sommes dramatiquement primitifs et égoïstes, ou allons-nous plutôt agir pour que
cela n'arrive pas ? Notre évolution ne passera pas que par la science. Les
scientifiques avancent, mais la société dans son ensemble le doit aussi pour que
_Homo sapiens_ progresse. Nous sommes une somme des connaissances et des
évolutions physiques des espèces depuis la bactérie, et d'autres de ces sommes
existent, ici et sûrement ailleurs. Allons-nous systématiquement nous enfermer
dans un système martial avec elles (au risque de les faire disparaître ou de
disparaître nous-mêmes), ou voulons-nous partager, échanger, évoluer ensemble ?
Pourquoi, aujourd'hui, continuerions-nous de faire des choix destructifs plutôt
que constructifs ? Par paresse ? Par égoïsme ?
En fin de compte, et c'est le message que j'essaye de faire passer : ne nous
laissons plus aller à la simplicité des mauvais choix. Affrontons la complexité
et résolvons-la. Nous nous entêtons à ne faire que de mauvais usages de ce que
l'on apprend depuis deux mille ans. Consacrons les deux mille années suivantes à
des usages positifs, enfin dans un but évolutif, et non plus destructif.